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La sur – fréquentation touristique est devenue folle en Bretagne.
On entend souvent que la France est le pays qui reçoit le plus de touristes dans le monde.
En nombre de touristes, c’est effectivement le cas avec quelques 90 millions de touristes reçus par an.
Viennent ensuite l’Espagne avec environ 60 millions, les États Unis avec 55 millions …
Mais si on ramène ce nombre de touristes à la population du dit pays, la Bretagne est la « première » à ce palmarès.
Pour un Hexagone peuplé de 67 millions d’habitants, les quelques 90 millions de touristes étrangers à ce pays représentent 1,34 fois la population.
En Bretagne, on est vers 3,12 fois !!
En effet, la Bretagne reçoit chaque année environ 15 millions de touristes étrangers à la Bretagne pour une population de 4,8 millions d’habitants.
Ramenés à la superficie des deux pays, c’est encore pire.
Pour l’Hexagone, 90 millions de touristes étrangers sur 551 695 kilomètres carrés, c’est une densité de 163 touristes au kilomètre carré sur une année.
En Bretagne, les 15 millions de touristes étrangers à la Bretagne* sur 34018 kilomètres carrés, on atteint 441 touristes au kilomètre carré sur une année. Près de trois fois plus !
(* Toute personne qui n’est pas résident permanent en Bretagne est « étranger » à la Bretagne selon la définition du mot)
On parle là de sur – fréquentation touristique
Une fréquentation touristique raisonnable peut apporter des bienfaits. Une sur – fréquentation touristique ne peut apporter que des dégâts, comme tout excès.
La Bretagne est un des plus beaux pays d’Europe : en termes de fréquentation touristique, la Bretagne est victime de son succès.
Pour l’état central, la Bretagne a au moins deux rôles à remplir : lui servir de frigo garde-manger avec nos secteurs agricole et agroalimentaire parmi les plus performant d’Europe, et lui servir de parc de loisir, estival surtout. Il ne faut donc pas s’étonner de cette sur – fréquentation touristique en Bretagne.
Quels sont les dommages causés en Bretagne par la sur – fréquentation touristique ?
Nous en avons sélectionnés six, mais il en existe certainement d’autres.
Fragilisation des sites naturels sensibles
L’environnement est fragile en Bretagne comme ailleurs. Notre biodiversité souffre déjà des pollutions et d’une emprise de plus en plus forte des 4,8 millions, et bientôt 5 millions, d’habitants permanents.
En particulier sur notre littoral. Rappelons qu’avec plus de 2700 kilomètres de côtes maritimes, la Bretagne est très exposée à diverses problématiques.
Alors, imaginons un instant les dégâts causés en ajoutant à notre population permanente quelques 15 millions de visiteurs, fussent-ils de passage.
A titre de comparaison, la Nouvelle Zélande qui a une population similaire à celle de la Bretagne, à 5 millions d’habitants, a une fréquentation touristique de presque 5 millions de touristes étrangers. Un autre pays, plus proche de nous, la République d’Irlande, avec une population également équivalente à celle de la Bretagne, a reçu vers 7 millions de visiteurs en 2022, soit un ratio de 1/1,4.
Le ratio de fréquentation touristique en Bretagne est de 1/3,12. Cette sur – fréquentation touristique, à ce stade, est intenable plus longtemps.
Tous nos sites touristiques, surtout les déjà plus sensibles, sont victimes de cette sur – fréquentation touristique.
Il y a bien sûr le piétinement qui se voit à l’oeil nu, mais il y a aussi diverses pollutions plus insidieuses.
15 millions de touristes étrangers en Bretagne, ce sont quelques millions d’automobiles pour les déplacements des touristes et le lot de gaz à effet de serre qui en découle.
En plus des quelques 2,6 millions d’automobiles roulant en Bretagne pour les déplacements des Bretons eux-mêmes.
Problèmes de logement
Loger les 4,8 millions d’habitants résidents, permanents est déjà une gageure en Bretagne, face à une population en progression.
Alors imaginons un instant les problèmes que peut entraîner une sur – fréquentation touristique de 15 millions de personnes de passage. De passage pour une nuit, une semaine, trois semaines …
Parmi ces problèmes de plus en plus graves de logement, il y a le problème des résidences secondaires. Cette sur – fréquentation touristique se concentre sur la période estivale, disons entre la mi juin et la mi septembre, dont seulement trois mois.
Il existe près de 313000 résidences secondaires en Bretagne, sur nos cinq départements. Plus de la moitié de ces résidences secondaires bretonnes n’appartiennent pas à des résidents permanents. Ces résidences secondaires servent de base de logement seulement quelques semaines par an à une partie de ces quinze millions de visiteurs de passage.
Saturation des réseaux d’assainissement
Prenons l’exemple de Batz sur Mer / Bourc’h Baz dans les marais salants de Loire Atlantique, dans le sud du pays.
62% des habitations sont des résidences secondaires. Cette commune de moins de trois mille habitants permanents voit passer sa population à 15000 habitant, voire vers 20000 en certaines circonstances.
Il est dont obligatoire pour cette modeste commune de disposer d’un réseau d’assainissement adapté à sa fréquentation touristique maximale, soit au pire entre cinq et sept fois la population permanente.
C’est une charge considérable qui pèse toute l’année très majoritairement sur les résidents permanents.
Difficulté pour l’approvisionnement en eau
Le problème de l’approvisionnement en eau potable est de la même gravité. On sait tous que l’eau potable, voire l’eau tout court, est devenue un enjeu majeur des prochaines années. Dans certains pays européens, c’est un immense problème déjà d’actualité.
Comment une commune de moins de trois mille habitants va faire pour disposer dans les prochaines années, d’assez d’eau pour alimenter les besoins de quinze à vingt mille personnes supplémentaires, ne fut-ce que trois mois dans l’année ? Cela va devenir dans certains cas tout simplement impossible. Et il faudra faire des choix. C’est déjà le cas dans certaines communes du sud de l’Occitanie qui choisissent de ne plus délivrer de permis de construire, afin de ne pas accroître la pression démographique.
Précarité des emplois
Les entreprises bretonnes ont déjà du mal à recruter dans de trop nombreux secteurs pour des emplois permanents. Comment faire alors pour satisfaire en plus des dizaines de milliers d’emplois saisonniers ?
Et comment loger ces employés saisonniers durant la courte période estivale ?
Les propriétaires des résidences secondaires en Bretagne (dont 30% sont Parisiens) sont évidemment plus intéressés de louer leur bien très cher en été à des touristes de passage qu’à un prix moindre à un couple de saisonniers de passage.
Impossibilité pour les Bretonnes et les Bretons de profiter de leur pays à la belle saison
Nous, habitant la Bretagne toute l’année, bénéficions de nos congés en été, comme les autres Européens pour la plupart; et de conditions météorologiques plus adaptées au tourisme. C’est donc aussi en cette période estivale que 4,8 millions Bretonnes et Bretons souhaitent faire du tourisme en Bretagne.
Mais cette sur – fréquentation touristique excessive nous empêche de profiter complètement et agréablement des côtes et de l’ensemble des sites touristiques bretons.
Les plages sont bondées, les îles sont noires de monde, il faut trois fois plus de temps pour faire les quelques kilomètres qui séparent la plage de la maison, les tarifs sur-élevés ne font pas le tri et on doit les subir également …
Quels avantages à cette sur – fréquentation touristique en Bretagne ?
Accroître la notoriété de la Bretagne : faire connaître notre beau pays au reste du monde …oui, mais à quel prix ?
Et créer de l’activité plus ou moins furtive pour seulement 8% du PIB Produit Intérieur Brut de la Bretagne.
Tant de contraintes, tant de problèmes … pour 8% de notre PIB de 143 milliards d’euros.
Est-ce raisonnable ?
Est-ce tenable encore longtemps ?
Pour rappel : Définition du touriste
« Un touriste est une personne qui se déplace entre deux emplacements géographiques pour son plaisir, hors de son lieu de vie habituel, et qui effectue au moins une nuitée sur place, ce qui le différencie de l’excursionniste qui fait l’aller-retour dans la même journée«
Sources
www.unwto.org/fr
Alan, trugarez dit evit da soñj
Photo : @Samueles
5 commentaires
Je suis entièrement d’accord avec vous .Il faudrait créer un mouvement d’opinion transversal au plan politique sur thématique .Cependant vous avez oublié la concurrence que subit d’autres activités économiques vitales par rapport au tourisme ,donc c’est aussi potentiellement du PIB en moins . L’activité agricole en pâtit durement dans les zones littorales .D’autre part ce tourisme a aussi pour conséquence une incitation supplémentaire à l’acquisition de logements par des personnes extérieures à la Bretagne qui deviennent souvent des résidences secondaires inoccupées la plupart du temps . Effectivement beaucoup de Bretons ont également des résidences secondaires sur le littoral , sans vouloir me faire leur avocat , vu qu’ils sont aussi responsables du déficit en logement .Mais malgré tout ces habitations sont occupées plus souvent que celles de personnes extérieures à la Bretagne .
Vous dites
Pour l’état central, la Bretagne a au moins deux rôles à remplir : lui servir de frigo garde-manger avec nos secteurs agricole et agroalimentaire parmi les plus performant d’Europe, et lui servir de parc de loisir, estival surtout. Il ne faut donc pas s’étonner de cette sur – fréquentation touristique en Bretagne.
Il ne faut pas oublier également la militarisation de la Bretagne qui repart de plus belle de part l’actuelle action d’un député du Morbihan .Ce qui sans compter toutes les autres conséquences fait de notre territoire une cible de choix dans l’embrasement actuel du monde . C’est actuellement une des plus grandes craintes que j’ai en ce moment . Il ne faut pas oublier que sur le plan géopolitique et militaire est stratégique sur le plan européen voir mondial .
La focalisation actuelle globale de l’opinion , que l’on peut comprendre , sur les questions environnementales et la réforme des retraites nuit à la prise de conscience par les Bretons de problèmes qui concernent leur proche avenir , c’est très grave ….
J’ai oublié
Il ne faut pas oublier que sur le plan géopolitique et militaire la Bretagne est stratégique sur le plan européen voir mondial .
Des régions d’Italie prennent des mesures pour endiguer le tourisme de masse
https://actu.orange.fr/monde/face-au-tourisme-de-masse-l-acces-aux-plages-de-sicile-et-de-sardaigne-limite-magic-CNT0000024n7gJ.html
J’étais à Pleyben cet été, puis Carhaix, Braspart et j’ai terminé ma balade à Morlaix, je n’ai franchement pas eu l’impression d’être envahis d’estivants.
J’étais à Concarneau / Konk Kerne, Saint Malo / Sant Maloù, Karnag, La Baule / Ar Baol, Belle Ile / Ar Gerveur, les Glenan / Inizi Glenan, Roscoff / Rosko … j’ai réellement eu l’impression d’être envahi d’estivants !!😉