C’est dans la seconde moitié du XIXe siècle que les historiens et les artistes remettent en lumière les bois sacrés. Il existe en Bretagne au moins deux sites tenus pour avoir été des bois sacrés : la Fontaine de Barenton en Brocéliande et les Bois du Névet à Locronan / Lokorn.
Sommaire
La Bretagne a toujours été un pays propice aux bois sacrés.
De longue date la définition de bois sacré reste imprécise. Le géographe et historien grec Strabon (- 60 avant JC – 20 après JC) reproche ainsi aux poètes de son époque de désigner chaque espace boisé comme un bois sacré. Il est nommé memos ou alsos chez les Grecs et lucus ou nemus chez les Romains. Le bois ou bosquet sacré est présent dans la plupart des croyances animistes et/ou polythéistes.
Il est chez les Celtes le nemeton. Rappelons ici que nemed signifie en gaélique sacré qui se dit en gallois nyfed et en vieux breton neved. Le bois sacré serait donc une clairière singulière peuplée de divinités au sein d’un espace forestier. L’historien et linguiste Pierre Grimal (1912-1996) fait une distinction entre le lucus, lieu sombre et sauvage, du nemus, lieu lumineux et organisé.
Forêt des Carnutes.
Jules César (100 avant JC – 44 avant JC) note dans sa Guerre des Gaules que la Forêt des Carnutes est sans nul doute un nemeton de premier ordre. Là où se réunissent ces mystérieux et redoutés personnages que sont les druides. La Forêt des Carnutes est également ce que les historiens nomment une forêt-frontière isolant deux peuples : les Carnutes et les Bituriges.
Pline l’Ancien (23-79 après JC) écrivain et naturaliste romain ainsi que Lucain (39-65 après JC) le poète romain notent que les druides ne se réunissent pas dans des temples mais au cœur des forêts.
Des sacrifices humains avérés.
Ce dernier dans La Pharsale décrit avec emphase ces lieux craints de tous les hommes et de toutes les bêtes. Des sacrifices humains y auraient été pratiqués. Ce que confirme l’archéologie contemporaine. Le christianisme – édits de Charlemagne en 772 – s’est employé à éradiquer ces pratiques païennes qui ont perduré dans les lieux les plus reculés du royaume. A la place du nemeton fut érigé une croix parfois une chapelle ou même une église.
Les Bois du Nevet.
Les Bois du Nevet non loin de Locronan/Lokorn (Cornouaille) aurait été – l’étymologie le laisse entendre – un fameux nemeton comportant douze stations en référence au calendrier celtique. Aux environs du VI e siècle un ange apparait au futur Saint Ronan. Il lui demande de se rendre en Bretagne où perdurent d’innommables pratiques païennes. Notre évêque irlandais s’installe donc dans les Bois du Nevet.
Puis il y bâtit un oratoire et ne tarde pas à accomplir quelques miracles. Il sauve ainsi un homme poursuivit par une meute de loups qui deviendra son premier disciple.
La keban.
La jalouse épouse de celui-ci nommée Keban – une sorcière sans doute – accuse Ronan d’être un enchanteur ayant commerce avec le diable qui aurait tué la fille du Roi Gradlon. C’est en fait cette ensorceleuse qui retient dans un coffre la pauvre enfant. Gradlon s’en remet au jugement divin et lance deux molosses sur notre malheureux Irlandais qui les stoppe tout net d’un signe de croix.
Ronan ressuscite la fillette morte durant sa détention. Obtenant ainsi les faveurs de Gradlon qui favorise la christianisation du nemeton celtique. Les douze stations païennes sont remplacées par douze reposoirs au nom d’un saint. Chaque matin en signe de pénitence notre saint homme à jeun et nus pieds en parcourt les douze kilomètres. Les grandes troménies commémorent tous les six ans le chemin de Saint Ronan.
Forêt de Brocéliande.
La Forêt de Brocéliande était sans aucun selon les historiens une forêt frontière tenant lieu de démarcation entre trois ou quatre nations gauloises. Dont les Redones, Namnètes, Coriosolites et Vénètes … En son sein, la Fontaine de Barenton pourrait bien avoir été un nemeton. Barenton serait la contraction de Belnemeton. C’est-à-dire bois sacré de Belenos, dieu solaire gaulois.
Cette source devient une fontaine à qui l’on prête de nombreuses vertus ou maléfices. C’est la fontaine qui déclenche de dangereuses tempêtes mais qui fait aussi pleuvoir lors des périodes de sécheresse. Ses eaux guérissent aussi dit-on de la folie. Le Village de la Folle-Pensée se situe à moins un kilomètre de la fontaine. Rappelons enfin ici que la Fontaine de Barenton n’abrite dans la geste arthurienne rien moins que les amours de Merlin et Viviane.
1 commentaire
je trouve un peu court de laisser croire à des sacrifices humains sous simple évocation de :
« » ce que confirme l’archéologie d’aujourd’hui « »