Beltaine fête celtique

Beltaine, fête celtique veille de 1er Mai

de Rémy PENNEG

Beltaine, le retour d’une fête celtique pleine de sens

Beltaine, ou Beltan en breton, revient en force.
Pas seulement dans les cercles druidiques ou néo-païens, mais dans l’esprit d’une jeunesse bretonne curieuse, consciente et en quête de racines. Cette fête millénaire, célébrée dans la nuit du 30 avril au 1er mai, symbolise l’entrée dans la saison lumineuse. Une transition profonde, un basculement d’énergie.
Et en Bretagne, cette fête prend un sens particulier, entre nature sauvage, spiritualité celte et réappropriation culturelle.

Une fête de feu et de renouveau

Beltaine est l’une des quatre grandes fêtes du calendrier celtique, avec Samain, Imbolc et Lugnasad.
Elle marque la fin de la saison sombre, de l’introspection et du repli, pour entrer dans le cycle de la vie, des projets, des récoltes.

Dans l’ancienne Bretagne comme en Irlande, Beltaine était fêtée par des feux rituels.
Les druides allumaient d’immenses brasiers purificateurs. Le peuple dansait autour, parfois nu, parfois masqué, dans une célébration joyeuse et désinhibée. Les troupeaux étaient parfois conduits entre deux feux pour les protéger des maladies. Le feu, la lumière, la chaleur : tout rappelait que la vie reprenait ses droits.

Aujourd’hui, ces rituels renaissent dans plusieurs coins de Bretagne. Ici un feu sur une lande du Trégor, là un mât que l’on brûle à la tombée du jour dans un champ des Monts d’Arrée. Il ne s’agit surtout pas de « folklore » figé. Mais d’un moment de connexion à la terre, au ciel, aux autres.

Une spiritualité païenne en plein éveil

La Bretagne contemporaine voit un regain d’intérêt pour le druidisme et les spiritualités enracinées. Rien d’étonnant : dans un monde toujours plus déconnecté du vivant, Beltaine offre un rituel de lien. Un pont entre l’humain, la nature, les cycles lunaires et solaires.

De jeunes Bretonnes et Bretons redécouvrent ces traditions. On médite, on plante des graines, on crée des cercles de paroles, on chante en breton autour du feu. Il s’agit de renouer avec un celtisme vivant, inclusif, respectueux. D’inscrire l’engagement écologique dans un héritage spirituel ancien.

Ce n’est pas un repli sur le passé. C’est une réappropriation active. Une autre manière de dire « Breizh » en 2025.

Le muguet, l’herbe d’été

Le 1er mai, c’est aussi la fête du muguet. En breton, on l’appelle Louzaouenn an hañv : littéralement « herbe d’été ».
Offrir un brin de muguet porte bonheur, dit-on. Et ce n’est pas anodin si cette coutume rejoint Beltaine.

muguet louzaouenn an hañv
Beltaine et Louzaouenn an hañv

Le muguet pousse au moment du renouveau. Il annonce l’été, les festivals, les vacances. Mais aussi, en Bretagne, la saison des récoltes, des rassemblements, des festivals de musiques, des projets. Un brin de muguet, c’est comme une promesse. Celle de jours plus longs, plus clairs, plus collectifs.

Même dans les villes, on peut vivre Beltaine : une bougie, quelques amis, un moment symbolique suffisent. Ce sont des gestes simples, mais puissants.

Beltaine ailleurs : des milliers à Édimbourg

En Écosse, à Dùn Èideann (Édimbourg en anglais), le Beltane Fire Festival rassemble chaque année plus de dix mille personnes le 30 avril. Performances enflammées, musiques tribales, corps peints et danses rituelles : le feu y devient spectacle, mais aussi revendication identitaire.

Pourquoi ne pas imaginer un jour un Festival Beltaine Breizh ?
Dans les Monts d’Arrée / Menez Are ou sur la Presqu’île de Crozon / Gourenez Kraozon, par exemple.
Un rendez-vous où la jeunesse bretonne pourrait mêler musique, rituels anciens et engagement pour la planète.

Une fête païenne en phase avec les combats d’aujourd’hui

Beltaine n’est pas qu’une tradition. C’est une façon de marquer un tournant, de poser des intentions, d’honorer les cycles. Une réponse au monde moderne qui va trop vite, oublie les saisons, coupe les racines.

De plus en plus de jeunes Bretonnes et Bretons s’inspirent de cette fête pour réenchanter leur quotidien. Beltaine devient un prétexte pour ralentir, se reconnecter à la terre, affirmer son identité. Et pourquoi pas, bâtir un monde plus juste et plus beau.

Beltaine, lumière sur l’avenir

En Bretagne, Beltaine renaît doucement mais sûrement. Dans les cœurs, dans les esprits, dans les champs. Ce n’est pas une fête figée dans le passé, mais un appel vibrant au présent.

Allumer un feu, planter un mât, danser autour d’un brin de muguet : ce sont des actes symboliques, simples, mais puissants. Ils disent que la Bretagne n’a pas oublié son âme. Qu’elle avance avec ses traditions, et non malgré elles.

Alors que revienne Beltaine, le renouveau, la lumière. Pour tous ceux et celles qui veulent vivre ici autrement. Ensemble. En conscience.

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13 commentaires

Passion Bretagne
Rémy PENNEG 26 avril 2015 - 14h28

Cette tradition de la vente de muguet a son origine dans les rues de Nantes vers 1932 après l’instauration de la Fête du Lait de Mai, fête purement nantaise créée par Aimé DELRUE, modeste commerçant nantais. Les jeunes gens nantais avaient pour tradition d’aller de ferme en ferme le 1er Mai pour boire du lait fraîchement tiré et tous les bénéfices de ces festivités étaient redistribués aux nécessiteux du quartier. Il existe à Nantes, plus grande des villes de Bretagne, un Square du Lait de Mai, depuis 2002.
Votre brin de muguet du 1er Mai à 80% de chance de provenir de la région nantaise, qui produit annuellement quelques 60 millions de brins de muguet.

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Mikel E. Kenekan 1 mai 2016 - 21h27

En Bretagne, ce n’est pas le muguet ( qui est une mode venant des villes extérieures au pays) qui est de tradition mais la branche de mai (Koet Mae) posée sur les maisons pour les protéger des maléfices le 30 Avril au soir, avant le coucher du soleil. On peut en voir un peu partout en Morbihan brittophone encore aujourd’hui.

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Passion Bretagne
Rémy PENNEG 2 mai 2016 - 19h14

Bonsoir Mikel, et merci de cette remarque très pertinente. S’agit-il d’un arbre ou d’un bois particulier ? Bonne soirée

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Job 25 mai 2016 - 13h44

Il s’agit le plus souvent de petites branches de hêtre, parfois d’aubépine. On les place principalement aux entrées des maisons (portes, fenêtres, etc.). C’est une tradition venant directement de l’ancienne fête celtique, alors que le brin de muguet est une mode récente.
Gardons l’originalité de notre culture et faisons perdurer cette tradition de la branche de Mai !

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Passion Bretagne
Rémy PENNEG 25 mai 2016 - 21h18

Bonsoir Job. Et merci de ce commentaire. Nous notons en début Avril prochain de vous contacter pour que vous nous écriviez un petit article sur cet Arbre de Mai. D’accord ? Mais si d’ici-là, vous souhaitez écrire dans nos colonnes sur un autre thème, ce serait avec plaisir.

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Job 26 mai 2016 - 14h38

J’en serai ravi !

Hervé Bretuny 29 avril 2025 - 8h14

Nantes ville extérieure?

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RONAN 17 février 2017 - 12h21 Répondre
plukif 30 avril 2017 - 23h33

La tradition des « branches de mai » est connue dans diverses régions. En Champagne, les jeunes gens allaient couper de jeunes arbres et les accrochaient la nuit aux portes ou clôtures des maisons où vivaient des filles « à marier ». Ils se faisaient offrir à boire. (parfois au-delà du raisonnable). La coutume voulait aussi qu’ils déplacent tout ce qui pouvait se déplacer: salons de jardins, outillage agricole ou de jardinage et même volets ou gouttières . La veille du 1er mai, nous savions qu’il ne fallait rien laisser traîner au risque de retrouver notre bien à l’autre bout du village. Je me suis vu ainsi démêler mon jet d’arrosage des branches d’un vieux tilleul où des garnements audacieux l’avaient perché ! Cette coutume des « mais » s’est peu à peu éteinte, la population plus jeune ne supportant plus les débordements traditionnels. Généralement , huit jours plus tard, les jeunes filles distinguées par leur « mai » offraient une soirée aux garçons. On appelait ça le « retour des mais ».

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cinna 19 mars 2018 - 16h54

Je suis né un 1° mai en plein cœur de la Vénétie Armoricaine (les landes de Lanvaux) et je peux confirmer que la branche de Mai (une branche de Hêtre fraichement épanouie d’un beau vert tendre) est accrochée aux maisons et même dans les champs et les prairies à foin pour avoir une belle récolte. Habitant actuellement à Quimperlé en zone cornouaillaise, je perpétue cette tradition.

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Racine celtique 22 février 2019 - 10h05

Bonjour,
Savez vous si il y a des endroits en Bretagne où on fête beltane cette année 2019?
Merci

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Jean-Pierre JANY 30 avril 2025 - 9h55

C’est quand même limite d’affirmer que la fête celtique se tenait entre le 31 avril et le 1er mai : en effet, ces mois sont d’origine romaine, et il serait intéressant de préciser quels étaient le découpage en mois des Celtes, et où précisément se tenait Beltaine..
Plus précisément, concernant les mois romains tels qu’ils existent, il y a eu plusieurs évolutions, la dernière datant de 8 avant JC, où Auguste a raccourci Février pour rajouter 1 jour à « son » mois, Août (= Augustus), de manière à ce qu’il en ait autant que Juillet, le mois de Jules (César). En raccourcissant Février, on a du coup fait passer le 1er mai un jour plus tôt…

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