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C’est quoi un « loyaliste » ?
En Grande-Bretagne, où le mot est courant, le « loyaliste » désigne celui ou celle qui, en Écosse, au Pays de Galles, en Cornouailles ou dans le nord de l’Irlande, soutient l’Union avec Londres et le pouvoir anglais, rejetant les velléités d’autonomie; de plus de Démocratie, ou d’indépendance.
En Bretagne, bien que le contexte diffère, une forme de loyalisme existe aussi : un attachement, parfois viscéral, au pouvoir central français et à Paris, au détriment d’une vision plus autonome et plus démocratique pour la Bretagne.
Cinq siècles de colonialisme « intérieur » et de domination, souvent physique, ont réduit trop de Bretonnes et de Bretons à l’état de dépendance absolue. Au XXIe siècle, tout cela n’a pas encore disparu.
Des loyalistes en Bretagne : mais qui sont ces « loyalistes » bretons ?
Quelles sont les racines de cette soumission apparente ?
Et pourquoi ce choix persiste t-il encore en 2025, alors que les appels à une Bretagne plus souveraine se font entendre de plus en plus, parmi la jeunesse bretonne en particulier ?
Les loyalistes en Bretagne ne forment pas un groupe homogène, mais ils partagent une préférence pour le statu quo : rester sous le joug confortable du centralisme parisiano-centré, plutôt que de revendiquer une autonomie renforcée.
Le pouvoir central, ses représentants et vassaux locaux, ses médias gavés d’argent public et donc aux ordres, ont au fil de temps inoculé cette idée dans les esprits des plus faibles.
Des loyalistes bretons parmi différentes couches de la société bretonne.
Il y a d’abord certaines élites économiques et politiques, souvent installées dans les grandes villes du pays comme Rennes / Roazhon et Nantes / Naoned en particulier. Ces cadres, entrepreneurs ou surtout fonctionnaires, dépendent des réseaux parisiens pour leurs affaires ou leurs carrières. Pour eux, le centralisme français est synonyme de stabilité, d’opportunités et de menus privilèges.
Ensuite, il y a une partie de la population rurale ou périurbaine, moins politisée, pour qui l’idée d’une Bretagne autonome reste abstraite, voire inquiétante. Habitués à un système où Paris décide de tout et re-distribue en Bretagne partiellement ce qu’il lui a pris (subventions, infrastructures, emplois publics…), ils perçoivent le loyalisme comme une sécurité face à l’incertitude imaginée d’un avenir plus indépendant.
Enfin, certains intellectuels ou historiens, attachés à une vision unitaire de la France (et dépendants, là aussi, des ministères parisiens ou du CNRS), se doivent de défendre l’héritage républicain et jacobin, voyant dans toute revendication régionaliste ou nationaliste une menace pour la sacro-sainte unité dite « nationale » … et l’avancement de leur carrière !
Pourquoi ce loyalisme persiste t-il en Bretagne ?
Le loyalisme breton s’enracine dans une Histoire de Bretagne longue et tumultueuse.
Depuis l’annexion de la Bretagne par la France en 1532, le pouvoir central a progressivement imposé sa domination, notamment à travers la langue française, l’administration et l’éducation. Cette centralisation s’est accélérée sous la Révolution française, qui a érigé l’unité nationale en dogme. Au fil des siècles, la Bretagne a été intégrée au « récit national français », au point que beaucoup de Bretons d’aujourd’hui ne conçoivent pas leur identité hors du cadre restreint et contraint dessiné et imposé par Paris.

Un autre facteur clé est économique.
La Bretagne est un petit pays riche en Europe, mais qui ne décide de rien, restant sous perfusion des financements et des décisions de Paris. Les grandes infrastructures – TGV, autoroutes, ports – sont souvent perçues comme des « cadeaux » de l’État central français « pour désenclaver la province », renforçant l’idée qu’une rupture avec le pouvoir central dominant serait synonyme de déclin. Cette dépendance est entretenue par un discours politique qui présente l’autonomie comme un saut dans l’inconnu, voire une utopie irréaliste.
Sur le plan psychologique, le loyalisme peut aussi s’expliquer par une forme d’intériorisation de la soumission.
Après des décennies de marginalisation de la langue bretonne et de folklorisation de la culture bretonne, certains Bretons ont intégré l’idée que leur destin est indissociable de celui de la France. Ce phénomène, que certains sociologues appellent « aliénation culturelle« , pousse les loyalistes à rejeter toute alternative comme un fantasme ou une trahison.

Les critiques du loyalisme breton
Pour les autonomistes et indépendantistes bretons, ce loyalisme est une forme de renoncement.
Ils reprochent aux loyalistes de sacrifier l’identité bretonne sur l’autel d’un centralisme dépassé. « Paris nous voit comme une province, pas comme une nation« , martèlent les militants de l’Union Démocratique Bretonne (UDB) ou d’autres mouvements. Ils pointent du doigt une économie bretonne exploitée – ses ressources agricoles et maritimes profitent souvent aux grandes firmes hors de Bretagne – et une culture étouffée par la domination française.
Loyalistes en Bretagne : des chiffres appuient parfois ces critiques.
En 2025, la Bretagne reste l’une des zones les plus dynamiques de l’Hexagone, avec par exemple un taux de chômage inférieur à la moyenne hexagonale. Pourtant, les décisions stratégiques – comme la gestion des fonds européens ou le développement des énergies renouvelables – échappent largement aux instances bretonnes, concentrées entre les mains de l’État ou de la Région administrative, jugée trop servile par les autonomistes.
Un loyalisme breton en mutation ?
Si le loyalisme reste encore dominant, il est clairement en déclin.
Les crises récentes – énergétique, climatique, sociale, sécuritaire – ont ravivé les débats sur la résilience locale et la nécessité d’une gouvernance plus décentralisée. Des initiatives comme les circuits courts, les coopératives énergétiques ou la revitalisation de la langue bretonne gagnent rapidement du terrain, portées par une nouvelle génération moins attachée au centralisme. Les loyalistes bretons, eux, doivent composer avec ces évolutions : certains commencent à défendre une « autonomie dans le cadre français« , un compromis qui pourrait préfigurer une lente érosion de leur position.
Quel avenir pour les loyalistes en Bretagne ?
En Bretagne, le loyalisme est en phase terminale.
Entre héritage historique, dépendance économique et confort du statu quo, il incarne une vision résignée de l’avenir. Mais face aux aspirations croissantes à une Bretagne plus autonome, voire indépendante, les loyalistes bretons doivent déjà réinventer leur discours.
Resteront-ils les ultimes gardiens d’une soumission à Paris, ou évolueront-ils vers une forme de « régionalisme modéré », déjà largement dépassé partout ailleurs en Europe ?
En 2025, alors que le monde change à toute vitesse, la réponse à cette question dessinera le destin de la Bretagne pour les décennies à venir.
L’avenir de la Bretagne est à son émancipation pour rejoindre la très large majorité des peuples et nations qui ont déjà une large autonomie en Europe et bien au-delà.
En Europe, seules la Turquie d’Erdogan et la France de Macron continuent d’administrer les citoyens d’une main de fer, comme des « sujets », loin des aspirations réellement démocratiques.
Et les loyalistes bretons sont les complices de ces derniers.

13 commentaires
Ce n’est pas une raison pour ne pas étudier les lois françaises qui pourraient permettre la Réunification de la Bretagne. Le Conseil départemental de la Loire-Atlantique peut demander officiellement à changer de région, or on noircit le tableau en laissant croire que ledit conseil ne pourrait émettre que des vœux. Inefficaces bien sûr, pour rejeter la faute sur l’Etat.
En toute autonomie, le Conseil départemental peut également consulter ses électeurs au sujet de sa demande de changement de région. Allez comprendre que l’UDB soutienne l’idée d’un vote organisé depuis Paris ! Plus surprenant encore, les élus au CD 44, proches de divers partis jacobins, font mine de demander un vrai référendum départemental sur une compétence de l’Assemblée nationale, comme s’ils voulaient diviser la souveraineté nationale indivisible. Evidemment, nos élus (pro-grand-ouest) privilégient des procédures irréalistes. Et nous mènent en bateau.
Réponse au mail effectuée.
Bonjour Anne. Oui bien reçu. Merci. Nous allons en tenir compte pour terminer notre article. Bonne journée
https://www.udb.bzh/non-classifiee/signez-la-petition-pour-un-referendum-sur-lautonomie-de-la-bretagne/
Proposition de l’UDB .
Quant à la fonctionnaire que j’ai été (éduc nat , evel-just) , j’ai bien l’honneur de vous dire qu’elle vous emmerde !
Il y a tellement à dire et faire !
Pour ce qui concerne la consultation des électeurs de la Loire-Atlantique sur une demande de changement de région, le verrou est au Conseil départemental. Et pas ailleurs. On appelle ça la décentralisation.
Cette pétition n’évoque pas clairement la Réunification. Doit-on comprendre que les habitants du 44 goûteraient les bienfaits de l’autonomie au sein d’une région PDL autonome ?
Si je lis bien :
Donnons la possibilité aux habitants des cinq départements bretons de voter pour, ou contre, le droit de voter des lois et de maîtriser nos budgets publics en Bretagne, comme cela se fait déjà dans de nombreuses régions d’Europe.
Sans faire une fixation sur le CG44
Au début, il est écrit : « Soumettons à référendum l’organisation centralisée de la France » donc il serait question d’un référendum national. Les habitants des cinq départements bretons voteraient, tout comme ceux des autres départements. Comme il n’est à aucun moment question de réforme territoriale, l’autonomie concernerait séparément la région B4 et l’autre morceau de Bretagne située en PDL.
Il serait sage de leur demander plus amples explications sur leurs dires . Sinon ce ne sont qu’interprétations dans le sens qui arrange …
Si je me souviens bien de l’article d’O.F. à ce sujet , il était question de ce vote « en même temps » qu’un autre vote . Présidentiel par exemple . Il ne serait donc plus question de B4 et p.d.l.
En France, on ne mélange pas les scrutins.
Une seule exception : les départementales et les régionales qui ont lieu en même temps, sans doute dans l’idée de les faire fusionner.
Bien sûr que si. Le concept d’autonomie locale ne peut se limiter à une collectivité unique qui serait l’Etat tout entier.
Les formulations qui disent tout et son contraire, c’est très commun quand il est question de la Réunification.
La plupart de nos élus nous racontent des sornettes, au sujet d’un référendum départemental sur la Réunification organisable par l’Etat.
Et il faudrait que ces élus qui nous mènent en bateau disposassent de plus+ d’autonomie ?