… Alors maintenant il est temps d’aller enquêter sur ces fameux Bretons.
D’abord qui sont ils ? Puis d’où viennent-ils ? Quelle est cette saga un peu mystérieuse, brumeuse, qui nous vient des plus hauts temps de l’antiquité ?
Alors sans plus attendre remontons le temps et partons avec Jean DANZÉ découvrir ce qui s’est passé de l’autre côté de la Manche bien des siècles auparavant.
Sommaire
Où localise t-on les Bretons avant l’arrivée des Romains ?
En fait c’est fort simple. Les Bretons à cette époque là, c’est la Bretagne, c’est à dire l’île de Bretagne. L’île de Bretagne qu’on appellerait aujourd’hui l’Angleterre, l’Écosse ainsi que l’Irlande. Donc les Iles Britanniques qui faisaient beaucoup rêver les Romains. D’où le fait que César et ses continuateurs voudront absolument se rendre maîtres des Iles Britanniques, où il y avait beaucoup de choses dont beaucoup de métaux précieux. Également beaucoup d’esclaves, de denrées alimentaires, de chevaux … toutes choses qui fascinaient les Romains de Rome.
Et ici en Bretagne actuelle, en petite Bretagne, c’était l’Armorique.
Donc le nom a changé avec l’arrivée des Bretons. En réalité il y a eu des vagues de Bretons. Dont des Bretons qui venaient probablement de la région du Pays de Galles parce qu’il y a des liens linguistiques. Puis il y a aussi des Bretons qui venaient d’une autre région et qui se sont installés dans le sud de la Bretagne.
Alors certains sont venus, semble-t-il, parce qu’ils protégeaient les côtes contre les pirates à la fin de l’empire romain. Et d’autres sont venus parce qu’ils protégeaient le limes germanique. C’est à dire les frontières de l’empire romain au niveau de l’Allemagne actuelle. Puis comme il y a une ouverture ces troupes seraient venus via la vallée de la Loire et sont arrivés au sud de la Bretagne. Peut-être !
C’est incroyable comment un petit morceau de poterie peut nous en dire long sur la destinée d’un groupe humain.
Je vous présente les black burnished. Affectueusement appelés par les archéologues britanniques, les BB one (Black Burnished Category 1). Ces poteries ont été exclusivement fabriquées et commercialisées par les Bretons d’outre-manche en direction des Romains. D’ailleurs au niveau des camps des légions on retrouve beaucoup de fragments de ces poteries.
Leur vrai nom ce sont les black burnished ware , les poteries noires et brunies, et qui sont très intéressantes parce que on sait qu’elles ont été fabriqué par des artisans dans l’île de Bretagne et qu’ils avaient passé des contrats de fourniture avec l’armée.
Donc on peut dire que quand on trouve de la black burnished c’est que qu’il y avait des contingents de militaires à côté. Les Romains ont besoin de renforcer leur défense. Alors on envoie des soldats qui étaient cantonnés en Bretagne, dans les îles de Bretagne, pour surveiller les côtes ‘Armorique. Donc naturellement on retrouve cette céramique également sur les sites d’Armorique où sont installés des militaires venant de Bretagne
C’est le cas de Penmarc’h et de Quiberon / Kiberen. Quand on est à l’extrémité de la pointe de la presqu’île de Quiberon ou à Penmarch, on voit la mer de la Pointe du Raz / Beg ar Raz ou de l’autre côté pratiquement jusqu’aux Iles Glenan / Inizi Glenan. Donc ça permet d’intercepter et d’avoir des embarcations aussi pour les intercepter.
Nous sommes ici sur la Pointe de la Torche / Beg an Dorchenn qui est un promontoire en forme de presqu’île battue par la mer face au vent d’ouest, et qui a été fréquenté depuis des périodes très anciennes. Ici on a des traces d’occupation qui remonte au mésolithique, c’est-à-dire aux alentours de 7000 à 9000 avant Jésus Christ. Puis avec une occupation plus tardive au néolithique.
Même les Allemands l’ont militairement occupé !
Ainsi à côté de moi se trouve les restes d’un dolmen transepté et du néolithique, c’est à dire une période qui va de 5000 à 2000 avant Jésus Christ. Puis sur des périodes plus récentes, on a eu des visites ponctuelles de l’âge du bronze et de l’âge du fer. Également des passages sur les périodes médiévales.
Ce site dont l’ensemble est orienté est-ouest présente un intérêt stratégique, de toute évidence et de tout temps. Puisqu’il a été utilisé pour sa position qui permettait de protéger les communautés dès le mésolithique. Mais également dans des périodes beaucoup plus récentes. Les Allemands au cours de la dernière guerre l’ont utilisé pour y mettre des blockhaus et des casemates de façon à pouvoir contrôler toute cette vaste baie qu’on a devant nous.
Maintenant on va parler de la nécropole de Sant Urnel.
Elle se trouve sur la commune de Ploemeur / Ploveur dans le Finistère-sud à quelques centaines de mètres de la Pointe de la Torche / Beg an Dorchenn.
Lorsque les archéologues sont arrivés dans les années 1950 pour entamer les premières véritables fouilles sur le site, ils ont commencé à découvrir les stratigraphie les plus hautes avec des sépultures du VIIIe siècle après Jésus Christ. C’est à dire de la période médiévale. Puis en continuant les fouilles et en descendant dans la structure de terres pro-tumulaires en fait ils ont remonté le temps. Puisqu’ils sont arrivés à travers toutes les tombes qui ont été exhumé jusqu’à la période de l’âge du fer c’est à dire les IVe et Ve siècles avant Jésus Christ.
Alors ce couple effectivement génère une légende puisqu’on les a baptisé les Amants de Saint Guenole. Il faut savoir que sur ces sépultures du VIII siècle, qui sont souvent des sépultures individuelles, on peut trouver deux individus quelques fois dans la même sépulture. Ici en l’occurrence on a affaire à deux individus de sexe masculin.
Les Bretons sont partie de l’arc atlantique.
Les recherches génétiques commencent vraiment à le montrer. En fait il y a bien sûr des liens culturels et génétiques énormes jusqu’à vers dix mille ans. On a des structures politiques qui seraient intéressantes à étudier, entre le Danemark et peut-être même jusqu’au Maroc.
Maintenant on arrive à la période vers 411 et l’effondrement à Rome.
Les pays comme l’Armorique et l’île de Bretagne se retrouvent alors sans aucun appui en quelque sorte de Rome. Se multiplient alors les attaques de peuples venant de Mer du Nord.
Également des Irlandais. Un des points communs entre l’île de Bretagne et l’Armorique, c’est que ce sont les deux régions qui ont dit à Rome que puisque vous ne pouvez pas nous aider, nous allons nous débrouiller seuls. Nous assumons notre destin.
Roma va à ce moment-là leur donner une autorisation de porter les armes. C’est ce qui est appelé l’Édit de Norius. Ils ont le droit de porter les armes, ce qui auparavant était considéré comme une rébellion. De fait ces peuples deviennent indépendants des deux côtés de la Manche. Ainsi, leur destin est quand même très très lié.
A cette période, les Bretons ont à faire sur leur territoire avec les Saxons.
En effet, cela se passe à peu près vers 440-450. Les côtes continuaient à être ravagées régulièrement. Les dirigeants de l’île de Bretagne sont alors menés par un certain Vortigern (Vortigern qui veut dire tout simplement Grand Chef, de Vor comme Meur et Tigern pour « chef de guerre »). Vortigern à une idée, celle de faire venir des soldats anglo-saxons des côtes de qu’on appellerait aujourd’hui l’Allemagne, et de les cantonner à l’estuaire des rivières les plus importantes, qui étaient les endroits de pénétration des raideurs. Donc de façon à protéger les côtes.
Au début tout cela se passe bien.
Il faut dire que c’est une technique qui à l’époque était très utilisée.
Les Romains étaient spécialiste de cette méthode consistant à aller prendre des peuples dits « barbares ». Puis de les cantonner pour assurer la sécurité. Mais au bout de dix ou vingt ans, cela s’est moins bien passé. Les Anglo-Saxons qui étaient installés là se sont montrés de plus en plus exigeants. Puis ils ont étendu leur domaine et le pauvre Vortigern a été obligé d’essayer de lutter pour résister alors leur invasion. Invasion qui va se poursuivre cette fois-ci pendant au moins cent cinquante ou deux cent ans.
Ainsi l’île de Bretagne va recevoir des contingents régulier d’Anglo-Saxons …
Avec la participation de Jean DANZÉ, Frédéric MORVAN, Historien et Yannick LECERF, Archéologue.