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Samhain, porte vers le hors-temps
Samhain marque le début de l’année des Celtes. En Bretagne, c’est Kala Goañv. C’est-à-dire le début du mois de novembre. Il était d’usage en Bretagne jusqu’au début du XXe siècle de laisser une assiette de nourriture et une bûche allumée dans l’âtre pour les décédés de la famille afin qu’ils puissent se sustenter et se chauffer.
Pour les Celtes, comme pour les peuples du néolithique, le jour commence à la tombée de la nuit. Et l’année au début des mois noirs. Miz Du ou mois Noir pour Novembre. Miz Kerzu ou mois Très Noir pour Décembre. Tout comme la vie commence par la conception dans l’ombre du ventre de la mère avant que l’enfant ne voie le jour. Nous sommes à une époque où nous glorifions le passage à la lumière. En faisant abstraction de cette période d’ombre et de travail qui a engendré cette mise en lumière.
Le calendrier de Coligny
En étudiant le calendrier de Coligny, découvert dans l’Ain (France) en 1897 et représentant un calendrier gaulois du IIe siècle de notre ère, des chercheurs ont constaté que le cycle se déroulait sur cinq ans. Combinant ainsi les cycles lunaires et solaires.
D’après David Romeuf, « Contrairement à notre calendrier contemporain christianisé ou à celui des Romains, la plaque de Coligny comporte peu de mentions de fêtes ou de faits religieux. Elle parait assez générique :
La plus évidente semble la mention annuelle du jour 17 (IIa) du mois de SAMONIOS. C’est-à-dire 3 jours après le Dernier Quartier lunaire : TRINOX SAMONI SINDIU que l’on traduit par « c’est aujourd’hui les 3 nuits de SAMONIOS », et que l’on rapproche par étymologie de la fête celtique irlandaise de Samain (christianisé au 1er novembre, c’est à dire dans un calendrier Julien puis Grégorien solaire). Dans le calendrier gaulois, cette période de 3 nuits était donc dépendante de la phase de la Lune, fixe dans le temps lunaire, mais fluctuait autour de fin-octobre début-décembre […] si on calcule la date équivalente dans le calendrier Grégorien solaire que nous utilisons actuellement… »
La date n’a été placée le premier novembre (31 Octobre au soir) qu’à l’avènement du calendrier romain (quarante jours après le début de l’automne). Mais en fait la fête de Samain était composée de trois nuits (trinoxtion samonii dans le calendrier de Coligny). Qui correspondait au 17e jour du mois de Samon. Ainsi chaque année, cette fête est fixe dans le calendrier lunaire et mobile sur le calendrier solaire que nous utilisons actuellement.
C’est le nouvel an celtique.
C’est à dire un temps hors du temps où nous communions avec nos décédés. Également un temps où les mondes invisible et visible mordent l’un sur l’autre.
Est-ce une fête celtique ?
Il est probable qu’elle existait déjà dans les civilisations qui ont précédé l’arrivée des Celtes. Les Celtes ont apporté leur culture mais ce qu’on appelle culture celte est mâtinée des pratiques des peuples néolithiques. Eux qui vivaient sur la frange atlantique depuis l’âge de Bronze et qui ont bâti ces alignements, dolmens, menhirs et autres allées couvertes.
Samhain constitue donc une porte. Porte qui permet la réunion entre les vivants et les disparus. D’où ces deux fêtes chrétiennes de la Toussaint et de la fête des Morts qui ne font qu’accompagner une pratique immémoriale que l’Église n’a pas pu éradiquer.
4 commentaires
Joa d’an Anaon !
A Sein ça se dit encore et pas seulement à la Toussaint
Il me semble que le raisonnement présente au moins deux lacunes.
Le calendrier solaire (julien) a été mis en place en 46 avant JC puis il a été remplacé par le calendrier solaire (grégorien) après le jeudi 4 octobre 1582 puisque le lendemain est devenu le vendredi 15 octobre 1582, entraînant une suppression de 10 jours.
La première mention de la fête des morts dans la chrétienté est attribuée à Amalaire, diacre puis abbé de Metz, qui l’a signalée dans son ouvrage « De ecclesiasticis officiis » écrit vers 820. En 998, Odilon de Cluny institua une journée consacrée à la commémoration de tous les fidèles trépassés et la fixa le 2 Novembre. La fête des morts « chrétienne » s’imposa alors dans tout l’occident dès la seconde moitié du XIème siècle.
Il n’est donc pas possible de dire que la toussaint a été placée 40 jours après le début de l’automne quand le calendrier julien était encore en vigueur, puisqu’en fait à cette époque il y avait 50 jours de décalage (un décalage réduit de 10 jours en 1582).
Par ailleurs la fête de la toussaint et celle des défunts sont des fêtes fixes dans le calendrier julien puis dans le grégorien. Ce dernier calendrier permet de fixer également la dérive des dates de solstice et d’équinoxe par la suppression d’une année bissextile tous les 400 ans. En 1600 puis en 2000 par exemple, il n’y a pas eu de 29 février. Auparavant les dates d’équinoxes et de solstices se déplaçaient d’une journée tous les 72 ans à cause du phénomène de précession des équinoxes (l’axe incliné de rotation de la terre effectue une révolution autour de la perpendiculaire au plan de l’écliptique, qui passe également par son centre (de la terre). Une rotation complète prend environ 26000 ans, soit 365 x 72 ).
Le calage de la fête des morts par rapport à l’équinoxe d’automne n’est donc possible que depuis l’avènement du calendrier grégorien.
Pour ces raisons il est probable (sans avoir de preuve formelle) que l’origine de cette fête remonte aux agriculteurs du néolithique, qui savaient parfaitement déterminer les dates d’équinoxe et de solstice. (certains cairns néolithiques ne laissent entrer la lumière jusqu’au fond de l’allée couverte qu’au moment des solstices d’hiver. Pour que cela se produise il fallait donc concevoir la construction selon certains paramètres précis).
Enfin pour que la date de la fête des morts corresponde à celle de l’équinoxe d’automne en tenant compte de la « suppression grégorienne » et du phénomène de précession des équinoxes, il faut remonter autour de 4100 avant le présent. QED
Merci de toutes ces précisions très intéressantes.
Bonjour,
pour la précession des équinoxes pourquoi justifier les 72 ans en faisant 365 x 72 = 26 000 ? 365 quoi ? merci