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863 marque donc une nouvelle victoire diplomatique et militaire de Salomon sur son adversaire le roi Charles le Chauve.
En 867 les Bretons vont récidiver.
Et là il est question des Marches de Bretagne. Ce sont ces fortifications qui ont sans cesse reculé du fait des coups de boutoirs des Bretons. Et là, elles sont arrivées au niveau du Mans. Et celui qui les garde n’est autre que Robert le Fort qui est le champion de Charles le Chauve, et qui sera d’ailleurs l’arrière grand-père de Hugues Capet. Donc on est vraiment sur une élite, sur un grand guerrier. Et bien ce grand guerrier va être tout d’abord défait au Mans.
Les Bretons et les Vikings vont razzier complètement le Mans et les campagnes environnantes. Mais Robert le fort en fin stratège sait que pour leur retour ils ont deux choix pour franchir la Sarthe. En effet, il n’y a que deux endroits possibles pour franchir la Sarthe. L’un de ces endroits est Brissarthe. Il lance son armée à l’assaut des Bretons et des Vikings et les coince effectivement. Alors, on pense que la cause est gagnés pour Robert le Fort.
Mais dans un ultime sursaut les Vikings et les Bretons vont se ressaisir pour remporter la victoire. Au passage Robert le Fort sera tué. C’est une catastrophe pour Charles le Chauve. Car non seulement il perd encore cette région mais surtout son meilleur guerrier. Et là il va devoir négocier, donner les terres supplémentaires à Salomon. En l’occurrence les îles anglo-normandes, tout le Cotentin.
La Bretagne ne sera jamais aussi étendue que sous le règne du roi Salomon.
Nous sommes au village du Gué, à une centaine de mètres du centre de Plélan-le-Grand / Plelann Veur. Le village du Gué et la paroisse primitive qui entourait la motte féodale que vous pouvez découvrir derrière les arbres qui sont fond de l’image. Cette motte féodale à d’abord été créé par Judicaël puis reprise à son compte par Salomon. L’hiver c’était les marécages qui la défendaient, et en été la petite rivière abondait les douves. A quelques centaines de mètres plus haut se trouve le lieu-dit Plaisance. Ainsi nommé en souvenir de cet endroit qu’affectionnait particulièrement Salomon. Il aimait s’y reposer; et peut-être prendre les décisions importantes du royaume.
Plélan le Grand / Plelann Veur est un axe important dans le pouvoir décisionnaire royal breton. A quelques kilomètres de Rennes / Roazhon. Également a quelques kilomètres de Nantes / Naoned . On borde la Forêt de Brocéliande, qui aurait été d’ailleurs créé de toutes pièces par Salomon.
Salomon a conduit ici sa politique agraire.
Salomon est le roi qui s’est recentré sur la Bretagne, qui a créé les meilleurs postes pour les puissants, mais en les contrôlant. Car il a repris à son compte ce qu’il y avait de bons chez les Francs : les missi dominici pour pouvoir toujours avoir un oeil sur ce qui se passe sur ses terres. Et surtout pour pouvoir empêcher les grands du Royaume de Bretagne de commettre aussi des actions et des abus sur les plus faibles. D’ailleurs c’est pour cela qu’il a été aimé de son peuple.
On imagine ici des militaires, des gardes, des paysans, des intellectuels, des architectes, des ingénieurs agronomes qui ont développé l’intérieur de la Bretagne.
On est vraiment sur un pouvoir central bien maîtrisé pour un pays à taille humaine. Plélan-le-Grand / Plelann Veur pourrait être considéré comme étant le Versailles breton de l’époque de Salomon.
La Bretagne était très, très, très riche.
Vu sa situation géographique, elle l’a toujours été bien sûr. (Même à cette époque-là ?). Évidemment ! On ne pouvait pas aller du nord, comme par exemple de Londres, ou du Danemark, à la Méditerranée sans passer par les côtes bretonnes. Car on n’allait jamais au large, car on avait peur. On ne savait pas naviguer au large, donc on faisait des petits bonds sur les côtes.
Donc il fallait passer par la Bretagne. Ainsi, Le Conquet / Konk Leon, pas très loin d’ici, fut l’un des endroits les plus importants d’Europe du point de vue économique. Puisqu’on ne pouvait pas aller du sud de l’Europe, de la Méditerranée ou du Golfe de Gascogne à la Mer du Nord sans passer par la Bretagne. D’où la richesse gigantesque des souverains de Bretagne. Donc leur importance économique et politique. Puisque même au XIIIe siècle le Duc de Bretagne était un des princes d’occident parmi les plus riches.
Place du Roi Salomon à Maxent / Skirioù-Masen.
J’ai les pieds dans ce que fut la nef de la primo-église bâtie par le Roi Salomon en 860. Salomon qui avait voulu faire de l’endroit un centre spirituel qui rayonne à travers la Bretagne, et même au delà. Il y avait bâti un monastère qui accueillit les moines de Redon, plus ceux du Poitou. Il voulait en faire la nécropole royale. D’ailleurs sa femme est enterrée à Maxen / Skirioù-Masen. Puis il voulait aussi que ses restes lui survivent ici après sa mort.
L’endroit nous permet de saisir la dimension spirituelle du Roi Salomon.
Cela fait vraiment partie de son adn. Lorsque la Bretagne allait jusqu’au Cotentin et l’Anjou, il a voulu faire douze évêchés, et ainsi constituer un archevêché. Sa correspondance avec Rome était très fournie. D’ailleurs un jour et s’est fendu d’un cadeau somptueux envers le pape pour racheter ses fautes. Et je dis bien à « ses fautes », car on a souvent cru qu’il était rongé de remords pour l’assassinat d’Erispoê.
Cela n’est pas si sûr!
« Une mule avec son harnachement d’une valeur de trois cent sous. Une couronne d’or et de pierres précieuses estimé à neuf cent sous. Trente tunique de lin fin. Et trente draps brodés de différentes couleurs. Trente pots de verre. Soixante paires de chaussures pour le personnel. Et par dessus tout une statue à son image toute en or et grandeur nature« . Voilà les cadeaux qu’a adressé le Roi Salomon au Pape Adrien II en 871.
Alors pourquoi une telle générosité ?
Beaucoup disent que c’est parce que Salomon a voulu marquer son péché, c’est à dire l’assassinat de Erispoë. Et bien Esther DEHOUX s’est penché sur cette lettre qui a été exhumé du cartulaire de Redon. Elle a bien étudié les locutions latines employées par Salomon, et il en relève que non, il ne s’agit pas de cela. Car Salomon précise « des péchés » ou « de ses péchés« . Alors cette sémantique révèle une chose : c’est que Salomon en vue de nettoyer son royaume de Bretagne de tous les péchés. Ce faisant ils accèderait à la parousie.
Alors qu’est ce que la parousie ?
La parousie c’est l’avènement, le second avènement du Christ dans son royaume. C’est la quête du Graal de tous les rois carolingiens qui eux aussi ont cette pratique. Ils se disent roi de droit divin, et par là-même Salomon se dit roi de droit divin. Pour lui il n’y a aucun problème quant à l’assassinat de Erispoë. Il l’a fait parce que c’était sa mission sur terre. Parce que lui aussi est dépêché par le Très Haut pour régner sur la Bretagne. Et le fait est, que le pape ne va pas dire non. Le pape va accepter les cadeaux. Il va y avoir un grand silence sur cette question, qui va laisser le champ libre à Salomon pour créer énormément de monastères, de prieurés et d’abbayes.
De plus en augmentant la taille de son royaume, du Cotentin aux îles anglo-normandes, en passant par le pays des deux rivières jusqu’à l’Anjou, il possédera douze évêché. C’est à dire un archevêché complet qui va élever la Bretagne au rang d’une super puissance spirituelle.
De plus il est l’égal de tous les rois de droit divin.
Le voici propulsé comme l’un des grands d’Europe.
Image de couverture extraite de www.louis-melennec.fr
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