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Football international : Bretagne et Catalogne, même combat !
Le 25 septembre 2022, c’est soirée Ligue des Nations à travers l’Europe. Le Pays de Galles vise plutôt la Coupe du Monde. Il a la tête ailleurs et se fait battre par la Pologne. Le Danemark, guère plus peuplé que la Bretagne, bat la France.
Et la Bretagne justement ?
Elle a juste le droit d’avoir des états d’âme, comme le journaliste Pierre-Alain Perennou. Il twitte : « Bon, les week-ends de trêve internationale m’ennuient. A 1000 RT, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour relancer l’Équipe de Bretagne de football (BFA_Officiel) ».
Contre toute attente, les supporters font chauffer le compteur et deux jours plus tard, toujours sur Twitter, c’est au tour de Bretagne Football Association d’annoncer officiellement : « Un match international de l’équipe de Bretagne de BFA est en préparation. Il se tiendra à l’issue de la saison de Ligue 1 (3 juin 2022). Les accords nationaux n’autorisent pas de date durant la saison ».
Pierre-Alain Perennou indique vouloir faire « rayonner le football breton » tout en déclarant par ailleurs : « Avec mon pote Yves Marie, on avait un délire avec l’équipe de Bretagne. Mais on rêvait qu’elle fasse plus de matches. »
Et c’est là que Twitter se heurte à la réalité…
Une équipe de football de Bretagne : menons l’enquête.
A 975 kilomètres au sud de Nantes se trouve Barcelone, mythe du football européen.
La Catalogne a connu une histoire politique très mouvementée ces derniers temps. Sa sélection se trouve pourtant dans la même position que la bretonne : elle n’est pas officielle. Depuis 2001-2002, l’UEFA et la FIFA empêchent même une fédération autonome d’adhérer. Elles cédèrent aux injonctions de l’Espagne !
Seuls le Kosovo et Gibraltar sont passés entre les mailles du filet pour des raisons diverses.
Quant aux fédérations celtes, fondées avant la FIFA, elles ont gardé leurs droits.
La Fédération catalane, affiliée à la Fédération espagnole, n’a pas le droit d’exister au niveau international.
Idem pour la Bretagne.
Un grand match avec les stars catalanes contre des équipes comme l’Argentine ou le Brésil a déjà rempli le Camp Nou entre 2002 et 2009. Mais pour cela, la Fédération catalane dut débourser un cachet d’un million de dollars !
Voilà qui est quasi prohibitif pour un simple match amical.
Le possible déficit est à la charge des seuls clubs catalans. Sponsors et diffuseurs exigent une équipe du top 50 de la FIFA. Les Européens n’ont plus de dates, restent l’Afrique ou l’Amérique du sud, moyennant environ 200.000 dollars le match. La Catalogne ne peut jouer que durant les trêves. Elle doit assurer les clubs contre les blessures de leurs joueurs.
Enfin l’Espagne a la priorité sur les joueurs, en sélections A et Espoirs…
Revenons en Bretagne.
Ligue de Bretagne administrative et District de Loire-Atlantique sont membres de la Fédération française.
L’un et l’autre ne font rien contre l’équipe de Bretagne… mais rien pour non plus. Ils gèrent le football amateur. C’est ce qui entraîna la création de Bretagne Football Association en 1997. La réalité bretonne est donc sans commune mesure avec celle de la Catalogne. BFA Bretagne Football Association n’est même pas une fédération, n’est pas officielle et ne dispose d’aucune marge financière. Cela explique probablement son absence de matches depuis le Bretagne-Mali de 2013.
Durant ces dix dernières années, la Catalogne n’a d’ailleurs elle aussi joué que trois matches contre des équipes FIFA.
La Catalogne ouvra une nouvelle ère pour sa sélection en 1997 en rencontrant la Bulgarie.
La Bretagne fit de même en 1998 contre le Cameroun.
Les rencontres catalanes contre des sélections européennes se sont depuis limitées à deux, en 1999 et 2000 : la Yougoslavie puis la Lituanie. Les Bretons, de leur côté, n’ont rencontré que des sélections africaines. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé de jouer contre des Européens. Les archives de presse révèlent en effet la trace de matches conclus mais jamais disputés : la république d’Irlande en 1999, la Lettonie en 2001 et le Pays de Galles en 2010. Il est aussi fait mention de pourparlers avec l’Écosse en 2012.
Alors que la Fédération catalane a annoncé, le 4 avril, un Catalogne-Mali pour le 8 juin 2023, c’est le silence radio côté breton. Peu d’informations filtrent.
Pourtant, BFA Bretagne Football Association ne semble pas rester inactive : comme la Catalogne, elle se bat pour trouver sponsors et diffuseurs. Idem pour convaincre sportivement et financièrement un adversaire FIFA. Le défi reste le même pour l’organisation : envers le club organisateur, la location du stade, les clubs qui prêtent leurs joueurs et les joueurs eux-mêmes. L’heure est au renforcement et BFA Bretagne Football Association ne semble plus disposé à perdre de l’argent. Sagesse semble primer.
Et les supporters, qu’en disent-ils, d’une équipe de football de Bretagne ?
Quelle est leur réelle motivation ?
Là aussi, Twitter se heurte-t-il à la réalité ? Le supporter consomme d’abord le football et privilégie forcément la haute compétition : Ligue des Champions, Ligue 1, équipe de France…
Que reste-t-il de sa fibre bretonne ?
Son exigence irait-il de pair avec son engagement financier ?
« Pitié. Pas un match contre la Guinée à Concarneau avec des joueurs bretons de National » avait asséné un fan rennais sur Twitter en septembre dernier. Puis d’insister : « Bretagne-Gambie au stade Guy Piriou de Concarneau avec une équipe de Bretagne principalement composée de joueurs de Concarneau, de Saint-Brieuc et de la réserve d’EAG. »
La conclusion nous vient tout naturellement : les conseillers ne sont pas les payeurs.
L’existence économique d’une sélection tient d’abord à son officialité, d’ailleurs toute politique.
En Bretagne, ce n’est pas d’actualité.
Pour cela, Il faudrait que nous, Bretons, soyons Nous-Mêmes.
Nous devrions nous battre pour changer notre statut. Chacun doit donc se poser les bonnes questions. L’équipe de Bretagne n’est pas officielle certes. Mais sponsors et supporters des cinq départements bretons ont amplement les moyens de la faire vivre.
Par leur volonté, leur argent et leur enthousiasme.
La Bretagne n’aura que l’équipe qu’elle mérite, il faut se le dire !