Nominoë,

Nominoë et les Rois de Bretagne : onzième épisode

de Olivier CAILLEBOT
Publié le Dernière mise à jour le

Nominoë décide d’une politique d’expansion et va attaquer Rennes / Roazhon et Nantes / Naoned.

Cela avec son allié Lambert qui est revenu le voir. Alors qu’auparavant il avait été un peu du côté de Charles le Chauve. On détruit les murailles de Nantes / Naoned et celle de Rennes / Roazhon. Puis on place deux des fils de Nominoë comme comtes. L’un à Gwened / Vannes, c’est pas Pasten Thane; et l’autre à Renne s/ Roazhon, c’est Urfean. Puis Erispoë comme successeur de Nominoë.
En 851 Nominoë et ne laisse aucun répit aux Francs. Ainsi il attaque le Maine et l’Anjou. Là, cela devient insupportable et les Francs font une chose qu’ils savent très bien faire : ils écrivent une lettre une lettre à Nominoë, via un concile d’évêques.

Voici ce que dit cette lettre.

« Le seigneur a permis par un secret jugement que vous eussiez le gouvernement d’une nation« . Cela est intéressant car cela voudrait dire qu’en substance Nominoë est roi de droit divin.
« Mais comment vous êtes-vous acquitté de vos devoirs ? Vous avez porté la désolation partout. Les temples n’ont pas échappé à votre fureur. Vous avez fait un nombre prodigieux d’innocentes victimes. Puis vous avez chasser des évêques légitime et mis à leur place des mercenaires, des voleurs et des larrons, et renversé tout l’ordre de l’église. Vous êtes un impie et nous vous excommuniant« .

C’est grave ! Alors que va faire Nominoë ?

Et bien derechef il va attaquer le Haut Maine et Le Mans. Là c’est la panique, et les Francs s’enfuient, laissant donc le champ libre à Nominoë. Nominoë, qui, associable, cette fois-ci attaque le Vendômois, la région de Vendôme. En mars 851, il va rassembler ses armées et on dit même qu’il projette d’attaquer Chartres. Il monte à cheval, il a un malaise, et il tombe. Il va être à l’agonie pendant deux jours, et mourir à l’issue de ces deux jours.

Alors il faut savoir qu’il y a une autre version sur la mort du Nominoë, et qu’il convient peut-être de ne pas négliger. Il sera question de la ville de Vendel. Vendel c’est à côté de Rennes / Roazhon pas loin des Marches de Bretagne. Il est dit que ce serait plutôt à Vendel que Nominoë aurait perdu la vie. Ceci dit, dans la mémoire collective, il reste des traces de Nominoë à Vendôme.
Vous voyez ici des images du petit village de Selommes qui se trouve dans la Petite Beauce, entre le Perche et la Sologne, sur le département du Loir-et-Cher.

Nominoë

Nominoë et les Rois de Bretagne – Bretagne et environs

Où est mort Nominoë ?

Nous avions rencontré à Selommes Claire Foucher Maupetit qui en est la maire, et conseillère départementale du canton de Montoire-sur-le-Loir. Claire Foucher Maupetit nous avait confié cet ouvrage. C’est un ouvrage écrit par un instituteur en 1936 très exactement. Cet instituteur s’appelle Henri Tricault a écrit un véritable pavé, très impressionnant, de plus de cinq cent pages sur l’histoire de Selommes.

Et voici ce que dit donc Henri Tricault à la page 77 de son livre : « Durant ces siècles de ténèbres où les lumières de la science s’éteignirent presque dans les monastères, leur dernier refuge, rien ne peut nous éclairer sur les faits qui ont pu se passer dans notre région. Malgré la trêve, ô bien superficielle, qui eut lieu après l’avènement des Carolingiens, un peu plus de tranquillité dû régner chez nos pères. Cependant on sait qu’en 851 le Roi des Bretons, Nominoë, mourut à Vendôme au cours d’une expédition guerrière qui lui avait permis de ravager le pays ».

Il semble en tout cas que Nominoë et les Bretons ont vraiment laissé dans l’inconscient collectif de la région de Vendôme une trace indélébile puisqu’elle est écrite dans le marbre de ce très bel ouvrage consacré à cette jolie commune rurale où nous avions été si gentiment accueillis par sa maire.

La mort de Nominoë est-elle cataclysmique pour les troupes bretonnes ?

Peut-être pas ! Parce que l’on sait, à cette époque, que la vie ne tient qu’à un fil. On savait sûrement qu’il était malade depuis des années. Déjà quelques signes avant-coureurs auparavant. Surtout il avait bien serré les boulons pour qu’en cas de décès, les troupes puissent avoir une main de fer qui les gouvernent. Il y en avait deux en l’occurrence. D’abord Lambert II. En effet c’est Lambert II de Nantes / Naoned qui a repris les troupes bretonnes pour faire le joint entre lui et Érispoë. Ensuite le commandement principal sera confié à Érispoë, fils et digne successeur de Nominoë.
On peut dire que Érispoë va rentrer dans l’Histoire, lui aussi, par la grande porte.

Comment vas-tu l’ami ?

Fort bien ! Et quel bon vent t’amène ?Je t’apporte une belle, une bien telle nouvelle : nous avons vaincu les Francs. Comment est ce possible ?
Fait nous le récit de ce triomphe. En fin stratège, j’ai attiré Charles le Chauve et son armée au confluent marécageux de l’Oust et de l’Aff.

Chausse trappe divine dans laquelle nous avons su exploiter notre connaissance des lieux, montés sur nos chevaux de petite taille, taillés pour ces terres fangeuses. Nous courons çà et là. Tantôt nous nous précipitons sur la ligne serrée des Francs. Et de toutes nos forces leur lançons nos javelots en plein sur eux. Tantôt nous ciblons la fuite, mais n’en fichons  pas moins nos javelots dans la poitrine de ceux qui nous poursuivent. A coup tué au combat, épée contre épée, les Francs ne valent plus un sou. Ils restent sans bouger, frappés de stupeur. Pétrifié et démoralisé, Charles pas franc du collier, s’enfuit en secret, de nuit, à l’insu de ses soldats. Nous envahissons leurs tentes à force de grands cris. Puis nous poursuivons les fuyards, et faisons pur prisonniers ou tuons tout ce que nous pouvons joindre. Un franc revers, mais une victoire bretonne.

Tu veux dire que la Bretagne est indépendante ?

La bretagne est indépendante. En tout cas, elle est en voie de le devenir et cette fin heureuse te doit beaucoup. Tu es ici chez toi. Cette abbaye est un peu la tienne, et tu peux rester ici tant, mais pour l’heure, allons trinquer à ta victoire, à ton triomphe.
Je ramène de Rome où j’ai plaidé ta cause, un Lacryma Christi dont tu me diras des nouvelles. Saint Benoît nous pardonnera ce petit écart.
Eh bien soit, mais juste un petit ballon. »

Pourquoi si peu de Bretons connaissent l’histoire de Nominoë ?

D’abord parce que l’Histoire de la Bretagne n’est pas enseignée, n’est pas connue. D’autre part, c’est une période difficile à connaître parce qu’elle fait partie du Haut Moyen-Âge, pour lequel on a beaucoup moins de texte que l’époque précédente et que l’époque suivante. Également parce que ça a été une époque d’invasion, notamment des Vikings. Hors, ces Vikings ont obligé les élites bretonnes à s’enfuir de la péninsule armoricaine pour aller vers la France du nord, vers l’Allemagne, vers les Pays Bas. Ils ont apporté avec eux les manuscrits, c’est à dire l’ensemble des connaissances qu’on pouvait avoir à l’époque et qui auraient servi à écrire cette Histoire.

Mais l’école en France de près c’est de rattraper le coup ?

D’abord, l’école obéit au programme qu’on lui donne. D’autre part il y a la formation idéologique des chercheurs et des maîtres, qui n’ont pas forcément eu envie de montrer les diversités à l’intérieur de ce qui deviendra la France. Au contraire c’était montrer qu’elle était déjà française. Alors qu’à l’époque on avait l’empire de Charlemagne qui est un empire à dominante germanique dont la capitale était Aix la Chapelle, qui était très stable et qui a accumulé des documents. Par contre, tout ce qui était autour est beaucoup plus mal connu. En outre, on n’a pas beaucoup cherché , il est vrai, à le connaître.

Nominoë

Nominoë et les Rois de Bretagne – Christian GUIILEMOT, patron de UBISOFT … une autre aventure bretonne

Est ce que finalement il dérange encore Nominoë ?

En effet, Nominoë dérange, puisque c’est le premier Roi de Bretagne. Même s’il est vrai qu’il y en a eu deux avant, mais qui n’étaient pas forcément reconnus. Celui-là est parfaitement reconnu, et il est le début d’une lignée de Rois de Bretagne, puis de Ducs de Bretagne, qui vont être souverains. Donc la Bretagne, pendant un certain nombre de siècles est un état souverain.
C’est justement ce que l’école et les hommes politiques n’aiment pas se souvenir.

On a toujours eu conscience que Nominoë était un personnage majeur de l’Histoire de Bretagne.

Majeur dans le sens où c’est lui qui a permis à la Bretagne de devenir indépendante, après certaines un certain nombre de batailles, dont la Bataille de Ballon. Donc on a toujours eu conscience de son importance. Nominoë, lui, jusqu’à l’heure, n’avait qu’une statue. Néanmoins au centre de Bains sur Oust / Baen Ballon, mais nous trouvions tous qu’il fallait quelque chose de beaucoup plus intéressant, de beaucoup plus grand, qui soit à la mesure de son impact dans l’Histoire de Bretagne, qui est majeur. Donc lorsque nous avons entendu parler qu’une association téméraire luttait depuis des années pour essayer vraiment de faire avancer tout cela, nous avons répondu favorablement tout de suite.
Qu’auriez-vous envie de dire à vos descendants ?
Bravo, je suis fier de vous.

Avec la participation de :

Stéphane ADAM (Nominoë) de la Compagnie Casus Delires de Redon, Jean Albert MAZAUD (Conwoïon)du Théâtre Jehan d’Abondance de Bains sur Oust/Baen Ballon, Jean Jacques MONNIER, Historien; Christian GUILLEMOT, Administrateur Directeur Général Délégué de Ubisoft Group.

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