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Comment l’État central a coupé en deux le football breton, et le sport en général ?

de Fañch GAUME

L’unité de la Bretagne reste bien présente dans le monde du football. Pour Christian Gourcuff, Jocelyn Gourvennec et Raymond Keruzoré, elle constitue une évidence. Créé uni en 1902, le football breton reste pourtant privé d’un cinquième de son territoire depuis 1967. Comme un pays vaincu après traité, la Bretagne est divisée. Ce diktat du sommet de l’État, réitéré en 1959, reste en vigueur. Partition prime sur intégrité.

69 % de Bretons ignorent leur Histoire (1), le système éducatif français ne voulant pas l’enseigner. Une majorité de ces citoyens ne sait donc pas que la cause de la partition est purement politique et issue de la haute administration de l’Etat central. Pourquoi alors, avoir divisé la Bretagne ? « C’est une décision politique qui n’a aucune réalité historique, ni économique, liée à la planification »(2) explique l’historien Joël Cornette.

Au sein de la République, cet État hyper centralisé n’est plus garant d’intégrité.

Mais il impose son diktat politique, issu d’un découpage administratif initié en 1919, sous couvert de planification. Il décrète l’annexion unilatérale de la Loire-Atlantique à une région artificielle. En 1967, suite à six ans de tension avec la Fédération Française de Football (FFF) et ses ligues, chantage financier compris, il partitionne le football breton.

L’identité bretonne est basée sur une cohérence historique, économique et culturelle, avec plus de mille ans d’unité territoriale commune, Loire-Atlantique incluse. En Pays nantais, le breton a été parlé pendant environ 1500 ans. Il l’est encore aujourd’hui, sans oublier un millier d’années de locution celtique, nous explique le linguiste Bertrand Luçon. Il compte 6000 noms de lieu d’origine bretonne (3), alors qu’il n’y en a quasiment aucun en Pays rennais, qui représente la majeure partie de l’Ille-et-Vilaine (4).

Plus de cinquante ans après la partition du football breton, le président de la Ligue de Bretagne de Football (LBF) reste ouvert au principe légitime de réunification. NHU Bretagne vous propose des extraits d’une étude publiée dans « Le livre blanc de l’unité bretonne » (Yoran Embanner, mai 2018) et reprise en partie dans « 100 ans de Football dans l’Ouest », édité par la LBF en juin 2019.

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Unique en Europe de l’ouest : la soumission du sport français à l’état

Le mouvement sportif n’a en aucun cas de pouvoir législatif sur la société civile. Dans les pays celtes d’outre-Manche et en Angleterre, la société civile britannique laisse dès 1863 son autonomie au football, lequel relève du secteur privé. Celui-ci se fédère (5) en Bretagne en 1902, mais dans une société civile très différente. Car dès la fin du 19e siècle, en 1898, la politique fait irruption dans le sport en France.

Cette année-là, l’USFSA (6) déclare « réserver son appui exclusif aux organisations officielles de la Ville et de l’État »(7) pour les Jeux Olympiques de Paris en 1900. Cinquante ans plus tard, entre libéralisme et dirigisme (8), l’ordonnance du 18 août 1945 déclare que l’État français est responsable de l’organisation du sport en France.

La technocratie française dans ses basses oeuvres …

Sa technocratie va ainsi pouvoir organiser la partition de la Bretagne jusque dans ses propres structures sportives.

En vertu de la loi du 6 juillet 2000 sur le sport, qui réaffirme le principe de collaboration étroite entre l’État et le mouvement sportif, la France suit un modèle de législation interventionniste dans le domaine du sport (9). « Les pratiques européennes connues se caractérisent par une absence de « tutelle » de l’État sur le sport (même si l’État apporte des moyens financiers aux fédérations).

En l’absence de tutelle formelle, on rencontre un simple rattachement ministériel, au demeurant très variable : culture, intérieur, tourisme et spectacle… La formule française d’un ministre de la Jeunesse et des Sports est donc exceptionnelle » (10) constate Michel Hourcade (11), qui reconnaît ainsi le contrôle étatique sur le mouvement sportif français.

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1902 – 1944 : 40 ans d’unité légitime

En 1808, l’Académie de Rennes regroupe les cinq départements bretons (22, 29, 35, 44 et 56), rejoints en 1854 par deux autres de l’ouest. Le football-association fait son apparition en Loire-Atlantique lors d’un match entre le Stade Nantais et le Stade Rennais en 1901. Le 6 avril 1902 est fondé le Comité de Bretagne de Football-Association de l’USFSA.

C’est le 8 janvier 1903 que naît le premier championnat breton. Le 19 août 1918, la LOFA est créée et remplace le Comité de Bretagne. Elle couvre les cinq départements bretons et sept départements de l’ouest de la France (49, 50, 53, 61, 72, 79 et 85). Elle s’affilie à la Fédération Française de Football Association (FFFA) (12). Mais dès la création des premières régions par L’Etat, le principe d’indivisibilité français disparaît à l’intérieur même des frontières françaises.

Par décret du 5 avril 1919, Etienne Clémentel, ministre du Commerce, invente des « groupements économiques régionaux ». La Bretagne y est unilatéralement divisée en deux régions. Trois départements d’un côté (22, 29, 35), deux de l’autre (44, 56). Affinant sa politique, la haute administration impose le décret-loi du 14 juin 1938 pour amputer à nouveau la Bretagne, cette fois-ci uniquement de la Loire-Atlantique (44). L’idée perdure au gré des ajustements territoriaux. Débute la Seconde Guerre mondiale. La plupart des hauts fonctionnaires occupant des emplois supérieurs demeurent en fonction, membres de cabinets ministériels compris (13).

Dans le cadre de la loi du 20 décembre 1940, le Ministère des Sports de l’État français décide de calquer son organisation sur celles des académies. Le 30 juin 1941, l’État français de Vichy décrète unilatéralement un nouveau découpage régional : Il crée une « province de Bretagne » amputée de la Loire-Atlantique. Ce découpage unilatéral fait « immédiatement l’unanimité contre lui, laissant plus navrés que quiconque les milieux économiques nantais » (14) détaille l’historien Daniel Le Couëdic. Les comités régionaux des fédérations doivent aussi adopter le même cadre territorial.

La FFFA est elle-même mise devant le fait accompli le 20 juillet 1941 et en informe la LOFA par courrier. La partition du football breton durera entre l’été 1942 et l’été 1944. Une ordonnance du 10 janvier 1944 subordonne les préfets de départements [de Vichy] à des commissariats régionaux de la République. Ceux-ci correspondent en principe aux organismes de fait, dits préfectures régionales (15). Le découpage des régions de l’État français de Vichy ne s’efface donc pas lorsque ce dernier cesse d’exister le 20 août 1944. La LOFA renaît en novembre 1944.

1944 – 1958 : une unité sportive battue en brèche

Nous sommes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Héritière indirecte du régime de Vichy, l’ordonnance n°45-1922 du 28 août 1945 donne à la République plus qu’un droit de regard sur le fonctionnement des fédérations sportives. Ces dernières sont pourtant des groupements d’initiative privée. Dès 1945, l’Union Vélocipédique Bretonne (UVB), fondée en 1895, se retrouve unilatéralement amputée (16) de la Loire-Atlantique. Cette dernière constitue pourtant le département d’origine du mythique Lucien Mazan, dit Petit-Breton (17) !

Le Comité de boxe de Loire-Atlantique se voit refuser (18) son retour à la Bretagne en 1950. L’UVB connaît un différent sportif grave (19) avec la Fédération Française de Cyclisme (FFC) le 8 septembre 1950 et menace alors de créer sa « propre fédération bretonne » (20). Elle a poursuivi des activités durant la guerre, devenant le Comité de Bretagne le 22 janvier 1951. Le Comité de cyclisme de Loire-Atlantique, fort de 887 licenciés, tente de réintégrer (21) la Bretagne mais est mis au pas par la FFC fin novembre 1952, pour rester rivé au Comité d’Anjou.

La volonté du Comité d’athlétisme de Loire-Atlantique de retrouver la Bretagne en 1953 est étouffée par les hauts fonctionnaires de la Direction générale des sports. Ses clubs « proclament (avec raison) que le rattachement du district de Loire-Atlantique à la Ligue de Bretagne serait logique du point de vue géographique (22). […] Nantais et Savenaysiens participent d’ailleurs à de nombreuses réunions bretonnes (23), ne craignant pas de se déplacer jusqu’en Finistère » (24).

A l’époque, identité et langue bretonnes sont mises à l’index. Elles servent de bouc émissaire. Par contre, identité et symboles français (langue, drapeau, hymne) ne sont pas touchés. Ils sont pourtant communs à l’État collaborateur de Vichy et à la République française. « Le scandale de l’épuration a surpassé en Bretagne ce qui s’est produit au même moment dans l’ensemble de la France : ce fut un déchaînement de haine et de sottise contre tout ce qui était breton » écrit en 1948 le résistant Joseph Martray (25).

La haute administration centrale poursuit insidieusement ses travaux de partition de 1919, 1938 et 1941 : Le 1er janvier 1949, la Vendée est unilatéralement arrachée au Poitou. Elle est rattachée à la cinquième région économique (26) (Indre-et-Loire, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Mayenne et Sarthe). Cet acte préfigure le décret du 30 juin 1955 et l’arrêté du 28 novembre 1956 : L’État dépèce ainsi les anciennes provinces de Bretagne, Anjou, Maine et Poitou. Il entérine une carte du territoire en vingt deux régions de programme. Les nouvelles académies suivront.

Dans le même temps, en 1954, les instances sportives sont à nouveau encouragées à se rapprocher du découpage territorial des académies (27). Athlétisme, boxe et cyclisme bretons n’en sont pas pour autant rattachés de nouveau à l’Académie de Rennes, donc à la Bretagne. Le football n’est pas encore touché : La Ligue de l’Ouest regroupe les cinq départements bretons, la Mayenne, le Maine-et-Loire (Académie de Rennes) et la Sarthe (Académie de Caen), mais pas la Vendée (Académie de Poitiers).

1959 – 1961 : nouvel interdit d’état contre la Bretagne.

L’avènement de la cinquième République va accentuer le mouvement de partition de la Bretagne. La dimension de cette dernière est clairement politique. Le 6 janvier 1959, la volonté politique d’empêcher l’unité de la Bretagne est révélée au sommet de l’Etat, au Conseil des ministres. « Laisser Nantes à la Bretagne, mon général, ce serait de la trahison ! »(28) y déclare le ministre de la Justice Michel Debré, haut fonctionnaire, au Premier ministre Charles de Gaulle, militaire.

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L’unité de la Bretagne est à nouveau rayée de la carte par les décrets des 7 janvier 1959 et 2 juin 1960. Ce dernier fait muter la région n°5 en fabriquant le nom générique de « Pays de la Loire ». Aucune annonce publique n’est faite aux Bretons (29). Mieux vaut compter sur 171 ans de centralisme et « l’amnésie » de la privation d’Histoire (30). Même en visite officielle le 10 septembre 1960 à Nantes, le Premier ministre Debré et le Président de la République de Gaulle se gardent bien de rendre public leur anathème.

Lors de son discours de Nantes, place de la préfecture, devant plus de 25.000 personnes, de Gaulle fait appel aux sentiments sans évoquer l’ampleur de la dimension politique de la partition, sous couvert administratif, décidée un an et demi plus tôt : « Je vous remercie parce que vous êtes la Bretagne. La Bretagne est considérée par la France avec une affection et une attention particulières. […] Je vois cette jeunesse bretonne en qui nous mettons nos espoirs. […] Vive la République, vive la France, vive la Bretagne » (31). Plus tard, de Gaulle dira : « Une région n’a pas de territoire, seule la Nation en a un » (32).

Ainsi débute la cinquième République, laquelle partitionne toujours plus fermement la Bretagne soixante ans plus tard. L’organisation du sport aussi « relève d’une incontestable vision jacobine » (33): L’article 72 de la constitution du 4 octobre 1958 confirme l’intervention des collectivités territoriales (34) dans les politiques sportives. C’est dans ce contexte qu’est créé, le 27 septembre 1958, le Haut Commissariat à la Jeunesse et aux Sports. Sa direction est assurée par Maurice Herzog, issu de la précédente administration.

Même si le sport représente alors un sujet secondaire, Herzog porte de grandes ambitions pour son ministère. Est-il l’héritier de l’Etat de Vichy ? Il n’est pas interdit d’observer des similitudes : Il bénéficie aussi de crédits d’intervention et d’investissement beaucoup plus importants que l’ensemble de ses prédécesseurs de la Quatrième République (35). Le Haut commissaire nomme comme secrétaire général Marceau Crespin, un ancien colonel proche de l’OAS (36) et partisan de l’Algérie française. L’objectif du Ministère est de réformer l’organisation des fédérations sportives pour parvenir à les contrôler, ligues comprises.

1961 : FFF et Ligue de l’ouest opposés à tout diktat de l’état.

Pourtant, dès son Conseil national du 2 juillet 1960, la FFF fait savoir qu’elle ne veut pas de modification de ses territoires. Son président, Pierre Pochonnet, fait part aux conseillers fédéraux de l’intention du Haut Commissariat aux Sports. Il « estime que ce découpage des fédérations apparaît peu souhaitable pour le football dont la répartition du territoire national par ligues a été établie compte tenu de la situation propre à notre sport » (37). Sur proposition de son président, le Conseil national de la FFF demande le statu quo à l’État. Un an plus tard, le 20 avril 1961, un arrêté ministériel détermine le territoire des académies, qui délimitera celui des ligues sportives.

Le 6 mai 1961, le Bureau fédéral de la FFF observe que les « nouveaux textes n’entreront en vigueur qu’à la date du 16 septembre 1961 ». Il convient « de réunir toute l’argumentation fédérale se rapportant à cette réglementation en accord avec les ligues, de telle sorte qu’une unité de vues puisse utilement se dégager en vue des futurs pourparlers avec le Haut Commissaire ». Lors de son Conseil national du 13 mai 1961, la FFF fait savoir qu’elle ne cède pas plus de terrain.

Ses dirigeants estiment que l’on ne peut pas « détruire un édifice solide sans être assuré de le remplacer par une organisation cohérente ». Pour certains d’entre eux, « le découpage des académies est anachronique » (38), donc ne respectant pas l’Histoire, rapporte Ouest-France. Le quotidien rennais titre : « Le Conseil fédéral de la FFF hostile à la modification du territoire des ligues. » La Ligue de l’Ouest (LOF) regroupe les départements de l’Académie de Rennes (les cinq bretons, Maine-et-Loire et Mayenne) mais aussi la Sarthe.

Son président, le Malouin Jean Noury, membre du Conseil fédéral de la FFF, affiche sa détermination : « Pourquoi ramener automatiquement au territoire de l’académie celui des ligues régionales intéressées ? Le sport n’est pas seulement scolaire et universitaire » dit-il. Ensuite, il ajoute avec des mots puissants : « La Ligue de l’ouest de football s’opposera par tous les moyens en son pouvoir à une amputation non justifiée de son rayonnement » (39).

Sûr de son fait, Jean Noury évoque devant l’assemblée générale de la LOF, le 28 mai 1961, une « réforme qui risque fort de décevoir beaucoup ses auteurs ». Les relations vont alors être une succession de profonds désaccords nationaux. Le magistrat rennais Adolphe Touffait, membre du Bureau de la FFF, « conteste la doctrine gouvernementale à propos des sports de base » (40) à la une de L’Équipe. Le fil est encore renoué par voie de presse le lendemain lorsque Maurice Herzog déclare : « Je suis prêt à engager le dialogue entre le Haut commissariat et la Fédération Française de Football » (41).

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1961 – 1965 : le Conseil d’État met sous tutelle les fédérations.

L’arrêté du 27 novembre 1962 impose alors aux fédérations des « statuts types », un régime « d’agrément ministériel » de l’Éducation nationale et une « délégation de service public ». Il institue un système unifié d’élection « démocratique » de leurs présidents. Est incluse la création des postes de DTN, CTR et CTD (42) pour accentuer le contrôle législatif et financier de l’État (43) sur les fédérations, leurs ligues et districts (44). Cet arrêté est tellement condamné par les dirigeants sportifs du pays qu’ils en saisissent le Conseil d’Etat (45). La révolte des fédérations françaises s’intensifie dès la publication (46) de l’arrêté du 4 avril 1963.

Maurice Herzog déclare alors : « Le sport doit être considéré comme un service public » (47). Pour leurs détracteurs, les diverses interventions de l’État sur le sport sont clairement marquées du sceau de « l’arbitraire ». Loin de satisfaire une quelconque demande fédérale préexistante de régulation (48), elles en passent principalement par des mesures légales. Leur finalité explicite est donc le contrôle public de l’activité privée des fédérations et de leurs groupements affiliés. Le « souci de moralité et de salubrité publique qui nous anime dans l’éducation de nos jeunes » est invoqué pour le justifier.

Le 11 juin 1963, Maurice Herzog est nommé secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports, siégeant désormais au Conseil des ministres. Est entreprise une véritable politique de nationalisation du sport (49), afin de le placer sous tutelle publique (50). Herzog renouvelle le corps d’inspection et évince les administrateurs les plus réticents à sa politique. La volonté de modifier les territoires des ligues revient parmi les préoccupations lorsque certains présidents de ligues (51) sont reçus le 9 avril 1965 par Marceau Crespin, proposant à la FFF de constituer un groupe de travail (52) à ce sujet, à partir d’octobre 1965. En interne, les méthodes du Ministère sont radicales et le chantage en fait partie, avec le colonel Crespin comme maître d’œuvre.

Le Conseil d’État va achever d’inverser le rapport de force dans sa décision du 5 novembre 1965. Il y estime qu’il « résulte de l’Ordonnance du 28 août 1945, ainsi d’ailleurs que de l’exposé des motifs […] que le législateur a entendu permettre au ministre d’imposer, même par voie de dispositions générales, aux organismes mentionnés par ladite ordonnance, des obligations non prévues par la législation en vigueur sur les associations ou dérogeant aux dispositions de ladite législation » (53).

1965 : la Bretagne entre triomphes sportifs et résignation.

Le football aussi devient un terrain de revendication civile et d’identité bretonne (54). A Rennes, le 10 avril 1965, avant le derby Rennes 4-0 Nantes, 11966 spectateurs peuvent voir, sur la pelouse, deux banderoles du Mouvement pour l’Organisation de la Bretagne (55), en marge du match (56): « MOB > Parlement breton » et « MOB > Travail en Bretagne ». L’identité bretonne commune est évidente pour L’Équipe, qui titre : « Des millions de téléspectateurs suivront Rennes-Nantes, aujourd’hui 15h, sur le petit écran. Le derby breton met face à face les deux meilleures attaques de France »

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La fin de saison 1964-1965 est historique et unique pour le football breton : Le 2 mai, Nantes gagne la Coupe de la Ligue ; les 23 et 26 mai, une banderole rouge et noire « Rennes la coupe, Nantes le championnat » est brandie par des supporters rennais lors des deux finales de Coupe de France, que remporte Rennes ; le 30 mai, Nantes est champion de France. Le 13 juin 1965, le président de la LOF Jean Noury veut rassurer l’Assemblée des clubs : « La Sarthe, le Maine-et-Loire et la Loire-Atlantique seront administrativement rattachés à leur Académie, mais, sportivement, ils continueront à faire partie de la Ligue de l’Ouest. Cela permet de croire que le statu quo sera conservé (57). » La détermination de 1961 a laissé place à la résignation de 1965.

Le 8 janvier 1966, lors de la formation du troisième gouvernement Pompidou, Maurice Herzog est remplacé par François Missoffe. Ce dernier est le premier à devenir ministre de la Jeunesse et des Sports. Son rang de ministre lui confère une compétence globale dont ses prédécesseurs n’ont jamais disposé (58) et que garantit le décret fixant ses attributions (59). Il peut réformer l’ensemble de la gouvernance des fédérations sportives françaises, dont la FFF, et créer de nouvelles ligues. La décision du Conseil d’Etat lui laisse tout pouvoir.

1966 : « Marchés infâmes » et chantage financier au Ministère.

François Missoffe et Marceau Crespin s’attaquent avec détermination et méthode aux vestiges de l’indépendance du football français. À son entrée en fonction le 13 janvier 1966, François Missoffe nomme René Haby comme Directeur de cabinet. Si tout passe forcément par ce dernier, tout ne remonte pas forcément au ministre. Haby décrit comment Crespin a maintenant les coudées franches et comment lui-même s’en accommode : « La direction des Sports était un État dans le ministère » explique-t-il.

Et j’ai vu très vite que ça marchait, avec des méthodes assez particulières… assez militaires, de mauvaise foi quand c’était nécessaire. J’ai vu Crespin proposer des marchés infâmes à des fédérations sportives : « Ou bien vous faites ceci ou bien je vous supprime carrément la moitié de votre subvention », des trucs de ce genre-là. Et ça marchait. […] Lui, il faisait ce qu’il voulait. Il avait vraiment fait venir ses gens et il avait des gens vraiment à sa botte » (60).

Mais le ministre François Missoffe fonctionne lui aussi par chantage institutionnalisé : Lorsque Pierre Tonnelli, président de la Fédération Française d’Athlétisme, s’élève contre la « menace d’étatisation » du sport français, François Missoffe lui reproche « une attitude particulièrement agressive envers l’État [qui] paraît assez mal convenir aux dirigeants d’une fédération percevant des fonds publics d’une somme de quatre millions de Francs » (61).

Pas étonnant que le président de la Fédération Française de Basket-ball, Maurice Chavinier, s’insurge contre ce qu’il qualifie de « diktats insupportables » (62). Six ligues régionales de la FFF sont alors confrontées à l’ingérence de l’État, qui veut imposer le décret du 20 avril 1961. Le but reste de calquer les contours géographiques de la future Ligue Atlantique de Football (LAF) sur celle de l’Académie de Nantes (à l’époque la Loire-Atlantique et deux départements de l’ouest, le Maine-et-Loire et la Vendée), créée ex nihilo en 1962, quitte à amputer pour cela la Bretagne de la Loire-Atlantique.

1966 : l’état peut dicter le découpage régional de la FFF.

Le but du ministère est d’établir, selon ses termes, des liens de proximité entre les établissements scolaires et les clubs de football régionaux. Et pour cela, le sport civil régional doit aussi être sous contrôle de l’État. Le 25 mai 1966, à l’occasion de l’assemblée générale du Comité national des sports, une audience est accordée par René Haby et Marceau Crespin à une délégation de la FFF, comprenant plusieurs présidents de ligues.

Le Bureau de la FFF « se déclare satisfait des résultats de cet entretien, aux termes duquel il est convenu qu’une nouvelle réunion se tiendra au début de la saison 1966-67 pour mettre au point l’application de l’arrêté ministériel se rapportant au cadrage des académies avec les ligues régionales » (63). Pourtant, Marceau Crespin indique à l’occasion que « des obstacles subsistent pour quelques ligues régionales quant au respect de l’arrêté concernant la délimitation des territoires par rapport à celle des académies correspondantes » (64).

Alors, des lettres de René Haby du 16 juin 1966 et de Marceau Crespin du 18 octobre 1966, ayant objet similaire, mettent la pression sur la FFF, demandant « qu’une solution définitive soit apportée dans la prochaine réunion ». La FFF décide de répondre qu’elle « s’attendait à recevoir une convocation en vue de mettre au point les difficultés subsistant à cet égard ».

Les membres du Bureau fédéral, dont les Bretons Adolphe Touffait et Jean Noury, « échangent leurs points de vue sur l’insistance avec laquelle le Directeur des sports [Marceau Crespin] est intervenu pour que la Fédération fasse respecter cet arrêté [pris en application du décret du 20 avril 1961 et de la décision du 5 novembre 1965 du Conseil d’Etat] ». Ils « examinent les choix éventuels à faire sur la remarque du Président [de la FFF] », avant de convenir « que cette affaire devra être réglée en définitive par le Conseil National, conformément aux statuts fédéraux ».

1966 : la Loire Atlantique veut résister à la partition.

Le 16 décembre 1966, au ministère de la Jeunesse et des Sports, se réunissent le Directeur de cabinet René Haby, deux hauts fonctionnaires du ministère, les chefs des services académiques nationaux et régionaux d’une part, les présidents des ligues et districts de la FFF concernés d’autre part. Le ministre Missoffe est lui-même absent (65). L’objectif de ces hauts fonctionnaires est de faire un vaste tour d’horizon qui doive notamment aboutir à créer ex nihilo les ligues d’Atlantique et de Picardie. Durant trois heures, tous les présidents de ligues et de districts français touchés par cette réforme de structure sont sans exception appelés à donner leur avis.

C’est alors la confrontation du pot de terre contre le pot de fer. Louis Richard, au nom du District de Loire-Atlantique dont il est le président, rue dans les brancards en affirmant que « c’est aller contre l’intérêt général et qu’un découpage de la Ligue de l’Ouest n’apporterait rien de positif » (66). Il affirme son « désir de demeurer au sein de la Ligue de l’Ouest », soutenu en cela par Jean Noury, président de la LOF. Les dirigeants bretons se rendent compte qu’ils prêchent dans le désert. Les décisions sont dictées par le Ministère. Les hauts fonctionnaires écoutent poliment, haussent les épaules et imposent leurs opinions. Ces derniers font dresser un procès-verbal de séance qui sera remis – « à titre d’information » – au ministre Missoffe.

Si la FFF souhaite un statu quo devenu improbable, « la Ligue de l’Ouest ne se fait maintenant plus beaucoup d’illusions » (67). La FFF note par ailleurs que la Direction des Sports admet le maintien du district de la Sarthe dans la Ligue de l’Ouest (68). La raison en est fort simple : L’académie de Nantes, décrétée en 1962, ne compte que trois départements (69)alors que la Sarthe est toujours rattachée à l’Académie de Caen, la Mayenne à celle de Rennes. Pierre angulaire de la nouvelle académie décrétée, la Loire-Atlantique est donc condamnée sans appel à subir son amputation. Car l’université de Nantes (70) est « obligée de renoncer définitivement [sic] à l’espoir d’être un jour l’université bretonne (71), le 29 décembre 1961 ».

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1967 : le diktat de l’état divise le football breton.

Le 10 janvier 1967, un courrier du ministère des Sports place la FFF devant l’obligation de créer ces deux nouvelles ligues. Le Bureau Fédéral de la FFF se réunit le 20 janvier et répond au ministère des Sports que la Fédération « est prête à tenir compte des mesures qui lui sont ainsi imposées [sic] et qu’en conséquence le Bureau Fédéral proposera au Conseil National de mai de voter ces changements importants dans la délimitation des Ligues régionales » (72).

Les mots sont lourds : Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un diktat. Quand les dirigeants bretons de la LOF reçoivent de la FFF, le 23 janvier, la copie de la missive du ministre, ils ne sont pas surpris. Les mots employés par François Missoffe dans sa lettre du 10 janvier confirment que la technocratie politique ne respecte que ses propres limites, en dépit d’une forme qui se veut bienveillante : « Je regrette de devoir passer outre aux arguments sentimentaux [sic] qui furent avancés » (73). En Loire-Atlantique, certains préconisent « d’adopter la politique de l’autruche » (74), c’est-à-dire la désobéissance civile !

A ce stade de politisation, la volonté de sécession serait-elle la seule réponse à la soumission, comme l’Union Vélocipédique Bretonne en 1950 ? Légalistes, le magistrat Adolphe Touffait et le sénateur Jean Noury, les deux membres bretons du Bureau fédéral de la FFF, ne sont pas en mesure de s’opposer à cette décision, régalienne dans le fond. Quelles sont les conséquences de ces « mesures imposées » ? La Bretagne perd son plus important district, la Loire-Atlantique, arrachée avec ses 258 clubs affiliés et 12 847 licenciés.

La décision de l’Etat déchire littéralement la LOF (75) – provoquant même une piteuse opposition de personnes au sein de ses dirigeants (76)– et la Ligue du Centre-Ouest. La période est surréaliste lorsque, quelques jours plus tard, le 4 février, la FFF veut proposer aux responsables du Tournoi de Football de l’Exposition Universelle de Montréal (77)« d’organiser une série de matches indépendants du tournoi officiel et auquel prendrait part la sélection de la Ligue de l’Ouest, représentant la Bretagne qui fut à l’origine de la découverte du Canada » (78).

1967 : La FFF doit entériner le diktat de l’état.

Le 28 février, la réunion du conseil de la LOF est orageuse. L’amputation provoquée par décret ministériel donne déjà des idées à certaines personnes. Celles-ci laissent ouvertement libre cours à leurs ambitions d’administrateurs sportifs, sur fond d’amputation du territoire breton et d’opportunités de diriger une ligue . Pour eux, à l’époque, la Bretagne n’est pas même un variable d’ajustement. Ironie de l’histoire : Le jour où le football breton doit entériner son amputation forcée, la Corse joue un match international contre la France à Marseille. Et l’insularité de la Corse la préservera de la partition territoriale (80).

De janvier à mai 1967, les débats qui suivent au sein de la FFF et ses ligues ne sont plus qu’administratifs, juridiques et financiers. Par une subvention exprès du ministère à celles-ci, l’État passe doublement en force. Les règlements sportifs (relégations) se retrouvent de surcroîts modifiés en pleine saison. Un différent financier va même naître entre la LOF et la future LAF, empoisonnant quelque peu leurs relations durant les années 1970. Le 21 mai 1967, la Ligue Atlantique est créée à Nantes.

L’unité du football breton n’existe plus. Le 28 mai, la Ligue de l’Ouest entérine le diktat du ministère des Sports. Assistant le jour même à son assemblée générale à Rennes, le spécialiste du sport amateur du quotidien Le Télégramme, le Morlaisien Emile Fouler, emploie même les mots « contraint et forcé » pour décrire le diktat de l’amputation de la Loire-Atlantique. Le 10 juin 1967, à la Mairie de Nantes, c’est la première assemblée générale du District de Loire-Atlantique post partition. Le 7 juillet 1967 à Rouen, le Conseil national de la FFF entérine le diktat.

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1968 – 1971 : l’état instrumentalise les académies.

Deux ans après l’amputation de la LOF, son secrétaire général Félix Gehl (81) interpelle : « Le football ne doit pas être géré par des fonctionnaires. Pour nous qui suivons le football depuis de nombreuses années, il est urgent que des gens de bonne volonté s’attachent à sa rénovation » (82). Le journaliste Pierre Mahier fait, quant à lui, un état des lieux : « Même si elles n’ont pas (encore) été institutionnalisées, les régions ont une réalité économique, administrative et sportive. Hormis le yachting, il n’y a aucune interpénétration entre la Loire-Atlantique et la [Région administrative] Bretagne prise en tant qu’entité sportive » (83).

Définie lentement (84) au cours des années 1970 et 1971, la réforme pour l’institutionnalisation (85) des régions est lancée le 26 juin 1971. Le président de la République Georges Pompidou, précise que la région n’est pas une réalité politique (86). En aparté, un véritable ostracisme habite le président (87): « Quelques centaines d’autonomistes (88) peuvent prendre un coup de sang et entraîner leur région dans des attitudes incendiaires. […] Les régions ? Il y en a trois ou quatre qui n’existent que trop ; les autres n’existent pas ». A l’époque, le Dr. Georges Vedel, réformateur du droit constitutionnel français, n’hésitait pas à qualifier ces peurs de « danger imaginaire, celui des séparatismes géographiques » (89).

Comme en 1941 et 1961, les académies sont les chevaux de Troie de l’aménagement des territoires. Subrepticement, le 14 septembre 1971, la haute administration va cadenasser la réforme sur un plan territorial via le décret n°71-781. Elle modifie les limites des académies de Caen, Nantes et Rennes (90): Celles de l’académie de Nantes se calquent maintenant sur celles de la région « Pays de la Loire » (PDL). Le 6 octobre 1971, le Conseil des ministres adopte le projet de réforme régionale (91). L’Etat central fait alors comprendre sans détour aux élus régionaux qu’il ne veut qu’une issue : La fusion des régions administratives « Bretagne » et « PDL ». Au pire, il maintiendra le statu quo.

Le 6 octobre 1971, le conseil des ministres adopte le projet de réforme régionale (92). D’apparence fortuite, cette décision est riche d’enseignement au sujet du lien qui unit Ouest-France au pouvoir institutionnel. Alors que projet n’est pas loi, les apparences ne sont pas trompeuses pour tout le monde : Dix jours après, le 16 octobre 1971, Ouest-France fait apparaître (93) pour la première fois la région fantoche « PDL » sur son bandeau de la une et précède de plus de deux ans l’officialisation des régions, laquelle n’interviendra que le 1er janvier 1974 !

« 1972 marque symboliquement la fin d’une certaine Bretagne, celle de la résignation, et la (re) naissance d’une autre Bretagne, celle d’une certaine fierté d’être Breton » (94), selon l’historien Alain Croix. Pourtant, la réforme régionale est verrouillée. Le maire de Nantes André Morice formule encore le souhait de faire « appel d’une décision arbitraire qui, en 1956, a séparé la Loire-Atlantique du reste de la Bretagne »(95). La population bretonne, elle, ne sera jamais consultée. Au même moment, le Parlement britannique réunifie le Pays de Galles (96) le 26 octobre 1972.

1972 – 1974 : provoquer la discrimination entre Bretons.

Et le football apparaît déjà comme un « laboratoire social » de discrimination entre Bretons, à l’occasion de la rencontre FC Nantes vs Stade Rennais, le samedi 19 février 1972 à Colombes, en 16e de finale de la Coupe de France. Le programme officiel de la FFF se veut solennel : « La Bretagne, capitale Colombes ». Et Michel Cagnion, son directeur général, d’annoncer : « Il y a gros à parier que l’enthousiasme sera de rigueur dans les gradins. […] Le public parisien, qu’il soit d’origine bretonne ou non, ne voudra pas manquer un tel événement (97). » Il ne croit pas si bien dire.

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« Nantes en Bretagne, Nantes en Bretagne » (98) clament les Nantais conscients du « charcutage » territorial de l’Etat. Côté rennais, la rivalité est usurpée par certains supporters négateurs dont l’attitude vis-à-vis de l’identité bretonne de Loire-Atlantique fait peu de cas de l’unité millénaire de la Bretagne, par malveillance ou ignorance de leur propre histoire: « Retire ce que tu as dit ! Nantes n’est pas en Bretagne. » A contrario, vous n’entendrez pas un Lyonnais clamer « Paris n’est pas en France » sans être étouffé par les sarcasmes. Rivalité et discrimination ne seront jamais synonymes.

Voilà comment une identité authentique, qui doit rassembler, est niée puis utilisée pour diviser et provoque un « gigantesque pugilat » (99), se souvient Jean-Marie Lanoë (100), adolescent parisien d’origine bretonne. « J’avais treize ans et je ne savais pas encore que le roi des sports pouvait engendrer la violence, bête… ». La FFF a, ce jour là, invité (101) tous les parlementaires de Loire-Atlantique et d’Ille-et-Vilaine, en compagnie des ministres de Bretagne en exercice, René Pleven, Michel Cointat et Yvon Bourges. Pour un État centralisateur déterminé à maintenir une région artificielle pour en briser une qui est authentique, la partition sportive est une aubaine.

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Le 2 juin 1973, Le FC Nantes devient pour la troisième fois champion de France. Son identité bretonne est bien présente. Le Gwenn-ha-Du est encore brandi lors du match du couronnement contre Bastia, au stade Marcel-Saupin, pour le défilé des champions dans Nantes et lors de la réception chez le quotidien nantais Presse-Océan, le 18 juin 1973. Le drapeau breton sera dorénavant de toutes les finales nantaises et des matches européens (102). Pour France-Football et son reporter Jacques Etienne, cette identité est réelle : « Le FC Nantes est redevenu le porte-drapeau de toute la Loire-Atlantique et pourquoi pas de toute la Bretagne (103).

Idem pour Pierre Junqua, administrateur du Groupement du Football Professionnel (104): « … lors des matches retours, ce fut l’équipe bretonne qui, à son tour, domina le championnat » (105) et « Les sportifs bretons se prenaient à rêver d’un doublé, les « Canaris » s’étant qualifiés brillamment pour disputer la finale de la Coupe. » Puis, le 2 février 1974, L’Equipe titre lumineusement : « Ils seront 40 000 au Parc pour la « fête bretonne » Nantes-Rennes ». 45 033 spectateurs voient ce Nantes 3-1 Rennes en 32e de finale de la Coupe de France à Paris.

1974 – 2014 : le spectre d’une ligne du Grand Ouest.

En 1979, Gilbert Béhier (106), président de la LOF, et Léon Guiard, vice-président général, s’opposent ensemble à l’idée de création de ce qui deviendrait une « ligue du grand ouest » (fusion des ligues de l’ouest et de l’Atlantique, donc des académies de Rennes et de Nantes), parce que, sous couvert de ce mariage, le Ministère voudrait leur « faire bretonniser la Vendée et le Maine-et-Loire (107). » La Sarthe, qui refusa de rejoindre (108) la Normandie en 1961 et 1967, bien que dépendant de l’Académie de Caen, refuse à nouveau son départ en 1977 mais voit sa dérogation révoquée par le Ministère en 1980.

Elle se sera battue vingt ans pour éviter ce diktat et est finalement détachée de force de la LOF, avec la Mayenne, pour créer la Ligue du Maine en 1980. Puis, la loi du 2 mars 1982 sur la régionalisation (109) fige à nouveau la Bretagne et son football dans la partition territoriale (110). La Normandie, coupée en deux régions en 1961, voit sa ligue de football subir le même sort fin 1979.

L’unité du football normand est cassée de manière tout aussi inique que n’a été orchestrée la partition décrétée contre la Ligue de l’Ouest et l’unité du football breton : Après le décret du ministère, la FFF reçoit des clubs de Basse-Normandie (Manche, Orne et Calvados), c’est à dire ceux qui sont rattachés à l’Académie de Caen, une demande pour se constituer en Ligue régionale. « A deux reprises, les 10 et 23 juin [1979], ils ont manifesté – à une majorité avoisinant les 95 % – le désir de se regrouper au sein d’une Ligue régionale » (111).

Les chiffres et les mots laissent songeurs quant à la démocratie régnant dans les rangs du sport français étatisé. Quant à Lucien Fleury, président de la Ligue de la Normandie (unifiée), il évoque avec émotion « la longue histoire de la Ligue de Normandie. Pendant soixante ans les clubs des cinq départements qui la composent ont été unis par des liens étroits » (112). Solidaire de la décision prise, il déclare qu’il la respectera quelque soit « l’amertume » qu’il ressent de voir scindée cette Ligue qu’il préside et à laquelle il « demeure profondément attaché ».

En 1985, le président de la LOF Léon Guiard précise ce que le diktat de l’Etat en 1967 permet toujours en Loire-Atlantique : « Ce sont ses dirigeants [de la Ligue Atlantique] qui nous ont quittés et, à l’époque, ce ne fut pas beau à voir, avec action en justice. C’est désormais du passé et nos ligues se sont réconciliées » (113).

Depuis 2014 : contrôle total de l’état sur le sport français.

Si le monopole des fédérations (114) dans l’administration de leurs compétitions et licenciés respectifs est consacré par les lois des 29 octobre 1975 et du 16 juillet 1984, celui de l’État l’est définitivement par la création du Code du sport le 9 décembre 2004. La volonté d’indépendance de 1961-1965 de la FFF vis-à-vis du pouvoir n’est donc plus qu’un lointain souvenir. Le mouvement sportif doit marcher au pas pour continuer à recevoir ses agréments et subventions. Entre 2014 et 2016, une nouvelle réforme territoriale ordonnée par l’Etat français jette de nouveau le trouble au lieu de s’appuyer sur la clarté, le consensus et le respect.

L’État oblige la FFF – lors de son assemblée fédérale du 12 décembre 2015 – à modifier les articles 40 et 42 de ses statuts afin de prendre en compte cette réforme. La FFF doit aussi attribuer l’actif net des ligues intégrées à celles qui seront issues de la fusion et non pas à elle-même. Ainsi, ne pas suivre la réforme du Gouvernement français serait se couper des subventions. Il n’y a pas de place pour les récalcitrants (115), fait comprendre l’avocat Thierry Braillard, secrétaire d’Etat chargé des sports.

Car la Loi du 16 janvier 2015 relative à la réforme territoriale de l’Etat modifie le découpage des régions en les fusionnant. Le Code du Sport impose le principe de concordance territoriale entre l’organisation administrative française et l’organisation territoriale des fédérations sportives. Cette dernière doit donc être adaptée, en particulier celle des ligues régionales, dès 2016, avec effet au 1er janvier 2017. Afin d’éviter toute singularité en la matière du monde du sport, la décision de calquer l’organisation des fédérations sportives sur celle de l’Etat découle de l’annexe I-5 de l’article R131-11 du Code du Sport (116).

L’organisation du sport et du football en France est assujettie comme jamais depuis sa création (117). L’autonomie du football est une chimère. C’est une leçon de « realpolitik », de soumission à l’Etat central, à défaut de légitimité. En Bretagne administrative, les districts du Finistère, nord et sud, fusionnent (118) le 3 octobre 2016, mais le diktat de la partition de la Loire-Atlantique d’avec le reste de la Bretagne est maintenu et ce district est de nouveau mis devant le fait accompli (119).

L’Alsace laisse place aux artificiels « pays de la Loire » !

Fondée en 1919 – ayant survécu à sa dissolution entre 1940 et 1944, suite à l’annexion par l’Allemagne national-socialiste – la presque centenaire Ligue d’Alsace de Football Association (LAFA) est sommée de se saborder, par un vote de pure forme, via le Code du sport. Idem pour les régions historiques de Lorraine et d’Auvergne. Créée en 1967, la Ligue de Picardie (120) disparaît (121) en 2016 dans l’incompréhension (122). Seule, par décret (123), la Normandie est réunifiée, entraînant celle de sa ligue de football.

La « Ligue de Football des Pays de la Loire » est créée tout aussi ex nihilo que ne le fut celle d’Atlantique cinquante ans plus tôt. Cette dernière absorbe alors la Ligue du Maine du président Gérard Loison, qui obtempère : « Nous agissons en délégation de service public, alors en bons républicains, nous allons mettre en harmonie la région et les ligues » (124). La région fantoche « PDL » voit des années de lobbying infructueux auprès de la FFF indirectement couronnées de succès (125) grâce à une politique digne d’une république populaire démocratique. Car les débats (126) sur le fond (127) sont quasi-inexistants, même en Alsace.

La LAFA (128) et son président, l’ex-international Albert Gemmrich, obéit : « Nous ne faisons qu’appliquer la loi, qui a imposé la refonte des régions. Nous ne voulons pas être hors la loi » (129). Alors, le 8 octobre 2016, les clubs alsaciens se prononcent à 81,32 % pour leur sabordage (130)(2002 voix pour et 369 voix contre), leur absorption dans une ligue du « grand est ». Le football breton reste amputé, mais Jean-Claude Hillion, président de la LBF, rappelle l’évidence : « Le château d’Anne de Bretagne est bien à Nantes, non ? »(131). Idem pour Noël Le Graët, président de la FFF, qui s’exprimait ainsi en 2006 : « Avec Nantes et Rennes plutôt stables et Lorient qui a vraiment bien travaillé, grâce au jeu, le football breton [en Ligue 1] se porte bien »(132).

Concernant les ligues, Noël Le Graët en tire des conclusions techniques : « Le problème, ce sont surtout les neuf ligues qui doivent être supprimées (passage de 22 à 13). Facile sur le papier mais pas facile humainement » (133). Il reconnaît les mérites de la LBF, composée de quatre des cinq départements bretons seulement : « La Ligue de Bretagne a toujours bâti. Elle est en pleine progression et a toujours porté une attention particulière à accueillir le plus de licenciés possibles et cela dans les meilleures conditions. Surtout, elle se porte bien financièrement » (134).

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L’état central a peur d’une Bretagne plurielle et légitime.

Dans les faits, en 2014 comme en 1980, le football breton échappe de peu à une fusion politique, sous couvert administratif, avec la région « PDL ». Le géographe Jacques Lescoat l’explique : « Quand la carte a été faite avec un grand bloc Grand Ouest, Le Drian [ministre de la défense] a dit à Hollande [président de la République] : « S’il y a fusion entre les Pays de la Loire et les quatre départements bretons, je démissionne ».

Et il a ajouté : « le minimum que je veux avoir, c’est la préservation de la Bretagne à quatre départements ». Il a obtenu cela et il est resté. Un certain nombre de politiques et de hauts fonctionnaires autour de François Hollande avaient peur d’une Bretagne à cinq départements »(135). Même peur pour Jean-Marc Ayrault (136), qui avoue enfin qu’ « il y a toujours une part d’artificiel et d’arbitraire » (137) dans ces découpages !

En 1977, en tant que maire de Saint-Herblain (Loire-Atlantique), il est partisan de l’unité. Avec son conseil municipal, il émet publiquement un vœu de réunification. Il est alors dans l’opposition nationale et encouragé par la politique régionaliste pro réunification du BREIS (138). Mais son vœu reste de pure circonstance. En 1981, devenu membre du bureau exécutif national du Parti socialiste (parvenu au pouvoir), il fait volte face avec son parti.

Il s’oppose alors à la réunification et est même partisan d’une fusion entre les régions administratives Bretagne et « PDL ». Cette fusion, elle a bien eu lieu, mais dans l’est de la France où le choix de l’Alsacien Philippe Richert pour une région « Grand Est » précipite la fin de l’Alsace institutionnelle. « Lui n’a peut-être pas le choix dans son plan de carrière » (139) dénonce l’avocat Pierre Kretz, mais « le Conseil de l’Europe a dénoncé les pratiques judiciaires et juridiques de la France » (140).

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La réunification, moteur des complémentarités bretonnes.

« Il y a un vice de forme au départ du processus de décentralisation et ceci au détriment de la région qui l’a le plus ardemment souhaité » (141) écrit le géographe Pierre-Yves Le Rhun, évoquant ensuite le sport : « Les sportifs de Loire-Atlantique, y compris les scolaires, se retrouvent dans des structures régionales qui limitent leurs déplacements à l’intérieur des « Pays de la Loire » et les empêchent dans beaucoup de cas de rencontrer des Bretons des quatre autres départements. Se sont défaits ainsi des liens entre responsables de clubs par la force d’une administration capable de modeler notre cadre de vie quotidien.

Cependant, les associations pour qui le territoire breton dans son intégrité est une donnée importante ont su résister au rouleau compresseur d’une régionalisation faussée au départ : les associations de culture bretonne, Amnesty International, Bretagne Vivante, etc. » (142). La Fédération de Gouren fonctionne sur le même principe d’unité, idem pour Bretagne Football Association et la Ligue Bretonne de Football Gaélique.

L’unité est une évidence pour l’international Raymond Keruzoré : « J’ai dirigé à Rennes des joueurs de Loire-Atlantique et ils se considéraient comme Bretons, croyez-moi ! Et puis, l’équipe de Bretagne recrute en Loire-Atlantique, non ? Je n’ai jamais pensé que Nantes ne faisait pas partie de la Bretagne »(143). L’Équipe de Bretagne a notamment joué à Nantes en 2000, à Saint-Nazaire en 2011 et à Carquefou en 2013 contre le Mali. « L’équipe de Bretagne est une manière de ne pas oublier d’où on vient » (144) dit même Mickaël Landreau, champion de France 2001 avec le FC Nantes et originaire de Arthon-en-Retz, dans le sud de la Loire-Atlantique.

« Historiquement, Rennes – Nantes, c’est une vraie opposition. C’est d’abord le football, mais c’est vrai qu’il y a aussi d’autres aspects. Ce sont deux villes historiques de la Bretagne, deux capitales, la capitale administrative et l’autre, enfin je ne vais pas faire un cours d’histoire ! » (145) avance Christian Gourcuff, qui a notamment entraîné Lorient et Rennes.

Puis, lors de son arrivée à Nantes comme entraîneur en août 2019, il réitère alors l’évidence devant l’ensemble de la presse régionale et nationale : « Nantes est en Bretagne » (146). Idem pour Jocelyn Gourvennec (147): L’unité est une évidence. « La Loire-Atlantique, c’est déjà la Bretagne. Il suffit, comme moi, d’avoir habité à Nantes, pour le constater. Là-bas, les gens se sentent Bretons »(148).

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Identité et développement du football breton.

Municipalités et clubs de Loire-Atlantique portent en nombre une hermine sur leur blason. Le président du FC Nantes, Waldemar Kita, suite à son rachat du club en 2007, fait sans attendre remettre le champ d’hermines sur le blason nantais (149). Et lorsque le blason change, le 22 mai 2019, celui-ci reste breton. « On s’est basé sur le passé pour écrire le futur », explique Baptiste Huriez, directeur marketing du club. « On a gardé l’hermine, pour l’appartenance de la ville au duché de Bretagne (150). »

Et, le 25 juillet 2019 à Vannes, les cinq clubs de football bretons de Ligue 1 et Ligue 2 signent la Charte des derbies bretons, initiée par le Comité Bro Gozh, la Région Bretagne, Produit en Bretagne et Bodadeg ar Sonerion. De tout évidence, en sous main, un chantage politique et financier est alors exercé à l’encontre du FC Nantes pour qu’il s’abstienne de signer. Même pour le ministre Jean-Yves Le Drian, président (151) de la Région Bretagne administrative, « en matière sportive, les habitants de Loire-Atlantique se sentent Bretons et ils assument pleinement cette appartenance »(152).

Évidence aussi pour Jacques Delanöe, président du Stade Rennais (153). Tous les clubs de supporters du FC Nantes basés en Loire-Atlantique affichent un Gwenn-ha-Du, du très officiel Allez Nantes Canaris au groupement Brigade Loire, qui propose de nombreux tifos (154) faisant référence à la Bretagne. Même tifos au handball avec le HBC Nantes, son président Gaël Pelletier affirmant aussi : « Nantes est en Bretagne » (155)). En 2019, l’US Varades, près d’Ancenis (Loire-Atlantique), a célébré son centenaire et son attachement indéfectible à la Bretagne en invitant les Barbarians Bretons à rencontrer les Ex-Canaris nantais.

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2019 a marqué le centenaire de la Ligue de Bretagne [administrative], anciennement Ouest. La réunification du football breton pourrait-elle survenir, en retrouvant ses légitimes racines de 1902 ? Jean-Claude Hillion, son président, le conçoit ainsi : « Pourquoi pas si ça peut développer le football breton ? Il me semble que l’on a déjà connu ça, même avant la Ligue de l’ouest. Au niveau des hommes, il n’y a pas de tensions mais certains sont très attachés à leurs postes de président. Ce n’est pas mon cas, je n’ai pas d’état d’âme, je suis de passage. C’est la compétence des hommes qui doit leur faire prendre des responsabilités »(156).

Malgré tout, prévient le géographe Jacques Lescoat, il faut encore patienter « car il y a une force jacobine très forte. Mais, à moyen terme, c’est évident. Je donne quinze ans de vie à cette réforme. Les Alsaciens ne supportent pas qu’on ait rayé de la carte leur région. Le temps donnera raison à la géographie française »(157).

Ainsi, le 27 novembre 2018, Bretagne Réunie dépose une pétition de 105.000 signatures – soit environ 10% du corps électoral de Loire-Atlantique – au Conseil Départemental pour déclencher le « droit d’option » et évoluer vers la réunification. Le 17 décembre, celui renvoie la problématique à l’État, qui s’en dédit. Enfin, le 25 juin 2019, Bretagne Réunie transmet elle-même, à l’Assemblée Nationale, les 105.000 signatures collectées pour un référendum au sujet de la réunification de la Bretagne.

« Les lois de la vie sont plus fortes que les textes de loi ».

Le Dr. Georges Vedel, explique implacablement comment cette politique d’État entrave la Bretagne : « Sans être grand clerc en économie régionale, on peut voir que nombre des complémentarités qu’exige tout régionalisme se trouvent hors du dessin administratif : on ne peut réaliser les équilibres et les réseaux évoqués plus haut dans le cadre des quatre départements »(158).

Le géographe Jean Ollivro résume quant à lui la situation : « À nous de clairement définir un projet de société »(159). L’union fait la force et la légitimité est le terreau démocratique de la légalité. Le ministre Jean-Yves Le Drian indique sa méthode : « Je n’ai jamais pris mes ordres à Paris. La Bretagne c’est la Bretagne et les Bretons décident en Bretagne »(160), précisant que « la mémoire, ce n’est pas un bibelot ancien que l’on sortirait de l’armoire tous les dix ans pour les grandes commémorations. C’est une matière vivante, une part de notre identité, un ressort pour l’avenir »(161).

« Le moyen le plus efficace pour détruire les gens est de nier et d’effacer leur propre compréhension de leur histoire ! » écrivait George Orwell dans son livre « 1984 ». Voilà pourquoi la réécriture de l’Histoire de Bretagne mais aussi du football breton peut exister depuis 1967 et l’amputation territoriale. Elle omet les faits réels pour en présenter une version édulcorée (162). Cinquante ans plus tard, elle contribue à empêcher les Bretons de connaître leur histoire. Leurs organisations sont prises au piège de la partition et les Bretons ne peuvent pas pratiquer ensemble leur football et tous leurs sports.

Les grands champions sportifs bretons, les cyclistes Bernard Hinault (22), Cyrille Guimard (44), les navigateurs Gildas Mahé (29), Maxime Sorel (35), Loick Peyron (44) et le skieur nautique Patrice Martin (44) sont tous, avec David Lappartient (163) (56), pour l’unité de la Bretagne. Et la Charte des derbies bretons est déjà un symbole d’unité, aussi infime soit-il, envoyé sans détour à l’Etat central. Ainsi cette lutte est-elle poursuivie par les plus déterminés, personnalités et citoyens engagés, pour qui « les lois de la vie sont plus fortes que les textes de loi » (164) comme l’avait dit et prouvé Carl Lutz, diplomate suisse et Juste parmi les nations.

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Annexes

(1) Bretons (magazine), février 2013.
(2) Le Télégramme, 3 décembre 2008.
(3) « On a parlé breton en Pays nantais pendant 1500 ans », interview de Bertrand Luçon avec Maiwenn Raynaudon-Kerzerho, Bretons (magazine), p.20-23, août-septembre 2017 / Noms de lieux bretons du pays nantais – 4100 toponymes, Bertrand Luçon, Eds. Yoran, 2017.
(4) 10 % de moyenne des lieux du Pays nantais sont d’origine bretonne, atteignant presque 85 % dans la presqu’île guérandaise. Sur une ligne qui va à peu près du Pouliguen à Penestin, là, huit noms de lieux sur dix viennent du breton. Jusqu’à l’Erdre, et même plus loin, on trouve des noms isolés jusqu’à la limite de l’Anjou, sans oublier le sud de la Loire, avec un certain nombre sur la côte du pays de Retz.
(5) Le Comité de Bretagne USFSA (Union des sociétés françaises de sports athlétiques), créé le 6 avril 1902 par Joseph Gemain (1882–1939).
(6) Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques (USFSA).
(7) Le vrai Pierre de Coubertin, Jean Durry, UP Productions, 1997, coubertin.org.
(8) Le sport à un tournant, Jean-Louis Langlais, Revue Études, Tome 363, juillet-août 1985.
(9) Bonne gouvernance dans le sport – Une étude européenne, André Noël Chaker, Eds. du Conseil de l’Europe, Septembre 2004.
(10) Le sport et l’Etat de droit : approche sociologique, Droit et Société, n°32, Michel Hourcade, 1996, p. 141-155.
(11) Michel Hourcade, énarque, contrôleur d’État, responsable au Ministère de la Jeunesse et des sports entre 1980 et 1984.
(12) La Fédération Française de Football Association (FFFA) deviendra la Fédération Française de Football (FFF) le 29 avril 1951. Ce changement d’appellation, datant de 1931, n’avait jamais été demandé, donc, ne fut jamais ratifié par le ministère de l’Intérieur.
(13) Les Hauts fonctionnaires, la politique et l’argent, Jean-François Kesler, Eds. Albin Michel, 2006.
(14) Frontières oubliées, frontières retrouvées : Marches et limites anciennes en France et en Europe, Michel Catala, Presses universitaires de Rennes, 2016, p. 152.
(15) L’Héritage de Vichy, Cécile Desprairies, Eds. Armand Colin, 2012, p. 173.
(16) Après guerre, le fonctionnement de l’Etat n’est pas optimal. Certaines ordonnances et arrêtés du 28 août 1945, ayant été modifiées en novembre 1946, ne paraissent au Journal officiel qu’en juin 1949.
(17) Lucien Mazan, dit Petit-Breton, est né le 18 octobre 1882 à Plessé (Loire-Atlantique). Vainqueur du Tour de France en 1907 et 1908.
(18) Ouest-France, 15 mai 1950.
(19) Le 8 septembre 1950 à Toulouse, le VS Quimpérois remporte le titre de champion de France cycliste des Sociétés par équipes de cinq hommes. Suite à l’absence de tout commissaire à bord de sa voiture suiveuse, il est déclassé au profit des JPS de Paris, club de Achille Joinard, président de la Fédération Française de Cyclisme et de l’Union Cycliste Internationale. Ouest-France, 9 septembre 1950.
(20) Un comité envié – La fille aînée, Un siècle de cyclisme en Bretagne, hors-série, Ouest-France, 1995, p.41.
(21) Ouest-France, 22, 24 et 25 novembre 1952.
(22) Ouest-France, 5 juin 1953.
(23) Ouest-France, 9 juin 1953.
(24) Les Nantais peuvent, depuis 1867, aller directement par le train de Nantes à Landerneau via Redon, Vannes, Lorient et Quimper.
(25) Le Peuple Breton, mars 1948.
(26) Ouest-France, 18 novembre 1949.
(27) Ouest-France, 23 décembre 1954.
(28) Paroles tenues par le ministre de la Justice Michel Debré, répondant au Premier ministre Charles de Gaulle. Conseil des ministres, Hôtel Matignon, Paris, mardi 6 janvier 1959.
(29) Le 2 juin 1960, Ouest-France ne titre pas en une : « Bretagne indivisible » comme son prédécesseur « L’Ouest Eclair » en 1941 – pour dénoncer la mutilation de la Bretagne – affichant laconiquement « La réforme administrative dans l’ouest » au sujet de… 12 départements. La dimension de l’unité bretonne est confinée à l’oubli, tout comme celle de la Normandie.
(30) « L’enfer est privation d’histoire. » Comment peut-on être breton ? Essai sur la démocratie française, Morvan Lebesque, Eds. Seuil, 1970, p. 43.
(31) « Je vous remercie parce que vous êtes la Bretagne. La Bretagne est considérée par la France avec une affection et une attention particulières. Ce qui se passe à Nantes, la France y fait attention. […] Si j’avais un doute sur votre avenir, il serait levé à l’instant même quand je vois cette jeunesse bretonne en qui nous mettons nos espoirs. […] Vive la République, vive la France, vive la Bretagne ». Discours de Charles de Gaulle, Nantes, 10 septembre 1960. L’Eclair, 12 septembre 1960.
(32) Propos tenus par Charles de Gaulle, président de la République, à Jean-Marcel Jeanneney, Ministre d’État chargé des réformes constitutionnelles, en 1968. La Région de De Gaulle à nos jours, Léo Hamon, 1992, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, p. 84.

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(33) La religion laïque de monsieur Coubertin, Le Nouvel Observateur Hors Série, Alain Loret, octobre/novembre 2005, p. 36.
(34) L’article 72 de la Constitution de la Cinquième République française définit les principes généraux de l’organisation des collectivités territoriales en France. Il résulte, dans la version actuelle, de la loi constitutionnelle n°2003-276 du 28 mars 2003. L’alinéa 3 proclame le principe de libre administration des collectivités territoriales mais, comme l’article 34, il soumet son exercice à un cadre prévu par la loi. Il leur attribue également un pouvoir réglementaire limité à l’exercice de leurs compétences. Ce principe de libre administration est tempéré par le fait que le Législateur continue de détenir la compétence de la compétence des collectivités locales, c’est-à-dire qu’il décide des compétences que peuvent détenir les collectivités.
(35) Jeunesse & sports (1936-1986), un service d’Etat du militantisme à la gestion, contribution à l’étude du fait administratif, Michel Heluwaert, thèse, 2009.
(36) Organisation de l’Armée Secrète, organisation politico-militaire clandestine française, créée le 11 février 1961 pour la défense de la présence française en Algérie par tous les moyens, y compris le terrorisme à grande échelle.
(37) Conseil National de la FFF, 2 juillet 1960.
(38) Ouest-France, 15 mai 1961.
(39) Ouest-France, 13 avril 1961.
(40) L’Equipe, 10 janvier 1962.
(41) L’Equipe, 11 janvier 1962.
(42) Directeur Technique National, Conseiller Technique Régional et Conseiller Technique Départemental. « Le nombre de conseillers techniques sportifs créés à la fin de la IVe République en 1958 augmente considérablement et dès 1962 les directeurs techniques nationaux (DTN), techniciens supérieurs possédant autorité et compétences, sont mis à la disposition de chaque fédération délégataire », Jean Huitorel – Une vie au service de l’Athlé, Zoom sur l’athlé breton, n°3, septembre 2014.
(43) « En 1965 un décret limite à trois les mandats des présidents des fédérations, ce qui est dénoncé comme une mesure d’interventionnisme de l’Etat par un grand nombre de fédérations et dénonce une volonté d’étatisation du sport dont la création des DTN constitue une autre facette », Le rôle de l’Etat dans le développement du sport en France au XXe siècle, Haimo Groenen, ENS, 2008.
(44) Éducation physique, sport et loisir, Thierry Terret, Eds. AFRAPS, 2000.
(45)n« Pour 51 fédérations sportives constituées à cette date, 31 présidents déposent un recours en Conseil d’État. Ils sont déboutés de leur demande d’annulation pour excès de pouvoir et la décision du Conseil d’État constituera le point de départ juridique du modèle d’une organisation sportive placée sous l’autorité de l’État avec des fédérations bénéficiant d’une délégation de service public. C’est là une situation unique en Europe qui perdure en 2011. » L’État et le sport en France – De l’intervention autoritaire à la démission, Gildas Loirand, Université de Nantes – Centre nantais de sociologie, Savoir/Agir, n°15, Eds. du Croquant, 2011.
(46) « Article 2 – Les fédérations qui demandent le bénéfice des dispositions de l’ordonnance de 1945 sont tenues de se conformer, dans l’élaboration de leurs statuts ou règlements intérieurs, aux dispositions du présent arrêté… » Maurice Herzog : un septennat pour une politique Jeunesse et Sports, Ministère de la Jeunesse – Les fédérations sportives sous tutelle : résistances et dépendances, Michel Brousse, Eds. La documentation française, 2013.
(47) Le Monde, 18 mai 1963.
(48) L’État et le sport en France – De l’intervention autoritaire à la démission, Gildas Loirand, Université de Nantes – Centre nantais de sociologie, Savoir/Agir, n°15, Eds. du Croquant, 2011.
(49) Sport et pouvoir au XXe siècle, Jean-Paul Clément, Jacques Defrance, Christian Pociello, PUG, 1994, p. 53-104.
(50) L’Etat et le sport : Construction et transformation d’un service public, Lionel Arnaud, La Documentation Française, 2000.
(51) Bureau fédéral de la FFF, 20 mars 1965.
(52) Bureau fédéral de la FFF, 2 juillet 1965.
(53) Maurice Herzog : un septennat pour une politique Jeunesse et Sports, ministère de la Jeunesse – Les fédérations sportives sous tutelle : résistances et dépendances, Michel Brousse, Eds. La documentation française, 2013.
(54) A cette époque, la Bretagne semble échapper aux aspirations modernistes, car enclavée, désindustrialisée et conservatrice. Pourtant, le conflit social dans la société rejoint la progressive réaffirmation de l’identité bretonne et voit aussi émerger une revendication croissante d’autonomie, née des événements et de l’émergence de la crise économique. Ouvriers bretons : Conflits d’usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968, Vincent Porhel et Jacqueline Sainclivier, Presses Universitaires de Rennes, 2015.
(55) Mouvement pour l’Organisation de la Bretagne (MOB), créé le 10 novembre 1957 à Lorient.
(56) France-Football, 13 avril 1965
(57) Assemblée générale de la Ligue de l’Ouest. Ouest-France, 14 juin 1965.
(58) Un ministre et les jeunes : François Missoffe, 1966-1968, Laurent Besse, Histoire Politique, n°4, janvier-avril 2008.
(59) Décret 66/64 du 21 janvier 1966.
(60) René Haby au 34 rue de Châteaudun, 1966-1968 – L’expérience d’un directeur de cabinet sur les vicissitudes de la normalisation administrative des services du ministère de la Jeunesse et des Sports (entretien), Olivier Le Noé, Terrains & travaux, vol. 12, no. 1, 2007, pp. 163-194.
(61) Maurice Herzog : un septennat pour une politique Jeunesse et Sports, ministère de la Jeunesse – Les fédérations sportives sous tutelle : résistances et dépendances, Michel Brousse, Eds. La documentation française, 2013.
(62) Ibid.

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(63) Bureau fédéral de la FFF, 2 juin 1966.
(64) Bureau intérieur de la FFF, 5 novembre 1966.
(65) Du 8 au 18 décembre 1966, François Missoffe est en Nouvelle-Calédonie, pour les deuxièmes Jeux du Pacifique sud, avec Marceau Crespin.
(66) Création d’une ligue de l’Atlantique, Maurice Grassin, Ouest-France, 21 décembre 1966.
(67) Changement à l’Ouest, André Maussion, France-Football, 3 janvier 1967.
(68) Bureau Fédéral de la FFF, 20 janvier 1967.
(69) Le département breton de Loire-Atlantique et deux départements de l’ouest de la France : le Maine-et-Loire et la Vendée.
(70) L’université de Nantes, créée tout comme celle de Rennes sous sa forme actuelle par un décret du 12 décembre 1961, trouve son origine dans la Bulle papale de fondation de l’Université de Bretagne signée par Pie II, datée du 4 avril 1460, fondée le 22 avril 1461 à Nantes par une charte du Duc de Bretagne François II.
(71) Renaissance et construction de l’université de Nantes (1919-1993) – L’université d’une académie nouvelle (1962-1970), univ-nantes.fr, extrait du 12 décembre 2016.
(72) Bureau Fédéral de la FFF, 20 janvier 1967.
(73) Officiel : La ligue de l’Atlantique naîtra en septembre, Maurice Grassin, Ouest-France, 2 février 1967.
(74) Ibid.
(75) « La Ligue de l’Ouest a connu sa petite révolution. L’académie de Nantes étant créée, il fallait, soit englober la Vendée pour couvrir un territoire s’étendant sur deux académies, soit envisager une scission. On sait ce qu’il en fut : les districts de la Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire quittèrent la Ligue de l’Ouest auxquels s’ajouta la Vendée qui abandonna la Ligue du Centre-Ouest ». L’Ouest – terre de football, Football Magazine, Jacques Etienne et Victor Peroni, 27 octobre 1970, p. 46.
(76) « Vous serez à jamais des « rachitiques » lancèrent alors dédaigneux les « pontes » de la Ligue de l’Ouest, furieux de perdre ainsi au profit de Paris « leur » titre de première ligue du pays. Mais nul ne pouvait déroger à la décision administrative imposée aux ligues d’épouser le territoire des académies. « Nous sommes en droit à notre tour de revendiquer les footballeurs de la Sarthe et de la Mayenne » fait remarquer avec raison M. Yves Cauzic, secrétaire général de la nouvelle née. » FC Nantes – la passe de trois, Alain Garnier, Eds Solar, 1973.
(77) Prévu à partir du 29 mai, ce tournoi aura lieu du 3 au 11 juin 1967.
(78) Bureau Fédéral de la FFF, France-Football-Officiel, 4 février 1967.
(79) Reprenant l’organisation de la LOF, les structures de la nouvelle Ligue d’Atlantique sont créées de février à mai 1967. Pour ces dirigeants encore membres pour quelques mois de la Ligue de l’Ouest de Football et de la Ligue du Centre Ouest, c’est une aubaine, sous forme de promotion inespérée. Ils constituent un comité provisoire, « dans un esprit ouvert et pionnier que Raymond Bouvier qualifiera utopiquement et évasivement de anti-féodal, le décret ayant primé sur la consultation populaire ». La Loire-Atlantique « arrachée » à la Bretagne historique en juin 1967, Historique, District de Loire-Atlantique, foot44.fff.fr, 31 décembre 2007.
(80) La Corse fit néanmoins partie de l’Académie de Aix-Marseille entre 1808 et 1964, puis de Nice de 1965 à 1974.
(81) Chanoine Felix Gehl, dirigeant des Cadets de Bretagne à Rennes, élu au Conseil de la LOFA en 1934, secrétaire général de la LOFA / LOF de 1944 à 1972, qu’il quitte cette année là, âgé de 71 ans.
(82) Assemblée générale de la LOF, Ouest-France, 23 juin 1969.
(83) Pierre Mahier, journaliste sportif chez Ouest-France, annuaire des dix mille bretons, collectif, Presses Universitaires de Bretagne, 1971, p. 287.
(84) « Définie lentement au cours des années 1970 et 1971, la réforme régionale est plutôt considérée comme un couronnement que comme un commencement. Elle est en outre strictement limitée aux aspects économiques, et non politiques, de l’action de l’Etat. » La vie politique en France depuis 1940, J. Chapsal et A. Lancelot, PUF, 1975, p. 622.
(85) « Définie lentement au cours des années 1970 et 1971, la réforme régionale est plutôt considérée comme un couronnement que comme un commencement. Elle est en outre strictement limitée aux aspects économiques, et non politiques, de l’action de l’Etat. » La vie politique en France depuis 1940, Jacques Chapsal et Alain Lancelot, Presses Universitaires de France, 1975, p. 622.
(86) Région et politique, Jean Boissonnat, Ouest-France, 29 juin 1971, p. 1.
(87) Le mal français, Alain Peyrefitte, Eds. Plon, 1976.
(88) Confidence d’un haut fonctionnaire des Renseignements généraux : « Si l’on recensait les Bretons autonomistes de cœur, la proportion serait de l’ordre de 30 % ». FLB – ARB, L’histoire 1966-2005, Lionel Henry, Annick Lagadec, Yoran Embanner, 2006, p. 58.
(89) Pour des régions qui fassent le poids, Georges Vedel, Ouest-France, p. 1 et 3, 13 avril 1970.
(90) A partir du 1er janvier 1972, la Sarthe est transférée de Caen à Nantes et la Mayenne de Rennes à Nantes. Provinces, départements, régions : l’organisation administrative de la France d’hier à demain, Jean-Louis Masson, Eds. Fernand Lanore, 1984.
(91) Ouest-France, 7 octobre 1971, p. 1.
(92) Ouest-France, 7 octobre 1971, p. 1.
(93) Ouest-France remplace le 16 octobre 1971 le bandeau de sa une : « Bretagne-Normandie-Maine-Anjou-Poitou », présents depuis son numéro un du 7 août 1944, laissent place à « Bretagne-Normandie-Pays de Loire ». Les régions ne seront pourtant officialisées que le 1er janvier 1974.
(94) Entretien avec Alain Croix, Les révoltes des 20 ans de Nantes Histoire, Marc Le Duc, Ouest-France, 13 octobre 2006.
(95) Ouest-France, 11 septembre 1972.
(96) Le « Local Government Act 1972 (c 70) » du Parlement britannique décide, le 26 octobre 1972, de réunifier la province de Gwent – anciennement Monmouthshire – au Pays de Galles, à compter du 1er avril 1974, dans le cadre de la réforme territoriale britannique.
(97) 200e programme officiel de la Fédération Française de Football, samedi 19 février 1972, p. 3.
(98) Bons baisers de Bretagne, Jean-Marie Lanoë, France-Football, n°2045, 18 juin 1985, p. 12.
(99) Le top 50 des joueurs bretons, Olivier Bossard, Eric Champel, Jean-Marie Lanoë et Patrick Urbini, France-Football, n°3550, 29 avril 2014, p. 28.
(100) Grand reporter pour le quotidien L’Equipe entre 1982 et 1996 puis grand reporter et chef de service pour l’hebdomadaire France-Football.
(101) France-Football-Officiel, 16 février 1972, p. 2.
(102) Un supporter du FC Nantes témoigne : « Dans « Nantes Passion », M. le Maire titre, à propos de Nantes, une métropole pour ladite région des Pays de la Loire. […] A Paris, pour la finale [de la coupe de France 1999], que voyait-on partout à part le jaune et vert ? Les drapeaux bretons (Gwenn ha du). Impossible de le nier, il y en avait partout. Sans compter les banderoles où on pouvait lire « Bretagne, cinq départements ». Il faut le dire : c’est souvent lorsque l’on est loin de chez soi que le peuple retrouve ses racines et c’est ce même peuple qui ne veut surtout pas d’une région artificielle de technocrates et de papiers. » Ouest-France, 1er juin 1999.
(103) France-Football, 5 juin 1973.
(104) Le Groupement du Football professionnel s’appelle aujourd’hui la Ligue de Football Professionnel.
(105) Rapport moral 1972-1973 du Groupement du Football Professionnel, France-Football-Officiel, 18 juillet 1973, pp. 2-3.
(106) Déclaration de Gilbert Béhier, président sarthois de la LOF : « Que ceux qui agissent bizarrement, par orgueil ou jalousie, sachent que les districts de la Mayenne et de la Sarthe ont toujours appartenu à la Ligue de l’Ouest depuis 1919 et qu’ils y sont très attachés. C’est à l’unanimité des clubs sarthois qu’ils ont demandé le maintien de ces districts. » Ouest-France, 28 mars 1977.
(107) Ils ont le ballon rond, vive les Bretons !, Pierre Salviac, Le Point, n°525, 11 octobre 1982.
(108) L’ouest, terre de football, Football-Magazine, Jacques Etienne et Victor Peroni, 27 octobre 1970, p. 46.
(109) Suite à la loi du 2 mars 1982 et la première élection des conseillers régionaux au suffrage universel direct, le 16 mars 1986, la région devient une collectivité territoriale au même titre que le département et la commune. La tutelle du préfet de région est supprimée sans pour autant faire disparaître sa fonction.
(110) La société civile bretonne n’a absolument pas été consultée par l’Etat.
(111) France-Football-Officiel, 26 décembre 1979.
(112) Ibid.
(113) Eskalibor – Le magazine du football celtique, n°17, septembre-octobre 1985.
(114) Puissance sportive et ordre juridique étatique – Contribution à l’étude des relations entre la puissance publique et les institutions privées, Gérald Simon, Eds. de la Librairie générale de droit et de jurisprudence (LGDJ), 1990.
(115) « Peut-on créer une nouvelle structure départementale ou régionale en plus des structures existantes et qui serait l’interlocutrice de l’Etat et des collectivités ? Non et pour deux raisons principales : En premier lieu, l’article 15 du décret loi du 2 mai 1938 toujours en vigueur prohibe expressément le reversement de subventions. Il est confirmé par L 1611-4 du Code général des collectivités territoriales pour ce qui les concerne. Le non respect de ces règles est susceptible d’entraîner une situation de gestion de fait qui peut être sanctionnée par le remboursement des subventions indûment versées et des amendes. En second lieu, ce serait contraire à l’esprit de la réforme territoriale qui vise à clarifier l’organisation et non à rajouter un niveau au millefeuille territorial. La même logique s’applique au niveau départemental. » Discours de Thierry Braillard, secrétaire d’Etat aux Sports, en ouverture de la réunion du Collège des Présidents de Ligues et Districts de la FFF, pour revenir sur les modalités et les principes de l’application de la réforme territoriale aux fédérations sportives, 13 novembre 2015.
(116) « La fédération peut constituer […] des organismes régionaux ou départementaux […] dont le ressort territorial ne peut être autre que celui des services déconcentrés du ministère chargé des sports que sous réserve de justifications et en l’absence d’opposition motivée du ministre chargé des sports ».
(117) Ce n’est que le 12 décembre 2015 que la FFF – comme toutes les autres fédérations sportives françaises – cesse de se trouver sous tutelle du ministère de… l’Intérieur, pour ne rester que sous celle du ministère des Sports, modifiant les articles 46, 47, 51 et 52 de ses statuts en conséquence lors de son assemblée fédérale.
(118) André Toulemont, président du district du Sud-Finistère : « Obligation nous a été faite d’appliquer au niveau des districts une réforme aboutissant à une fusion nord / sud. Ce n’était jusqu’alors qu’une possibilité. Il y a un caractère précipité dans la mise en oeuvre de cette réforme. » ; Alain Le Floch, président du district du Nord-Finistère : « C’est un projet qu’on ne voulait pas. Ce n’est pas un mariage d’amour, mais de raison. C’est une absorption des deux districts par le comité départemental de football existant depuis 1983 ». Ouest-France, 5 juin 2016.
(119) « C’est incroyable d’être mis devant le fait accompli de cette manière ! » À l’issue de l’assemblée générale du District de Loire-Atlantique, ce samedi matin, un président de club fulminait à propos de l’annonce faite par Alain Martin [président du district]. « Le ministre des Sports nous a indiqué que les ligues de football devront être les mêmes que les nouvelles régions administratives avant fin 2016, a ainsi rapporté le président du District. Les fusions devront être effectives sans aucune dérogation possible ! » Cette nouvelle a été annoncée lors du séminaire des présidents de District vendredi 18 septembre… le président de la Fédération, Noël Le Graët ayant été averti juste quelques jours auparavant. Ouest-France, 27 septembre 2015.
(120) Lysian Mouquet, président de la Ligue de Picardie de 1990 à 2012, au sujet de la disparition de cette ligue : « C’est une catastrophe parce que je n’accepte pas que les dirigeants actuels aient adhéré à ce qu’on appelle l’absorption par la Ligue du Nord-Pas-de-Calais. Il y avait d’autres solutions comme la fusion et l’entente mais ils ont dit que, pour des raisons à caractère juridique, l’absorption, c’était ce qu’il y avait de plus pratique. » Le Courrier Picard, 21 septembre 2016.
(121) Michel Gendre, président de la Ligue de Picardie de 2012 à 2016 : « Il y a une véritable obligation de fusionner ». Gazettesports.fr, 27 septembre 2016.
(122) « Les élections régionales vont donc se dérouler ces deux prochains dimanches et on le sait, la Picardie va être rattachée au Nord Pas de Calais. Ne faisons pas de politique ici dans ces colonnes, mais force est de constater que le Sport a été totalement absent lors des débats qui auront précédé cette élection. […] Et si la Picardie du football ou d’une autre discipline décidait de rester autonome, elle se heurterait au veto ministériel, alors que pour la précédente réforme, la Picardie pugilistique avait préféré se « marier » avec la Champagne avant de voler de ses propres ailes au cœur des années 80. « C’est en effet impossible », répond Michel Gendre. « L’Etat n’acceptera pas. La Loi sur le Sport dit clairement que les Ligues régionales sont obligées de se caler sur les régions ». Une sorte de marcher au pas et sans fausse note. On ne fait pas pire en Chine. » Article « La réforme territoriale ne s’intéresse pas au Sport », site officiel de l’Amiens SC Football – amiensfootball.com, 2 décembre 2015.
(123) La loi numéro 2015-29 du 16 janvier 2015 relative à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral est une loi française qui procède notamment à un redécoupage des régions.
(124) Le Maine Libre, 2 octobre 2015.
(125) Ouest-France, 12 janvier 2010.
(126) Jean-Marc Haas-Becker, président du Comité régional olympique et sportif d’Alsace (CROSA) : « Mais pourquoi donc devoir trouver des solutions là où il n’y avait pas de problème ? », Dernières Nouvelles d’Alsace, 17 avril 2016.
(127) « La disparition de la Ligue d’Alsace ne passe pas chez certains dirigeants et une pétition intitulée « Sauvons la LAFA – Non à la fusion » a été lancée notamment par Jacques Schleef, membre du Conseil d’éthique de la Ligue. […] Le texte de la pétition clame : « On veut “casser” ce qui marche, détruire notre unité et nous intégrer de force dans un ensemble sans âme, où nos valeurs seront oubliées et piétinées. » » 20 Minutes, 28 octobre 2015.
(128) Dominique Lihrmann, démissionnaire de la LAFA pour protester contre la Ligue Grand Est et Jacques Schleef, membre du Conseil d’éthique de la LAFA : « [La menace de mise sous tutelle du ministère des Sports et de la FFF,] c’est une peur que l’on agite. […] Il y a également un manque de courage du comité directeur qui n’est pas unanime sur la question. […] La LAFA veut rentrer dans une ligue où elle sera minoritaire et d’où elle ne pourra plus sortir. Et cela même si le contour régional pourrait être redéfini en cas d’alternance politique. » Dernières Nouvelles d’Alsace, 5 octobre 2016.
(129) « Cette assemblée générale aura une portée historique. Nous ne faisons qu’appliquer la loi, qui a imposé la refonte des régions. Nous ne voulons pas être hors la loi. Depuis un an, nous avons construit les fondations de la Ligue du Grand Est. Notre souci majeur a été d’impacter le moins possible nos clubs. […] « Voter contre la réforme ou ne pas voter du tout signifierait pour la LAFA une mise sous tutelle de la Fédération Française de Football. Et là, c’est l’aventure ! C’est flou. Pour l’instant, nous sommes maîtres de notre destin » […] « Personne veut être hors la loi, les clubs non plus. Nous avons l’impression de les avoir convaincus. » Les Dernières Nouvelles d’Alsace, 6 octobre 2016.
(130) Dernières Nouvelles d’Alsace, 9 octobre 2016.
(131) Bretagne terre de football, Adrien Pécout, Le Monde, 17 avril 2014.
(132) Entretien avec Noël Le Graët, Sport Breizh, n°3, juillet-août 2006, p. 19.
(133) Le Télégramme, 20 novembre 2015.
(134) Dimanche Ouest-France, 26 avril 2015.
(135) Article « Régions – Plaidoyer pour une autre carte », interview avec Jacques Lescoat – docteur en géographie et créateur de l’association « Géographes de Bretagne » – Yvon Le Corre, Le Télégramme, 21 janvier 2017.
(136) Premier ministre de la République française du 15 mai 2012 au 31 mars 2014 ; Ministre des Affaires étrangères et du Développement international du 11 février 2016 au 10 mai 2017.
(137) Bretons, n°138, janvier 2018, pp. 38-45.
(138) « Les socialistes bretons ont à maintes reprises protesté contre le découpage officiel ». Jean Guiffan, délégué pour la Loire-Atlantique du BREIS (Bureau régional d’étude et d’information socialiste). Le Monde, 21 janvier 1976.
(139) Interview avec Pierre Kretz, France 3 Alsace, 14 février 2017 ; « L’Alsace n’existe plus : libres réflexions sur la démocratie en France », Le Verger Editeur, 2017.
(140) En 2016, le Conseil de l’Europe réprimande la France en lui indiquant que la fusion des régions qu’elle a opéré sans consultation ni concertation en 2015, est illégale, car elle viole la Charte européenne de l’autonomie locale. Cette charte est un traité international, de fait supérieur aux lois nationales, ratifié par l’État français en 2007 et qui vise à garantir les droits des collectivités locales et de leurs élus. Le Conseil de l’Europe, fondé en 1949, est une organisation intergouvernementale dotée d’une personnalité juridique reconnue en droit international public. Il invite alors la France à « revoir le processus de consultation des représentants directs des collectivités locales et régionales pour toutes les décisions les concernant », mais cette charte ne s’engage nullement à prendre les mesures préconisées par le Congrès européen.
(141) Bretagne et Grand Ouest, Pierre-Yves Le Rhun, Eds. Skol Vreizh, 1988.
(142) Ibid.
(143) France-Football, 29 avril 2014.
(144) Terristoires.info, 28 mai 2013.
(145) Ouest-France, 21 octobre 2016.
(146) Présentation officielle de Christian Gourcuff au Centre sportif du FC Nantes, fcnantes.com, 12 août 2019.
(147) Joueur de Lorient et Rennes, demi-finaliste de la Ligue des champions en 1996 avec le FC Nantes puis vainqueur de la Coupe de France comme entraîneur de Guingamp.
(148) Bretons (magazine), juin 2016, p. 56.
(149) Près de 100.000 votes sont enregistrés sur le site internet du FC Nantes. Ouest-France, 16 octobre 2007, « Blason du FC Nantes : le plébiscite des supporters ».
(150) 20 Minutes Nantes, 23 mai 2019.
(151) Jean-Yves Le Drian a été président de la « Région Bretagne » du 2 avril 2004 au 29 juin 2012, puis du 18 décembre 2015 au 2 juin 2017.
(152) Entretien avec Jean-Yves Le Drian, Sport Breizh, n°3, juillet-août 2006, p. 87.
(153) « Mes quatre grand parents étaient du nord de la Loire-Atlantique, de Conquereuil. Moi je suis Rennais, né à Rennes, ai fais mes études à Rennes. J’ai toujours besoin des deux. J’ai la Bretagne au cœur, j’adore ce pays. C’est mon pays, c’est mon identité. J’aime la Bretagne ». Jacques Delanoë, président du Stade Rennais, TV Rennes, émission Intuitu Personae, 27 mars 2018.
(154) Un tifo est communément une animation visuelle généralement organisée par des supporters d’une équipe.
(155) Réponse de Gaël Pelletier à Johanna Rolland, maire de Nantes : « Et pour cause Nantes est en Bretagne donc cela tombe bien… », twitter, 14 octobre 2017.
(156) Le Télégramme, 22 avril 2014.
(157) Le Télégramme, 21 janvier 2017.
(158) Pour des régions qui fassent le poids, Georges Vedel, Ouest-France, p. 1 et 3, 13 avril 1970.
(159) Bretons, avril 2009.
(160) « Breton jusqu’au bout des ongles. Mieux que ça : jusqu’au bout de ses cravates, qui arborent le triskell celtique. L’accessoire relève presque ici du symbole politique. […] La Bretagne a été la seule Région où un accord entre le PS et Europe Écologie n’a pas été possible. Manifestement, cela n’a pas empêché le président-candidat Le Drian de dormir. Il en a même profité pour rappeler qu’en Bretagne, il conduit les affaires du Parti socialiste à sa main : « Je n’ai jamais pris mes ordres à Paris. La Bretagne c’est la Bretagne, et les Bretons décident en Bretagne. » Jean-Yves Le Drian, le Breton tenace, Ouest-France, 22 mars 2010.
(161) Ouest-France, 12 mai 2015.
(162) « On commença à parler des Pays de la Loire. Pourquoi, sur un plan sportif, n’irait-on pas dans ce sens de l’histoire ? […] En avril 61, paraît le décret ministériel délimitant le territoire des Ligues et des académies. Commence alors une longue période de discussion. Il allait bien falloir faire quelque chose… un jour ! … […] Nécessité fait loi… » lfpl.fff.fr/simple/ligue-de-football-des-pays-de-la-loire, 6 décembre 2017.
(163) Président de l’Union Cycliste Internationale (UCI).
(164) Carl Lutz, un diplomate en résistance, Les oubliés de l’histoire, Gabriel Laurent, Terranoa, 2016.

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1 commentaire

Yann-Baol 26 septembre 2019 - 17h42

Il y a longtemps qu’on avait lu un article décortiquant le jacobinisme administratif de l’État d’une façon aussi fouillée …
C’ est absolument fondamental et à archiver… même pour un « non-footeux ! »

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