cincle plongeur

A la recherche du Cincle plongeur en Bretagne

de Stéphane BROUSSE
Publié le Dernière mise à jour le

Le Cincle plongeur : un retour annoncé en Bretagne ?

Le Cincle plongeur – Cinclus cinclus – est nommé en breton, Moualc’h an Dour, autrement dit, Merle d’eau.
Naguère très présent en Basse-Bretagne, il a disparu presque brusquement, au virage des années 40, pour des raisons mal identifiées. L’oiseau serait dit-on de retour sur les berges de certaines rivières bretonnes …

Le Cincle plongeur est relativement aisé à identifier : dos gris ardoise, tête, nuque et ventre brun-roux, menton, gorge et poitrine blanc immaculé. Pattes et doigts sont gris-rosé. Le bec et l’œil sont franchement noirs. Ce passereau a la taille d’un merle dodu. Absence de dimorphisme sexuel. Ce qu’il y a entre autre de remarquable chez le Cincle plongeur, c’est son extrême vitalité, parfois comparée à celle du Troglodyte mignon. Son vol est rapide et direct, comme celui du Martin-pêcheur. Le Cincle plongeur apprécie tout particulièrement les abords des cours d’eau aux eaux pures et tumultueuses, aux lits sablonneux et / ou rocailleux. Il est aussi parfois retrouvé sur les rivages des lacs et des étangs pour peu que leurs eaux soient limpides.

Le Cincle plongeur se raréfie peu à peu juste avant-guerre, puis semble disparaitre presque brutalement, au tout début des années 50.

Une petite population reste cependant présente quelques temps encore sur le Scorff. Il sera vu de manière ponctuelle en juillet 1972, dans la Vallée du Léguer. Il nidifiera une dernière fois peut être, à la toute fin des années 70, à l’écluse de Malon, à Guipry / Gwipri-Mezeg (35). Plusieurs enquêtes sont alors diligentées par les ornithologues inquiets, mais le Cincle plongeur demeure introuvable.

Son régime alimentaire se compose, de larves et d’insectes aquatiques, de petits crustacés et de minuscules mollusques, parfois d’œufs de poissons ou d’alevins … Vous observerez donc le Cincle plongeur le plus souvent jugé sur une pierre ou sur une branche, au milieu d’une cascade, d’un déversoir, d’un chaos rocheux … Puis il disparaitra brusquement sous l’eau, pour réapparaitre quelques secondes plus tard, pitance au bec. L’oiseau est un excellent plongeur, nageur, et marcheur subaquatique. Ses yeux sont équipés d’une membrane dite nictitante, sorte de paupière transparente lui permettant une parfaite vision sous l’eau.

Le Cincle plongeur est une espèce relativement commune, bien présente en Europe et en France.

En Bretagne, il fut longtemps commun à l’ouest d’une ligne Saint Brieuc-Lorient / Sant Brieg-An Oriant. De temps à autres, l’oiseau refait parler de lui. En 1980, un pêcheur le signale aux environs de Dinan (22). En 2000, il aurait été vu vers Plougernevel (22). Les spécialistes évoquent de probables erreurs d’identification, car les observateurs ne sont pas des naturalistes. Les ornithologues bretons se sont bien évidemment interrogés sur les raisons de cette disparition. Ils évoquent, mais sans grande conviction, la pollution des eaux, la pression anthropique, les variations brutales de niveau des eaux en période de nidification, le réchauffement climatique … Le Cincle plongeur compte aussi quelques prédateurs naturels, l’épervier, la loutre, principalement. Ceux-là, bien sûr, ne peuvent être tenus responsables de sa disparition en Bretagne.

Moualc’h an Dour nidifie le plus souvent sur les berges des cours d’eau …

Dans des cavités rocailleuses ou parfois dans des excavations de vieux arbres. Son nid, en forme de dôme, est composé d’herbes, de carex et est tapissé de feuilles sèches. La ponte a lieu en mars-avril. Puis l’incubation dure près de deux semaines. Les poussins sont dits nidicoles.

Après plus d’un demi-siècle de disparition, des pêcheurs signalent de temps à autre ces dernières années sa présence. Ainsi, quelques observations semblent dignes d’intérêt, en décembre 2016 sur le Jaudy / Ar-Yeodi (22), en août 2017, à Poullaouen, près de Huelgoat / An Uhelgoad (29), quelques observations également auraient été effectuées sur le Scorff / Skorf (56).

D’où viennent donc ces cincles plongeurs ?

De jeunes erratiques issus d’une colonie bretonne inconnue en quête de nouveaux territoires ?
Peut-être du Massif Central ou même de Grande-Bretagne avancent certains ornithologues. Un individu aurait été photographié au Chaos du Gouet à Plaintel / Pleneventer (22), en mars 2019. Bien que le Cincle plongeur soit inféodé à son kilomètre de cours d’eau, il peut en effet, à l’occasion disent les naturalistes, effectuer des migrations partielles entre autres, lorsque les conditions hivernales se radicalisent. Alors, est-il donc possible que certains individus, en quête de nouveaux territoires et appréciant l’amélioration de la qualité des eaux douces bretonnes, soient venus se réinstaller en Basse-Bretagne ?
Photographie © Hans Rentsch

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