Le Balbuzard pêcheur en Bretagne : le grand retour !
Si le Balbuzard pêcheur (Pandion Haliaetus) était régulièrement observé en Bretagne lors de ses migrations pré-nuptiales ou post-nuptiales, le beau rapace piscivore ne daignait plus y nicher depuis de trop nombreuses années.
Au printemps 2022, une première nidification a été observée en Ille et Vilaine, annonçant nous l’espérons, son retour définitif en terres bretonnes.
Sommaire
Balbuzard pêcheur : éléments biométriques
Taille : 50 à 60 cm
Envergure : 160 à 180 cm
Poids : 1200 à 2000 gr
Longévité : 20 à 30 ans
Identification et comportement
Le Balbuzard pêcheur est aisément identifiable. Les plumes de son dos sont brunes tandis que celles de son ventre sont blanches. La tête est claire et pourvue d’un bandeau sombre sur son œil jaune. Le bec est noir. Les pattes grises sont pourvues de longues et puissantes serres noires. Il n’existe guère de dimorphisme sexuel bien que la femelle soit légèrement plus imposante que le mâle. Le Balbuzard pêcheur est presque exclusivement piscivore. On retrouve dans son régime alimentaire, carpes, gardons, rotengles, brèmes, tanches, mulets … Sa proie peut atteindre un poids de un kilogramme. Depuis un juchoir ou en vol le Balbuzard pêcheur fond sur sa pitance, serres en avant et ailes repliées, depuis une hauteur de 10 à 30 mètres.

Balbuzard pêcheur en piqué sur un proie – Photo Instagram #joinus12345
Distribution et biotope du Balbuzard pêcheur
En raison de son régime alimentaire spécifique, le Balbuzard pêcheur sera toujours retrouvé à proximité des étangs et des lacs, mais aussi des estuaires et des zones littorales, ainsi que des rivières et des fleuves. Il apprécie que ces plans d’eau soient entourés de vastes forêts, pourvues de vieux arbres, pouvant accueillir son grand et lourd nid. Son aire de répartition, immense, recouvre la totalité ou presque des continents, hormis les pôles. Le Balbuzard pêcheur est un grand migrateur. Les individus européens hivernent en zone sub-saharienne, parfois en péninsule ibérique, tandis que les sujets nord-américains, migreront en Amérique latine, et parfois en Floride et en Californie.
Reproduction et démographie
Son retour en Europe se fait en avril-mai. La parade nuptiale est destinée à attirer une femelle ou renforcer les liens avec son épouse ; le Balbuzard pêcheur est fidèle. Le nid, constitué de branchages et d’herbes, est bâti sur un arbre dont la cime est suffisamment robuste. Il sera réutilisé et renforcé chaque année. Plus rarement, le nid peut être construit sur des poteaux, ou parfois, à même le sol. La ponte a lieu en mai – juin. Elle est constituée le plus souvent, de trois œufs blanc – crème, tachetés de brun – ocre. La couvaison dure de 30 à 40 jours. Les poussins nidicoles quitteront le nid un mois et demi plus tard. Lorsque la belle saison tire à sa fin, ils seront prêts à entamer une longue et dangereuse migration.

Balbuzard pêcheur en retour de pêche – Photo Instagram #joinus12345
Enfin de retour en Bretagne !
Le retour du Balbuzard pêcheur était de longue date attendu en Bretagne. De nombreux sites se prêtaient en effet à sa nidification. Depuis bien longtemps, il était observé en migration nuptiale, surtout au – dessus du Golfe du Morbihan, aux environs de Séné / Sine et de Sarzeau / Sarzhav, de Theix-Noyalo / Teiz-Noaloù et de la Rivière de Pénerf / Penerv …
Des hivernages avaient également été constatés par les ornithologues entre 1994 et 2000 en Rade de Brest.
Le Balbuzard pêcheur a bien failli disparaitre au décours des années 60 – 70, victime tout à la fois, des pesticides, de la chasse systématique, de la destruction des nids, du prélèvement des œufs. En France, le majestueux rapaces a presque totalement disparu au cours du XIXe siècle, entre autres victime de sa mauvaise réputation. Ses exigences écologiques, associées à ses faibles capacités de reproduction, ont failli avoir raison du beau rapace.
Par ailleurs, le caractère philopatrique* des Balbuzards pêcheurs en limite la dispersion.

Balbuzard pêcheur replié pour mieux pénétrer dans l’eau – Photo Instagram #joinus12345
Depuis les années 80, des associations œuvrent à la reprise des nidifications, et, cet engagement semble porter depuis le tout début du XXI siècle ses fruits, puisque 150 à 200 couples nicheraient aujourd’hui en France. L’espèce est rarissime, et donc protégée sur l’ensemble du territoire par un arrêté ministériel du 17 avril 1981.
Si jusqu’alors, les tentatives avaient échoué en Bretagne, une première nidification a eu lieu en Forêt de Rennes / Roazhon, au printemps 2022.
Le couple a ainsi donné naissance à trois poussins, qui, parvenus à maturité, ont suivi leurs parents en migration. Cette nidification tant espérée a été favorisée par l’Office Nationale des Forêts qui a étêté une dizaine d’arbres afin de créer des plateformes dans une zone dite de quiétude. Nous espérons donc revoir, en ce printemps 2023, ce couple de Balbuzards pêcheurs accompagné de ses trois juvéniles, qui, dans quelques années peut être, viendront fonder une famille en Bretagne.
*Philopatrique : Une espèce philopatrique est une espèce qui revient sur son lieu de naissance pour se reproduire.
Bibliographie
- Rapaces de Bretagne, Nature & Culture, Didier Clec’h (auteur) & Jean – Pierre Guilleron (aquarelliste), Éditions Yoran Embanner, octobre 2019, 216 pages
- Rapaces nicheurs de France, Jean – Marc Thiollay & Vincent Bretagnolle, Delachaux & Niestlé, la Bibliothèque du Naturaliste, septembre 2004, 175 pages
Sites internet
http://www.objectifbalbuzard.com/balbuzard-pecheur
Crédit photographique : Instagram : #joinus12345