église débretonnise en Bretagne

L’Église débretonnise : le bon dieu ne sait plus le breton

de Yvon OLLIVIER

L’Église débretonnise en Bretagne

J’étais à la messe de minuit l’autre soir au Guilvinec / Ar Gelveneg et contrairement aux autres années, pas un seul cantique en breton.
Vous me direz, à quoi bon en faire tout un patacaisse ?
Je pense ici à ceux pour qui la religion n’est qu’une source de désintérêt ou de haine.
J’y vois d’important, que nous sommes passés en quelques générations d’un monde où l’assemblée ne chantait qu’en breton, à celui où elle ne chante plus qu’en français, outre bien sûr le latin.

La boucle est bouclée.
Ceux qui s’intéressent à la Bretagne, à son avenir et à celui de sa culture devraient y prêter quelque intérêt.
Je n’ai pu manquer de m’en ouvrir à l’une des laïques qui menait la barque pour lui faire part de mon désarroi. Je lui ai simplement demandé si le bon dieu ne comprenait plus le breton.
Elle m’a répondu, un peu gênée, « oh si bien sûr il comprend toujours le breton, mais vous savez il y a des gens venus d’ailleurs qui ne comprennent pas ! »
Je lui ai demandé si ceux venus d’ailleurs comprenaient le latin.
Elle n’a pas su que répondre.

Baisser sa culotte …

La morale que j’en tire c’est qu’ici en Bretagne on baisse toujours sa culotte devant ceux qui viennent d’ailleurs, au point de leur laisser toute la place à l’église.
C’est je crois une spécialité bretonne.
A quoi bon leur dire que ceux qui viennent d’ailleurs, du moins certains d’entre eux, ne sont pas venus en Bretagne par hasard ?
A quoi bon leur dire la beauté de nos cantiques breton de Noël ?
Pourquoi ceux qui viennent acquérir nos maisons devraient en plus prendre toute la place à l’église ?
A quoi bon rappeler que le message christique de Noël d’ouverture à tous, et surtout aux miséreux, ne s’accorde pas avec le rejet des cultures en souffrance et des langues en danger d’extinction ?

Devons-nous considérer que l’Église a bien œuvré dans son rôle de vecteur de la débretonnisation du pays, à la demande de l’État français ?

L'Église débretonnise : le bon dieu ne sait plus le breton

L’Église débretonnise en Bretagne : mais pour en retirer quoi au final ?

Quel avenir s’offre une Église en rupture avec le peuple et ses traditions ?J’ai toujours pensé que la religion qui baissait pavillon devant l’État et son idéologie hypothéquait son avenir.
Les Bretons que nous sommes seraient plus respectueux de la religion, si celle-ci avait su se positionner en défenseur du peuple et rester en phase avec lui.

Les musulmans semblent avoir compris le message.
Comme souvent, les paroissiens Bretons se taisent et courbent l’échine à l’Église. Ils ont la foi silencieuse et résignée. C’est dans leur nature. Il serait stupide d’y voir l’assentiment pour céder le pas à ceux qui viennent d’ailleurs, la foi toute exubérante.
Bientôt chanterons-nous à la gloire de la France, fille ainée, dans nos Églises ?
Moi je ne chanterai pas.
Je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec l’enseignement diocésain qui se moque éperdument de l’enseignement du breton et roule pour la bonne bourgeoisie locale.
Lorsque les Bretons reprendront le pouvoir en Bretagne, faudra-t-il négocier avec l’Église une place digne pour notre vieille langue ?
Nous en sommes là.
Tout va pour le mieux dans notre belle région de Bretagne.
Nedeleg laouen d’an holl

Illustration principale : www.abbaye-de-rhuys.fr

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2 commentaires

guerin 29 décembre 2023 - 11h00

bonjour j’ajouterai à cet article l’expérience que fut la mienne quand j’ai voulu allé voir récemment le pardon de St Anne la palud. Je pensais alors que ce pardon si réputé de Bretagne me permettrait de voir encore des costumes et des rituels ancestraux et finalement, je n’ai pu y découvrir qu’un mini JMJ ponctué de nombreuses bondieuseries sans rien de breton ni donc d’authentique. Le pardon que j’y ai vu n’était plus qu’une expression catholique froidement détaché de la terre où il se déroulait. J’ai trouvé cela consternant mais aussi inquiétant pour notre culture.

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Suricate 7 janvier 2024 - 22h05

L’évangélisation de la Bretagne est sa colonisation. Et il n’est pas certain que celle-ci n’ait pas été faite sans recourir à des représentations effrayantes de l’Enfer, par exemple, pour convaincre des populations qui ne comprenaient ni le latin ni le français ancien. Qu’importe ! l’image de la Bretagne confite en dévotion me consterne. C’est l’image d’un peuple soumis. Elle vaut bien mieux que ça.

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