Laurànt Deutsch

Laurànt Deutsch et l’Histoire de Bretagne … vue de Paris.

de QueSaisJe? -Petra'Ouzon?
Publié le Dernière mise à jour le

Bonjour Monsieur Laurànt Deustch !

Vous allez bien ?
Vous permettez que l’on vous appelle par votre prénom ? Laurànt ?
C’est un beau prénom.

En Bretagne ce serait Laorañs en breton, mais comme vous le savez, la France, ou plus particulièrement la Francie, là ou vous travaillez, interdit les signes diacritiques. Ce serait donc plutôt Laorans en ce moment, (ou seulement Laurent d’après certains politiciens français qui regrettent le temps de la colonisation…)
Nous ne vous écrivons pas pour vous parler de votre prénom, non cher Laurànt, mais pour l’émission que vous venez de réaliser sur la radio RTL intitulée :

Comment Anne de Bretagne s’est sacrifiée pour sa terre bretonne ?

Notre pays ne disposant pas plus du droit de réaliser lui-même ses programmes scolaires que d’utiliser des signes diacritiques, (droits pourtant reconnus par la déclaration des Droits de l’Homme de 1948 jamais ratifiée par la France, seulement signée, pays ne reconnaissant «qu’un peuple Français» et qu’une seule langue prétendument constitutionnelle…) c’est hélas aussi pour nous, votre pays qui dispose du seul droit d’émettre des émissions de grande écoute, que les Bretonnes et les Bretons colonisés n’aurons aucun mal à recevoir… ça tombe bien !!!

Quoi de mieux que de grandes radios pour créditer la thèse officielle nationale (française). Qui plus est en employant un acteur brillant et sympathique, quoi de plus efficace ?

Nous allons nous permettre Laurànt de revoir avec vous quelques points de votre émission qui méritent éclaircissements.

Nos éclaircissements ne toucherons peut-être que quelques milliers de personnes, et certainement pas autant de Bretons et Bretonnes que tous ceux à l’écoute d’ RTL, qui ne se sont jamais posés la question de savoir si connaître la situation routière du périphérique parisien les concernait dans leur quotidien, mais passons…

Oui Laurànt, vous avez raison.

Anne de Bretagne s’est sacrifié pour sauver son pays (la Bretagne) de son invasion par la France entre 1487 et 1491, mais vous avez fait toute l’impasse sur la réalité qui nous concerne, nous Bretons, nous allons donc reprendre dans le détail votre intervention.

Commençons par le début, vous dites:

«François II est très attaché à l’autonomie de son Duché, il s’oppose à la politique d’unification menée par le roi de France Louis XI»
Non Monsieur.
Les documents officiels font qu’à l’époque en Bretagne, on est « Duc de Bretagne par la grâce de Dieu » tout comme en France on est « Roi de France par la grâce de Dieu« . Par contre, on est par exemple Duc de Normandie par… la grâce du Roi de France.
La Bretagne à cette époque là n’est pas autonome, elle est indépendante et le Duc souverain car il ne prête qu’un hommage simple aux différents souverains Européens. Inclus le roi de France.

Comme vous l’avez dit de façon juste, le 28 juillet 1488…

La Bretagne perd une guerre, mais ce n’est en rien une guerre d’unification. En effet, les mots ont un sens : c’est une guerre d’invasion.
Rappelons ici les ordres donnés par Charles VIII aux chefs des troupes françaises, Monsieur Louis de la Trémoille qui dissiperont tout malentendu.

Car jamais rien n’est « uni » par destruction :
«Il vous est donné plein pouvoir et autorité, pour faire marcher notre armée dans les lieux, les villes, les places, les châteaux, comme il sera nécessaire pour notre service, pour réduire et mettre en notre obéissance, par tous les moyens possibles, toutes les villes, les places, les châteaux qui nous désobéiront, pour les faire sommer de se rendre et de se mettre sous notre obéissance, pour les assiéger, composer et prendre à merci, pour faire abattre et démolir les villes, les places et les châteaux qui seront nécessaires et qui pourraient nous nuire.»

Concernant François II, vous l’avez dit…

Il meurt en faisant jurer à Anne de Bretagne de tout faire pour défendre l’indépendance de son pays, et c’est ce qu’elle va faire.
Contrairement au dit « traité » du Verger imposé par la France au début de la guerre d’invasion qui enlève le droit au Duc de Bretagne en 1488 de marier ses filles à son bon vouloir, Anne de Bretagne à la mort de son père est protégée par Montauban, qui fait réunir les États de Bretagne pour la faire sacrer Duchesse de Bretagne : souveraine de son pays natal.

En Bretagne vous l’avez encore justement dit…

Une femme peut diriger son pays contrairement à la situation en France, pays dans lequel à la même époque une femme n’est qu’une épouse, pas une dirigeante, en raison de la loi salique.
Vous avez encore eu raison de dire, Laurànt, qu’elle se maria à Maximilien d’Autriche par procuration. Mais vous avez confondu : un mariage était valide même non consommé, car c’était le droit canonique de l’époque.

Après… ça se corse, vous avez tout faux.

«Si elle n’épouse pas Charles VIII, elle perdra la Bretagne qui sera mise à feu et à sang, mais si elle consent à se marier, elle sauvera au moins son peuple».
Anne de Bretagne, femme mariée, ouvre les portes de Rennes aux troupes d’invasion françaises, pour négocier ce qu’elle peut avec la France. Parce que son pays à ce moment là a déjà été lourdement détruit et de nombreux Bretons massacrés.
Elle ouvre les portes de Rennes pour négocier avec Charles VIII, mais il la fait placer sous bonne garde, puis… la viole !

Vous l’avez dit, Anne de Bretagne était déjà une femme mariée.

Elle ne pouvait donc en aucun cas être épousée par Charles VIII.
Ce fait à l’époque a soulevé d’indignation dans toute l’Europe, ce n’est donc pas comme vous l’avez présenté de façon humoristique «une nuit de galipette qui l’a fait tomber amoureuse de Charles VIII».
Est-il nécessaire de vous rappeler que ce jour-là face, Anne de Bretagne a face à elle l’homme qui a envahi son pays, l’a détruit et maintenant la viole ?

Vous dites encore que par son contrat de mariage avec Charles VIII, la Bretagne devient alors « propriété du roi de France« …
Nul « contrat », qu’il soit de mariage ou autre, n’est valide si il a été imposé sous la contrainte, c’est la base du droit.
Force = nullité.

Un pays envahi ou une femme violée n’est pas vraiment ce que l’on peut appeler un «contrat».

Charles VIII décède d’une hémorragie cérébrale, vous l’avez dit de façon juste, et Anne de Bretagne en temps que souveraine de Bretagne, remet en place ses institutions, sa chancellerie, son parlement, et fait frapper monnaies, ce qui fait partie (vous l’avez encore dit) des pouvoirs régaliens. C’est à dire des pouvoirs détenus par les souverains des pays indépendants, non pas des pays seulement autonomes…

Anne de Bretagne est donc veuve à vingt et un ans, mais ce que vous n’avez pas dit…
Elle épouse Louis XII, Duc d’Orléans, en établissant un Traité international avec la France garantissant la totale indépendance de la Bretagne.

Anne de Bretagne n’a donc JAMAIS uni Bretagne et France comme vous avez dit en concluant faussement votre émission.

(Par choix politique, économique ou les deux Laurànt ? On ne sait pas !)
Vous avez fait le choix de présenter une Anne de Bretagne ayant uni Bretagne et France. Alors qu’elle a réussi à tenir pour ses vingt et un ans la promesse faite à son père dix ans plus tôt sur son lit de mort. La promesse de faire que France et Bretagne restent à jamais deux pays différents.

Anne de Bretagne décède en 1514.

Puis notre pays est une nouvelle fois violé dans son droit par François Ier venu à Vannes en compagnie d’une grande armée, obliger les États de Bretagne à unir Bretagne et France, par la force et trahison, en 1532.

Vous avez expliqué qu’Anne de Bretagne était depuis détestée par une partie des Bretons pour avoir uni Bretagne et France…
Seul les Bretons colonisés nourris « au lait du coq » ont gobé ce que la France a obligé à apprendre dans les écoles. Mais tous les autres savent qui est Anne de Bretagne et ce qu’ils lui doivent, parce qu’ils connaissent notre Traité d’indépendance.
Vous avez dit que le monument d’Anne de Bretagne avait été détruit à l’explosif à Rennes en 1932 en raison de ce désamour des Bretons vis à vis d’Anne de Bretagne, qui était représentée à genou face au roi de France.
Ce monument a été détruit, non pas parce qu’il représentait Anne, mais parce qu’il représentait une fausse Anne française à genou.
Anne de Bretagne n’a jamais posé genou à terre face à la France.
Enfin, sachez ceci.

Depuis notre invasion par la France en 1487, JAMAIS la Bretagne n’a baissé les bras

Jamais la Bretagne n’a cessé depuis le XVième siècle d’avoir des Hommes et des Femmes œuvrant pour sa liberté…
Anne de Bretagne n’est donc pas un symbole régional français en Bretagne comme vous l’avez dit. Encore moins une marque. C’est une souveraine bretonne qui a redonné à son pays la Bretagne sa liberté, en étant également souveraine de France.
Vous n’êtes pas sans savoir que la Francie a envahit de nombreux pays : Alsace, Savoie, Béarn, Corse, Catalogne, Pays Basque, ou Bretagne. Puis ensuite partout ailleurs dans le monde. Et que ce pays actuel aujourd’hui nommé France dirige des pays vaincus qu’il appelle « régions » grâce à des préfets qui disposent de plus de poids que les élus…

Voilà cher Laurànt…

Même à si faible audience que la nôtre, pardon de ne pas laisser passer vos mensonges ici en Bretagne. Ni partout ailleurs dans le monde grâce à notre diaspora.
La Bretagne est un pays colonisé depuis 1532 par un autre, le vôtre. Du moins celui dont vous défendez le roman.
Nul n’a le droit, d’après les Droits de l’Homme, d’interdire à autrui son Histoire, ni son identité…
Excellente journée à vous.

#HistoireDeBretagne
#RacontonsNotreHistoireNousMemes

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1 commentaire

boned ruz 4 novembre 2021 - 23h12

Mersi deoc’h!…
diwar an douar gwazhiet e sav ar vuhez
evel ma vo ar frankiz diwar ar wirionez

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