islamisme en Bretagne

L’islamisme en Bretagne

de NHU Bretagne

Islamisme en Bretagne : état des lieux d’une menace jusqu’ici marginale

La Bretagne, terre de traditions et de paix sociale, a-t-elle perdu son immunité face à l’islamisme radical ? Jusqu’à récemment, la région semblait en retrait des violences liées au terrorisme islamiste. Mais le procès de Brest, jugé à Paris, vient bousculer cette impression. Des projets d’attentats ont bien ciblé notre région. Une réalité inquiétante, qui impose un état des lieux objectif.

L’islamisme en Bretagne : une menace longtemps absente

Historiquement, la Bretagne n’a jamais été un foyer islamiste. À la différence de grandes métropoles comme Paris, Marseille ou Lyon, nos cinq départements bretons (Loire-Atlantique incluse) ont peu connu de radicalisations massives. Les cas isolés existent, mais ils étaient rares, peu organisés et sans ancrage territorial profond. Cette « mise à l’écart » s’explique par plusieurs facteurs : une population musulmane moins dense, un tissu associatif structuré, une culture locale forte, et une surveillance efficace.

Pourtant, le climat a changé. Les dernières années montrent que l’islamisme peut frapper partout. Et désormais, même en Bretagne.

Le choc brestois : un procès révélateur

En avril 2024, la Cour d’assises spéciale de Paris a condamné plusieurs jeunes hommes vivant dans le région de Brest. Ils projetaient des attentats en lien avec l’idéologie de Daech. Parmi ces projets, l’un visait clairement des militaires, un autre ciblait le Stade Brestois, son stade et ses joueurs, et un autre encore envisageait une tuerie de masse dans un village. Des peines lourdes ont été prononcées : de sept à vingt ans de prison. Un autre a été acquitté.

Ce procès montre que l’islamisme radical n’est plus un phénomène éloigné. Il peut désormais émerger en Bretagne, notamment dans certains quartiers en difficulté.

Où se situent les foyers d’islamisme en Bretagne ?

Il ne s’agit pas de stigmatiser. Mais comprendre, c’est aussi nommer.

➤ Brest (Finistère)

La ville est désormais connue pour cette cellule récemment jugée. Quartiers comme Pontanézen ou Kérédern ont été cités par les médias dans le cadre d’enquêtes antiterroristes.

➤ Rennes / Roazhon (Ille-et-Vilaine)

Capitale régionale, Rennes accueille plusieurs lieux de culte musulman, notamment dans les quartiers de Villejean ou Maurepas. La situation y est suivie de près par les autorités, bien qu’aucune menace sérieuse n’y ait été rendue publique récemment.

➤ Nantes / Naoned (Loire-Atlantique)

Ville la plus peuplée de Bretagne, Nantes compte une vingtaine de lieux de culte musulman. Certains quartiers comme Malakoff ou Bellevue ont connu des cas isolés de radicalisation. Les services de renseignement français y sont très présents.

➤ Lorient / An Oriant, Vannes / Gwened, Saint-Brieuc / Sant Brieg, Kemper, etc.

À ce jour, aucun foyer radical identifié de façon claire. Mais des mosquées y existent, ainsi que des associations culturelles musulmanes parfaitement intégrées. La vigilance reste de mise.

Combien de mosquées en Bretagne ?

Il est difficile de connaître précisément les mosquées « officielles » ayant pignon sur rue, et autres lieux de culte et salles de prière parfois abritées dans des lieux plus confidentiels.
Selon les chiffres les plus récents, il en existerait en Bretagne une centaine, dont :

  • Loire-Atlantique : environ 25 mosquées et salles de prière
  • Ille-et-Vilaine : environ 20 lieux de culte
  • Finistère : une dizaine
  • Morbihan : 7 à 8 lieux
  • Côtes-d’Armor : 5 à 6 lieux identifiés

Soit un total approximatif de 65 lieux de culte musulman connus en Bretagne.
À noter que la grande majorité de ces mosquées prônent un islam pacifique et républicain.
Mais certaines échappent partiellement au contrôle des institutions officielles.

Y a-t-il des mosquées radicales en Bretagne ?

Les services de renseignement français (DGSI, SCRT) surveillent activement certains lieux.
Selon plusieurs sources concordantes:

  • Une ou deux mosquées brestoises ont été signalées par le passé pour des prêches litigieux.
  • À Rennes / Roazhon, certains imams « non déclarés » ont attiré l’attention, sans suite judiciaire à ce jour.
  • Des conférences ou formations salafistes, parfois organisées de manière informelle, ont été repérées à Nantes / Naoned, surtout avant 2020.

Cependant, aucune mosquée bretonne n’a été officiellement fermée pour radicalisme.
Cela montre un encadrement encore solide, mais qui demande des moyens renforcés.

L’islamisme en ligne : une porte d’entrée en Bretagne

Ce n’est pas dans les mosquées que les jeunes musulmans vivant en Bretagne se radicalisent. Mais sur Internet. sur le réseau Telegram, forums et réseaux sociaux, la propagande islamiste se diffuse en ligne.
Le cas brestois l’illustre. Les jeunes condamnés ont découvert l’idéologie djihadiste via des vidéos et des recruteurs numériques.

Une vigilance bretonne renforcée

Les autorités préfectorales représentant l’État central en Bretagne et de nombreux maires travaillent avec les services de renseignement pour contenir la menace. Des plans de prévention de la radicalisation sont en place dans plusieurs grandes villes bretonnes, en particulier dans les trois grandes métropoles : Rennes / Roazhon, Brest, et Nantes / Naoned.

Le tissu associatif breton, notamment dans les quartiers populaires, joue un rôle crucial.
Associations sportives, culturelles, éducatives : elles maintiennent le lien et évitent l’isolement, terreau de la radicalisation.

La Bretagne doit rester vigilante face à la montée d’un islamisme importé.

La Bretagne n’est pas une terre de haine. Elle n’a jamais été un terrain fertile pour l’islamisme radical. Mais elle n’est plus à l’abri. Le procès de Brest est un avertissement.

La Bretagne doit défendre ses valeurs : respect, diversité, enracinement culturel et solidarité. En restant lucide, en nommant les faits, en soutenant les efforts de prévention. Car la paix ne va jamais de soi.

FOCUS – Un islamisme importé en Bretagne

Contrairement à une idée reçue, l’islamisme radical qui apparaît aujourd’hui en Bretagne n’est ni enraciné historiquement, ni issu de dynamiques locales profondes. Il s’agit, dans une large majorité des cas, d’un islamisme importé, au même titre que les individus qui le véhiculent.

Des profils venus d’ailleurs

Les personnes concernées par des processus de radicalisation sont souvent originaires de régions françaises fortement urbanisées comme l’Île-de-France, la région lyonnaise ou marseillaise. Arrivés en Bretagne dans un second temps, ils y apportent parfois des logiques communautaires et des influences extérieures.

Une population musulmane elle aussi mobile

Les données démographiques montrent que la majorité des musulmans vivant aujourd’hui en Bretagne ne sont pas nés en Bretagne, mais y sont venus par mobilité résidentielle, souvent pour chercher un environnement plus apaisé, ou par relogement social, ou dans le cadre d’une « redistribution » de ces populations fraîchement arrivées dans les grandes métropoles françaises.

L’idéologie suit les flux

Les idées radicales circulent avec les réseaux sociaux, les vidéos en ligne, les influenceurs religieux. Quand elles s’installent en Bretagne, c’est souvent à la suite de connexions personnelles ou familiales extérieures, et non d’une mouvance locale préexistante.

L’islamisme en Bretagne n’est pas né en Bretagne.

Mais s’il est importé, il peut se structurer localement si les conditions lui sont favorables.
D’où l’importance d’une vigilance lucide, adaptée aux réalités territoriales bretonnes.

Islam et islamisme : nos définitions

L’islam est une religion monothéiste, fondée au VIIe siècle par le prophète Mahomet. C’est une foi spirituelle et un mode de vie pour les musulmans, basée sur le Coran (livre sacré) et la Sunna (traditions du Prophète).

L’islamisme est une idéologie politique qui cherche à imposer une interprétation stricte et souvent littérale de l’islam dans la société et l’État. Il ne s’agit pas d’une pratique religieuse, mais d’un projet politique.
Cet article concerne l’islamisme.

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