Le SPACE … en 2048
Septembre 2048. Le SPACE ouvre ses portes.
Désormais dénommé Salon des Productions Alimentaires et de la Consommation Écoresponsable, le SPACE réunit des producteurs : agriculteurs, éleveurs … et pêcheurs. Mais surtout des consommateurs. Pendant quatre jours, les halls auparavant dédiés au matériel d’élevage ont été attribués aux produits locaux de terroir et de qualité reconnue.
Pensez donc, en 2017, on comptait sur les doigts de la main, les productions sous signes de qualité (type AOC, Label rouge). Mais parallèlement au développement de la bio, la montée en gamme a entraîné une diversification des producteurs, des productions et des entreprises d’aval. Ainsi, le Label rouge, resté fidèle à ses origines se voit diffusé sur la plupart des productions animales et même légumières.
Pour obtenir le fameux label, les entreprises ont dû revoir leur cahiers des charges. Afin de répondre aux attentes gustatives, nutritionnelles et environnementales, des consommateurs. Les productions dites conventionnelles ont développé leur positionnement sur des politiques de marques et de segmentation très qualitatives. Dès lors, la référence au territoire et à l’identité régionale est devenue monnaie courante pour les produits finis, mais pas seulement. Les filières y gagnent en confiance et en cohérence sur une origine recherchée. Même à l’export, grand export compris.
Le SPACE est devenu le rendez-vous incontournable des productions dites régionales ou d’origine.
Les productions régionales sont rassemblées dans deux pavillons, sous l’égide de Produit en Bretagne. Les animations et les dégustations sont orchestrées par le Centre culinaire international de Rennes qui vient de fêter ses trente cinq ans. Le Salon SPACE 2048 réunit à cette occasion une palette de chefs étrangers originaires des villes jumelées de la Bretagne, Nantes compris. Sous cette forme revisitée, le SPACE est devenu le lieu incontournable de l’agriculture et de la gastronomie de la Bretagne… et bien au-delà !
Quel chemin parcouru depuis l’initiative exemplaire des Talents gourmands du Crédit agricole des années 2010. Ainsi que les tentatives de rapprochement entre producteurs et écoles hôtelières, initiées par l’association Agriculteurs de Bretagne. Les animations comme les fréquentations des stands traduisent l’enthousiasme des visiteurs pour l’agriculture. Également pour la cuisine, l’alimentation, le jardinage… C’est à la fois un lieu festif et créatif, une occasion de découvertes et d’apprentissage ouvert aux scolaires, aux amateurs, avec des espaces – et des journées – réservés aux professionnels.
Le SPACE 2048, dixième édition nouvelle formule.
Pour cette 10ème édition du SPACE nouvelle formule, ils sont près de 500 producteurs de lait transformant leur lait en fromage ou en produits frais (contre un peu plus de 250 en 2019)! On ne recense pas moins de 200 spécialités fromagères réunies lors du Concours régional des appellations. Après la Normandie, la Bretagne est devenue en quelques décennies, la seconde région du fromage.
Il était temps.
La région pouvait difficilement se prévaloir durablement d’une excellence laitière sans se positionner sur un de ces fleurons gastronomiques. A la fois sur les marchés locaux et régionaux et même de plus en plus à l’export. Tout à côté de beurres de très haute qualité, qui ont retrouvé leur place et leurs lettres de noblesse dans les grandes cuisines et dans les écoles hôtelières.
Le programme des manifestations de ces quatre jours est très éclectique, jugez plutôt.
On y retrouve le Trophée des nouveaux plans alimentaires territoriaux (PAT). Ainsi qu’un concours de recettes métissées incluant des produits typiques locaux. Puis un rassemblement en direct des « agri-ambassadeurs » chargés de coopération agricole aux quatre coins du monde…
Enfin le fin du fin, c’est le concours des plateaux : au choix, fruits de mer, charcuterie régionale ou fromages en partenariat avec la Loire-Atlantique, le cinquième département, qui lorgne désormais vers ce rattachement éminemment symbolique sur des valeurs communes. D’autant que les vins de Nantes (muscadet, mais aussi rouge et rosé de nouveaux cépages anciens) ont retrouvé toute leur place auprès de ces trois plateaux de dégustation, à côté des vins locaux, qui ont émergé dans les années 20, surtout en Bretagne Sud. Même les bières artisanales et cidres régionaux ont leur propre pavillon.
SPACE 2048. Trente ans ont passé…
Les jeunes trentenaires d’aujourd’hui ont pris un coup de vieux. Certains sont même à quelques années de la retraite. L’enthousiasme pour l’agriculture n’a pas faibli, ni pour le métier « d’entrepreneur paysan » ou « d’agrinovateur », c’est selon. Les néopaysans des années 2010-2020 sont même devenus majoritaires parmi les (jeunes) installés. Ils étaient déjà 30% en 2019. Le métier a-t-il changé pour autant ? Pas vraiment ! Les fondamentaux restent les mêmes : élever et produire, semer et récolter, entretenir et valoriser… Le métier est de plus en plus diversifié, ce qui en fait sa richesse et sa complexité.
Quelles productions ?
Les grandes productions des « 30 Glorieuses » (lait, volailles, porc, légumes…), omniprésentes au début du siècle, sont bien sûr encore là. Mais la crise économique des années 2030 a laissé des traces. L’export, longtemps perçu comme la panacée et l’horizon incontournable d’une production en croissance, a montré ses limites.
L’Europe a dû et a su résister aux tendances souverainistes pour maintenir le cap et surtout une politique agricole commune, mais réduite en ambition comme en moyens. La Bretagne a su se maintenir grâce à un positionnement d’excellence sanitaire acquis de longue date et à une dynamique d’innovation ouverte tout azimut.
La Bretagne toujours en tête.
Avec le changement climatique, le Bretagne est devenue le symbole d’une douceur de vivre, d’un bien-être combinant les vertus de l’espace rural et du domaine maritime. Devant les succès des stages d’immersion totale (agricole, alimentaire…et culturelle) l’association « Terres & Mers » est devenue une société internationale à part entière. Ouverte aux échanges mondiaux, bien au-delà de la diaspora bretonne qui lui a servi de rampe de lancement.
Le droit à l’expérimentation régionale s’est traduit par le développement d’une nouvelle culture agricole et alimentaire. Les pratiques de jardinage et de cuisine sont plus qu’encouragées dans les écoles, mais aussi dans les centres sociaux urbains et même les maisons de retraite.
Le rôle accru des femmes.
Les Agriculteurs et Agricultrices, car le rôle des femmes a été ici déterminant, ont été très directement associés à cette nouvelle dynamique dans le prolongement les contrats de coopération ville-campagne. Qui incluent des paiements pour services environnementaux. Également des prestations « pédagogiques » en bonne et due forme avec l’Inspection académique, les écoles, du primaire au lycée.
Quel chemin parcouru ! Car il faut dire qu’avec l’arrivée de nouvelles candidatures au métier, dont beaucoup des femmes souvent très diplômées, l’adaptation et la mise à niveau se sont faites sans trop de problèmes.
Extrait revisité du livre Dans la tête d’un jeune agriculteur
Édité en Bretagne à Skol Vreizh et imprimé en Bretagne chez Cloître Saint Thonan (Finistère) – #BreizhCoherence