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Le Carabe à reflets d’or, vous connaissez ?
De drues averses s’étaient succédées la nuit précédente. Au petit matin, le timide soleil de cette fin septembre, faisait naitre en sous-bois de singulières volutes. Quelques nuits fraîches avaient déjà délicatement embrasé les frondaisons. Je cheminais donc ce matin-là, sur les sentiers de cette belle Forêt de Lorge-Hermitage, en Côtes d’Armor, non loin de cette charmante cité de Quintin / Kintin.
J’étais en quête du carabe à reflets d’or – Chrysocarabus auronitens subfestivus – endémique coléoptère breton.
L’identification du carabe à reflets d’or est plutôt complexe.
Ce coléoptère est souvent confondu avec ses très proches et très nombreux cousins. La bestiole est observable d’avril à septembre. Elle supporte les basses températures mais ne sort de son hibernation qu’après les dernières gelées. Ce qu’elle craint le plus en vérité, ce sont les températures caniculaires associées aux longues périodes de sécheresse. Son activité est plutôt crépusculaire ou nocturne.
Qu’en est-il de son alimentation ? Le carabe à reflets d’or est un redoutable prédateur de vers, de limaces, de larves mais aussi d’escargots, dont le charmant escargot de Kemper. Il en partage le biotope. Il est lui aussi bien entendu, au menu de quelques prédateurs de nos contrées ; musaraignes, blaireaux, oiseaux …
C’est à René Oberthür (1852-944) que nous devons la découverte de cette sous-espèce en 1884.
L’entomologiste rennais proposait en 1935 de la nommer, carabe armoricain – Carabus armoricanus. Mais qu’en est-il de son allure ? Reprenons les mots de René Oberthür : « coloration typique (…) élytres plus lisses et côtes peu saillantes. Tête et pronotum (1) rouge – cuivreux. Élytres vert – métallique. Les pattes ont toujours la même coloration : cuisses rouges, genoux, tibias et tarses noirs. Taille de 19 à 27 mm.
La bestiole est dit-on, plutôt discrète.
Rare ? Oui !
Elle a tout de même été classée en danger.
Une espèce endémique ? oui ! Mais plutôt une sous-espèce comme en témoigne sa désignation latine en trois parties, Chrysocarabus auronitens subfestivus. Le carabe à reflets d’or est un coléoptère fort proche du carabe à reflets cuivrés – Carabus auronitens. Elle était sans doute en cette fin de XIXe siècle, beaucoup moins rare. Il y a fort à parier que les bouleversements des techniques agricoles advenues après la seconde guerre mondiale ont participé à la raréfaction de cet esthétique carabe.
L’altération des milieux n’est jamais favorable à ces créatures. Son aire de répartition est bien restreinte puisqu’elle ne s’étend que sur le centre-ouest de la Bretagne, à califourchon sur deux départements, les Côtes-d’Armor bien sûr, le Finistère / Penn ar Bed. Quid du Morbihan ? Le carabe à reflets d’or n’a jamais été observé en Ille et Vilaine et en Loire-Atlantique, bien que certains biotopes forestiers auraient pu tout à fait lui convenir. Pour quelle (s) raison (s) ? C’est tout d’abord à la climatologie et/ou la météorologie qu’il faut alors se référer, car notre coléoptère apprécie la bonne pluie bretonne. Il semble par ailleurs goûter les stations élevées.
Nos vieilles montagnes lui plaisent.
Le carabe à reflets d’or est toujours retrouvé à une altitude d’au moins cent mètres au-dessus du niveau de la mer, avec une prédilection un peu au-dessus de deux cent mètres. Les contacts entre individus assurant des mélanges génétiques vertueux sont donc bien difficiles, car les massifs par trop éloignés, sont un peu semblables à des îles. Les scientifiques pensent d’ailleurs que notre carabe est issue d’une souche parvenue sur notre sol il y a près de trente millions d’années, et aurait ainsi évoluée de manière isolée. Son biotope est très spécifique, éminences humides et fraîches donc, plantées de hêtres et de chênes.
Le coléoptère est un sylvicole qui n’apprécie pas du tout l’enrésinement de certaines zones forestières. Plus la forêt semble ancienne, et plus vous aurez de chances de le rencontrer. Il sera le plus souvent retrouvé sous les mousses, les feuilles et les bois pourrissants. Le carabe à reflets d’or, est aussi, comme tous les carabes de son espèce, victime des collectionneurs indélicats.
Notons enfin, que ses capacités reproductives sont limitées, 10 à 30 œufs chaque année, affirment les entomologistes, ce qui participe bien sûr, à sa relative rareté et sa fragilité démographique.
(1) Partie supérieure du prothorax d’un insecte
Photo Carabe à reflets d’or (Chrysocarabus auronitens subfestivus) en Forêt d’An Uhelgoad (Huelgoat) par Erato.