En quelques mois, les pressions extérieures se font de plus en plus précises sur notre environnement.
Il y a cette décision d’un ministère parisien d’accorder à une société bretonne privée le droit d’extraire le sable marin en baie de Lannuon/Lannion, sur notre côte nord.
Celle du Sénat français à Paris « d’aménager » la Loi Littoral qui protège l’ensemble de nos côtes bretonnes.
Puis plus récemment l’autorisation offerte, toujours de Paris, à une compagnie minière australienne de venir forer là où elle veut, le sous-sol breton pour en extraire des minerais et des métaux précieux.
Maintenant, c’est le Préfet du Finistère/Penn ar Bed, qui accorderait à un élevage industriel de poulets destinés à l’exportation, un droit d’épandage d’effluents en plein coeur des Menez Arre/Monts d’Arrée.
Dans les trois cas, les populations locales et leurs Élus disent non. Et dans les trois cas, l’État central, directement ou par la voix de son représentant nommé par Paris, dit le contraire.
Sommaire
Quelle est donc cette nouvelle affaire ?
Un élevage industriel de poulets veut quadrupler sa production dans le nord Finistère.
Il faut savoir que la Bretagne produit environ la moitié des oeufs de consommation et un tiers des volailles consommés dans l’Hexagone. L’agriculture bretonne est puissante, innovante et dynamique et est une des plus puissantes en Europe.
Son modèle un peu obsolète est en pleine évolution et devra s’adapter aux nouveaux besoins des Consommateurs. L’Irlande a mieux et plus rapidement compris cette évolution. Ce pays aussi grand, et à la fois aussi petit, que la Bretagne, invente un nouveau modèle.
Notre propos ici n’est sûrement pas de fustiger cet élevage et son dynamisme économique. D’ailleurs ce pourrait être un autre débat.
Quelques données chiffrées pour mieux comprendre.
Aujourd’hui cet élevage de poulets du Menven en Trehout a une capacité de 65000 poulets. Donc sur une année l’élevage du Menven produit quelques 520 000 poulets.
Mais ses deux responsables veulent quadrupler leur capacité. Donc passer à plus de deux millions d’animaux chaque année. Pour exporter via Brest vers les marchés arabes du Moyen Orient, gros consommateurs de volailles.
Que faire de tous ces déchets ?
L’élevage de poulets du Menven pourrait donc atteindre une production d’effluents de plusieurs milliers de tonnes chaque année.
Sans doute incapables d’éliminer par eux-mêmes tant de déchets, les responsables de l’élevage ont demandé l’autorisation à l’administration d’en répandre une grande partie dans la nature. C’est tellement plus simple ! L’agriculture bretonne sait pourtant valoriser ces déchets organiques et nos Agriculteurs sont très au fait de ces techniques.
Un enquête publique est diligentée, comme l’impose la loi, avec nomination d’un commissaire-enquêteur. Les Maires, Conseils municipaux et populations des communes concernées par ce projet d’épandage sont unanimes : c’est non. La clôture de l’enquête publique s’est achevée le 13 Avril dernier.
Maintenant ce sera au représentant non élu de l’État central de trancher.
Mais il faut savoir qu’un Préfet n’a aucune obligation de suivre les conclusions d’une telle enquête publique.
Conflit entre privé et public.
Cet épandage souhaité par l’éleveur doit lui permettre au final d’accroître la rentabilité économique de son entreprise. Jusqu’à là tout est normal et plutôt sain. Mais il doit être en capacité d’en assumer toute la responsabilité. Ce n’est pas à la collectivité publique de se voir imposer la partie la plus négative de son projet.
Et encore moins là où il le souhaite !
Les espaces naturels convoités pour cet épandage de masse de déchets de cet élevage sont en zone classée Natura 2000. En plein coeur du Parc Naturel d’Armorique. Seraient directement concernées les communes de Sizun, Le Trehout, La Feuillée, Loqueffret, Brennilis et Locmélar. Rappelons que certaines de ces communes sont déjà concernées par les tentatives d’exploitation minière du groupe australien VARISCAN.
Ne touchez plus à notre environnement.
Vous ne pouvez pas jeter un emballage ou laisser vos restes de pique nique dans ce territoire protégé des Menez Are. Et c’est bien normal. Mais il serait possible d’y déverser à longueur d’années des milliers de tonnes de poussières de fientes de volailles industrielles.
Ce territoire de landes et de bois est un véritable château d’eau pour le Finistère. Des sources y abondent, des rigoles et des ruisseaux. Des tourbières et des lacs. Il existe là une biodiversité unique et des paysages d’une beauté de début du monde.
Il serait totalement inimaginable et inacceptable que le représentant nommé par l’État central donne le feu vert à cette pollution d’envergure.
Contre l’avis des populations et des Élus des territoires concernés.
Déni de démocratie.
A quoi cela sert il que nous élisions démocratiquement nos représentants locaux ?
On vote au niveau des 1480 communes bretonnes et des cinq départements. Mais les cinq Préfets nommés par Paris peuvent passer outre les décisions actées par nos représentants élus.
Ces représentants de l’État public sont les garants de la protection des populations du territoire que Paris leur demande d’administrer. Des personnes et de leur environnement, véritable bien public. Certes ils le font, mais on croit noter que de plus en plus souvent malheureusement, des décisions sont plutôt imposées d’en haut pour défendre des intérêts privés, économiques et financiers.
Nous qui vivons en permanence sur ces territoires que nous connaissons bien, ne sommes-nous pas capables de savoir ce qui est bon ou mauvais pour nous ?
Pourquoi faudrait-il que ce soit des étrangers ou leurs représentants, de Bruxelles ou de Paris, qui nous imposent leurs décisions contraires à nos aspirations ?
NHU Bretagne sera très attentif à l’évolution de cette affaire et vous tiendra informé.
Une autre affaire d’atteinte de notre environnement et de conflit entre intérêt privé et bien-être public s’ouvre en Bretagne : la privatisation de la plage de la Baule dans le sud du pays. Nous vous en parlerons bientôt.
Image de couverture : le Menez Sant Mikael (Mont Saint Michel de Brasparts) et Yeun Elez (Lac de Brennilis). En contrebas les tourbières avec droseras, castors …. Le toit de la Bretagne.
source : www.doc-developpement-durable.org
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[…] NHU: « Tes fientes, tu te les gardes! » […]
Quel est le nouveau modèle agricole irlandais ?
Bonjour. Nous en parlons dans cet article : https://www.nhu.bzh/leconomie-verte-en-bretagne/ – Nous vous invitons également à visionner la vidéo. L’agriculture traditionnelle, productiviste, n’est plus adaptée à la Bretagne. Avec le taux d’imposition que nous impose l’État central, les contraintes administratives et autres tracasseries, il est tout simplement impossible, depuis des années déjà, de concurrencer ces productions, animales surtout, de pays dits émergents. Ils n’ont plus besoin de nos produits de cette nature : ils les produisent maintenant eux-mêmes. C’est une des raisons majeures de la « crise » sans fin que traverse l’agriculture bretonne. Donc deux solutions : ou crever avec soubresauts, ou imaginer autre chose. Les Irlandais, qui n’ont pas besoin de demander les autorisations à une capitale lointaine, l’ont bien compris et se sont organisés en fonction. l’Irlande veut devenir un producteur international majeur de produits alimentaires sains. Il y a de plus en plus de Consommateurs dans le monde à rechercher des produits de meilleure qualité. Au lieu de se battre pour quelques centimes face à une concurrence acharnée du Brésil ou de l’Arabie Saoudite pour du poulet aux hormones et du porc sans goût, l’agriculture bretonne doit se réorienter vers des productions labellisés et de plus forte valeur ajoutée. C’est simplement devenu une question de vis ou de mort pour notre agriculture. Et il faut faire vite pour ne pas se faire distancer sur ces nouveaux marchés en expansion, par nos cousins irlandais par exemple. Merci de votre commentaire et rejoignez-nous sur nos réseaux. #CroirePlusEnNous
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