luna de kereonnec

Luna de Kereonnec, la cochonne qui a son compte Facebook.

de Adrien MONTEFUSCO
Publié le Dernière mise à jour le

Luna de Kereonnec, vous connaissez ?

Luna de Kereonnec est une jeune truie de mon élevage porcin en Cornouaille bretonne, non loin de Kemper.
J’ai créé une page Facebook au nom de cette truie. Presque 1500 amis plus loin, Luna de Kereonnec s’est fait une petite réputation sur les réseaux sociaux.
Mais aujourd’hui, je vais vous parler de mon métier …

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Le métier d’éleveur de porcs.

Jusque là je me suis contenté de parler de l’élevage proprement dit au travers de Luna. Si vous le permettez (de toutes façons je fais ce que je veux, je suis chez moi :p), je vais faire un petit écart pour vous parler un peu du contexte de l’élevage de porc…

Je n’ai pas d’idées précises de là où je vais vous mener, mais il se trouve qu’hier j’écoutais On refait le monde sur RTL (c’est la seule radio que je capte correctement partout dans l’élevage), et l’un des « chroniqueurs », Yves Thréard de dire en gros « à cause de la peste porcine africaine (PPA) en Chine, les élevages bretons en profitent et tournent à plein régime, ce qui entraîne les algues vertes« .

J’ai l’habitude d’entendre beaucoup d’inepties sur mon métier.

D’ailleurs je ne le reproche à personne, dans le sens où on ne peut pas tout connaître sur tout. Et que l’éloignement de nos concitoyens du milieu agricole, la spécialisation de nos métiers, la mondialisation et la complexification des échanges… font qu’il est difficile d’appréhender les subtilités de la production porcine (et agricole en général). Mais lorsque cela vient d’un journaliste (Le Figaro), sur « la radio numéro un » à une heure de grande écoute, on se doit d’avoir un minimum de fond et de ne pas céder aux approximations, aux clichés et aux raccourcis.

La crise porcine en Chine.

Certes, la peste porcine qui sévit en Chine fait des ravages considérables sur la production chinoise. Car la Chine est le premier producteur mondial de porcs. En effet, un porc sur deux est chinois. D’après la Rabobank, la moitié du cheptel chinois va disparaître d’ici 2020. Évidemment, cela entraîne des exportations importantes de viandes européennes vers la Chine (+ 30 %). Pour autant, le prix payé aux producteurs français reste modéré. C’est à dire 1,57 € en prix de base à ce jour / NB je reviendrai ultérieurement sur la notion de prix de base). Alors que les Allemands sont à 1,85 €. Ce qui en équivalence au prix français reviendrait à 1,70 / 1,75. Et un prix espagnol qui talonne avec le prix allemand.

Qu’on se le dise, si le prix français tarde à s’aligner sur le prix des voisins, c’est parce que nos salaisons et gms nationales craignent en faisant monter le prix de la viande de porc de perdre leurs parts de marché intérieur. Ou de perdre leur marge, ce qui crée au détriment des éleveurs un déséquilibre entre le prix européen et le prix français… Donc lorsque Mr Théard dit que les éleveurs bretons profitent de la crise chinoise… il n’y est pas !

Et les algues vertes …

Dans le deuxième volet de sa diatribe, notre journaliste du Figaro fait un lien peu scrupuleux entre cette crise chinoise et les algues vertes… D’une part il prétend que nous avons augmenté notre production pour satisfaire la demande chinoise. Or en suivant « l’aventure de Luna » vous aurez compris que le temps de l’élevage est un temps long. Donc on ne peut pas augmenter comme ça notre volume de production. Par ailleurs, nos élevages sont calibrés et limités pour un volume de production déclaré et autorisé par l’administration. Donc impossible de développer une production, qui est en régime normal relativement stable d’une année sur l’autre…

Le lien avec les algues vertes est lui aussi tendancieux. Si effectivement, il y a quelques années encore la relation entre les taux d’azotes et de phosphore des cours d’eau bretons (émanant de la fertilisation des champs) était admissible, le fait que la quasi totalité des eaux bretonnes soient revenues dans les normes, rend litigieux cette affirmation. En l’occurrence, cette année, on sait que les niveaux d’ensoleillement ont favorisé la pousse des algues au large. Et que les coups de vents récents les ont refoulés vers les rivages.

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