Bugaled Breizh, le 15 Janvier 2004
Je me souviens fort bien de ce jour-là.
Une journée par comme les autres !
Surtout pour cinq familles, un pays, une région, une communauté : les gens de mer.
Sommaire
Aucun survivant.
Pas âme qui vive sur un large périmètre malgré de nombreuses recherches.
Je pensais aux familles. Je me disais qu’elles avaient perdu un mari, un enfant ! Quelle tristesse. Je me souviens de ce jour-là. Car je n’ai pas pu terminer mon travail. Aussi j’ai préféré poser mes crayons et jouer avec mes enfants. En fait on prend vite conscience que la vie est impitoyable, que rien n’est jamais acquis.
La marine française passe à l’offensive
Humm… Je me fais cette réflexion : « La Marine Nationale veut jouer la transparence ». J’avais raison ! Un peu plus tard, on apprenait finalement qu’une manœuvre venait de commencer le jour du naufrage. Cinq nationalités étaient engagées dans le secteur !
En 2012, l’histoire du « Bugaled Breizh » me revient à l’esprit.
Entretemps l’enquête a pris de l’ampleur. Puis j’ai vite compris que nous avions affaire à une grande injustice. A une vraie manipulation depuis le début. C’était encore une fois d’une grande évidence. Cette fois, je dois apporter ma modeste contribution en tant que Citoyen. Mais également en tant que scénariste BD pour tirer quelques ficelles pour bien mettre en évidence les différentes manipulations, mensonges. Surtout mettre en lumière une vérité qu’on veut nous cacher. Comme j’aime à dire : « Nous habitons un monde interprété par d’autres où il nous faut prendre place ». Ça résume bien l’histoire mon histoire.
J’ai alors imaginé un personnage fictif : Arthus Bossenec
C’est un personnage fort en gueule. Journaliste sur la touche, il a besoin d’une affaire pour rebondir. L’affaire du siècle !
J’avais besoin d’un personnage fil conducteur qui nous dévoile au fur et à mesure des cent quarante pages de ma BD, les différents aspects, en rapportant les nombreux témoignages. Il est l’intermédiaire entre l’affaire, les familles et les lecteurs. Quand vous lirez l’album, vous allez vite voir, qu’Arthus Bossenec est mal dans sa peau et qu’il porte en lui un lourd secret. Ainsi il va amalgamer sa propre histoire personnelle avec celle du Bugaled. Car dans son esprit, défendre la cause des familles contre l’infamie judiciaire, l’injustice et la honte du pouvoir de l’État, c’est s’affranchir, se libérer de sa culpabilité, de son lourd secret et retrouver peut-être une place respectable aux yeux de tous. Ce personnage, c’est une histoire dans l’histoire. Il va défendre bec et ongles la thèse de l’accrochage du chalutier par un sous-marin.
Les lecteurs vont le suivre dans sa persévérance.
Malgré son côté taiseux, c’est un homme qui se bat pour rendre hommage aux victimes, aux familles. Sa seule inquiétude tout au long de cet album BD « BUGALED BREIZH, 37 SECONDES » c’est que l’affaire tombe dans l’oubli. C’est le seul personnage fictif dans cette BD. Tout le reste est vrai à 95%.
Pour renforcer l’écriture et le sérieux de mon histoire, il était capital de m’immerger dans l’ambiance du Sud-Finistère, prendre la température du milieu. Je me suis rendu pendant deux jours sur place à Loctudy et au Guilvinec pour le repérage de mon décor. Tous les ressorts émotionnels des protagonistes sont vrais. Je me suis approché au plus près de ces moments de vérité.
On a menti aux familles
J’ai réalisé cette histoire avant tout pour rendre hommage aux familles.
En somme une façon de leur apporter mon modeste soutien. Donc pour dénoncer l’injustice, les mensonges et manipulations du pouvoir en place. Et pour finir, j’ai conçu ce roman graphique pour les jeunes par le support de la BD. Afin de leur transmettre l’envie de connaître ce naufrage. Également d’aller plus loin. Car plus on sera nombreux, plus on aura de chance de ne pas oublier cette triste journée du 15 Janvier 2004…
Je termine par quelques phrases de Victor HUGO, mon auteur préféré :
« Les paroles me manquent pour dire à quel point m’émeut l’inexprimable »
« Je viens ici faire mon devoir. Quel est mon devoir ? C’est le vôtre, c’est celui de tous »
« Nous vaincrons. C’est par la fraternité qu’on sauve la liberté. »
En breton : BUGALED BREIZH, 37 eilenn – Nadoz Vor Embannadurioù 2016
En français : BUGALED BREIZH, 37 SECONDES aux Éditions Locus Solus 2016
Pascal BRESSON et Erwan LE SAËC
1 commentaire
Merci pour votre publication et ce très bel album qui rend hommage aux familles des disparus. Comme vous, je souhaite de tout coeur que le mystère soit éclairci définitivement et que chacun reconnaisse ses responsabilités dans cette tragédie. Cela le sera prochainement en Angleterre où l’on continue de juger cette affaire. Bon courage à tous en particulier à M. Thierry Le Métayer qui la médiatise depuis des années et que je viens de voir au JT de France 2.