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Le bocage de Bretagne, le paysage comme identité.
Le bocage, mieux que tout autre paysage symbolise cette Bretagne intérieure si joliment nommée en langue bretonne Argoat. Autrement dit, Pays des Bois. L’étymologie nous enseigne que le mot bocage est issu du vieux normand boscage. Par ailleurs lui-même issu du latin boscus signifiant tout naturellement bois. Le bocage n’est pas un paysage naturel. Il est né de la volonté humaine. Sa construction débute à la période médiévale. Une clairière est ouverte au cœur de la forêt. Un talus, parfois un muret, est planté d’arbustes (prunelliers, aubépines, églantiers ) ou d’arbres (chênes, hêtres, châtaigniers. Une prairie est née.
Un chemin relie une prairie à une autre, un village à un lieu-dit ou à un plus gros bourg. C’est ainsi que naquit la trame bocagère. Les vallons plus humides accueillent des aulnes et des saules.
Le bocage est dit organique car il épouse parfaitement toutes les formes des reliefs. Lorsque vous cheminez par ces chemins vous ressentez plus que nulle part ailleurs ce sentiment de quiétude et de mystère qui causent si bien aux âmes sensibles. La lumière y est plus subtile au début du printemps et les arômes plus boisés après une averse automnale. La qualité du silence au petit matin y est rehaussée par les chants des oiseaux et des insectes.
Cet écosystème d’origine anthropique était si bien ancré dans l’univers mental de la paysannerie bretonne qu’elle en prit cruellement conscience peu après le début de sa destruction, au début des années 60. Son éradication rapide laissa au cœur de certains paysans une douloureuse nostalgie générant parfois de graves troubles psychiques.
Le bocage est un formidable modèle agraire.

La carte de Bretagne des paysages
Les prairies closes accueillaient le bétail. Les champs, protégés des vents mauvais qui balaient parfois notre région, permettaient la culture du sarrasin et du foin. Les terres y étaient plus faciles à enrichir. Au cœur des lourds étés, la fraîcheur des sols et des atmosphères y était conservée. Les mares et cours d’eau y étaient nombreux. Le bois, produit des haies, servait au chauffage et à la construction. C’est peu après les premières campagnes de destruction que certains agronomes en prirent conscience.
En détruisant haies et talus, les machines pouvaient œuvrer de manière plus efficace. L’usage des engrais et des pesticides permettent des productions plus importantes. Les paysans, quant à eux, ne tardèrent pas à noter que les terres s’appauvrissaient et que les pluies emportaient vers les rivières les précieux nutriments. Les inondations étaient aussi plus fréquentes et plus destructrices.

Haies et talus forment le bocage de Bretagne
Les écologistes peu après, démontrèrent que la trame bocagère fonctionnait aussi comme une éponge à pollution. Le bocage constituait également des corridors de premier ordre, reliant une région à une autre, favorisant ainsi le brassage génétique si essentiel à la biodiversité. Bien que l’arasement pur et simple du bocage n’existe plus depuis les années 80, celui-ci poursuit son inéluctable déliquescence, victime du vieillissement, des attaques de parasites, des usages excessifs de produits phytosanitaires. Il resterait aujourd’hui moins de 100.000 kilomètres de trame bocagère contre 250.000 dans les années 70. Un dispositif européen nommé Breizh Bocage se propose de le restaurer dans les meilleurs délais.
L’indispensable ouvrage : Manuel de construction de talus aux Éditions Yoran Embanner
2 commentaires
c tro bi1
Les écologistes, pas beaucoup vus ni entendus quand vers la fin des années 60 ont remembré à tout va. En 68, j’étais en Bretagne ,dans la famille de mon épouse, région de Pontivy, que son oncle, paysan, me disait que abattre les haies était une hérésie, car le vent allait emmener la terre arable. Ce qui par la suit se vérifia, puisque on replante de la haie.