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Les plus anciens organismes connus de l’Hexagone vivaient en Bretagne… une découverte géologique majeure
On l’ignore souvent, mais la Bretagne est l’un des terrains de jeu favoris des géologues. Et pour cause : son sous-sol garde la mémoire de plus de 500 millions d’années d’histoire de la vie sur Terre. Récemment, une découverte fascinante est venue confirmer ce rôle clé : les plus anciens organismes multicellulaires connus de France ont été retrouvés dans des roches bretonnes, datées de plus de 560 millions d’années.
À cette époque, ce qui est aujourd’hui la Bretagne… baignait dans les eaux chaudes des tropiques.
Une Bretagne tropicale, il y a 560 millions d’années
Au Précambrien, la disposition des continents était très différente de celle que nous connaissons aujourd’hui. La Bretagne actuelle faisait alors partie d’un microcontinent situé près de l’équateur, bien loin de l’Europe d’aujourd’hui. C’est dans cet environnement tropical, chaud et peu profond, que vivaient ces mystérieux organismes, laissés aujourd’hui à l’état de fossiles énigmatiques dans les schistes de la région de Douarnenez, dans le Finistère / Penn ar Bed.
Ces formes de vie, très anciennes, appartiennent à la fameuse faune d’Édiacara, considérée comme la première explosion de vie complexe sur Terre. Bien avant les dinosaures ou même les trilobites, ces êtres pluricellulaires ont peuplé les mers chaudes pendant des dizaines de millions d’années.
En Europe, seuls des sols en Écosse et en Scandinavie sont plus anciens que les sols bretons.
Des formes étranges et une biologie encore mal comprise
Les fossiles découverts en Bretagne présentent des formes géométriques très particulières : disques, spirales, structures à symétrie radiale. Ces organismes ne ressemblaient ni à des plantes, ni à des animaux, ni à des champignons. Ils représentent une forme de vie aujourd’hui éteinte, que les paléontologues peinent encore à classer avec certitude.
Certaines hypothèses suggèrent qu’il s’agissait de colonies d’organismes filtrants, vivant fixés sur le fond marin. D’autres évoquent des formes de vie capables de se déplacer lentement ou d’absorber les nutriments directement à travers leur peau. Leur mode de reproduction, d’alimentation et même leur classification restent en grande partie inconnus.
Un patrimoine breton insoupçonné
Cette découverte majeure met en lumière un aspect souvent négligé du patrimoine breton : son importance géologique et paléontologique à l’échelle mondiale. Bien avant l’arrivée des premiers hommes, bien avant même les dinosaures, la Bretagne était déjà le théâtre de phénomènes extraordinaires. Elle abritait les tout premiers organismes complexes de notre planète.
Ces fossiles, rares et précieux, viennent enrichir la carte des découvertes paléontologiques en Europe. Ils placent la Bretagne parmi les pays clés pour comprendre l’origine de la vie multicellulaire. C’est aussi un bel argument pour renforcer la préservation des sites géologiques bretons, souvent menacés par les projets d’aménagement ou l’érosion naturelle.
Les plus anciens organismes connus de l’Hexagone : une histoire à raconter et à valoriser
La Bretagne, ce n’est pas seulement un pays de légendes, de menhirs et de marées. C’est aussi un livre ouvert sur l’histoire de la Terre, dont certaines pages sont écrites en langage fossilisé. L’existence de ces organismes tropicaux d’un autre temps est une formidable opportunité de raconter autrement la Bretagne, de l’ancrer dans une épopée planétaire qui dépasse largement les frontières hexagonales.
Valoriser ce patrimoine scientifique peut aussi attirer un nouveau public : passionnés de sciences, amateurs de nature, touristes curieux. C’est un pan méconnu mais fascinant de l’identité bretonne, à intégrer pleinement dans les projets éducatifs, culturels et touristiques.
Les plus anciens organismes connus de l’Hexagone vivaient en Bretagne
Photo header : schiste avec traces fossiles et tapis microbiens de l’Édiacarien / Cambrien en Bretagne. Crédits : Didier Néraudeau