conseil des îles de Bretagne

Conseil des îles de Bretagne / Kuzul Inizi Breizh

de NHU Bretagne
Publié le Dernière mise à jour le

Vers un Conseil des Îles de Bretagne : repenser l’insularité bretonne

Les îles de Bretagne, des terres à part entière

Quand on regarde la carte de la Bretagne, l’œil est vite attiré par les confettis d’îles qui parsèment la mer d’Iroise, le sud du Morbihan ou encore les abords de la côte nord. Certaines sont devenues emblématiques, d’autres moins connues. Mais douze d’entre elles ont en commun une particularité de taille : elles sont habitées à l’année. Ces îles bretonnes sont, pour certaines, de véritables communes, avec leurs écoles, mairies, commerces, et même pour certaines, collèges. On y vit, on y travaille, on y élève ses enfants.
Ce sont des terres à part entière de Bretagne.

Mais vivre sur une île, ce n’est pas la même chose que vivre sur le continent. L’insularité génère des coûts supplémentaires importants – environ 38 % de surcoût par rapport à la vie continentale, selon l’Association des Îles du Ponant. Ces coûts concernent les transports, la logistique, les approvisionnements, la gestion des déchets, les énergies, l’eau, les communications, ou encore la santé.

Une association active, mais limitée : l’AIP Association des Îles du Ponant

Depuis 1971, l’Association des Îles du Ponant (AIP) regroupe les quinze îles habitées à l’année situées dans l’Atlantique et la Manche, dont les douze bretonnes. Elle joue un rôle important de coordination, de plaidoyer, de mutualisation. Grâce à elle, certaines avancées ont pu voir le jour, comme des aides régionales spécifiques ou des politiques publiques mieux adaptées. En 2023, un nouveau contrat de partenariat a été signé entre l’AIP, l’État central et la Région Bretagne administrative, prévoyant dix millions d’euros d’ici à 2027 pour accompagner la transition écologique, la mobilité, le logement, la formation et la vie économique.

Mais cette structure reste un outil associatif, sans pouvoir institutionnel.
Les décisions majeures concernant les îles sont toujours prises à Rennes / Roazhon ou pire encore à Paris, par des élus rarement insulaires.

NHU Bretagne propose la création d’un Conseil des Îles de Bretagne / Kuzul Inizi Breizh

Face à cette réalité, NHU Bretagne propose une évolution majeure : la création d’un Conseil des Îles de Bretagne / Kuzul Inizi Breizh. Il ne s’agirait pas d’une énième structure de consultation, mais bien d’un organe autonome, avec des compétences propres, une capacité de décision, et un budget dédié. À l’image du Highland Council ou du Conseil des îles Hébrides en Écosse, cette institution aurait pour vocation de coordonner les politiques publiques à l’échelle des îles bretonnes, de gérer les fonds spécifiques, et de représenter les îles face aux autorités régionales, hexagonales ou européennes.

Ce Conseil des Îles de Bretagne / Kuzul Inizi Breizh serait composé de représentants élus sur chaque île, mais aussi de membres issus des grandes communautés d’insulaires vivant temporairement à terre. Son siège devrait être fixé sur une des îles bretonnes concernées, et il fonctionnerait de manière totalement indépendante des départements et de la région administrative actuelle.

Conseil des îles de Bretagn et un statut d’Insulaire Breton Permanent

Une autre proposition forte portée par NHU Bretagne est l’instauration d’un statut d’Insulaire Breton Permanent.
Ce statut, inspiré du modèle de résident permanent en vigueur dans certaines îles écossaises ou norvégiennes, serait attribué à toute personne résidant de manière continue sur une île bretonne depuis au moins cinq ans.

Ce statut accorderait des droits spécifiques, destinés à renforcer l’ancrage local et à freiner la spéculation immobilière.
Par exemple :

  • Priorité pour l’achat ou la location de biens immobiliers sur l’île.
  • Exonération partielle ou totale de TVA sur certains biens ou services essentiels.
  • Accès facilité à des dispositifs de soutien pour la rénovation ou la construction de logements.

Pourquoi ce statut est-il crucial ?

Aujourd’hui, sur certaines îles, jusqu’à 70 % des logements sont des résidences secondaires. À Molène / Molenez, c’est le cas pour 73 % des habitations ! Ce phénomène pousse les jeunes à quitter les îles, faute de logement disponible ou accessible. La création d’un statut d’Insulaire Breton Permanent permettrait d’enrayer cette spirale et de garantir la pérennité des communautés insulaires de Bretagne.

Un système de gestion numérique simple

Pour mettre en œuvre ce statut, NHU Bretagne propose un système moderne, entièrement numérique :

  • Une application mobile sécurisée permettrait d’attester du statut d’Insulaire Breton Permanent.
  • Une carte physique serait disponible pour les habitants n’utilisant pas de smartphone.
  • Les commerçants et prestataires de services seraient équipés d’un terminal ou d’un code dédié pour appliquer les avantages (exonération TVA, remises, etc.).

Ce système pourrait s’appuyer sur les mairies insulaires pour la délivrance des droits et la mise à jour des statuts.
Une plateforme unique de gestion serait opérée par le futur Conseil des Îles de Bretagne / Kuzul Inizi Breizh.

Une transition énergétique insulaire ambitieuse

Par ailleurs, certaines îles sont encore totalement dépendantes des énergies fossiles, comme les centrales au fioul présentes à Ouessant / Enez Eusa, Molène / Molenez ou Sein / Enez Sun. Des projets sont en cours, mais ils restent lents et insuffisants. Le Conseil des Îles de Bretagne / Kuzul Inizi Breizh aurait également compétence pour piloter un grand plan de transition énergétique propre aux îles : autonomie énergétique via le solaire, les hydroliennes, le stockage via hydrogène vert ou batteries marines, etc.

Une coordination centralisée mais locale permettrait d’accélérer cette mutation, en rassemblant les îles autour d’un objectif commun : 100 % d’énergies renouvelables insulaires d’ici 2035.

Protéger les cultures et langues insulaires

Enfin, ce Conseil aurait un rôle déterminant dans la protection des cultures insulaires bretonnes, souvent plus vivaces que sur le continent. Le breton y est encore bien présent (Groix / Enez Groe, Ouessant / Enez Eusa, Sein / Enez Sun, etc.), tout comme des traditions orales et maritimes uniques. Le Conseil aurait pour mission d’encourager l’enseignement immersif en breton, la transmission des savoir-faire traditionnels et le soutien aux activités culturelles spécifiques aux îles.

Une Bretagne archipélagique et unie

La Bretagne ne doit plus penser ses îles comme des marges ou des périphéries, mais comme le cœur battant de son identité maritime. Ces territoires doivent être considérés non comme des exceptions, mais comme des modèles d’adaptation, d’autonomie, et de résilience. La création d’un Conseil des Îles de Bretagne* Kuzul Inizi Breizh et d’un Statut d’Insulaire Breton Permanent ne sont pas des lubies « régionalistes », mais des nécessités de survie.

Conseil des îles de Bretagne / Kuzul Inizi Breizh : et si, pour une fois, l’innovation institutionnelle venait des îles ?

Photo header NHU Bretagne : Enez Sun / Ile de Sein

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