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Troisième épisode de Nominoë et les Rois de Bretagne
Comment s’est passé la cohabitation avec les Bretons ?
On repère des incursions de Francs dès le Ve siècle. Puis ces Francs vont se renforcer et former progressivement l’Empire Carolingien. Donc les incursions vont se développer, et on note sept expéditions militaires pour faire payer le tribut aux Bretons . Même une huitième était prévue mais n’a pas eu lieu; Ce qui prouve que la Bretagne est dans les faits relativement indépendante par rapport à l’Empire Carolingien en cours de constitution. Néanmoins il y a des échanges. Et il y à des objets fabriqués par des Francs qui montrent qu’en période de paix les échanges étaient aussi bien maritimes que continentaux.
Et pacifiques ?
En effet, il y a des périodes de paix relativement longues et pacifiques. Mais à cette période il y a toujours un souverain carolingien vient demander un tribut et un hommage. Alors soit les Bretons sous la contrainte cède et se révoltent rapidement, soit refusent carrément ce tribut et cet hommage.
Et c’est la guerre …
Nominoë, lui, était un prince breton originaire, semble t-il de la région vannetaise. Et Nominoë avait été nommé Missus, c’est à dire envoyé de l’Empereur auprès des Bretons. La Bretagne avait été conquise par Charlemagne en 799 mais pas soumise. Il y avait des révoltes constantes, ce qui a fait que Charlemagne n’a pas intégré la Bretagne dans l’ empire. Donc les Bretons, ayant été quand même vaincus, devaient une certaine soumission à Charlemagne, mais conservaient une certaine indépendance.
Quand on dit les Bretons, ce n’était pas un royaume breton, mais c’était des petites féodalités, qui tantôt se combattaient, et tantôt s’entraidaient. Voire se réunissaient lorsqu’il y avait un péril grave. Comme par exemple contre les Francs. Mais aussitôt après, continuaient à guerroyer entre eux. C’est un système ce qu’on appelle « d’amis » à la carolingienne. Il y avait des vicaires à la carolingienne, et vous avez vous aussi des Bretons qui s’appelait des machtiern. Ce sont des chefs de paroisses qui dirigeaient. Puis qui ont disparu après. Ils se sont atténuées et ont disparu après les invasions vikings.
Nominoë, on ne sait pas trop d’où il vient.
Certains le situent vers Vannes. D’autres venant du Poher. C’est un peu quelqu’un qui sort du brouillard. Exactement et il y avait même ses ennemis les Abbés de Saint Florent qui avaient écrit une histoire disant qu’il était le fils d’un paysan qui avait trouvé un trésor. Tout simplement pour le déconsidérer, pour dire qu’ils n’était pas issu de la bonne noblesse, des familles princières.
On est là dans les siècles sombres.
L’Empereur avait l’habitude d’avoir un de ses représentants en Bretagne pour veiller à ce qui s’y passait et contrôler un peu les choses. C’est toujours un Franc. Mais comme il y avait des révoltes incessantes, le fils de Charlemagne, Louis le Pieux a eu l’idée de nommer un Breton comme représentant. Ainsi se disant qu’à ce moment-là, peut-être, cela contribuerait à calmer un petit peu les conflits qui existaient avec les Bretons.
Voilà comment Nominoë est devenu l’envoyé de l’Empereur.
De fait cet envoyé de l’Empereur avait un serment de fidélité vis-à-vis de l’Empereur et était très fidèle. Conwoion, lui, était un homme d’église. Il décide de fonder son abbaye en ce lieu, qui est un lieu quand même un peu bizarre pour fonder une abbaye. Parce qu’on est près d’une rivière, la Vilaine. Une voie navigable. c’était important, dans un lieu qui était un peu isolé. Mais contrairement à ce qu’on pense, ne n’est pas un lieu dépeuplé.
En fait il faut savoir que ce pouvoir religieux jusqu’à la révolution française est extrêmement puissant. Dans le sens que c’est lui qui s’occupe de toute l’administration. C’était la première strate de l’administration en Bretagne, mais aussi ailleurs. La laïcisation de l’administration ne date que du XIIIe siècle.
On ne peut pas diriger au Moyen-Âge une région comme la Bretagne qui est très très grande (trente deux mille kilomètres carrés) sans les abbés, les évêques et les prêtres. On ne peut pas. Donc résultats, il faut absolument aller contrôler et Nominoë et le sait.
Nominoë et Conwoion.
Louis le Pieux était très attaché à éradiquer l’église celtique pour implanter l’église latine. Et sur le plan monastique, c’était les Bénédictins. Mais Nominoë, lui, soutient Conwoion, et va lui donner d’ailleurs quelques territoires. Relativement peu, ce qui laisse entendre que Nominoë était un prince qui n’était pas forcément extrêmement riche. Mais il soutient l’Abbaye de Redon.
Pourquoi ?
Peut-être qu’il concevait qu’à la limite entre les Francs et les Bretons, ce n’était pas si mal qu’une abbaye bretonne soit créée. Car une abbaye permettait un recrutement alentour. Ainsi que l’implantation d’une population qui aurait pu être bretonne à ce moment là.
Donc un rayonnement spirituel, culturel et plus tard militaire.
D’ailleurs une citation selon Gestin de Redon précise cela. Les conseillers de Louis le Pieux, l’évêque de Gwened / Vannes, et le nouveau conte de Nantes / Naoned disent à l’empereur « Nous demandons, Seigneur Auguste de ne pas souffrir écouter le discours de ces moines car le lieu qu’ils convoitent peut servir à renforcer et à fortifier ton royaume« .
Il y avait vraiment une notion stratégique. En effet on est bien dans une notion de frontière à la fois religieuse et stratégique.
C’est intéressant parce que du coup, là on a une notion de limite entre l’Empire franc et la Bretagne naissance. Déjà marqué sur le parchemin.
Ainsi, les Francs étaient à Rennes / Roazhon.
Également étaient à Nantes / Naoned. A Gwened / Vannes, ils se partagent avec les Bretons. Donc ici on est dans une zone tampon. D’ailleurs, c’est par là aussi que les incursions franques en Bretagne et celles des Bretons dans l’Empire transitaient. Donc établir une abbaye, même si Conwoion n’en a pas eu ainsi l’idée au départ, permettait de stabiliser une population.
Derrière nous on voit ce clocher. De quand date t-il ?
Cette tour romane date du XIIe siècle. Bien sûr l’abbaye a été reconstruite plusieurs fois évidemment, et c’est la partie la plus ancienne de l’abbaye. Les spécialistes disent que c’est le plus beau bâtiment roman de Bretagne.
Honorant Nominoë.
Ainsi Monsieur écrivait en 1922 : « … souhaitons que le monument grandiose dû par la Bretagne et Nominoë, et et dont il fut plus d’une fois question déjà en 1922 soit enfin réalisé« . « Il y a eu un projet de statue de Nominoë à cheval en 1934, avec pas mal de projets qui ont été proposé par des artistes. De nombreux artistes ont répondu et envoyé des maquettes qui toutes ont retenu notre attention« . C’était le journal de l’époque qui disait cela. Puis il ya eu un vote populaire et une statue qui a récolté 419 voix. Puis il y a eu des portes montées sur devant la mairie de Redon en 1934 qui rappelait les remparts.
Là j’ai tout le catalogue que j’ai scanné. Ainsi est écrit que Redon est le berceau de la Bretagne, dans cet article de l’époque.
Voilà pour dire que ce mémorial n’est pas une lubie qui nous serait tombée dessus comme cela en 2018. En fait cela fait plus d’un siècle qu’on en parle de la statue de Nominoë.
C’est pour cela que le Conseil Régional nous a soutenu. Ainsi que d’autres soutiens officiels que j’évoque rapidement et qui nous ont permis de payer nos fournisseurs ou qui vont nous permettre de les payer pour 80000 euros environ.
Avec la participation de …
Jean Jacques MONNIER, Historien; Georges MIGAUD, délégué de la Fondation du Patrimoine, Pays de Redon; Frérédic MORVAN, Historien; Patrick RENAUD, Vice Président Poellgor Gouel Ballon.
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