Sommaire
Bretagne, une terre sacrifiée ?
Le documentaire récemment diffusé sur France 5 « Bretagne, une terre sacrifié » a suscité nombre de commentaires.
C’est heureux !
En Bretagne, les questions agricoles sont centrales et il est bon qu’un documentaire nourrisse les débats.
Le parti pris de la documentariste est clair : remettre en cause le « modèle » qualifié de productiviste, basé sur le développement de l’agro-chimie.
Je la rejoins.
Les effets induits de ce modèle de développement, né dans les années 20 et accentué durant les 30 glorieuses, sont terribles. Les eaux, les sols, les airs sont pollués. Durablement pollués. Quant aux ravages individuels sur nombre de paysans, les exemples donnés dans le documentaire sont explicites. Le temps de l’agro-écologie est venu.
Pour autant, cette noble cause doit-elle s’accompagner de mensonges pour s’imposer ? Mensonges directs, d’une part, mensonges par omission, d’autre part ? Non. Cette cause salutaire gagne à dire les choses telles qu’elles sont sans tordre le bras aux faits, aux chiffres, aux données objectives.
Cinq points méritent à ce titre d’être précisés.
1 – Le plan volaille de la Région Bretagne s’élèverait à 25 millions d’euros.
Non, soyons précis, 5 millions ont été provisionnés et 2,4 millions vont être consommés à la fin de ce « plan volaille », début 2021.
2,4 millions, ce n’est pas 25 millions.
2 – Concernant la surface globale des poulaillers en Région Bretagne …
… Dont on dit qu’ils augmentent énormément. Les chiffres sont clairs, eux aussi : la surface totale des poulaillers dépassait les 6 millions de m2 en 2000. Cette surface est descendue à 3,6 millions aujourd’hui. Une diminution de 40% en 20 ans ! Et les aides du « plan volaille » contesté sont conditionnées. En effet, les nouveaux poulaillers ne peuvent s’ajouter à des poulaillers anciens. Ils les remplacent, comme ils remplacent du « poulet export » par du poulet certifié (bio – label rouge – ou certifié marché français). Que l’on critique ce « plan volaille » qui s’achève début 2021, c’est évidemment légitime. Mais faisons-le sur la base d’éléments fiables et avérés.
3 – Par ailleurs « la Région Bretagne vient d’entrer au capital » de Triskalia …
… Entend-on dans le documentaire, après l’évocation des drames vécus par un éleveur, Christophe Thomas.
C’est faux, tout simplement faux. Car la Région Bretagne n’a jamais été au capital de Triskalia.
4 – Et puis, il y a des omissions.
Le documentaire s’arrête dans une exploitation qui a organisé sa conversion au bio (production de yaourts), l’exploitation de la famille Chéritel.
Pourquoi ne pas dire que cette conversion a été très fortement aidée par la Région ?
Pourquoi ne pas dire que la Région Bretagne est aujourd’hui la première région européenne pour les mesures agro-environnementales et climatiques dans l’agriculture ?
5500 exploitations ont été aidées par la Région. 5500 !
Parmi elles, 3350 fermes sont en bio. Ce n’est pas rien.
Pourquoi ne pas dire que la Région Bretagne a décidé en 2017 de poursuivre l’aide au bio (hors conversion), alors que l’Etat l’arrêtait ?
Pourquoi ne pas dire le soutien de la Fédération régionale des agriculteurs biologiques à ces engagements ? Au total, depuis 2015, c’est 250 millions d’euros (250, pas 2,4 !) qui ont été investis par la Région dans ces domaines. Sous l’égide de Loïg Chesnais-Girard et du vice-président à l’agriculture, Olivier Allain, lui-même exploitant agricole en bio et Label rouge.
5500 exploitations, est-ce suffisant ? Non, évidemment pas. Mais le combat continue !
5 – L’autre omission majeure concerne la qualité des eaux.
Avant 2010 on mesurait plus de 50 mg de nitrates par litre dans les cours d’eau bretons.
Un drame progressivement vécu depuis les années 60… Et la Région, comme beaucoup d’autres, était alors engagée dans des contentieux européens frappant toute région aux taux supérieurs à 50mg/l. Aujourd’hui, nous sommes entre 25 et 30 mg/l en moyenne. Et la Bretagne est la première région en Europe à sortir de ces contentieux « nitrates ».
25 à 30, est-ce suffisant ? Non, évidemment pas.
L’idéal sera de descendre sous les 10 mg/l et le combat, là aussi, doit continuer, sans relâche…
Mais pour autant, on peut remercier tous ceux qui se sont fortement engagés pour faire baisser de moitié cette calamité, des lanceurs d’alerte aux paysans concernés ! Et encourager Thierry Burlot, vice-président à l’environnement dont la qualité des eaux est le combat d’une vie !
Avec les agriculteurs qui ont organisé leurs transitions, à l’image de M. Chéritel, avec les associations environnementales, avec les collectivités, avec tous ceux qui travaillent au quotidien pour améliorer la qualité des eaux, il y a matière pour un second documentaire, Bretagne, une terre reconquise. Un second documentaire qui illustrerait, par l’exemple, le vœu de Nicolas Hulot, « changer de paradigme », et les développements heureux de l’agro-écologie…
En annexe, par une image, un beau chantier, celui de la reconstruction de haies bocagères, par le GAEC Bontul, l’exploitation bio de M. et Mme Conan. La reconstruction de haies et de talus, tout un symbole…
1 commentaire
Que retenir de ce reportage ? La Bretagne massacrée dans tous les sens à commencer par la carte bien rabougrie au point que l’on pourrait se demander , si elle n’était pas même plus restreinte que les quatre départements .Les écologistes Bretons qui ont participé à ce reportage ,auraient au moins du exiger que l’ensemble de la Bretagne soit prise en considération .L’audience était loin d’être à la hauteur des enjeux et de la pub qui a été faite pour cette émission ,comme quoi on pourrait penser que l’opinion reste quelque part malheureusement assez indifférente à tous ces problèmes ,c .Bien entendu la dégradation de l’environnement ,et l’utilisation excessive des pesticides sont des problèmes majeurs de notre société de consommation ,cependant ce n’est pas spécifiquement breton ,des régions française et européennes sont bien plus concernées par les pollutions et concentrations animales ,allez faire un tour aux pays bas et dans le nord de l’Allemagne .Le contexte historique ,économique social des années 1950 n’a pas été suffisamment pris en compte pour expliquer pourquoi l’agriculture bretonne a buté sur le mur de l’environnement , le sommet est derrière nous , vu le vieillissement de la population agricole ,mécaniquement le nombre d’animaux baisse et va baisser malgré des élevages hors sol de taille de plus en plus importante ,et c’est effectivement dommageable mais si ce type de structures disparait , que vont devenir les activités en amont et en aval ?,Les conséquences d’une baisse d’activité se feront ressentir bien plus loin que d’aucun ne le pense ,y compris dans le domaine de la culture ,il est nécessaire qu’il y ait un minimum de volume de production pour la survie des entreprise de transformation . Aussi vertueux que sont les circuits courts ,ils ne peuvent pas être la seule réponse alimentaire à notre civilisation urbanisée . Ceux qui étaient des lanceurs d’alerte dans les années soixante dix,minoritaires à l’époque , n’étaient pas écouté pire mis parfois au ban de la société ,aujourd’hui c’est tellement facile dans l’air du temps de hurler avec les loups ..C’est en Bretagne que l’agriculture biologique se développe le plus actuellement ,tant mieux ,mais ,il n’y a pas non plus que des réussites dans ce domaine malgré que contrairement à ce que l’on dit ,hormis le maraichage ,il y a des aides assez importantes dont profitent parfois des opportunistes qui n’ont pas forcément la fibre environnementale . Le point fort de ce reportage ce sont les témoignages des personnes victimes des pesticides de part des négligences lamentable de trsikalia ,qui par ailleurs a été le bouc émissaire bien excessif de cette émission alors qu’il y a eu des acteurs économiques coopératifs et privés qui ont commis des fautes graves n par exemple lors de la période de l’ESB (vache folle ) ,de part l’utilisation des farines de viande dans l’alimentation animale .D’après mes renseignements les problèmes de l’élevage de Moustéru ne proviennent pas uniquement de l’aliment qui était frelaté .J’ai le sentiment que la présidente de la fdsea avait apprise sa leçon par coeur ,c’était sans conviction ,par contre tout n’était pas pas faux dans ce qu’elle disait sur les conditions de l’émergence des algues vertes notamment le rôle des phosphates .La Bretagne une fois de plus a été trainée dans la boue par une mouvances de bobos parisien et leurs relais locaux ,ainsi que le président du conseil régional pour qui la tâche dans ce domaine n’est pas facile d’autant qu’il n’est pas responsable d’une situation bien antérieure à son arrivée aux responsabilités .