colonialisme interne

Colonialisme interne : la Loire Atlantique, l’Ulster breton ?

de Ahmed GASSAMA
Publié le Dernière mise à jour le

Colonialisme interne : Entre la Bretagne et le Pays des Galles

La Bretagne historique était composée de cinq départements principaux : les Côtes-d’Armor, le Finistère, l’Ille-et-Vilaine, le Morbihan et la Loire Atlantique. Cependant, il convient de noter que la région ne compte aujourd’hui que quatre départements. La véritable explication de ce changement remonte à une décision prise par le gouvernement de Vichy qui promulgue le décret du 30 juin 1941 (N 2726 et 2736), dans lequel il est décidé d’abandonner la Loire-Atlantique de la Bretagne et de la céder aux Pays de la Loire. Cette loi historique du maréchal Pétain n’est pas passée inaperçue car de nombreux nationalistes ont perçu le décret comme une amputation de la Bretagne (Mélennec 2013, 81).

Historiquement, le territoire gallois était régi par les Actes d’Union introduits par le roi Henri VIII.

Ils ont organisé le pays en neuf comtés, dont Monmouth. Néanmoins, un problème de frontière entre le Pays de Galles et l’Angleterre est apparu, résultat d’une erreur administrative faisant de Monmouth un territoire anglais (Berresford Ellis 1968, 45).

Le problème a été résolu lorsque la loi de 1972 sur le gouvernement local (ch. 70, 345) est entrée en vigueur et a incorporé le comté au Pays de Galles. Aujourd’hui, le Pays de Galles comprend huit comtés, dont Clwyd, Dyfed, Gwent, Gwynedd, Mid Glamorgan, Powys, South Glamorgan et West Glamorgan.
En plus de ce qui a été dit précédemment, l’historien gallois, John Davies (2007, 233), prouve que les Actes d’Union n’ont pas suivi l’ancienne ligne d’Offa’s Dyke et ont par conséquent exclu les districts d’Oswestry et Ewias.

Le nationalisme territorial est très répandu en Bretagne mais manque d’affirmation au Pays de Galles.

Pour mieux approfondir cette question, il est indispensable de préciser que l’essence de l’attachement territorial ne relève pas du nationalisme régional mais plutôt du nationalisme territorial.
La différence entre les deux termes est significative.
Le nationalisme régional est une forme de nationalisme qui ne s’oppose pas à l’appartenance au pouvoir centralisé, alors que le nationalisme territorial, dans ce contexte, fait référence à l’identification de soi comme une nation distincte qui détient une terre séparée du centre. Conformément à cette définition, beaucoup décrivent Nantes / Naoned comme l’Ulster breton après son rattachement aux Pays de la Loire (De Retz 1974 : 5). En substance, le retrait de Nantes de la Bretagne est considéré par les nationalistes comme une amputation de sa région mère.

réunification de la Bretagne

Adunanet vo Iwerzhon. Dizale Breizh ivez. Ster en Istor eo.

L’ensemble du processus est donc perçu dans un cadre colonial.

Cette compréhension est passée de la théorie à la pratique lorsque le conseil municipal de Nantes / Naoned a voté le rattachement à la Bretagne. Les revendications d’unification se sont multipliées à deux reprises lorsque le conseil régional de Bretagne a voté l’organisation d’une consultation nationale sur cette question en 1977 et 2001. La revendication de réunir Nantes / Naoned à la Bretagne s’assimile à la notion même d’irrédentisme. C’est-à-dire que Nantes / Nantes est considérée comme un territoire historique saisi par une entité étrangère; et par conséquent, la réunification est une obligation nationale.

La prévalence de ce théorème a atteint un pic en 2014 lorsque 30.000 Bretons ont manifesté à Nantes / Naoned pour exprimer leur soutien à la réunification.
En 2018, 105.000 habitants de Loire-Atlantique ont signé une pétition pour organiser un référendum sur la question de la réunification et, en 2020, des militants bretons ont annoncé leur souhait de recourir à un référendum en 2024 (Melennec et Gouerou 2021).

Le nationalisme territorial est l’un des piliers du nationalisme breton d’où l’accent est mis sur l’irrédentisme. Selon les nationalistes bretons, cela peut être mis en œuvre en permettant aux Bretons de Loire-Atlantique de retourner dans leur région d’origine.
En bref, la terre bretonne est au cœur même de l’identité bretonne.

Bibliographie

  • Berresford Ellis, Peter. 1968. Wales – A nation again!. London: Tandem Books.
  • Davies, John. 2007. A History of Wales. Revised Edition. London: Penguin Books.
  • De Retz, Garsire. 1974. “Ici Nantes en Ulster.” An Tribann, 1974. Décrets du 30 Juin 1941 (N 2726 et 2736), http://anb.asso.free.fr/02_Histoire_05.htm. Law of 5 July 1972 (n° 72-619), https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000684297/.
  • Mélennec, Louis. 2013. Histoire abrégée de la Bretagne – Le livre bleu de la Bretagne. Gourin : Impri’Plast.
  • Mélennec, Oliver and Christian Gouerou. 2021. “RÉCIT. Retour de Nantes en Bretagne : pourquoi le débat revient régulièrement depuis cinquante ans.” Ouest-France, April 22, 2021. www.ouest-france.fr/bretagne/recit-retour-de-nantes-en-bretagne-pourquoi-le-debatrevient-regulierement-depuis-cinquante-ans-a332576e-a289-11eb-865f-8333e4f65ebb.

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