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Eugène Le Janne, pharmacien en centre Bretagne et promoteur des curares

de Stéphane BROUSSE
Publié le Dernière mise à jour le

Eugène Le Janne (1848-1932)

Eugène Le Janne plus précisément Eugène François Marie Le Janne prend sa retraite de la Marine en 1894. Puis s’établit comme pharmacien à Karaez / Carhaix. Ce discret notable n’évoquera qu’en de très rares occasions son passé d’explorateur, de scientifique et de dessinateur.

C’est le 26 août 1880 que le IIe classe Eugène Le Janne, alors âgé de trente deux ans, débarque du paquebot Lafayette, en provenance de Saint Nazaire, dans le port de Barranquilla, au nord ouest de la Colombie. Il accompagne son ancien camarade de l’École Navale, Jules Crevaux (1847-1882) médecin et aventurier, déjà célèbre pour ses explorations des fleuves de Guyane.
Celui-ci a donc invité Eugène Le Janne, grand amateur de dessin et de botanique à se joindre à une expédition ayant pour projet de descendre le cours du Rio Guaviare, un affluent du fleuve Orénoque. Ils sont également accompagnés d’un jeune matelot, nommé François Burban, originaire de Clohars-Carnoët (29) et de Apatou, un indigène Boni originaire de Guyane.

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Eugène Le Janne, aventurier Breton, découvreur passionné par le curare et pharmacien à Carhaix/Karaez en Bretagne

Eugène Le Janne est né en 1848 à Plounevez-Moëdec (22) près de Lannion.

Il intègre l’École Navale de Brest en 1867, et y entreprend des études de pharmacie. Il y rencontre Jules Crevaux, alors étudiant en médecine. En 1871, il est nommé aide-pharmacien puis en 1876, pharmacien de IIe classe après avoir servi deux années en Cochinchine.

L’expédition débute par la remontée sur un vapeur du Rio Magdalena.

Le voyage dure un peu plus d’un mois et enthousiasme malgré les difficultés Eugène Le Janne. En effet la forêt grise quiconque a un petit fond de poésie native et quelque penchant pour la vie aventureuse … Il y rencontre les chercheurs de quinquina, cette écorce fébrifuge et antipaludéenne. Les quatre hommes franchissent d’abord la Cordillères des Andes. Puis entreprennent en radeau, une dangereuse descente du Rio Guaviare un affluent du Fleuve Orénoque. Qu’ils nommeront Rio de Lesseps, en honneur de l’architecte du Canal de Suez.

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L’aventurier Breton Eugène Le Janne sillonna l’Amazonie en s’intéressant au curare

Progression périlleuse …

La petite escouade est soumise aux pénibles désagréments de ces expéditions en milieu équatorial. Dont les moustiques et autres insectes, reptiles, fièvres … Apatou, le domestique de Jules Crevaux, est gravement mordu à la cuisse par un caïman. Les quatre hommes parviennent après soixante jours de navigation à San Fernando de Atabapo, au Venezuela. Précisément là où le Rio Guaviare mêle ses eaux à celles du fleuve Orénoque. Ils décident d’y demeurer quelques temps pour étudier les us et coutumes des Indiens Piaroas.

Eugène Le Janne, dessinateur émérite, sympathise avec les indigènes.

Qui lui offrent des gourdes de curare qui seront à l’origine de sa passion pour cette substance encore méconnue. Puis qui sera bientôt utilisé en anesthésie. Seule ombre véritable au tableau, le jeune François Burban, meure de gangrène à la suite d’une piqûre de raie venimeuse.
Eugène Le Janne s’en revient en France en février 1881. Puis soutient avec succès devant la Faculté de Pharmacie de Paris une thèse intitulée : des curares et de leur distribution géographique. Il apprend la mort en 1882 de Jules Crevaux, peut être assassiné par des Indiens Tobas, en Bolivie.

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Portrait d’Eugène Le Janne en Amazonie

Martinique et Bretagne.

La nouvelle de cette disparition suscite beaucoup d’émotions en France. Car l’homme, parfois surnommé l’aventurier aux pieds nus, était très populaire auprès du grand public. Jules Vernes le citera dans son roman intitulé Superbe Orénoque (1898). Eugène Le Janne quant à lui, est promu en 1886, pharmacien de première classe. Il se marie en 1889 et poursuit une brillante mais anonyme carrière en Martinique. Il fera valoir ses droits à la retraite en 1894. Ce promoteur des curares ouvrira une officine à Carhaix / Karaez, rue des Augustins, actuelle rue du Général Lambert. Il y mourra le 26 mai 1932.

Bibliographie.

En radeau sur l’Orénoque – Jules Crevaux – Payot – Septembre 1994 – 196 pages

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