Pour nombre d’entre nous, le village de Landévennec / Landevenneg rime avec calme et solitude, car personne ne reste indifférent au mystère qui émane de cet écrin de paix suspendu entre terre et mer… L’abbaye et sa longue histoire y sont pour beaucoup.
Sommaire
Une abbaye installée là depuis plus de 1500 ans …
Il y a plus de 1500 ans, un moine breton nommé Gwenole (Guénolé) et ses onze compagnons décidèrent de s’établir dans ce lieu. Du bois, des terres fertiles, un climat tempéré, des eaux poissonneuses, que rêver de mieux ? Ainsi naquit Landevenneg, étymologiquement « le monastère de Saint-Guénolé » : le préfixe lann signifiant monastère, lieu saint (du celtique landâ = étendue de terre) et le suffixe tevenneg qui est une forme ancienne de Gwenneg, Gwenole (gwen = blanc, saint, pur). Peu à peu, les modestes installations se sont transformées en une abbaye prospère et florissante, rayonnant à travers toute la Bretagne.
Les Vikings …
Si après le passage dévastateur des Vikings la communauté a pu se relever, la Révolution Française a cependant tiré un trait sur cette longue activité monastique. Il faudra attendre les années 1950 pour que les moines reviennent ; une nouvelle abbaye sera alors édifiée sur les hauteurs du village, surplombant l’estuaire de l’Aulne maritime.
Landevenneg, abbaye bénédictine.
Aujourd’hui, dix huit moines bénédictins prient et travaillent chaque jour, au rythme des saisons. A l’heure du numérique, de la surconsommation, et du règne de l’individualisme, il peut sembler surprenant qu’une poignée d’hommes vivent encore hors du temps, selon leur précepte. Mais sont-ils pour autant coupés du monde ? Cette volonté de renoncer à une vie plus conventionnelle les enferme-t-elle dans un vase clos ? Et si les monastères étaient en fait des « enclos ouverts » (dixit Frère Gilles Baudry), modèle de tolérance ?
Il est un lieu secret
au creux de la clairière
paradis qu’un rutilant soleil
éclaire à son lever
tout embaumé de parfum
de mille fleurs printanières.
C’est là qu’avec ses compagnons
se fixa saint Guénolé
Gurdisten, Abbé de Landévennec, IXème
Au printemps 2017, le père abbé me propose de suivre la communauté durant toute une année afin de capturer des instants de vie dans leur quotidien. Une occasion unique de découvrir ce monde mystérieux ! Et d’en apprendre un peu plus sur la vie bénédictine, au fil des jours et des rencontres. Loin de moi l’idée de prôner tout dogmatisme religieux, seules l’aventure humaine et la soif de découvertes ont guidé mes pas.
Humilité …
C’est le mot qui m’est tout de suite venu à l’esprit en partageant du temps avec les frères. Leurs journées, rythmées par les prières et le travail, se succèdent inlassablement, sans heurt. La communauté vit de ses diverses activités de manière autonome, de la confection des pâtes de fruits à la librairie, en passant par l’accueil des hôtes de passage, chaque frère a son rôle. Un peu comme sur un navire qui vogue dans un autre espace-temps, et sur lequel chaque membre de l’équipage a son importance.
Les générations de moines se mêlent les unes aux autres, chacune apportant ses compétences et son expérience. Tout le monde doit mettre la main à la pâte, y compris pour les tâches plus ingrates comme le ménage ! Vivre ensemble, avec ses différences, se sentir utile et prendre le temps d’écouter le silence.
Dans le travail le plus obscur, l’objet le plus usuel,
la vibration du sentiment de l’existence
donne à nos vies silencieuses
le pouvoir de s’ensoleiller de l’invisible.
Gilles Baudry, moine à l’abbaye Saint-Guénolé
Vue de l’extérieur, la vie monastique peut sembler austère.
Les frères vous répondront qu’elle est en fait tournée vers l’essentiel, même si les sacrifices sont parfois difficiles. Si chaque moine est en quête d’une spiritualité, elle est avant tout dans le partage. L’abbaye Saint-Guénolé de Landévennec accueille ainsi chaque année des milliers de fidèles, de touristes, d’universitaires, d’artistes (peintres, écrivains, musiciens, compositeurs, poètes), de non-croyants, de personnes aux diverses religions, de chercheurs, de voyageurs du monde entier, de simples curieux et même des ânes ou des chevaux… !
Un fabuleux carrefour culturel !
Chacun apprend à découvrir l’autre, à se retrouver soi-même, dans une atmosphère de paix et de sérénité. Les échanges avec les moines sont d’une grande richesse, avec des discussions passionnées qui abordent toutes sortes de sujets comme l’actualité politique ou économique, l’écologie, la poésie, la musique, le numérique, le cinéma, la philosophie, etc…
Et ce avec beaucoup d’autodérision ! D’ailleurs la joie des moines est contagieuse, impossible de repartir de l’abbaye sans ce bonheur intérieur qui vient d’on ne sait où, et qui touche tout le monde.
Ces hommes ont un jour fait le choix de se retirer du monde, mais c’est dans le partage qu’ils trouvent leur équilibre, en offrant à qui veut recevoir, une paix universelle. Peu importe les croyances de chacun, seule la sagesse compte, et leur ouverture sur le monde en témoigne.
En marge mais au cœur du monde (…)
la juste distance, le retirement
l’inassignable solitude élue,
l’autre nom de l’amour.
Gilles Baudry, moine à l’abbaye Saint-Guénolé
Venez découvrir l’Abbaye au travers d’une superbe exposition photographique.
Exposition permanente de photos à découvrir dans l’accueil de l’abbaye Saint-Guénolé de Landévennec à partir de la mi-avril 2018.