cinquième épisode de la série Nominoë

Cinquième épisode de la série Nominoë et les Rois de Bretagne

de Olivier CAILLEBOT
Publié le Dernière mise à jour le

Avec ce cinquième épisode de la série Nominoë et les Rois de Bretagne, de Olivier CAILLEBOT, nous continuons à suivre ce grand Roi de Bretagne.

Mais avant de rejoindre Nominoë en 843, arrêtons-nous un instant au Mémorial de la Bataille de Ballon à Bains sur Oust/Baen Ballon*.
Avec la participation de Jean Pierre BAUDU, plasticien-scénographe à Saint Nicolas de Redon en Loire Atlantique.

Donc la place de la bataille est représenté par deux éléments néo-formel. C’est à dire que nous avons l’armée de Charles le Chauve qui est réalisé en forme de pallis que l’on voit sur l’image. Armée qui sombre un peu en effet domino pour s’enliser dans un marais. C’est un symbole. Puis dans la réception en face, on est dans l’armée de Nominoë, représentée par des lances. Nominoë est au centre, recevant et s’opposant à cette armée qui s’enlise. Donc un face-à-face révélateur.

Visite à la Menuiserie Le Clève à Allaire / Alaer* en Morbihan.

Le cuivre c’est pour être en résonance avec les pointes qui vont terminer la partie supérieure des lances. Aussi pour prévenir des agressions éventuelles qui pourraient intervenir.

Christian LE CLEVE, on a choisi le châtaignier !  Pourquoi le châtaignier ?
Parce que c’est un bois de pays et il résiste très bien dans le temps. Il s’intègre bien dans le paysage surtout. Nos piquets de clôture sont en châtaignier. Pour moi  c’est un bois va très bien.
Parce que ce sont des sections assez grosses ?

Oui ils ont été surpris par la surdimension des lances. Puisqu’on parle de lances alors qu’on a plutôt à faire à des sections de genre poteau téléphonique. C’est pour être en rapport avec la proportion du des monuments. Car on a un monument qui fait trois mètres de diamètre. Donc on est dans quelque chose d’assez monumental et il faut qu’on ait en réponse des éléments qui soient en proportion.

Donc il faut imaginer effectivement un ensemble monté sur place.
Là le bois est travaillé avant ?
On l’a reçu tout épluché. Puis nous avons réalisé une bonne finition.

cinquième épisode de la série Nominoë

L’habitat en Bretagne au temps de Nominoë, Roi de Bretagne

Entretien avec Jean Jacques MONNIER, Historien.

Le travail du bois existait aussi à l’époque de Nominoë ?

En effet, le neuvième siècle est vraiment un siècle d’expansion et le bois est toujours très utilisé, et même de plus en plus. C’est une tradition qui vient des Gaulois et c’est une un matériau qui est parfaitement adapté. Par ailleurs, il permet de construire rapidement et d’avoir une bonne isolation. En outre, c’est un investissement travail qui est beaucoup moins lourd que la pierre, que l’on savait aussi utiliser et que l’on a utilisé pendant des circonstances plus solennelles. Par exemple pour les sarcophages ou pour les cimetières, ou pour des débuts de construction de chapelles.

Les châteaux étaient construits en bois pour la plupart ?

Ici on est avant les châteaux forts, à ce qu’on appelle les mottes castrales. Dans les mottes castrales il y a un entourage en terre. Puis un donjon en bois au centre. Et entre les deux une butte qui vient justement du fossé que l’on à creusé. Ainsi on a la terre que l’on accumule en forme de butte qui domine le territoire. Donc cela permet de voir plus loin.  Également cela permet d’asseoir son autorité sur les populations qui sont autour. Et auxquelles on apporte une protection.

cinquième épisode de la série Nominoê

La motte ou butte castrale en Bretagne à l’époque de Nominoë, Roi de Bretagne, vers 840

C’est une population majoritairement agricole qui est en pleine expansion ?

Tout à fait. A partir du IX siècle et jusqu’au XII on avait une véritable expansion rapide de la population. En particulier grâce à une production école qui monte et à une sécurité qui est aussi améliorée. Rien qu’au niveau agricole on est ainsi passé de la bêche à l’araire. C’est une sorte de charrue qui permet donc des labours beaucoup plus importants. En conséquence des récoltes également beaucoup plus importante et une extension des zones cultivées.

Il y a aussi l’ingénierie qui est au service de l’agriculture ?

En effet. On trouve des outils en métal qui sont de plus en plus perfectionnés et qui ressemble étrangement aux nôtres. Également une utilisation de la pierre pour faire des meules pour moudre le grain. Alors on fait des moulins mais aussi les moulins à marée qui vont utiliser la force de la marée. D’ailleurs certains de ces moulins à marée datent des environs du VIII siècle. Donc très tôt on utilise à la fois le bois et la pierre et l’on a des moulins pour pouvoir fournir le grain et avoir des réserves de farine. Donc pouvoir tenir en cas de mauvaises récoltes.

Combien de temps faut-il pour construire un tel monument ?

Cela peut aller d’un à trois mois pour une trentaine de personnes à temps plein. Ainsi on peut donc construire pas mal de résidences et se déplacer facilement de l’une à l’autre. Puis évacuer une zone dangereuse. Enfin les populations agricoles se déplacent parce qu’on laisse des terres en repos par endroits et on va cultiver un peu plus loin avant de revenir deux ou trois ans après à la zone qu’on a quitté. Et à chaque fois il y aura une motte castrale qui permettra d’assurer sécurité et surveillance. Ainsi que le pouvoir de la famille régnante.

C’est pour cela qu’on retrouve la trace de ces rois bretons un peu partout dans territoire ?
Tout à fait. Ces rois bretons occupent pratiquement toute la Bretagne et c’est un mode de développement que l’on trouve également dans tout l’empire carolingien.

Maintenant, nous sommes à Renac / Ranneg* près de Redon.

Alors pourquoi Ranneg / Renac* ?
He bien parce que c’est ici que Nominoë avait élu sa résidence principale pendant de nombreuses années. Sûrement attiré par le seigneur des lieux le mactiern Bran qui était son ami.
D’ailleurs on retrouve des traces de la venue de Nominoë et d’Argantael son épouse. On pense d’ailleurs que sa résidence était au centre de Ranneg* dans un manoir aujourd’hui disparu.
Ici la région fourmille de trésors archéologiques. Dont un mégalithisme important. Car nous sommes non loin du site de Saint Just / Sant Yust*. Également des thermes romains absolument somptueux qui ont été découverts lors des travaux de fouilles préventives liées à la quatre voies. Enfin une motte féodale et un camp retranché médiéval qui laisse à penser qu’on était sur les positions défensives vis-à-vis de la frontière avec les Francs.

Non loin d’ici, à Messac / Mezeg exactement, le 24 Mai 843 l’Histoire va basculer …
… Et pour s’en rendre compte vous propose une petite balade du côté de les bords de la Vilaine / Ster Gwilen.

cinquième épisode de la série Nominoê

Nominoë et les Rois de Bretagne, de Olivier CAILLEBOT – Batailles de Messac/Mezeg* et prise du Mans

Mezeg / Messac*, le 24 Mai 843 : C’est ici que l’Histoire a changé de cours.

Deux versions s’opposent par rapport aux faits que je vais vous relater.

D’abord la plus communément admise.25

Erispoë prend la tête des troupes de son père pour aller attaquer Nantes. Depuis quelques temps les Bretons ont adopté la couleur noire. Le noir sur leurs boucliers et leurs équipements comme le relate le chroniqueur franc Ernold le Noir et le poète gallois Armes Prydein  qui évoquent  » les noires armées de la Bretagne armorique« .
Il est rejoint par Renaud d’Herbauges qui défend la cité et qui bat à plate couture les troupes bretonnes. Le lendemain, forts de leur victoire les Francs repose à Blain / Blaen*.
Lambert II avec des Vikings et quelques Bretons les surprend en plein sommeil et les massacrent. Tuant ainsi au passage Renauld d’Herbauges.
Voilà pour la première version.

La deuxième version …

… Défendue notamment par l’historien Jean Christophe CASSARD (1951-2013) affirme que c’est finalement Renaud d’Herbauges qui aurait franchi la Vilaine (derrière moi), surprenant au petit matin les troupes bretonnes pour leur imposer une cuisante défaite. Sauf que Lambert II est ici où il a rejoint son ami Nominoë. Il charge les troupes franques permettant aux Bretons de se ressaisir et de contre-attaquer. Bien sûr l’issue va alors changer de camp. Ainsi les Francs vont être battus, eux aussi à plate couture ca ce sera un véritable massacre. D’ailleurs Renaud d’Herbauges périra lors de cet assaut final.
Les Bretons repartent avec des prises de guerre et surtout Lambert II fonce sur Nantes / Naoned* car il briguait ce siège qui lui revenait de droit vu qu’il appartenait avant à son ancêtre Lambert Ier.
En fait, ces batailles, quelle que soit de toute façon la version que nous retenons, ont une issue. Nominoë va devoir cette fois-ci prendre une décision.

Alors que va-t-il se passer ?

Car Charles le Chauve va être tenu au courant, bien sûr, de cette « escarmouche » entre Francs et Bretons, et va devoir réagir. Et Nominoë le sait :
Alors que va t-il faire ?
Pendant quelques mois il va jouer la carte politique, essayant de donner le change à Charles le Chauve, tout en préparant ses troupes. Ainsi, un an plus tard, il va prendre la décision qui va radicalement changer sa vie et celle de la Bretagne.
Il décide en 844 d’attaquer Le Mans et de tout dévaster. Ainsi il déclenche un véritable acte de guerre.

* NHU Bretagne prend le parti de nommer les villes citées dans les articles en bilingue français et breton. Avec la collaboration de GeoBreizh.bzh

Avec la participation de Jean Pierre BAUDU, plasticien-scénographe à Saint Nicolas de Redon en Loire Atlantique.

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