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Gilets Jaunes : Où sont les députés ?

de Marc LOUBOUTIN
Publié le Dernière mise à jour le

Les députés sont nos représentants. Où sont-ils ?

Je ne vais pas rentrer dans les débats du « pour ou contre » les Gilets Jaunes, il y en a déjà foison sur Facebook.

Il me semble qu’il y a toutefois un vrai problème institutionnel qui est très peu exposé.

Face à la grogne parfois explosive d’une partie de la population, le gouvernement se borne à dire qu’il n’est pas responsable de l’impasse dans le dialogue puisque le mouvement des Gilets Jaunes n’est ni structuré ni représenté. On sent bien que le « nouveau monde » regrette donc le fonctionnement de l’ancien, celui où finalement les contestations sociales finissaient par être cogérées avec l’aide trop souvent complice des apparatchiks syndicaux et/ou politiques d’opposition. Ce monde qui finalement n’existe plus puisque son fonctionnement vicié est justement contesté par cette forme actuelle de jacquerie.

A force de caricatures, on tombe sur la facilité, sur l’outrance et le mépris.

Il faudrait, répète le Premier Ministre, que les Gilets Jaunes lui envoient des représentants « élus ». La corde au cou et à poil sous leurs gilets ? Cela fleure bon l’Ancien Régime, les doléances reçues à la Cour de Versailles, ou dans les Seigneuries de province. Doléances aussitôt jetées au feu. Alors d’ailleurs pourquoi aller les présenter un genou à terre et la nuque forcément courbée ?

Comme c’est traditionnel dans notre pays, on inverse la responsabilité des causes et des conséquences. Le gouvernement s’exonère lui-même. Le Président refuse de répondre d’un mouvement dédaigneux comme pour chasser une mouche bourdonnante.

Sauf que nos institutions furent justement élaborées pour qu’il y ait des représentants du peuple. Ce sont les députés, censés être les interlocuteurs naturels des électeurs dans les circonscriptions.

Chacun sait que le parti « La République en Marche » est majoritaire à l’Assemblée Nationale. Où sont ces députés ?

Face à cette colère d’une partie non négligeable de la population, c’est à eux de se déplacer. D’aller sur les points de blocage ou d’actions diverses. Puis d’aller recueillir les raisons de cette situation qui tourne parfois à l’insurrection. D’aller compiler les revendications. De se rendre, munis de leurs écharpes tricolores, au-devant des manifestants pour leur proposer de les entendre.

Puis de relayer ces opinions rebelles auprès du gouvernement. Peut-être alors de devoir aussi expliquer pourquoi ils ont eux-mêmes voté les lois et augmentations de taxes – quand ils daignent être présents – qui sont les causes de cette révolte. De revenir dans l’hémicycle et, enfin, relayer tout cela à L’Assemblée Nationale. Assumer et assurer le rôle assez simple qui leur est dévolu, qui est le premier devoir auquel ils se sont engagés quand ils se sont présentés aux élections législatives.

Pour cela il leur faudrait un peu de courage. C’est sans doute pour cela qu’ils se cachent.

Las. Les députés se contentent d’assurer le service politique après-vente de mesures qu’ils votent massivement sur ordre, devant des caméras trop souvent complaisantes. Ils font essentiellement la communication du gouvernement et du Président, adoptant le ton hautain qu’il convient pour s’adresser à des pauvres d’esprit.

En gros les représentants du Peuple – il suffit de les écouter parfois geindre sans décence sur leur statut – ne représentent plus qu’eux-mêmes et leurs propres intérêts matériels. Quant à la majorité en place, Emmanuel Macron en a fait des VRP exclusifs de lui-même.

Les députés devraient être la solution, le cœur même d’une recherche de sortie de crise, de négociations. Ils sont en fait la raison même du problème de rupture entre les politiques et une partie grandissante des électeurs.

Ils se contentent aujourd’hui peut-être (sans doute ?) de se préparer à défendre dans les médias l’Etat d’Urgence envisagé contre une partie de leurs propres administrés.

Où sont les députés ?

Ils sont – par leur visible désertion du terrain populaire – les murs étanches de l’impasse dans laquelle se trouve notre pays.

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1 commentaire

logodenn 6 décembre 2018 - 12h11

demat
pour moi , une partie du problème provient du système électoral actuel en France.
un Président de la République qui ne représente JAMAIS la majorité des électeurs et qui n’est qu’un chef de parti, ne devrait pas exister.
actuellement , c’est Moi et vous tous derrière , aucune contradiction possible , on n’est pas loin du pouvoir absolu.
pour y remedier , il faut changer le mode de scrutin , abandonner l’élection du Président au suffrage universel
Le Premier ministre doit gouverner , le Président n’étant là que comme garant moral.
qui connait les noms des Présidents iItalien et Allemand ?
les votes nuls et les blancs doivent être reconnus.
la proportionnelle doit être intégrale ,ce qui aurait pour conséquence d’avoir des « coalitions », donc des avis , en principe , divers

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