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La Bretagne en retard sur les réseaux sociaux : éléments de réponse
Depuis plusieurs années, j’ai, de par mon travail, pu saisir, sans en comprendre forcément tous les rouages, le pouvoir des réseaux sociaux dans notre société. Ces outils permettent de diffuser aisément des idées dans les couches les plus larges de la population. Or, à mes yeux, la Bretagne (ou plus précisément le mouvement breton, qu’il soit culturel ou politique) a actuellement pris un certain retard et ne profite pas pleinement de cette opportunité.
Pourquoi ?
Bien entendu, il serait erroné d’affirmer que la Bretagne est invisible sur la Toile. Au contraire, elle s’avère, proportionnellement, particulièrement bien représentée. Le breton (200 000 locuteurs) est la 78e langue comptant le plus d’articles traduits sur Wikipédia, devant le kirghize (6,7 millions de locuteurs), l’irlandais (1,9 million) et même le tagalog (83 millions).
L’on compte aussi une multitude de sites et de pages portant sur l’Histoire, la culture ou le tourisme en Bretagne, des artistes partagent quotidiennement leurs créations liées à notre terre sur les réseaux, et quelques YouTubeurs, à l’instar des excellents Istoerioù Breizh et Bretonne (de Groix / Enez Groe), ont fait de ce créneau le leur.
Les nouvelles tendances d’Internet
Cependant, Internet évoluant de manière toujours plus exponentielle, la Bretagne semble aujourd’hui peiner à suivre le rythme et les nouvelles tendances, demeurant ainsi parfois ancrée dans un modèle dépassé, peu susceptible de toucher un jeune public. Pourtant, la sensibilisation de la nouvelle génération à l’identité bretonne et aux enjeux sociétaux spécifiques à la Bretagne est indispensable pour, qu’en tant que peuple, nous puissions nous inscrire dans une perspective future.
Je fais ici allusion à ce phénomène, qui a désormais fait de l’image l’un des moyens d’expression les plus puissants à l’heure de l’ère numérique. TikTok, les Reels sur Instagram, les Shorts sur YouTube… les formats courts sont aujourd’hui de mise, pour le pire, mais aussi pour le meilleur. Ces formats succincts permettent en effet de faire passer un message en peu, voire sans mots du tout. Qu’on le veuille ou non, il s’agit d’une réalité, avec laquelle il est nécessaire de jouer pour ne pas rester en marge du mouvement.
Chez les Bouriates, Nénètses et Khakasses … mais pas en Bretagne ?
Ayant vécu plusieurs années en Russie, pays multiculturel composé de près de 200 peuples autochtones, j’ai pu constater comment les ethnies minoritaires locales mettent activement en avant leur identité sur les réseaux sociaux. Cela se fait par exemple par le biais de très courtes vidéos, impliquant des personnes en costumes traditionnels dansant sur des musiques à la mode ou reprenant à leur sauce des tendances TikTok mondiales. Il s’agit d’un excellent moyen d’attirer un public jeune, en surfant sur les formats en vogue, tout en mettant l’accent sur un héritage culturel authentique afin d’inscrire une identité précise dans l’air du temps. Les images parlant plus que les mots, vous trouverez dans le slide suivant divers exemples.
Ces vidéos ont été réalisées par des Bouriates, Nénètses et Khakasses, peuples ne comptant qu’un total d’environ 700 000 personnes, mais qui sont à l’origine de centaines de publications de ce type. Or, après recherche, je n’ai trouvé strictement aucune vidéo similaire concernant les Bretons, pourtant forts d’une population de plusieurs millions d’âmes.
Bretagne en retard sur les réseaux sociaux : c concerne aussi les photographies.
Si trouver un cliché d’une femme bouriate posant professionnellement en tenue ancestrale dans la steppe ou sur la rive du lac Baïkal ne pose aucun problème, impossible de mettre la main sur une photographie de Bretonne en costume traditionnel sur fond des monts d’Arrée (même devant un paysage maritime cela s’avère difficile).
La Bretagne ne manque pourtant pas de talents. Avec un nombre conséquent de bagadoù et de cercles celtiques (la confédération Kenleur revendique par exemple un total de plus de 20 000 membres), nous disposons des ressources suffisantes pour nous adonner à ce genre de productions, qui ne requièrent, si ce n’est les costumes, une pincée d’inventivité, et un zeste de temps, que peu de choses.
Le champ des possibles est en réalité infini : vidéo d’une gavotte autour d’un menhir ou d’un joueur de binioù dans le chaos rocheux d’Huelgoat, shooting photo en costume au sommet du Roc’h Trédudon ou à la Pointe du Raz / Beg ar Raz, courte chorégraphie en costumes sur un hit actuel…
Et même les partis politiques bretons …
Cette sous-utilisation des réseaux sociaux concerne également les partis politiques bretons, qui y sont tout bonnement invisibles, ne diffusant que sporadiquement des publications au format souvent désuet, alors que ces plateformes pourraient être pour eux de merveilleux tremplins.
Pour conclure, ne souhaitant cependant pas être uniquement dans la critique passive, j’annonce ici mon intention de dévoiler prochainement un modeste mais sympathique projet qui, si collectivement bien mené, fera office, je l’espère, de première impulsion à une nouvelle étape de modernisation de la présence bretonne en ligne.
8 commentaires
« impossible de mettre la main sur une photographie de Bretonne en costume traditionnel sur fond des monts d’Arrée »
Il suffit de 30 secondes pour faire une recherche #Costumebreton sur instagram pour trouver des centaines de clichés tous plus beaux les uns que les autres.
30 autres secondes pour voir toutes les vidéos et stories des bagadoù, cercles, youtuber, et médias bretons ou en breton.
C’est dingue, tout le « bilan pessimiste » écrit dans cet article est faux à 100%, pourquoi vous laissez passer de telles énormités à Nhu, il n’y a pas de relecture des articles avant de publier des sottises pareilles ?
Il semble y avoir une autre compréhension de ce que dit l’auteur de cet article. Erwann regrette de ne pas voir sur Internet le genre de photo/vidéo semblable à la vidéo qui figure dans son article. Bien sûr qu’il existe sur Internet tout ce que vous dites. Mar plij, trouvez nous une vidéo « moderne » du même type que celle dans l’article.
Aucun article n’est publié dans NHU Bretagne sans avoir été relu par un comité de lecture de trois personnes.
Merci de nous suivre et de commenter.
Euhhh, nan mais c’est quoi ce degré de mauvaise foi ? Je réponds à une phrase précise de l’article :
« impossible de mettre la main sur une photographie de Bretonne en costume traditionnel sur fond des monts d’Arrée »
C’est sans interprétation possible, ce qu’il dit est clair et ce qu’il dit est faux.
Si vous avez relu cet article c’est encore pire, ça veut dire que vous ne comprenez même pas le problème que pose cet article, c’est grave quand même d’écrire n’importe quoi sur un sujet qu’on ne connaît absolument pas…
Bonjour. La mauvaise foi ne semble pas du côté que vous évoquez. Je suis l’auteur de ce texte, et je vous mets donc au défi de me trouver une photographie contemporaine de femme en costume traditionnel devant les paysages des monts d’Arrée. J’ai cherché longuement, je n’ai rien trouvé. Je faisais la comparaison avec le peuple bouriate (qui ne compte que quelques centaines de milliers de représentants), pour lequel trouver une photo moderne de femme en costume traditionnel sur la rive du Baïkal ne demandera pas plus de 10 secondes. Mais si vous parvenez à démontrer que j’ai tort, je n’en serai évidemment qu’heureux, puisque cela sera une bonne chose pour la Bretagne. Je n’ai aucun intérêt à affirmer l’inverse.
Bonjour. Je suis l’auteur de ce texte, et sans vouloir jouer le jeu de l’aggressivité, la mauvaise foi n’est clairement pas de notre côté. Puisque vous réagissez à cette phrase précise, je vous mets au défi de me trouver une photographie contemporaine de Bretonne en costume traditionnel devant les paysages des monts d’Arrée. J’ai longuement cherché, je n’ai rien trouvé.
Ce fait peut être mis en parallèle, comme je l’ai justement fait, avec les quelques secondes qui suffiront à trouver des clichés modernes de femmes bouriates (peuple ne comptant que 500 000 représentants environ, soit près de dix fois mois qu’il n’y a de Bretons) en costume traditionnel sur les rives du lac Baïkal.
Les peuples du monde entier ont compris l’intérêt des réseaux sociaux pour afficher leur identité, même nos cousins Irlandais, Écossais ou Gallois le font à merveille – vous trouverez chez eux une multitude de vidéo de format TikTok avec des joueurs de harpe ou de cornemuse dans des paysages enchanteurs, ou d’individus en costume traditionnel. En Bretagne, cela n’existe tout simplement pas.
J’ai mis 3 secondes à trouver de telles photos, vous êtes ridicule…
https://www.instagram.com/p/Cu9sbwtNiqx/?utm_source=ig_web_copy_link&igsh=MzRlODBiNWFlZA==
https://www.instagram.com/p/Cg_5Dl-N9Z4/?utm_source=ig_web_copy_link&igsh=MzRlODBiNWFlZA==
https://www.instagram.com/p/BY0hNJPFMJ1/?utm_source=ig_web_copy_link&igsh=MzRlODBiNWFlZA==
https://www.instagram.com/p/Crkhw2qL8zU/?utm_source=ig_web_copy_link&igsh=MzRlODBiNWFlZA==
https://www.instagram.com/p/ChKMr-CrAI0/?utm_source=ig_web_copy_link&igsh=MzRlODBiNWFlZA==
https://www.instagram.com/p/Cu_ajJ-tc3F/?utm_source=ig_web_copy_link&igsh=MzRlODBiNWFlZA==
Le souci c’est que vous ne connaissez clairement pas les réseaux sociaux, vous en avez une connaissance superficielle et vous venez vous poser en donneur de leçons alors que vous êtes incapable de faire la différence entre une présence réelle des Bretons (culture, danse, musique, langue, géographie et patimoine…) et le fait qu’un peuple inconnu de Russie poste une simple vidéo qui vous a plu.
Aussi jolie que soit cette vidéo, elle ne représente rien face à la présence massive des cercles, bagads, et autres associations culturelles bretonnes, et de cette simple vidéo vous pondez un article complètement à l’ouest.
Bonjour Ewen. On dit et écrit « bagadoù » et non « bagads » 🙂 Trugarez
Pour le reste, l’auteur de l’article vous répondra sans doute
Je connais très bien les réseaux sociaux, puisque je bosse depuis plusieurs années dans ce domaine. Les photographies que vous m’avez présentées, je les connais. Or, en étudiant la localisation, on se rend compte qu’aucun de ces clichés n’a été créé dans les monts d’Arrée. Je constate donc, comme je m’en doutais, que vous n’êtes pas en mesure de me trouver une photo prise à cet endroit pourtant central dans la culture bretonne.
Par ailleurs, la quasi totalité des images envoyées sont des portraits, qui ne permettent aucunement de reconnaître l’endroit où ils ont été réalisés. Des portraits de gens en costumes bretons, il y en a des centaines, et je ne le nie nullement. Néanmoins, si je parle de costumes SUR FOND DE PAYSAGES, il est évident que ces derniers doivent être reconnaissables afin d’ancrer une tradition dans un territoire. Sur les réseaux, ce sont précisément ces formats qui deviennent viraux. Cela peut être un plan large devant les monts d’Arrée, comme je l’évoquais, mais aussi, par exemple, un homme en costume du Folgoët posant devant l’église de cette commune en contre-plongée, ou encore une femme en costume à la pointe du Raz scrutant l’horizon comme si elle attendait son mari pêcheur. De tels clichés sont invisibles sur les réseaux sociaux.
En outre, je constate que vous ne réagissez pas quant à l’absence de vidéo de qualité au format TikTok concernant l’identité bretonne.
Concernant la fin de votre message, vous semblez passer complètement à côté du sens de cet article. Évidemment que la culture bretonne est vivante. Néanmoins, pensez-vous que le renouvellement des générations est assuré? Bien sûr que non, et il n’y a qu’à voir la moyenne d’âge lors de certains événements (tant du côté des participants que des spectateurs d’ailleurs). Or, les réseaux sociaux sont justement un moyen extraordinaire d’attirer les jeunes générations vers ces sujets en les rendant « cools » et « stylés », comme le font précisément ces peuples sibériens qui ont, je le sais, réussi à donner, grâce aux réseaux sociaux, un nouveau souffle à leurs traditions en matière de danse, costumes et musique notamment. La présence sur les réseaux n’est aujourd’hui plus une option, elle est nécessaire pour nous faire connaître et diffuser une image moderne de notre identité.