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Pour protéger l’environnement en Bretagne, sur le littoral, concrètement, que puis-je faire ?
Revoilà les beaux jours.
Vous aimez la nature, seul ou en famille, avec vos enfants ou petits-enfants vous adorez vous promener sur le littoral et profiter du spectacle : la mer qui vient caresser doucement les plages de sable blond ou de galets, ou éclater en vagues furieuses à l’assaut des rochers et des falaises, la végétation des dunes, les oiseaux marins. Vous adorez vous
promener sur le littoral.
Vous aimeriez bien protéger l’environnement en Bretagne pour qu’il dure très longtemps, mais vous ne savez pas comment faire.
À votre niveau, concrètement.
Pas de panique.
Voici cinq gestes tout simples, à la portée de tout le monde, qui peuvent être d’un grand secours pour cet environnement fragile et ses occupants non-humains.
Déjà : On évite évidemment de laisser des traces, des résidus, des déchets.
On ramasse ses papiers, ses restes de repas, sa bouteille d’eau en plastique, sa canette en alu ou son emballage de mac-do : on jette dans une poubelle s’il y en a, on trie pour recycler si des bacs sélectifs existent, ou mieux : on rapporte chez soi ses déchets pour les trier. De plus en plus de gens le font.
(Note : on n’est pas non plus obligé de manger du mac-do et d’utiliser du plastique ! Mais c’est une autre histoire.)
C’est simple, à la portée de chacun et de chacune, et ça évite de voir cet endroit souillé (j’allais dire salopé) par des m… en particulier en plastique.
Il y a bien sûr le côté esthétique, basique, mais aussi, mais surtout, le côté écologique.
Une canette en alu va mettre 200 ans à se détruire ! Une bouteille plastique entre 400 et 450 ans ! Multiplié par le nombre de promeneurs bipèdes, vous imaginez la pollution.
Mention toute particulière aux mégots !
Un mégot, ça se jette dans un cendrier ou ça se ramasse dans un cendrier de plage. Vous savez, ceux offerts par les offices de tourisme pour faire de la pub à la commune.
Le mégot jeté dans la nature est l’une des pires pollutions imaginables. Il contient de l’arsenic, du dioxyde de titane, des pesticides, du plomb, du mercure, du cadmium, des restes de benzène, des formaldéhydes, des goudrons… Il va mettre entre un et trois ans à se dégrader. Et s’il y a un filtre ce sera une dizaine d’année ! Sachant qu’on a évalué qu’un seul mégot peut polluer 500 litres d’eau… imaginez pour plusieurs milliers de personnes ! Et pour plusieurs millions…
C’est une catastrophe pour la qualité de l’eau.
Donc s’il n’y avait à titre individuel qu’une seule chose à faire, ce serait celle-là evel just : ne pas jeter de mégot dans la nature ! Ça aussi ça semble basique.
Et pourtant…
Pour protéger l’environnement en Bretagne, quand on se promène sur une plage, on respecte la laisse de mer.
La laisse de mer, c’est cette bande d’algues laissée en milieu ou en haut de plage par la marée haute, qui contient des algues mais aussi un peu de bois flotté, des capsules d’œufs de raies, des plumes, de petits crustacés, de petits mollusques, des insectes, quelquefois des cadavres d’animaux marins…
Et hélas aussi du plastique.
Ce n’est pas pour faire joli, c’est naturel, c’est amené et remporté par les marées, et surtout ça sert de garde-manger à tout un écosystème. Ces algues se décomposent en nourrissant des invertébrés, eux-mêmes prédatés par des oiseaux comme
les tournepierres, les mouettes ou les gravelots. La laisse de mer va également contribuer à la protection de la dune si elle existe.
Les promeneurs ne vont pas vraiment s’en occuper, les baigneurs vont les ignorer en les traversant, et beaucoup (trop) de municipalités vont vouloir à tout prix les ramasser/supprimer/détruire, tôt le matin, pour que « ça fasse propre » pour les touristes dans la journée.
Des mairies qui confondent propreté et désert.
Dans le même esprit, quand on va farfouiller avec des enfants sur les rochers ou dans les petites mares résiduelles à marée basse, si on retourne une pierre pour observer les bestioles ou les anémones collées au-dessous, on n’oublie pas de la remettre en place ensuite.
Sinon c’est la mort assurée de ses occupants.
Bref : promeneur-citoyen, on regarde, on observe, on hume, on s’émerveille de la vie grouillante. Et on laisse tranquille.
Un truc devenu à la mode qu’il vaut mieux éviter : les tumulus de galets en équilibre.
Les tumulus de galets ou cairns, c’est une chose qui était sympa autrefois car anecdotique, mais c’est maintenant devenu viral au beau temps, de multiples vidéos sont visibles sur YouTube et autres réseaux (dits) sociaux, chaque plage où se trouvent des
galets y a droit.
C’est vrai que ça a un côté artistique, poétique, voire mystique ou même scientifique (cela semble défier les lois de la gravité : mais comment ça peut tenir ?).
Oui mais…
Savent-ils, ceux et celles qui les fabriquent, que les galets ont une véritable utilité écologique ? Ils protègent les côtes contre la houle, limitent l’érosion des plages et des falaises, et abritent mine de rien une importante biodiversité, quelques espèces d’oiseaux viennent même y pondre leurs œufs, comme les gravelots à collier interrompu (aux effectifs peu nombreux sur le littoral breton).
Alors si vraiment vous voulez en fabriquer un, l’association Bretagne vivante donne les conseils suivants :
- faites-le en bas de plage, en respectant l’emplacement des galets
- faites attention où vous mettez les pieds, les gravelots à collier interrompu font leur nid parmi eux (plutôt en haut de plage) et vous risquez d’écraser des œufs ou des poussins, qui par mimétisme se fondent dans le paysage
- faites votre photo puis replacez les galets où vous les avez trouvés
Respecter le haut de plage.
Le haut de plage est cet endroit qui n’est pas recouvert par la mer. Ce n’est pas pour cela que c’est un désert et qu’il faut y faire n’importe quoi.
Bien évidemment, déjà ce n’est pas un parking ! Ni à voiture, ni à quad, ni à vélo. On va se garer plus loin.
S’il y a une dune protégée par des ganivelles, bien sûr on respecte le chemin tracé entre elles. On ne joue pas au ballon derrière les ganivelles, parmi les plantes de la dune, c’est justement pour protéger celles-ci qu’elles ont été installées. Car la dune et sa végétation protègent la plage lors des grandes marées. Si la dune disparaît à force de piétinement, la plage aussi disparaîtra.
De même, si un chemin côtier est balisé par des protections ou des ganivelles, c’est pour respecter la lande côtière et ses plantes uniques et fragiles. Les conditions météo sont déjà assez rudes pour elles, elles n’ont pas besoin d’être écrabouillées par des promeneurs ou des photographes curieux ou indélicats.
Et pourtant… on en voit.
Ailleurs, les selfies !
Enfin, toujours en haut de plage, s’il s’agit de galets on regarde à deux fois où l’on met les pieds. C’est possiblement le lieu de nidification de gravelots à collier interrompu (voir plus haut). On risque d’écraser des œufs, ou de faire s’envoler les parents,
et dès lors les œufs ou les poussins vont être à la merci de prédateurs présents dans les parages. Pour la même raison on ne lâche pas son chien si on le promène. Si on peut le promener ailleurs ce n’est d’ailleurs pas plus mal.
Quant aux drones, skates électriques, quads et autres engins, ce n’est vraiment pas là leur place !
Dernière chose possible (et très utile) à titre individuel.
Ou : quand l’individuel rejoint le collectif.
Si l’on observe une atteinte à l’environnement, de quelque ordre que ce soit (pollution, destruction,…), à titre individuel on ne peut pas toujours faire grand-chose.
Mais comme le dit la maxime : « Tout seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ».
Alors on peut signaler le problème aux Sentinelles de la Nature.
Émanation de la fédération France Nature Environnement, cette structure transmettra votre observation à l’association locale la plus proche, qui pourra prendre le relai et agir en conséquence. (C’est valable sur le littoral mais aussi partout ailleurs bien entendu). S’il s’agit d’un animal marin (dauphin échoué par exemple), on peut joindre l’association Sea Shepherd qui avisera.
En Bretagne historique, selon les cas, les Sentinelles de la Nature de FNE transmettront votre info à Bretagne Vivante, à la LPO, à Eaux et Rivières de Bretagne, ou à la petite association locale.
Bientôt la LPO va développer une application mobile permettant au grand public de signaler l’échouage d’oiseaux marins et de déchets. À suivre.
Et puis, bien sûr, si on souhaite aider un peu plus, on peut aussi adhérer à une association de protection de la nature et de défense de l’environnement pour soutenir ses actions et y participer au besoin, comme par exemple les opérations de
ramassage de déchets sur certaines plages, le ramassage d’oiseaux échoués pour évaluer leur pollution par le plastique, le comptage des oiseaux marins avec la LPO, l’inventaire de l’estran avec l’Observatoire Breton des Changements de l’Estran, …
Le choix est vaste et les besoins nombreux.
Vous l’aurez compris : concrètement je peux/tu peux/nous pouvons/vous pouvez faire des choses toutes simples, mais efficaces, pour protéger la nature et l’environnement sur le littoral !
Bien sûr on n’évitera pas de cette façon les maladies du système que sont les marées noires, les algues vertes ou la pollution industrielle. Mais au moins on pourra personnellement « faire sa part », comme le colibris de la légende amérindienne.