algues vertes en Bretagne

Algues vertes en Bretagne : tous co-responsables !

de Rémy PENNEG
Publié le Dernière mise à jour le

Algues vertes en Bretagne : une caricature ?

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Le résultat est édifiant non ?

Les trois quarts au moins des résultats, que ce soit pour les sites ou les images, concernent les algues vertes. Plus de sept cent espèces d’algues poussent sur les côtes de Bretagne, et une seule, non naturelle, occupe le devant de la scène médiatique.
Définition de la caricature : Mettre en exergue les défauts d’une personne. Ou d’une situation. Ne parler que d’une algue alors que nous en avons sept cent, n’est ce pas une forme de caricature ?

Les algues sont le nouvel or bleu de la Bretagne, mais « on » ne parle que d’une verte. S’agit-il d’une sur-médiatisation, ou faut-il en parler encore plus ?
Le phénomène des algues vertes est apparu en Bretagne dans les années 70. Depuis, d’autres zones sont touchées et elles sont maintenant présentes de la Normandie à l’estuaire de la Gironde. Même si c’est en moindre quantité.

D’où viennent ces algues vertes ?

Les algues vertes en Bretagne se développent à cause de la présence trop forte de nutriments rejetés par les activités humaines lorsque les eaux se réchauffent. Donc globalement en été. Parmi ces nutriments figurent d’abord les apports d’azote de l’agriculture intensive dont les nitrates. Mais aussi les rejets des stations d’épurations et de nombreuses autres de nos activités quotidiennes plus banales. Ces nitrates en mer proviennent massivement des écoulements d’eau pluviale à partir de surfaces agricoles ayant été aspergé d’effluents d’animaux.

En particulier de lisiers de porcs. Car l’élevage intensif de porcs entraîne une production importante de lisiers qu’aujourd’hui globalement seules deux méthodes permettent de traiter. D’abord la vidange de ces lisiers sur les surfaces agricoles en guise d’engrais. Également, et de plus en plus, la méthanisation. Donc plus il existe d’élevages de porcs et plus, globalement, il y a production de lisiers, donc d’épandages, donc de nitrates et finalement d’algues vertes.

algues-vertes

Algues-vertes-Bretagne-2019

Et nous en sommes, presque tous, à différents niveaux, responsables.

Les seules personnes non responsables de cette prolifération d’algues vertes seraient celles qui ne consomment aucun produit issu de cet élevage intensif de porcs en Bretagne. Et encore ! Tous nos rejets participent à cette pollution, même si l’agriculture intensive en est la principale responsable. Nous sommes finalement donc tous co-responsables. Certes certain(e)s plus que d’autres.

Mais personne ne peut prétendre n’y être absolument pour rien. Sans doute cette vérité peut être difficile à voir en face, à accepter. Le déni ne sert à rien en ce domaine. Vous consommez du jambon de porc d’élevage intensif industriel toute l’année. Également du pâté, du lard, ou une belle escalope de porc sur un barbecue d’été. Vous avez produit indirectement, sans y penser bien sûr, votre très modeste part d’algues vertes. Tout est bon dans le cochon et bien d’autres produits contiennent du porc sans même qu’on s’en doute.

Cachez-moi ces algues vertes que je ne saurais voir !

Dépenser de l’argent public pour ramasser avant et pendant l’été ces milliers de tonnes d’algues vertes produites surtout par les activités de quelques-uns, c’est bien. Mais cela ne règle en rien le problème. Les lobbies agricoles sont puissants en Bretagne, et les élus trop souvent complices. Les préfectures aux ordres du ministère parisien ne prennent que des mesurettes.
Mais nos Agriculteurs peuvent-ils changer de système de production ?

Un Agriculteur qui a investi beaucoup d’argent dans un élevage intensif de porcs est condamné à produire. A produire pour rembourser la banque, pour payer la coopérative. Tout un système productiviste s’est organisé et l’Agriculteur breton n’en est plus souvent que la victime.

Ainsi, la Bretagne figure parmi les régions européennes les plus puissantes en termes d’agriculture et d’agroalimentaire : les algues vertes font-elles parties du prix à payer pour cela ?
La Bretagne doit repenser à ses modèles agricoles … impérativement et urgemment.

Le Consommateur détient la clef du problème.

La majeure partie de la production de viande porcine issue de l’élevage intensif est commercialisée en Europe. Le regretté Coluche disait : « Quand on pense qu’il suffirait que les gens n’achètent plus pour que ça ne se vende pas !« . Donc que ça ne se produise plus ! Les Agriculteurs de Bretagne ne produisent que ce que nous leur achetons via les circuits de distribution. Nous avons le choix, toujours, d’acheter ou pas, des produits issus de cette agriculture trop intensive.

Au fil des années, les producteurs englués dans ce système de production devront s’adapter. Ce sera sans doute difficile, et là, ce sera bien qu’ils soient assistés dans leur reconversion, par de l’argent public.
Nous détenons donc la clef du problème.
Vous détenez la clef du problème : vous commencez quand ?
En attendant, vous êtes co-responsable des algues vertes en Bretagne.

Exploiter les algues vertes ou les éradiquer ?

Certains, comme la société bretonne OLMIX, grande spécialiste mondiale des algues, préconise de les exploiter. Voire même « d’en reconstituer le stock« . Cette solution serait comme un encouragement à continuer à en produire. Après tout, il existe bien un marché international du CO2 où la tonne est valorisée, et se vend et s’achète comme tout autre produit. Ce système de libre-échange est prêt à faire de l’argent avec tout. Même avec la pollution qui nous tue.

La seule vraie solution d’avenir est d’éradiquer les raisons de la production de cette pollution. Il n’en existe aucune autre qui soit pérenne.

Retrouvez le travail de Inés LÉRAUD à ce propos dans les colonnes de KUB Web Média : Algues vertes, l’histoire interdite.

La Bretagne, une puissance mondiale.

Dans la partie bretonne de la Mer Celtique, il existe plus de sept cent variétés différentes d’algues. Cela fait de la Bretagne la troisième puissance mondiale après le Chili et la Norvège en termes de biomasse disponible. Je me répète : d’un côté sept cent bonnes algues, et de l’autre une seule et unique mauvaise algue. De laquelle croyez-vous que parlent tous les médias ?
Après chaque tempête, et les gens de la côte le savent très bien, des milliers de tonnes de bonnes algues, arrachées par les courants, viennent s’échouer sur les plages et dans les criques. Et le moindre rayon de soleil qui suit va les putréfier sur place avec les odeurs inhérentes. Les médias en font-ils leurs choux gras ?

Certes, ces algues vertes sont un problème, mais ne sont-elles pas aussi l’arbre utile pour cacher une forêt ?
C’est tellement plus facile d’ériger une seule algue en tueuse, perturbant ainsi la belle image d’une Bretagne riche et puissante de sa nature maritime.

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3 commentaires

Le scandale des algues vertes | Lanceur d'alerte Info 7 février 2020 - 1h44 Répondre
thill 26 mai 2020 - 23h08

LES algues verte ne peuvent en aucun casprovenir d’un exes d’azote mais uniquement des apport de phosphate

Répondre
Assez d'Essais 11 octobre 2021 - 19h31

bonsoir
Je suis d’accord avec une partie du texte, mais pas du tout sur l’individualisation du problême !
Juste un exemple : Qui alloue les « aides » à l’Hectare ? Les processus de prise de décision sont ils démocratiques ? Ce sont des sommes faramineuses qui tombent dans bien de poches au final et ne profitent pas à grand monde….

Un peu de lecture
https://www.partage-le.com/2015/03/26/oubliez-les-douches-courtes-derrick-jensen/
Ou d’écoute (je ne partage pas tout les points de vue de ce dernier néamoins..
https://www.youtube.com/watch?v=ViQp-qN6emY

Bonne soirée !

Si vous voulez un peu d’

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