Sommaire
Avant de lire un livre, il y a ses couvertures.
Et sur Le Souffle Breton de Loïg Chesnais-Girard, le ton est donné sur les deux couvertures.
Recto, un carte de … Bretagne.
Loïg Chesnais Girard est président de la région n’administrant que quatre des cinq départements de Bretagne. Cependant la Bretagne qui apparaît sur la couverture de Le Souffle Breton est bien entière,. Donc avec Nantes et la Loire Atlantique. C’est vrai qu’un livre comme il s’en écrit tant par les politiques quelques mois avant des élections, se devait ici présenter une Bretagne déjà réunifiée. C’eût été un mauvais départ que d’afficher une carte de Bretagne amputée.
Sur cette carte, la Bretagne occidentale est Gwenn ha Du, puis elle devient vite tricolore en allant vers l’est, vers Paris. Le message est clair. Et le sous-titre l’est plus encore : « Une région pour la République« .
Pour l’Auteur, cette région n’aurait qu’une vocation : n’exister que pour la République ?
Après tout, pourquoi s’en étonner : Loïg Chesnais-Girard est membre du Parti Socialiste, qui compte parmi les principaux fossoyeurs de la Bretagne.
Et le verso de Le Souffle Breton ?
« Transition agricole, numérique, démocratique, environnementale … le président d’une Région – la Bretagne – réfléchit sur les territoires et métropoles qui, loin de Paris, feront vivre demain la République dans l’Europe« .
Bretonnes et Bretons, vous êtes prévenus. Ce souffle breton n’a pas vocation à faire vivre la Bretagne, et donc nous ses habitants. Pas même ses quatre cinquièmes de région administrative. Non, mais « faire vivre demain la République dans l’Europe » (à moins que ce ne soit l’union Européenne).
Ensuite quelques 125 pages très convenues …
Avec cette permanence de l’En Même Temps inventée par les Marcheurs, mais qui va si bien également aux Socialistes.
Sur la réunification ….
Page 86 : « Chaque région, chaque territoire porte en son sein des singularités. Mais peu de régions sont un territoire. C’est le cas de la Bretagne à cinq, et la force de notre histoire et de notre ambition collective conduira nécessairement un jour au rapprochement de la région vécue et de la région administrative« .
Mais Loïg, votre ambition n’est-elle pas En Même Temps, que le « territoire » dont vous parlez ne soit « qu’une région pour la République » ?
Un « rapprochement de la région vécue et de la région administrative » : le mot « réunification » aurait été plus explicite. Mais vous préférez le terme de « rapprochement« , plus compatible avec ce « grand ouest » fantasmé par celles et ceux qui en Bretagne, ne sont là que pour mettre doucement en place les programmes que nous concoctent les technocrates parisiens.
Puis quatre pages plus loin …
« … La Bretagne a une chance remarquable : c’est son maillage de villes« . Et là, vous citez Rennes, Brest et Lorient, Quimper, Vannes, Redon, Vitré, Fougères, Saint Malo et Saint Brieuc, Guingamp, Lannion et Morlaix. Pas une seule ville de Loire Atlantique dans votre énumération des villes de « Bretagne« . Vous savez, ce « territoire » affiché sur votre belle couverture.
Et toujours cette confusion entre Bretagne et région Bretagne administrative. Erreur, inculture ou volonté de désinformation ? A force de nous écrire que la région Bretagne administrative est la Bretagne, vous pensez que vous arriverez à nous faire oublier notre Loire Atlantique ?
Sur la langue bretonne …
Magnifique passage à la page 120.
« Le breton est une langue de France … Une langue disparaît tous les quinze jours … Je veux poursuivre le combat pour que vive, au présent, dans la modernité de notre temps, dans la construction de l’avenir, notre langue bretonne … » suivent deux pages vibrantes de tout l’amour que vous portez à votre prénom breton, à nos grands auteurs brittophones, à notre langue merveilleuse. C’est bon comme du kouign-amann !
Loïg, vous êtes le président d’une administration qui consacre 0,47% de son ridicule budget a cette langue bretonne que vous aimez tant … dans quelques pages de votre ouvrage.
Tout ceci sonne faux, dans cet En Même Temps permanent, sorte de grand écart souhaitant satisfaire le plus grand nombre. Ou ce que vous écrivez est vrai et vous doublez, triplez, quadruplez sans délai ce minable 0,47%; ou ce ne sont que des sornettes de campagne électorales.
Sur la démocratie …
Page 29, « … il faut oser, inventer de nouvelles manières de faire, construire de nouveaux réflexes. Il faut sortir des textes nationaux qui autorisent en amont l’innovation au cas par cas des territoires, qui valident chaque projet de développement local. Il faut permettre les solutions construites par des élus locaux … »
Quel dommage que vous ne soyez pas président de la région Bretagne administrative.
Sur l’agriculture, sur l’environnement, sur le numérique …
Pour l’agriculture, la Bretagne n’est pour vous sans doute qu’une « région pour (nourrir) la République« . Le principal garde-manger de cette République qui nous prend tant et nous donne si peu.
Le mieux encore est de lire Le Souffle Breton.
Une énumération d’espoirs dans un souffle court.
Un remplissage pré-électoral.
Vous nous re-promettez aujourd’hui de faire demain ce que vous pouviez faire hier, et que vous n’avez pas fait.
Pourquoi devrions-nous, encore, vous re-croire ?
Vous êtes là pour mettre en place en région Bretagne administrative les directives du pouvoir central. La Bretagne étant ce qu’elle est, vous devez teinter vos propos d’un zeste de bretonnité et de Breizhwashing. Juste assez pour plaire aux électeurs et pas de trop pour déplaire à votre parti politique jacobin et au pouvoir central qui vous observent et à qui vous obéissez.
Je ne doute pas un instant que vous aimiez la Bretagne. Mais vous l’aimez superficiellement. Pas suffisamment pour la servir.
La Bretagne, s’en servir, l’asservir ou la servir.
Certains politiques usent et abusent de ces trois méthodes. Souvent subtilement dosées.
Avec vos mots « une région pour la République« , je laisse le soin au Lecteur de vous ranger dans une de ces catégories. En Bretagne, nous avons besoin de leaders politiques pour servir la Bretagne, la région, (le « territoire » !!). Nous avons trop de suiveurs qui s’en servent et l’asservissent.
Le sens de vos priorités se trouve rappelé à la page 25 de Le Souffle Breton : « Citoyen européen, citoyen de la République française, citoyen breton ... ».
La Bretagne et ses habitants ont besoin d’une femme ou d’un homme qui commencera sa phrase par « citoyen breton« . Le sens de votre phrase condamne tout simplement la Bretagne à disparaître pour « faire vivre la République dans l’Europe« .
L’Europe, comme vous le dites si bien, est en mouvement.
Partout, des régions (des « territoires« ) s’émancipent des tutelles centrales, pour devenir autonomes, et faire respirer la Démocratie, décoller leurs économies, développer leurs langues et leurs cultures … En Bretagne, nous sommes dans un carcan bien serré par Paris, sans pouvoirs, sans budgets … et vous en êtes le fidèle gardien.
Trois contributeurs interviennent également dans Le Souffle Breton de loïg Chesnais-Girard.
L’écrivain Erik ORSENNA, Gilles HUET de Eaux et Rivières, et Emmanuel ETHIS Recteur d’académie nommé par le pouvoir central.
Édité en Bretagne chez Locus Solus et imprimé en Bretagne chez Cloître Imprimeurs.
3 commentaires
Que dire ? C’est clair il est pour la réunification, et il n’a pas attendu la campagne électorale, il n’est pas nationaliste breton, c’est évident comme 95% des Bretons, le seul nationaliste sera le tête de liste du PB , c’est bien peu ! Je crois qu’il y aurait pu avoir pire. Qui seront dans la prochaine mandature, le vice-président à la culture, à la langue bretonne, à la présidence d’Ofis ar brezhoneg ? On peut s’attendre à tout, je suis déja inquiet !
Entre Loïg Chesnais-Girard, socialiste aligné sur Paris ayant voté Macron aux deux tours des dernières présidentielles, et les nationalistes, il doit bien y avoir des intermédiaires plus efficaces pour défendre les intérêts de la Bretagne. Le budget qu’accorde ce président au brezhoneg représente 0,47% du budget global. Répétons ensemble : zéro, virgule, quarante sept pour cent (0,47%). Pire, ce serait quoi ?
Trugarez deoc’h
Oui bien entendu que l’on peut avoir pire ,à savoir Pennelle ,FI également mais apparemment ils sont mal partis .A la limite heureusement qu’il y a des listes souverainistes françaises et une en principe à demie bretonne ‘Chauvel ) qui vont enlever des suffrages au RN ,seulement reste à savoir ce qu’il se passera au deuxième tour ? Il y a une incertitude ,peut être une inquiétude ,l’homme Loire Bretagne ,Burlot que je soupçonne d’être favorable à la fusion Bretagne PDL .Il est à nouveau question qu’il s’allie à Chesnay Girard . je suis de plus en plus déçu par celui ci , bien que honnête , en principe par rapport à d’autres politique ,il n’est pas l’homme de la situation dans une Bretagne de plus en plus agressée par le pouvoir francilien .La politique de gestion de la crise du covid est inadaptée
à la spécificité de la configuration péninsulaire de la Bretagne qui était relativement épargnée ,si un pouvoir breton avait eu la compétence pour la gérer nous serions dans une situation normale quitte à contrôler les entrées aux frontières de la péninsule .Le président du conseil régional n’a pas levé le petit doigt quand le pouvoir central laisse ,voir incite au déferlement de parisiens qu’il soient d’origine bretonne ou pas ,décision irresponsable au risque d’aggraver la pandémie en Bretagne d’autant que les variants sont de plus en plus contagieux .Voilà une thématique qui fait une certaine unanimité dans la population bretonne ,le président B4 aurait du au minimum protester .Actuellement le mouvement breton dans son ensemble reste bloqué sur deux thématiques aussi légitimes soit t-elles ,à savoir la langue bretonne et la réunification . Le pouvoir central doit se dire tant qu’il aura ces deux os à ronger ,cette mouvance bretonne va rester dans une certaine marginalité et ne fédérera pas la population bretonne sur d’autres thématiques auxquelles elle serait bien plus en adéquation ,à savoir cette crise covid ,et aussi celles liées à la situation économique fermeture d’entreprises comme celle voulue de Hop à Morlaix ,difficultés de Brittany ferries fonderie de Bretagne nokia ,problème de l’agriculture ,conséquences du brexit et j’en passe .