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La biodiversité s’appauvrit en Bretagne
Les plus jeunes ne s’en rendent sans doute pas compte. Et pour cause, le mal progresse lentement. Lentement mais tellement sûrement.
La Bretagne voit disparaître peu à peu sa biodiversité. Des études récentes démontrent qu’en Bretagne, comme ailleurs, des espèces disparaissent. D’autres sont de plus en plus menacées et la liste ne cesse de s’allonger, selon l’UICN, l’Union internationale pour la conservation de la nature
Pour celles et ceux qui étaient enfants dans les années cinquante et soixante, c’est juste évident. Les nuées de moineaux piaillant ont quasiment disparues. Les hirondelles et les martinets de nos chaudes journées deviennent de plus en plus rares. Il y avait des nids partout dans les talus de notre bocage. Mais c’est vrai que l’administration a encouragé leur arasement pur et simple. Il y a trente ou quarante ans, nos réserves ornithologiques côtières abritaient des milliers d’oiseaux marins de nombreuses espèces. Aujourd’hui les falaises rocheuses sont vides. Les marées noires médiatiques et la pernicieuse pollution quotidienne sont passées par là. La pression de l’espèce humaine est telle qu’elle laisse de moins en moins d’espace pour les autres espèces.
Plus de 20% des espèces animales de Bretagne ont disparu depuis un demi siècle
Ou sont en voie de disparition certaine dans les deux ou trois prochaines décades.
Et que dire des animaux plus petits que l’on ne voit pas ? Connaissez-vous le lérot, ce petit rongeur nocturne ? Non, et bien c’est dommage. Parce que vous n’aurez sans doute plus jamais l’occasion de le rencontrer dans la nature bretonne. Mais vous vivez bien sans lérot, n’est-ce pas ? Alors, avec ou sans lérot, vous continuerez à vivre.
Peut-être bientôt, à survivre.
Et que dire des plantes et des insectes qui se raréfient à une allure impressionnante
La population bretonne est de plus en plus citadine. Nos grandes villes deviennent de plus en plus hors-sol : Nantes, Rennes, Brest …
Comment voulez-vous que des enfants nés en ville, vivant en ville, se rendent compte de la disparition d’animaux près de chez eux ? Ils les ont tellement peu vus, ces animaux ou ces plantes.
Il y a longtemps que l’école a oublié cette mission d’éducation et d’éveil de nos enfants à la biodiversité. Il y a longtemps que nos médias préfèrent les polémiques du jour et les sujets légers à nos rapaces et batraciens de Bretagne. Les enfants d’aujourd’hui, ignorant en ce domaine, seront les parents de demain …
Est-ce déjà trop tard ?
Oui, sans aucun doute, pour de trop nombreuses espèces. Les populations de certaines espèces sont aujourd’hui tellement basses que le moindre accident (maladie, évènement météorologique, prochaine marée noire …) leur sera fatal. Et la pression humaine, avec sa cohorte de pollutions, de constructions et d’indifférence, aura raison du reste d’ici le demi siècle à venir.
Mais certains pays, les plus petits souvent, comme le Costa Rica, ont décidé de protéger leur biodiversité.
Rien n’est inexorable en ce bas monde.
Un petit territoire comme la Bretagne devrait se prendre en mains, de ce point de vue aussi, et montrer l’exemple. Bien sûr que seul, un territoire de seulement 4,8 millions d’habitants (équivalente à celle du Costa Rica ou de la Nouvelle Zélande) sur seulement quelques 36000 km2, ne peut pas tout. Loin de là.
Nous ne pouvons pas grand chose, seuls, contre une marée noire au large de Enez Eussa (Ouessant).
Nous ne pouvons pas grand chose, seuls, contre les invasions d’insectes et épidémies étrangères dues au réchauffement climatique.
Si ce n’est pas nous qui protégeons notre biodiversité, qui le fera ?
Mais à notre modeste échelle, par des décisions fortes et courageuses, la Bretagne pourrait, et devrait, accroître considérablement, encore, ses efforts. Pour orienter des changements agricoles plus respectueux de notre environnement. Puis pour améliorer la qualité de nos cours d’eaux et de nos côtes marines. Pour éduquer la population bretonne en général et tout particulièrement nos jeunes. Ce sont eux qui feront la Bretagne de demain. Et l’avenir du lérot et de l’hirondelle, sont en grande partie entre leurs mains.
C’est aussi, et peut-être surtout, aux médias bretons de mettre le paquet sur cette démarche. A l’école bien sûr, également. Ils le font déjà, mais pas suffisamment.
Protéger notre terre est sans doute notre plus grand défi actuel.
Il faut en faire une cause bretonne, transcendant tous les clivages de notre société.
C’est seulement à cette condition que nos arrières Petits Enfants verront des hirondelles annonçant le printemps, ailleurs que sur l’écran de leur smartphone.
A la rubrique « ils ont disparu ».
Bevliesseurted se prononce beo-liez-seurted et se traduit en anglais par biodiversity et en langue française par biodiversité.
La superbe aquarelle de Sandra Lefrançois du Guillemot de Troïl est extraite de l’ouvrage Oiseaux des Côtes Bretonnes de Stéphane BROUSSE, aux Éditions Yoran Embanner
7 commentaires
… s’appauvrit
Bonsoir. En effet, avec un t et non un e. Faute corrigée. Merci de nous suivre. Bonne soirée. Cordialement/A galon. NHU Rédaction
l’ indifférence , ???
Que peux faire le citoyen lambda ?
ce sont les multinationales et les pesticides , qui sont en cause !
l’ exemple du costa rica , yes , mais il faut avoir des cojones !
Bonjour, et merci de votre commentaire. C’est trop facile de se réfugier derrière les multinationales et les pesticides ! C’est nous, les lambda, les Clients de ces empoisonneurs et les utilisateurs de ces poisons. Et nous n’avons pas, globalement, en effet, assez de ce dont vous parlez. Si vous vivez en Bretagne : http://www.locavore-de-Bretagne.bzh, pour commencer. Merci/Trugarez.
La biodiversité s’ apprauvit , c’ est vrai. Mais , en plus, elle est déséquilibrée. Plantes invasives, moucherons piqueurs en fort développement qui provoquent des allergies chez les chevaux, choucas des tours envahissants qui repoussent les espèces fragiles…. N’ ayant pas eu l’ occasion de répondre au message très excessif à propos des hirondelles, j’y réponds ici. Du temps de la SEPNB on avait gagné contre le DDT qui provoquait l’ occurence d’ oeufs clairs . Un message excessif perd de sa crédibilité. Ne désespérez pas les jeunes générations. Suggérez leur de laisser les portes des étables, des crèches et de tous les locaux qui pourraient accueillir des nids, ouvertes jours et nuits à partir du 1er avril. Suggérez leur de mettre sous les nids un récipient pour les crottes sans rouspéter et sans abîmer leurs nids , et durant l’ hiver prochain, une planche en dessous. Suggérez leur de mettre des buvettes hautes en en changeant l’ eau régulièrement, que les enfants essaient de convaincre leurs parents de ne pas gêner la nidification…. Et puis précisez que c’ est au Maroc surtout qu’ elles passent l’ hiver. N’ exagérez pas les choses , soyez vrais, il ne faut pas dire que dans 20 ans il n’ y aura plus d’ hirondelles en Bretagne, il faut surtout tout faire pour que çà n’ arrive pas.
Bonjour et merci de votre commentaire. Vous avez de bien connaître le sujet, aussi nous vous proposons de venir écrire dans les colonnes de NHU Bretagne pour nous communiquer votre bel enthousiasme. Écrivez-nous à redaction@nhu.bzh – Encore merci
Très bonne analyse de Rémy Penneg, comme toujours, (ça c’est la brosse à reluire) mais notre indifférence ne tue pas que la biodiversité animale, elle tue également également, la biodiversité végétale et surtout la biodiversité culturelle (qui en parle?) car c’est le même combat. Combien faudra-t-il, hélas, de covid 19 pour comprendre que non seulement notre Bretagne mais aussi toute la planète sont déjà en soins paliatifs ? Je suis bien loin de l’optimisme affiché par l’ami Aménité.