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L’étalement urbain : une bien triste réalité française…
Il est plus que regrettable que les thèmes de l’urbanisme et de l’aménagement ne soient pas évoqués, sinon à peine, lors de la campagne présidentielle : cherchez donc dans les programmes !
Et pourtant, l’urbanisme et l’aménagement sont aussi au cœur de la vie des citoyens et au cœur même de toute action liée à l’environnement.
Il faut hélas ainsi constater comme le font les meilleurs urbanistes indépendants et qualifiées que la France a échoué dans ce qui aurait dû être une précieuse politique d’aménagement. Si les chiffres sont tristement éloquents et inadmissibles à savoir l’artificialisation des terres correspondant à l’équivalent de la surface d’un département tous les sept ans, c’est bien plus la réalité de ce fait qui est accablante : entrées de villes partout massacrées par ces zones d’activité agressives, lotissements sans âme ni convivialité, grands ensembles d’habitation ségrégatifs, abandon des centres anciens au profit d’une concurrence souvent insensée de la périphérie mais aussi absence d’une politique de récupération de leur habitat (logements vacants si nombreux, insuffisance vive de la réhabilitation…). La campagne elle-même a été abimée voire mutilée par des travaux connexe au remembrement peu soucieux de l’équilibre des paysages et au profit d’une agriculture productiviste.

Étalement urbain en Bretagne et dans l’Hexagone, par Jacques Lescoat – carte BCD Bretagne Culture Diversité – www.bzd.bzh
Ainsi rien que sur la Bretagne 250 000 km de haies ont été abattues et… 70% de nos agriculteurs ont disparu !
Si ce constat est si difficile à accepter, il est loin d’être trop tard pour engager une autre politique d’urbanisme et d’aménagement.
Elle doit être conçue selon ces experts qualifiés, d’abord autour de la ville et du bourg qui se refont prioritairement sur eux-mêmes, récupérant les logements vacants, réhabilitant les logements inconfortables et souvent passoires thermiques, utilisant les friches, valorisant et diversifiant les grands ensembles, traitant les entrées de villes et requalifiant les zones d’activités et promouvant, le cas échéant de nouveaux espaces économiques marqués par l’unité architecturale, la discrétion et toujours le souci du nécessaire verdissement. Dans ce cadre l’extension de l’urbanisation (tant habitat qu’activité), lorsqu’elle s’avère nécessaire, doit être conçue dans un souci constant de l’économie de l’espace et une greffe réussi au tissu urbain déjà existant.
Bref, un autre urbanisme à l’opposé de celui issu de l’étalement urbain aujourd’hui encore vivement à l’œuvre.
Ceci implique aussi de bien mieux travailler au niveau intercommunal : un niveau intercommunal doté lui-même de réels compétences et moyens techniques en matière d’urbanisme. Cette réalité, en effet, fait aujourd’hui cruellement défaut au seul niveau communal souvent insuffisamment compétent et laissé à lui-même… A côté hélas d’un pouvoir politique dont les programmes (cf la campagne présidentielle) ne prennent guère prendre en compte les exigences d’un nouvel urbanisme pour la France.
Voilà, et à travers des propositions certes encore à développer, un enjeu profond pour tout un pays. Aux citoyens aussi de l’exiger.