Certains arbres vénérables sont comme des chapelles. Ils accueillent encore aujourd’hui, dans les circonvolutions de leurs racines ou les excavations de leurs écorces, des icônes et des statuettes. Toutes plus ou moins secrètement vénérées, par des âmes tourmentées. Les nombreux ex-voto qui jonchent les abords de ces oratoires végétaux, témoignent de la persistance de cette ferveur mystique.
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Le Chêne de Tronjoly, arbre remarquable de Bretagne
Aux premiers âges du christianisme, des ermites orientaux, aspirant à la sainteté se sont installés dans des arbres. Tels des anachorètes sylvains. Ils ont été nommés saints dendrites. Dendros en grec signifie arbre. La pratique resta extrêmement confidentielle. Cette ascèse stylite, consistait à résider plus ou moins immobile à la cime d’un arbre, en proférant de temps à autres, des arguties à l’attention des pèlerins.
Une cabane dans un arbre.
Certains dendrites, en quête de confort, se feront bâtir des cabanes. Dont le plus célèbre sera David de Thessalonique. En fait celui-ci vécut au VIe siècle et demeura trois années durant, perché sur un amandier du cloitre de son monastère. Un texte du VIIIe siècle, intitulé Poème sur les Moines, que nous devons à un certain évêque George, nous dit ceci : certains moines ont fait leur refuge d’un arbre au feuillage ombreux qui les nourrit de ses fruits et de ses feuilles. Car plusieurs y sont montés pour y vivre tous les jours de leur vie. Et ils sont projetés de tous côtés par la violence des vents.
Si les saints dendrites sont presque exclusivement une spécificité orientale, il existe pourtant en Bretagne, aux environs de Callac, en la commune de Bulat – Pestivien, un chêne pédonculé (Quercus robur). Qui dit-on, abrita au XVIIIe siècle, un de ces solitaires mystiques. Ce chêne est connu sous le nom de chêne de Tronjoly. Un dénommé Le Graet, moine de son état, avait installé dans les entrailles du vénérable, un lit et une table. Ainsi qu’une bibliothèque.
L’arbre serait âgé de plus de mille ans.
Quoique peut être 1500. Alors, si tel était le cas, le chêne de Tronjoly pourrait avoir été témoin des migrations britto-romaines venues de Bretagne insulaire. Car ceux-ci étaient, dit-on, accompagnés des saints évangélisateurs originaires entre autre du Pays de Galles. En effet c’est à cette époque sans doute, que se diffuse en Bretagne armoricaine, la légende arthurienne.
En outre, le chêne de Tronjoly réside en un bucolique séjour. A ses pieds noueux coule un frais ruisseau, mince affluent du Léguer. Il affiche des mensurations exceptionnelles. Pas moins de treize mètres de circonférence ! Selon nos amis britanniques de l’Ancient Tree Forum, il ferait partie des dix chênes les plus anciens et les plus majestueux en Europe.
Le chêne de Tronjoly a été très récemment consolidé de trois étais, car les basses branches menaçaient de se casser. En dépit de son âge canonique – plus de mille sans doute; et bien que deux fois foudroyé, il reverdit à chaque printemps. C’est en avril 2004 qu’il a reçu la distinction d’arbre remarquable.
1 commentaire
Les arbres sont la vie! Que dire des arbres en Bretagne respectés et vénérés par les Celtes , en particuliers par les druides…