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François Martin de Vitré (1575-1631)
Apothicaire aventurier de Michel Piriou aux Éditions La Route de la Soie
Un jour que je parlais avec Pierre Gentile d’un livre que j’étais en train d’écrire sur un bateau du XVIIIème siècle en route vers la Chine, il m’a parlé de sa thèse sur un certain François Martin, apothicaire et aventurier. J’ai eu le coup de foudre en lisant l’énorme document sur ce fils d’une famille de médecin dont on a dit qu’il avait ouvert au début du XVIIème siècle la route maritime des Indes aux marchands français ! E
t puis je me suis mis à étudier l’époque, le quotidien rude du simple quidam, terrible s’il est du sexe féminin, j’ai révisé mes leçons d’Histoire, le contexte économique, la politique du moment marquée par les guerres de religion.
J’ai fouillé les archives pour tenter de cerner la vie à Vitré/Gwitreg et celle de François Martin lui-même au travers de ses écrits.
L’homme qui, par ailleurs, a fait preuve d’un esprit scientifique nouveau pour son temps, a rejoint avec facilité le camp des dominants de cette cité commerçante d’envergure internationale. Mon travail de recherche m’a amené à voir que la haute bourgeoisie menait déjà le monde d’alors plus encore que la noblesse. J’avais matière à montrer une époque qui fait écho à la nôtre qu’on dit si moderne. J’ai pu croiser les écrits de Martin et de Pyrard avec ceux des Anglais et des Hollandais rapportés dans l’importante thèse d’Histoire de Guillaume Lelièvre. Ces recoupements m’ont amené à approcher d’une certaine vérité, celle d’une histoire de François Martin de Vitré et un point de vue historique particulier sur la société française.
Les débuts du capitalisme …
À cette époque, l’énorme concentration de capitaux aux mains de grands marchands, à la fois banquiers, fabricants et négociants, l’apparition de monopoles internationaux, étatiques et privés, créent indéniablement les conditions d’un premier âge capitaliste. Un certain Balthazar Moucheron conquérant, individualiste, actif, raisonnablement aventurier, faisait les affaires du prince avec ses navires flamands pour mieux faire les siennes, il traitait avec Henri IV de puissance à puissance.
François Martin a dû jouer un rôle politique de premier plan dans ce qu’on pourrait appeler les fondations de la compagnie des Indes françaises.
Qu’on le sache ou pas, qu’on se le dise ou pas, qu’en s’en réjouisse ou pas, le monde appartient aux marchands depuis que l’être humain fait du commerce.