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Le glyphosate en Bretagne : un scandale sanitaire et environnemental qui doit être résolu

de Rémy PENNEG
Publié le Dernière mise à jour le

On en parle chaque  jour, du glyphosate. Mais qu’est-ce que le glyphosate ?
Le glyphosate est un herbicide total foliaire systémique. Penoaz ?

C’est la firme chimique Monsanto qui invente cet herbicide total en 1974, sous brevet. C’est un puissant herbicide non sélectif absorbé par les feuilles des végétaux sur lesquels on pulvérise cette composition hautement chimique et toxique. Pas de distinction donc : tout est brûlé sur son passage. Le grand public connaît bien ce glyphosate sous la marque Roundup. Depuis 2000, le brevet de vingt cinq ans est tombé dans le domaine public. Et aujourd’hui plusieurs groupes chimique fabriquent des glyphosates sous différents noms.
Cet herbicide est le plus utilisé dans le monde, et son coût de production est très bas.

Les glyphosates détruisent toute vie sur les sols aspergés.

Depuis 2015, ils sont très officiellement déclarés « probablement cancérogène » pour l’humain par les plus importantes organisations internationales environnementales et de santé. Et donc pour toutes les autres espèces animales de notre planète.
Certaines plantes s’adaptent et résistent mieux au glyphosate, d’où son usage accru parfois. Mais des plantes génétiquement modifiées peuvent

En 2011 vers 650 000 tonnes de glyphosates furent répandues sur les cultures mondiales pour un chiffre d’affaires de quelques six milliards d’euros.
Aujourd’hui, Monsanto commercialise des semences de plantes génétiquement modifiées résistantes au glyphosate. Et également le glyphosate qui tue tout sauf ces plantes OGM. La boucle est bouclée !
Dans l’Hexagone en 2013, environ 8600 tonnes de ce produit hautement nocif ont été déversé.

glyphosate

Les dangers du glyphosate dans les cinq départements de Bretagne

La puissante agriculture bretonne en consomme beaucoup.

La Bretagne possède une des agricultures parmi les plus dynamiques et puissances d’Europe. Elle consomme donc des glyphosates. Trop sans doute.
C’est le Finistère qui en consomme le plus avec 200 tonnes chaque année. Suivi de la Loire Atlantique qui possède le plus vaste vignoble d’Europe de vin blanc sec. Et des Côtes d’Armor.

L’agriculture bretonne en est le plus important contaminateur. Mais il existe d’autres usages. Comme le désherbage des voies de chemins de fer ou des trottoirs urbains. Sans parler de nos usages domestiques en polluant nos pelouses et nos allées.

Pourtant, on pourrait rapidement se passer de ce poison. Il existe en Bretagne une entreprise qui fabrique un herbicide 100% naturel et breton : OSMOBIO. Mais problème : le dossier d’autorisation de mise sur le marché est bloqué depuis trois ans dans un ministère parisien. Le lobbying de cette petite entreprise bretonne n’est sûrement pas à la hauteur des besoins des décideurs parisiens et bruxellois.

Mais notre agriculture a besoin, encore aujourd’hui, de ce poison pour conserver ses rendements. L’agriculture bretonne est déjà confrontée à de multiples problèmes. Il est manifeste que les autorités, dites compétentes, des deux capitales qui nous administrent temporisent.
Pourquoi, encore et toujours, attendre des autres qu’ils nous servent des solutions ?

L’agriculture bretonne ne serait-elle pas capable, seule, de prendre un nouveau chemin, plus autonome, plus vertueux et plus respectueux de notre environnement et de notre santé ?

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6 commentaires

jibé 15 décembre 2018 - 16h51

Il est à l’heure actuelle toujours aussi difficile d’être réellement bien informé quand il s’agit de parler du glyphosate. Nous tombons toujours sur des publications dont l’objectivité est facilement remise en cause dès que l’on cherche davantage d’occurrences sur le sujet. Ainsi, si en effet l’un des organismes de l’OMS (le CIRC) déclare officiellement le produit « cancérigène probable », il semble assez isolé et on doit aussi bien rapporter que pour les trois autres organismes composants de cet OMS ainsi que pour l’Institut National sur le Cancer ou l’Autorité Européenne de la Sécurité des Aliments, ou encore les organismes apparentés Canadien, Allemand, Américain, Australien et Néo-Zélandais, ce glyphosate n’était probablement pas cancérogène …
Une des difficultés est d’ailleurs sémantique si on veut bien admettre que « cancérigène probable » n’est pas une formule aussi explicite qu’on le suppose d’emblée. Le CIRC précisant bien qu’il ne s’exprime que sur la notion de danger sans définir un risque précis et d’ailleurs dans la même catégorie « cancérigène probable » sont classés entre autres la caféine, le thé, le chocolat, le cholestérol, l’alcool, les clous de girofles, le paracétamol, le charbon, la cendre, le talc, le nylon, le limonène contenu dans les peaux d’agrumes, la rouille etc. etc. la toxicité d’un produit se mesure scientifiquement par le norme dite « dose létale/50% » soit la dose qu’il faut que des organismes ingèrent par kilo de leur poids pour tuer la moitié d’entre eux. A cette aune la caféine s’avère vingt fois plus toxique et létale que le glyphosate.

Bref dans ce débat récurrent entre pro et anti glyphosate il est bien difficile de ne retenir, comme trop de profanes s’y cantonnent, que cet aspect sanitaire, très mobilisateur, comme élément déclencheur et exacerbant de la querelle. Ce serait trop simple. Il nous faudra donc trouver d’autres éléments un peu plus explicites.

Arrive ici Monsanto !
Depuis plus de cinquante ans le génie génétique est opérationnel et se préoccupe de sa finalité. Cherchant d’abord à pouvoir diminuer les coûteux besoins d’engrais des plantes, rapidement l’éventuel intérêt des OGM devait devenir économique et surtout celui de certains entrepreneurs.
Les biotechnologies permettant de disséminer dans l’écoumène des organismes génétiquement modifiés peuvent à juste titre suscitées des oppositions soucieuses d’écologie. Mais en agriculture les promoteurs OGM quant à eux remettent surtout en cause les fondements d’une activité ayant toujours concilié la Nature et l’artificialisation foncière de la pratique. Il s’agit bien, grâce à une artificialisation high-tech cette fois, de ramener cette agriculture dans les méthodes quasi-industrielles concentrant le pouvoir, la rentabilité et accroissant la dépendance des producteurs. C’est là, au-delà du principe de précaution écologique visant l’introduction de nouveaux organismes dans l’environnement, une des raisons fondamentales des positions largement opposées aux OGM chez la plupart des acteurs sociaux – économiques européens.
Il y a 35 ans Monsanto, leader mondial dans le génie génétique agricole, produit la première plante modifiée capable de résister à son herbicide maison le Roundup, formule commerciale du glyphosate additionnée de surfactants. En quelques années ces résultats obtenus sur des tomates modifiées furent obtenus sur du coton puis sur du soja.
Dès lors la guerre déclarée à la production OGM en tant que telle ne pouvait éviter d’impacter le Roundup, cet adjuvant indispensable à cette pratique culturale. Le glyphosate étant passé dans le domaine public c’est ensuite sur son nom propre que portent les attaques et les demandes d’interdiction qui a priori visent donc avant tout, autant et peut-être davantage, la culture OGM en général…. Monsanto (Bayer aujourd’hui) en particulier.

Pour l’avoir maintes fois évoquée avec les agriculteurs de ma région (Morbihan) il y a visiblement une incompréhension raisonnable chez beaucoup d’entre eux sur les incohérences de l’Union Européenne en la matière et par-delà quant à la radicalité de la France qui risque à terme de les soumettre à une concurrence inégale. Un grand nombre d’entre eux estimant qu’au jour d’aujourd’hui il y a très peu d’alternatives au glyphosate, tant pour la qualité de leurs pratiques (techniques culturales des sols, non labour), que pour leur rapport coût – rendements, voire pour la moindre exposition aux toxicités par rapport aux alternatives disponibles y compris celles utilisées en agriculture biologique plus toxique parfois que le glyphosate.

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La Rédaction 16 décembre 2018 - 11h24

Bonjour et merci de ce long commentaire très complet et précis. Donc, parce qu’il n’y aurait à priori pas d’autres solutions, on continu à s’empoisonner ?
https://www.nhu.bzh/naturel-et-breton-avec-osmobio/

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jibé 17 décembre 2018 - 13h49

Bonjour,
Merci d’avoir remarqué mon commentaire et merci de votre question : « Savoir si faute de mieux, je préfère l’empoisonnement » ?
Pas du tout répondrais-je d’emblée puisque je ne pense pas avoir écrit cela, ou alors je me suis mal exprimé. Poison ? c’est un mot qui a du sens et qui donc être utilisé en toute connaissance de cause.
Encore une fois comme tant de personnes dans cette « querelle herbicide » vous ne voulez pas, plus, forger votre opinion sur le questionnement mais sur une certitude qui vous est sans doute spirituellement plus facile à gérer. Vous faites ainsi fi de tous les autres avis scientifiques qui pour l’essentiel d’entre eux ne sont pas remis en cause sur le « sérieux et le qualitatif » de leurs études (si tant est aussi que, indubitablement, certaines conclusions peuvent bien être suspectes de collusion d’intérêts). Comme je l’ai précisé le CIRC est fort isolé dans ses attendus et je ne suis pas personnellement suffisamment compétent en la matière pour rejeter les conclusions de tous les autres organismes s’étant sérieusement penchés sur le dossier scientifique de la probabilité cancérigène du produit et qui, contrariant le CIRC, refusent de la déclarer avérée. Vous-même a priori ne retenez que l’avis du CIRC mais peut-être avez-vous personnellement cette compétence qui me manque en la matière ? si oui il vous faut publier vos propres études en l’occurrence et je les consulterais volontiers pour affiner encore ma perception. Par ailleurs vous n’ignorez pas je pense que, par exemple, certains végétaux naturels sont excessivement toxiques, létaux pour beaucoup (75% des plantes en pot de nos salons et en grand nombre en pleine campagne) et qu’un certain nombre de pesticides ne le sont pas particulièrement et sont autorisés en AB. Je n’ai pas dit non plus qu’il n’y avait pas d’autres solutions, il y en a toujours en ce domaine comme en d’autres mais tant écologiquement qu’économiquement les spécialistes en la matière tendent à démontrer qu’elles sont loin d’être pertinentes (vous trouverez sans peine ces études sur les sites dédiés à l’agriculture moderne).
Vous aurez noté j’espère que je ne conteste en rien la problématique que pose la culture OGM d’un point de vue socio-économique, au contraire. Je pense que, avant même le glyphosate, c’est sur ce plan que les dangers de cette pratique sont considérables : écologiques bien sûr, l’introduction d’espèces « créées » (c’est un peu ça un OGM) étant toujours périlleuses pour la biodiversité et les milieux… mais surtout économiques, tant elle est basée sur une sorte de « mainmise » quasi industrielle sur la production agricole, visant à la soumettre à une dépendance démultipliée et à une rentabilité en s’assurant par exemple le monopole de la semence brevetée (ce qui est déjà une tendance forte dans l’agriculture non OGM où les « hybrides », non reproductibles, se taillent la grosse part du marché et pas que dans les céréales).
C’est donc bien en étudiant ce dossier plus « politique » que l’on doit, devrait, aussi et surtout se faire une petite idée de cette querelle « glyphosate ». Ce sont les tenants européens (pour d’autres continents on peut craindre que ce ne soit déjà trop tard) d’une agriculture sans OGM qu’il faudrait sans doute mieux soutenir, voire pourquoi pas jusqu’aux faucheurs « hors la loi » motivés par certaines associations, plutôt que de combattre sa rivale OGM (et particulièrement son leader Monsanto/Bayer que la globalisation ne freinera pas dans ses ambitions expansives, asservissantes et mercantiles), avec des argumentaires et des plans détournés qui, on le voit bien, ne parviennent pas à être déterminants au moment des « grandes décisions » à tous les niveaux …quand bien même ils formatent les esprits d’une opinion hypersensible quand on lui parle de sa santé, accessoirement en lui faisant très peur.
En ce qui me concerne je ne suis pas loin de penser qu’après deux générations, la pratique intensive hypermécanisée (après remembrement) de l’agriculture bretonne (élevage inclus) reste et de très loin le principal déterminant de la pollution lourde que doivent aujourd’hui gérer certains de ses territoires (eaux, nitrates, algues vertes etc.). Cette pratique est aujourd’hui bien remise en cause et c’est tant mieux… mais le péril est grand à vouloir parfois faire avec ce qu’on juge remède à tout, tout de suite… comme dit le bon sens on finit alors souvent par jeter le bébé avec l’eau du bain.
Pardonnez-moi d’être un peu long mais ces problèmes sont importants et difficile d’être trop expéditif en l’occurrence.
Bien à vous.

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nous voulons des coquelicots 18 décembre 2018 - 16h15

Pour votre information, lisez donc la tribune publiée par des médecins et chercheurs dans le Monde il y a quelques semaines :
« Notre proposition, Monsieur le ministre, pour évaluer la toxicité des pesticides»

Prenant acte des propos du ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, appelant les scientifiques à faire la preuve des conséquences sanitaires des pesticides, un collectif de médecins et de chercheurs propose, dans une tribune au « Monde » de lui adresser un rapport mensuel.
LE MONDE | 29.10.2018 à 07h00 • Mis à jour le 29.10.2018 à 10h16 | Par Collectif Tribune.

Monsieur le ministre, vous avez déclaré sur l’antenne de RTL, le 19 octobre : « Sur la question des bébés sans bras, il faut que la science fasse son travail. C’est aux scientifiques de faire la preuve ou non qu’il y a des conséquences à l’usage des pesticides. » Ce qu’un journal [Le Nouvel Observateur] a cru pouvoir traduire sur son site par : « Pesticides, Didier Guillaume réclame aux scientifiques des preuves de leur impact sur la santé ». Si l’on s’en tient à la loi, ce n’est pas aux scientifiques d’apporter la preuve de la toxicité des pesticides, mais bien aux industriels de démontrer l’absence de nocivité de leurs produits. De plus, cette preuve devrait être faite avant leur mise sur le marché et validée par des organismes indépendants certifiés comme c’est le cas pour les médicaments qui, pour être commercialisés, doivent avoir reçu une AMM (Autorisation de mise sur le marché).
Lire aussi : Didier Guillaume, ministre de l’agriculture, demande aux scientifiques de « faire la preuve » des conséquences des pesticides sur la santé (/politique/article/2018/10/19/leministre-de-l-agriculture-demande-aux-scientifiques-de-faire-la-preuve-des-consequences-des-pesticides-sur-lasante_5372051_823448.html)
Dans le cas des excès d’agénésies transverses des membres supérieurs, rien ne permet actuellement d’infirmer que les pesticides n’en soient pas la cause. La question était seulement de savoir s’il fallait chercher plus loin ou non ? Nous le croyons, et nous pensons surtout qu’un travail d’analyse épidémiologique et d’exposition doit être réalisé sans tarder . Nous prenons acte des récents propos de la ministre de la santé mais nous nous étonnons des délais considérables existant entre les alertes aux services concernés et les investigations, les signalements dans l’Ain datant de 2010 ! Ces alertes et les investigations qui en résultent devraient être portées à la connaissance du public sans attendre plusieurs années, le temps finissant par effacer les possibles éléments de preuve ! Un lien fort Concernant les effets toxiques des pesticides, les scientifiques accumulent les preuves depuis de nombreuses années, à tel point qu’il n’est plus nécessaire d’invoquer le principe de précaution mais celui de prévention. Les études s’accumulent, les consensus également. Le dernier rapport d’expertise collective de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) confirme un lien fort entre l’exposition aux pesticides et le développement de nombreux cancers chez les professionnels qui les manipulent tels que le lymphome non hodgkinien, le myélome multiple et le cancer de la prostate. Les maladies neurodégénératives sont également corrélées à cette exposition, preuve en est que la maladie de Parkinson est désormais reconnue comme maladie professionnelle chez les agriculteurs. Cette même synthèse de l’Inserm rappelle que l’exposition aux pesticides pendant la grossesse majore fortement le risque de leucémies, de tumeurs cérébrales, de malformations et de troubles du développement cérébral chez l’enfant. L’exposition de l’enfant en bas âge – par l’usage d’insecticides domestiques ou parce que l’habitat est proche de zones régulièrement traitées – augmente également le risque de leucémie et de troubles du développement cérébral.
Le déclin des insectes ou celui des oiseaux nicheurs, la disparition de la biodiversité sont également directement imputables aux pesticides. D’autres faits vous sont connus, nous n’en doutons pas : les pesticides ont contaminé l’ensemble de la population à tel point qu’il n’est plus possible de retrouver une femme enceinte sans traces urinaires de pyréthrinoïdes, insecticides ou d’organophosphorés. Vous n’êtes pas sans savoir que beaucoup de ces pesticides imprégnant la population sont également des perturbateurs endocriniens, et que ce n’est pas leur dose qui fait leur toxicité mais le moment (notamment la grossesse) et la durée d’exposition. Ces perturbateurs endocriniens amplifient le risque de cancer prostatique, testiculaire et mammaire, d’infertilité, de puberté précoce, de diabète et de maladies neurodéveloppementales et allergiques. L’EFSA [Autorité européenne de sécurité des aliments] a indiqué, dans son rapport annuel, en 2013, que sur 287 pesticides, 101 avaient des effets sur l’axe thyroïdien et 97 présentaient une neurotoxicité. Les scientifiques ont donc accumulé des preuves –jamais définitives, toujours incomplètes– mais qu’en ont fait les politiques ? La France en tête des pays utilisateurs Les industriels, quant à eux, se sont rendus indispensables : il est devenu impossible d’imaginer un autre modèle agricole sans leurs produits. Et ils se sont aussi imposés dans les comités internationaux chargés d’édicter les grandes règles d’évaluation de leurs propres produits… Et les agences européennes et nationales fondent largement leur expertise sur les tests effectués par ces mêmes industriels. L’usage du glyphosate et des pesticides en général ne cesse d’augmenter, et la France reste en tête des pays utilisateurs de pesticides. De plus, aucune norme ni réglementation ne concernent les pesticides présents dans l’air que l’on respire alors qu’ils y sont régulièrement détectables notamment en période de traitements et ce même à plusieurs centaines de kilomètres du lieu d’épandage. A contrario, depuis plus de quarante ans, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) fonde son expertise sur les études publiées dans des revues à comité de lecture, la plupart issues de la recherche publique. La controverse entre ces mêmes agences et le CIRC concernant le classement du glyphosate comme cancérigène probable en fournit l’illustration. Deux points de vue, deux méthodes. Monsieur le ministre, puisque vous semblez douter des nombreuses études ayant démontré la responsabilité des pesticides dans de nombreux cancers, de maladies neurodégénératives et neurodéveloppementales, allergiques, ainsi que malformatives, nous nous engageons à vous aider en vous envoyant une étude scientifique par mois jusqu’à la fin de votre mandat. Nous vous demanderons également – au nom des menaces qui pèsent tant sur l’environnement que sur la santé humaine – de respecter le principe de précaution et de placer l’intérêt public – la recherche mais aussi la santé – avant celui des industriels.
Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche (DR1) à l’Inserm et directrice équipe EPAR : épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires ; Jean-Marc Bonmatin, chercheur (CNRS) au Centre de biophysique moléculaire d’Orléans ; Thomas Bourdrel, médecin, membre du collectif Strasbourg Respire ; Laurent Chevallier, médecin nutritionniste attaché au CHRU de Montpellier ; Barbara Demeneix, biologiste au Muséum national d’histoire naturelle ; Eric Ferraille, médecin, président de la fédération des associations de protection de l’environnement en Rhône-Alpes ; Pierre-Michel Périnaud, médecin et président de l’AMLP (Alerte des médecins sur les pesticides) ; Philippe Ricordeau, médecin spécialiste en santé publique, épidémiologiste ; Pierre Souvet, médecin, président de l’Association santé environnement France ; Charles Sultan, professeur d’endocrinologie pédiatrique, à l’université de Montpellier.

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jibé 19 décembre 2018 - 14h36

Bonjour et merci de votre information. Nous nous sommes donc mal compris, je n’ai pas su a priori expliciter mon propos. Personne, et surtout pas moi, ne saurait contester le danger inhérent à l’usage non maîtrisé de pesticides, notamment dans le domaine agricole. Mais ce n’était pas du tout l’objet de mon commentaire initial et cette tribune que je connaissais, publiée par « des médecins et chercheurs » et adressée au ministre de l’agriculture ne me fait pas y changer grand-chose. Le terme « pesticide » est désormais connoté dans l’imaginaire populaire alors que la Nature elle-même en produit plus qu’on ne peut les compter (pyréthrinoïdes, jasminoline).
Et encore dans cette publication on a quand même du mal intellectuellement à se satisfaire, par exemple, de cette affirmation : « Rien ne permet actuellement d’infirmer que les pesticides n’en soient pas la cause. La question était seulement de savoir s’il fallait chercher plus loin ou non ? Nous le croyons, et nous pensons surtout qu’un travail d’analyse épidémiologique et d’exposition doit être réalisé sans tarder ». Là, on a forcément envie de répondre : « et bien si rien ne permet de… Cherchez et faites en effet ce travail qui le permettra ou non en toute connaissance de cause ». Car quand rien ne permet d’infirmer ou d’affirmer, scientifiquement il est de rigueur de dire « qu’on ne sait pas ». Il est d’ailleurs éloquent que l’objet de cette assertion était surtout l’agénésie des membres supérieurs qui vient de poser quelques questions en raison de clusters non négligeables (Ain, Morbihan, Loire Atlantique) avec 14 cas en un peu plus d’une décennie (en France 150 cas par an ; 1,7 / 10000 naissances). En effet ces clusters méritent des investigations précises pour déterminer des causes possibles, notamment environnementales, mais en ne négligeant surtout pas celles qu’on connait déjà parfaitement comme certaines intoxications médicamenteuses (rappelons-nous la thalidomide), les anomalies chromosomiques et les traumatismes pendant la grossesse… Or il est cependant clair qu’à ce sujet si on ne se référait qu’à la presse quotidienne et locale qui s’intéressa un moment au sujet (je pense notamment à Ouest-France) on était vite enclin à ne plus douter de la responsabilité des « pesticides ». Faut dire que le terme lui-même est devenu porteur.
Par ailleurs personne ne contestera sérieusement le nombre d’agressions sanitaires parfois létales auxquelles sont exposées dans leur environnement, des professionnels ou des particuliers au contact régulier de pesticides dont la toxicité est incontestable et démontrée, voire celle d’autres composants (hydrocarbure, CO2, amiante, charbon, dioxine etc.). Mais justement – et c’était l’objet de mon commentaire – qu’on le veuille ou non, en ce qui concerne « le glyphosate présumé cancérigène probable » par un organisme compétent il existe bien autant et même plus d’études réalisées par des organismes internationaux aussi crédibles et incontestés, pas tous aux ordres de Monsanto/Bayer (loin de là même si il y en a apparemment), et qui au bout de leurs travaux ne peuvent pas déclarer ce produit « cancérigène ». C’est un fait. Et l’objet de mon commentaire initial était de ne pas éluder que la bataille engagée en Europe contre le glyphosate était bien peut-être davantage et avant toute autre considération un élément décisif de la guerre déclarée contre l’industrie OGM et son leader en la privant d’une « arme » encore irremplaçable pour sa pratique efficiente. J’ai souligné que cette guerre me semblait personnellement juste et pertinente mais qu’il n’était peut-être pas fondamental de la mener par la bande plutôt que frontalement.
Je précise enfin que je ne suis pas concerné directement par l’utilisation de tel ou tel produit et surtout par ce glyphosate en question. Ce qui me préoccupe c’est « l’information », la médiatisation des faits, son usage et son utilisation prédéterminés. Ainsi et pour exemple si je recopie ici cette phrase de la tribune en question : « Le déclin des insectes ou celui des oiseaux nicheurs, la disparition de la biodiversité sont également directement imputables aux pesticides. » En voilà bien une affirmation abondamment relayée et commentée par les médias populaires de l’hexagone… elle n’est pas fausse bien sûr : les pesticides déciment le monde des insectes, maillon essentiel de la biodiversité… mais ne doit-on pas regretter que ces mêmes sources d’informations n’aient pratiquement jamais relayé celle qui rapportait qu’un bon nombre de pays (RU, Nouvelle-Zélande, Etats-Unis, Seychelles, Mexique etc.. ) avaient récemment désigné quant à eux le chat domestique comme « ennemi N°1 de la biodiversité » compte tenu des dégâts désormais insupportables commis sur l’avifaune bien sûr mais aussi, les petits mammifères, les batraciens, lézards, insesctes (papillons surtout) etc … certains de ces pays ayant d’ores et déjà interdit l’introduction et la reproduction, la divagation, des chats. Des études très approfondies conduites aux Etats Unis sont assez préoccupantes à ce sujet. Mais le sujet « méchant-chat » serait-il médiatiquement plus difficile à maîtriser que celui « vilains-pesticides », plus difficile à développer et argumenter, sans s’aliéner une partie de l’opinion… de la clientèle ?.. c’est une légitime question. Bien à vous.

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Enovie 10 avril 2019 - 13h50

En plus de cancérogène,le glyphosate ne serait-il pas perturbateur endocrinien ?

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