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Le papillon Grand Paon de Nuit en Bretagne

de Stéphane BROUSSE
Publié le Dernière mise à jour le

Le Grand Paon de Nuit de plus en plus fréquent en Bretagne ?

Depuis cinq ans ou presque maintenant, la presse bretonne fait état chaque été de citoyens surpris de découvrir en leurs jardins ou en leurs communes, le Grand Paon de Nuit – Saturnia pyri. D’innombrables photographies publiées sur les réseaux sociaux, attesteraient de la présence de plus en plus fréquente de cet incroyable lépidoptère en terres armoricaines.

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Grand Paon de Nuit – Photo Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse (France)

Qu’en est-il vraiment ?

Le Grand Paon de Nuit à des allures de papillon exotique en raison surtout de son incroyable envergure. Si le mâle affiche de 100 à 130 millimètres, la femelle quant à elle, peut allègrement atteindre les 170 millimètres. Le Grand Paon de Nuit est à ce titre le plus grand papillon de France mais aussi d’Europe !

Le dimorphisme sexuel* est bien marqué. La femelle affiche un abdomen plus rebondi et des antennes plus fines. Ce papillon de nuit est globalement brun, gris, beige. Il doit son nom vernaculaire aux quatre yeux retrouvés aussi sur les plumes de la queue des paons. Ces ocelles* sont destinés, dit-on, à effrayer les prédateurs. Sa dénomination latine laisse entendre son goût pour la nuit (saturnia), ainsi que pour les arbres fruitiers, les poiriers (pyri) entre autres.

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Chrysalide du Grand Paon de Nuit – Photo de Wolfgang Wagner

Notre hétérocère* est avant tout un méditerranéen…

Mme s’il est retrouvé jusqu’aux environs du Bassin Parisien et même au-delà maintenant. Le Grand Paon de Nuit est protégé en Ille de France depuis le 22 juillet 1993. Bien que son aire de distribution augmente, sans doute en raison du fameux réchauffement climatique, les entomologistes affirment que sa démographie se délabre en raison de l’usage des produits phytosanitaires sur les arbres fruitiers dont les chenilles polyphages se sustentent, pommiers, poiriers, abricotiers, pruniers, amandiers …
Si vous souhaitez attirer ce magnifique lépidoptère dans votre jardin plantez-y des arbres fruitiers et surtout … ne les traitez pas ! On retrouvera aussi parmi ses plantes-hôtes, aulnes, saules, ormes, peupliers, aubépines

L’espérance de vie du Grand Paon de Nuit est courte, pas plus de quatre jours pour un mâle, pas plus d’une semaine pour une femelle. Les imagos* privés de pièces buccales ne s’alimentent pas. Leur existence n’est donc vouée qu’à la perpétuation de l’espèce. Les mâles, pourvus d’un exceptionnel odorat, perçoivent à plusieurs kilomètres les phéromones* émises par les femelles. C’est à Jean Henri Fabre (1823-1915) entomologiste de renom et écrivain naturaliste de talent que nous devons la plus belle narration de cet incroyable phénomène d’attraction sexuelle. Une unique femelle, telle une instagrameuse, détenue sous une cloche grillagée, avait en moins de trois heures affirme t-il, attirée plus de cent mâles envahissant son bureau.

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Chenille du Grand Paon de Nuit – Photo de Jose Antonio Gomez Vasquez

La chenille du Grand Paon de Nuit est superbe.

Elle ne mesure pas moins de 120 millimètres et arbore dans sa mue terminale, des teintes vert granny ponctuées de boutons turquoise surmontés de filaments noirs. Quelques temps avant de se nymphoser, ses teintes virent au ocre. La chrysalide en forme de goutte d’eau est brune, extrêmement robuste et imperméable. L’émergence ne s’effectuera au printemps suivant et parfois deux années plus tard.

Sans être rare, le Grand Paon de Nuit est peu commun. Il n’est certes jamais, pour le moment tout au moins, très abondant en Bretagne. Sa présence est pour lors jugée exceptionnelle. Il semble surtout présent en Loire Atlantique et dans le sud du Morbihan, Vannes, Quiberon, Sarzeau, ainsi qu’en Forêt de Brocéliande. Il a aussi été observé sur l’Ile aux Moines. Ces deux dernières années, sa présence a été rapportée en Ille et Vilaine et en mai 2022 à Étrelles / Stredell puis à Vitré / Gwitreg
Doit-on pour autant conclure à son installation progressive en Bretagne ?
Les prochains printemps nous le diront !

Lexique

Dimorphisme sexuel : différence (s) observées entre le mâle et la femelle d’une même espèce
Ocelle : tâche en forme d’œil.
Hétérocère : désignation savante des papillons de nuit.
Imago : insecte parvenu au stade terminal de son cycle biologique.
Phéromone : substance odoriférante sexuellement attractive.

Bibliographie

– Guide des papillons nocturnes de France, 1620 espèces décrites et illustrées, ouvrage collectif sous la direction de Philippe Bachelard, Éditions Delachaux et Niestlé, les guides du naturaliste, parution 03 mai 2007, 287 pages.
– Souvenirs entomologiques, étude sur les instincts et les mœurs des insectes, 2 tomes, Jean – Henri Fabre, Robert Lafont, Collection Bouquins, 26 septembre 1989, 1156 pages.

Sitographie

yandra.fr/papillons-de-nuit

Images

Chenille du papillon nocturne Grand Paon de Nuit: © Collection du Museum Naturel de Toulouse
Photo header : auteur inconnu
Photos deux individus : © José Antonio Gómez Vazquez
Chrysalide du papillon nocturne Grand Paon de Nuit : © Wolfgang Wagner

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