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Des ratons-laveurs en Bretagne ?
Éléments biométriques
Les ratons-laveurs en Bretagne ont une taille entre 65 à 96 cm
Poids : quatre à cinq kilos pour les femelles et huit à neuf kilos pour les mâles
Maturité sexuelle : un an pour la femelle et deux ans pour le mâle
Longévité : de cinq à dix ans en liberté et seize ans en captivité
D’où venons – nous ?
Nos origines sont nord – américaines.
Nos ancêtres sont présents des forêts canadiennes aux bayous de Louisiane, et plus au sud encore, en Amérique centrale. Notre présence sur le sol français est liée à des lâchers intentionnels de mascottes de soldats américains de la base de l’OTAN de Laon-Couvron (1966) qui rencontrèrent des ratons-laveurs Belges et Allemands retournés à l’état sauvage.
Dans les années 20-30 notre belle fourrure fut en effet très prisée Outre-Rhin et Outre-Meuse.
Certains d’entre nous parvinrent à se faire la belle de ces affreux élevages et se réfugièrent au cœur des forêts et des marais. Nous étions ainsi en Allemagne près de mille individus répartis sur 136 élevages en 1930.
C’est dans la Région Grand-Est que nous sommes aujourd’hui les plus présents. Notre engeance s’est répandue en Alsace, en Lorraine, en Picardie …
Dans les années 90 se sont entre trois cents et cinq cents individus qui étaient piégés chaque année. Les plus aventureux d’entre nous ont remonté la Marne et la Meuse et nous sommes désormais bien présents en Haute-Marne et dans l’Aube mais aussi plus loin en Auvergne. Un autre foyer de colonisation prospère dit-on en Gironde !
Comment nous identifier ?
Vous autres humains nous connaissez bien, encore que vous nous confondiez parfois avec notre lointain cousin, le Chien viverrin (Nyctereutes procyonoides). Celui-ci aurait d’ailleurs été observé en Loire-Atlantique en octobre 2021. Notre allure et notre comportement nous procurent auprès de vos semblables un inestimable capital-sympathie.
Jugez plutôt !
Une belle silhouette dodue avec une abondante fourrure poivre et sel parfois mordorée. Une belle gueule aussi, avec un joli museau pointu pourvu de longues vibrisses blanches, de beaux yeux sombres et un beau masque brun qui nous donne des allures de scélérat d’opérette. Notre appendice caudal est rayé de noir et de blanc. Savez – vous pourquoi nous nous nommons ratons-laveurs ?
Parce que nous trempons notre nourriture dans l’eau et la malaxons longuement avec nos petites mains à cinq doigts avant de la bouloter, comme si nous la lavions, alors que nous en testons plus simplement la qualité et la toxicité. Les amérindiens nous nomment arakoun, autrement dit, celui qui gratte avec ses mains. Les anglo-saxons nous nomment quant à eux, racoon et les brittophones, rakoun !
Procyon lotor ?
C’est en 1780 que Gottlieb Konrad Christian Storr (1749-1821), médecin et naturaliste allemand, range le raton-laveur dans le genre procyon, autrement dit avant le chien. Il est aussi possible, prétendent certains naturalistes, que procyon évoque une étoile de la constellation du chien en référence au mode de vie crépusculaire de ce drolatique mammifère. L’épithète lotor signifie en latin, celui qui lave …
Qu’en est – il de notre régime alimentaire ?
Si nous sommes précautionneux quant à la qualité et à l’innocuité de ce que nous ingérons, nous sommes omnivores, ce qui explique en partie nos grandes capacités adaptatives. Certains naturalistes nous qualifient parfois de survivalistes ! Nous sommes en fait des opportunistes s’adaptant aisément à vos résidences et à vos saisons. Nous avons bien sûr quelques préférences. Au printemps, notre régime est essentiellement carné, mollusques, œufs, oisillons, poissons, petits mammifères … puis, en été et en automne, nous évoluons vers un régime plutôt frugivore, céréales, baies, fruits à coque …
Lorsque nous fréquentons vos villes, nous nous délectons de vos poubelles n’hésitant pas parfois à piller vos maisons, et même vos ruches. En période hivernale, notre activité diminue drastiquement et nous nous réfugions au cœur de nos gîtes, des terriers, des excavations dans les arbres, parfois même dans vos caves, ou vos combles. Nous ne sommes cependant pas des hibernants. Un petit rayon de soleil suffit à dissiper notre torpeur et aiguise notre appétit.
Go West Boys ?
Pas vraiment ! Mes compatriotes Bretons ne seraient pas issus des premiers peuplements franco-européens, mais selon les spécialistes, des sujets échappés de zoos ou de cirques. Certains humains nous aussi considèrent comme des animaux domestiques. Il faut bien avouer que jeunes, nous sommes adorables. La maturité acquise, nous devenons querelleurs et destructeurs et comme nous n’apprécions rien de plus que la liberté, nous sommes volontiers fugueurs. C’est à la fin des années 90 que nous sommes signalés ici et là en Bretagne …
Ainsi en 1998 ce n’est pas moins de dix-sept mentions qui sont effectuées, une dans les Côtes d’Armor et une en Loire Atlantique,, trois dans le Finistère, trois en Ille et Vilaine, neuf dans le Morbihan. Entre 2003 et 2023 – (données du Groupe Mammalogique Breton) – le raton-laveur aurait été observé à douze reprises. La dernière observation datant de 2023.
La première observation en 1998 a été effectuée en Ille et Vilaine sur la commune de Pléchâtel / Plegastell.
C’est aux environs de Lorient / An Oriant que furent effectuées pas moins de huit observations. Une observation est effectuée en 2012 sur la commune de Vue / Gwegenez en Loire-Atlantique.
Aucune population marrone (1) ne semble donc exister en Bretagne.
Sommes-nous une espèce exotique envahissante ?
Nous en possédons toutes les caractéristiques (2) mais, à bien y regarder nous sommes présents sur le sol français depuis une petite cinquantaine d’années, et à ce jour, notre impact sur la biodiversité semble toute relative. Il faut bien dire que depuis longtemps maintenant, vous nous tenez à l’œil, et contenez notre expansion démographique. Notre période de reproduction débute en mars et se termine en avril. Nos femelles, monogames, mettent bas une fois par an, deux à trois rejetons, en mai – juin.
On ne peut donc raisonnablement pas à ce titre nous accuser de prolifération.
Nous n’avons pas en France de prédateurs. Ici pas de loups (ou presque), pas de pumas, pas de lynx (ou presque), pas d’alligators non plus …
Quelques chasseurs, quelques braconniers, et quelques piégeurs autorisés …
Nous sommes aussi victimes de la circulation automobile, car, en raison de notre activité crépusculaire, nous sommes souvent victimes de collisions.
Bien que mal documenté, il semble raisonnable de penser (au moins pour le moment) que ces quelques ratons-laveurs n’ont pas la moindre incidence sur la faune bretonne. Le raton-laveur est cependant considéré depuis 2016 (principe de précaution) comme une espèce exotique envahissante au niveau européen au même titre que le chien viverrin, le rat musqué, le ragondin, le vison d’Amérique.
Un arrêté ministériel français autorise sa destruction par chasse ou piégeage des ratons-laveurs.
(1) Une population marrone ou férale désigne en zoologie une espèce animale domestique retournée partiellement ou totalement à l’état sauvage.
(2) Le terme espèce exotique envahissante ou espèce invasive a fait son entrée dans le vocabulaire en 1984. Il désigne une espèce allochtone – un végétal ou un animal – introduite de manière volontaire ou involontaire dans un milieu et se développant sans entraves au détriment des espèces autochtones.
Des ratons-laveurs en Bretagne : Bibliographie
- Groupe Mammalogique Breton, Atlas des Mammifères de Bretagne, Locus Solus, 303 pages, 2015
- François Léger, Observation du Raton – laveur en Bretagne, Revue Penn Ar Bed – 187, 2002, pages 14 – 19
- http://especes-exotiques-envahissantes.fr/etude-de-leco-ethologie-du-raton-laveur-en-france/
Iconographie
Portrait de trois ratons-laveurs par B§W
Gravure de ratons- laveurs
Un autre Américain qui colonise peu à peu la Bretagne, également par le même Auteur Stéphane Brousse
3 commentaires
De grâce, rien ne vous oblige à employer l’expression « région grand-est ».
C’est faire le lit de la région grand-ouest.
le nom en breton du raton-laveur a généré à l’époque un véritable débat sur un de mes groupes facebook (Bretagne et Celtie ou langues minoritaires de france et d’ailleurs je ne sais plus ) certains favorables comme moi à Rakoun ( raccoon anglais mais qui vient en fait de l’Algonquin) et d »autres favorables à un calque du français raz-gwalc’her !!
Bonjour, juste pour signaler une observation cette nuit d’une bien belle petite famille de ratons laveurs perchés dans le figuier et un peu effrayés par ma présence, sous l’oeil curieux de nos chats. J’ai essayé de détourner l’attention des chats pour les laisser tranquilles. Au final nuit calme sous la lune gibbeuse. Commune de Plomeur (Finistère), nuit du 19 juillet 2024, vers 00h30.