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Les Ombres du Porhoët : le mot de l’éditeur
Les Éditions des Montagnes Noires ont voulu publier ce livre pour au moins trois raisons.
D’abord pour le projet très original de Gilles Tenoux avec ces portraits, un genre tombé en désuétude, avec comme fond de langue la littérature française sur cinq siècles.
Également pour le lieu, le centre de la Bretagne, le pays de la forêt, trop peu souvent mis en scène.
Enfin la troisième raison est un coup de coeur sur l’écriture, avec une alternance d’humour et de gravité, de descriptions et de réflexions sur la vie des habitants du centre Bretagne que l’auteur nous donne à découvrir.
Présentation du livre
Les Ombres du Porhoët est une anthologie de la littérature française présentée à travers la généalogie d’une famille bretonne.
Cette symphonie de portraits de laboureurs, de bûcherons, de meuniers, de filandières… donne à entendre la musique de la langue que parlaient ces voisins de la forêt de Lanouée entre 1500 et 2000.
Ainsi le lecteur remonte le temps avec les petites histoires d’une famille, en passant de l’une à l’autre. Quatre-vingt-dix auteurs et autrices, pour autant de portraits « à la manière de ». On retrouve la langue de Voltaire, Rabelais, Marivaux. Mais aussi la verve de Raymond Queneau ou Beroalde de Verville. Sans oublier les femmes : Marguerite de Navarre, Madame de Sévigné ou Madame du Deffand. Un festival de vocabulaire, de tournures de phrases : parfois désuètes, souvent charmantes, toujours justes.
Et puis quelques dessins à la plume …
… évoquent les chemins et les bourgs souvent organisés autour de leur église. Dont Lanouée, le Cambout, Guégon, Mohon, Plumieux, Guéhenno, Josselin et son fameux château…
En lisant ce livre, vous tomberez sous le charme de ce pays de landes, de rivières et de forêt.
A propos de l’auteur
Breton, Gilles Tenoux, né à Paris, est originaire du centre de la Bretagne : le Porhoët. Linguiste de formation, il a déjà publié deux livres. Un premier roman Les Choix Imparfaits en 2014 et un thriller Promets-moi, Dimitri en 2017.
Il a mené sa carrière professionnelle entre Paris, Lyon et Nantes comme administrateur territorial. Spécialiste de la formation professionnelle, la transmission des connaissances le passionne. Après avoir été directeur des Ressources Humaines de Nantes-métropole, il est aujourd’hui chargé de mission et s’occupe de la journée citoyenne de la propreté. Il a été président dix ans de Stradivaria, l’orchestre baroque de Nantes.
Il partage son temps entre Nantes, Saint-Gildas-de-Rhuys et Lanouée. Quand il n’écrit pas, il chante avec Kan ar Vro… en breton.
Rencontre avec l’auteur
Pourquoi écrivez-vous ?
J’ai toujours écrit. Le besoin de coucher par écrit des idées, des pensées, des bouts de phrases, des vers, des morceaux de dialogue, des refrains. Puis, j’écris pour m’amuser et partager mes réflexions. J’ai toujours avec moi un carnet sur lequel je note mes idées. J’en ai ainsi des dizaines où je puise quand j’en ai envie.
Vous dessinez également
Oui, c’est une passion qui ne m’a jamais quitté. J’aime me promener et au détour d’un sentier ou d’une grève, croquer une chapelle, une église, des rochers, des paysages. Je pose des traces d’encre qui prennent forme petit à petit. Les dessins, parce que c’est plus lent que la photo, moins instantané, m’ont aidé à retrouver les paysages de ce pays.
Pourquoi ce livre ?
Où que j’aille, quoi que je fasse, je reste profondément attaché à cette terre du Porhoët. Mes souvenirs commencent là. Cela fait partie de mon identité. Disons que c’est une recherche et une affirmation identitaire au travers d’une passion généalogique. Accumuler des dates me faisait penser que je passais à côté des personnes réelles. Alors, j’ai « mis de la chair » autour de leurs vieux os.
Pour cela, passionné par le langage, j’ai voulu retrouver la musique de la langue que pouvaient parler ces gens. Mais écrire en gallo aurait condamné le livre à devoir être traduit. Alors, je me suis aidé des écrivains des différentes époques. J’ai pris beaucoup de plaisir à ce travail de longue haleine.
Combien de temps avez-vous mis pour écrire ce livre ?
Un peu plus de six ans. Mon précédent roman, j’avais mis huit mois ! Là, il m’a fallu lire de nombreux textes sur la Bretagne, sur les conditions de vie des laboureurs, des meuniers, des tailleurs d’habits des XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Il a fallu me plonger dans des centaines d’auteurs pour trouver ceux qui me plaisaient le plus, en dehors de ceux que je connaissais. J’ai ainsi fait de véritables découvertes.
Quels auteurs avez-vous découverts ?
Pierre Gassendi, Madame du Deffand, Madame Riccoboni, Abraham du Vermeil, Dubartas, Félicité de Genlis, Marie-Catherine d’Aulnoy, Beroalde de Virville… Beaucoup d’auteurs des XVIe et XVIIe siècles dont je suis loin d’être spécialiste. Et beaucoup de femmes dont on parle trop peu à l’école. Par ailleurs, j’ai redécouvert des écrivains comme Montaigne ou Diderot et d’autres. Il m’a été beaucoup plus agréable d’apprécier ces auteurs dont je partage aujourd’hui les préoccupations, au point de vouloir écrire à leur manière.
Trois extraits …
Portrait de Jeannine Boschet à la manière de Marguerite Duras
« […] le soir dans la petite chambre qui fait salon et salle à manger, Jeanine dort avec sa soeur. Elle ne parle à personne de sa candidature aux PTT. Son premier job. Standardiste. Rue des Archives. Toute la famille l’envie. Elle est si belle. Grande élancée, avec ses hauts talons, sa jupe droite fendue, son petit corsage, ses cheveux qui tombent en boucles sur les épaules. Et son sourire. Tout le monde dit qu’elle est belle. Robert le lui a écrit de Brest tous les jours. Le Robert, il est tombé fou amoureux. Ça a failli capoter. Les deux belles-mères ont tout essayé, en vain. Ça recommence disent les deux Félicie. Leur amour est le plus fort. Il lui dira tout au long de sa vie. Toujours émerveillante. »
Portrait de Yves Calmet à la manière de Montaigne
« Tout est grossier chez moy et ne vaut pas tripette. J’ay la taille forte et ramassée ; le visage, non pas gras, mais plein ; la complexion entre le jovial et le mélancolique, moyennement sanguine et chaude, la santé fort allègre, jusques bien avant en mon âge, rarement troublé par les maladies. Je suis d’une taille un peu au-dessous de la moyenne : ce défaut n’a pas seulement de la laideur mais encore de l’incommodité à ceux mêmement qui ont des commandements et comme je n’en ay point cela devient une qualité que les belles savent apprécier.
Mon cheveu est rare depuis que ma jeunesse est dépassée et mon bras n’a d’adresse ni de disposition à l’effort. Ce que je serai dorénavant, ce ne sera qu’un demi-être, ce ne sera plus moy ; je m’échappe tous les jours et me dérobe à moi. Mes dispositions corporelles sont, en somme, bien accordantes à celles de mon ame. Il n’y a rien d’allègre ; il y a seulement une vigueur pleine et ferme. Je dure bien à la peine alors que mon enfance a été conduite d’une façon molle et libre, et exempte de sujétion douloureuse. Tout cela m’a formé une complexion délicate et incapable de sollicitude. »
Portrait de Louis Pencolé à la manière de Mme du Deffand
« Louis Pencolé est né sans parents, sans appui, sans fortune dans un pays où poussent les pierres mieux que les blez ; il n’a eu que l’éducation commune qu’on donne à tous les enfants des laboureurs ; du travail et du travail et parfois des contes dans lesquels les enfants puisent les rêves qui les animeront dans leur âge adulte ; personne ne s’occupa, dans sa jeunesse, à cultiver son esprit, ni à former son caractère. A l’âge où le goût ne se déclare encore que par les premiers mouvements, où l’âme n’a que l’instinct, où enfin, il sentait en attendant de réfléchir, Louis inspirait déjà du respect et de l’admiration mais ce n’est pas ce qu’il voulait. Il désirait ne pas se distinguer et rester aussi humble que bon. Il obtint l’un et l’autre sans nul effort.
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Les Ombres du Porhoët