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La légende arthurienne de la Bretagne

de Éric BORGNIS DESBORDES
Publié le Dernière mise à jour le

La légende arthurienne …
Selon celle-ci, le roi Arthur, qui aurait vécu au tournant des Ve et VIe siècles, avait passé une bonne partie de son règne à combattre l’invasion saxonne. En 483, grâce à la victoire du Mont Badon, l’avancée saxonne sur l’île de Bretagne avait été stoppée pendant une quarantaine d’années. Selon Geoffroy de Monmouth (vers 1100-1155), un Gallois d’origine bretonne qui rédige une Histoire des rois de Bretagne entre 1135 et 1138, tout au long du règne d’Arthur, les liens entre l’île de Bretagne et la Bretagne armoricaine sont extrêmement étroits.

Hoël et Arthur.

En effet, dans son livre, il raconte qu’Hoël, roi des Armoricains, n’est autre que le neveu d’Arthur. A l’appel de son oncle pour l’aider à résister à l’invasion saxonne, Hoël accourt avec ses meilleurs combattants et Arthur le reçoit avec tous les honneurs. Or, au moment de la naissance d’Arthur Ier, aux yeux des populations celtiques, le Normand est très facilement assimilable au Saxon et il est considéré comme l’envahisseur à repousser. Ces Celtes pensent que ce sera chose faite lorsque le roi Arthur sera revenu, une fois qu’il sera guéri de ses blessures.

Ils vivent donc dans l’attente de son retour : c’est « l’espoir breton ».

Geoffroy de Monmouth, puisant dans le fond folklorique celte, le raconte de façon détaillée dans le plus ancien texte conservé sur ce thème, sa Vie de Merlin, rédigée en 1148. Selon lui, lors de la bataille de Camlann qu’il situe en 542, Arthur et son neveu Mordred (qui ne deviendra son fils incestueux que dans les versions du XIIIe siècle) s’étaient entretués.

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Arthur tuant Mordred

En effet, Mordred s’était emparé de la couronne et avait épousé Guenièvre, la femme d’Arthur, pendant que ce dernier marchait sur Rome pour affronter l’Empereur qui avait exigé de lui un tribut au nom de la conquête de l’île par Jules César. Selon ce texte, à l’issue de la bataille de Camlann, Arthur avait été transporté dans l’île d’Avalon chez sa sœur Morgane qui, après l’avoir examiné, avait déclaré qu’elle pouvait soigner ses blessures, laissant entrevoir la possibilité de son retour.

Dans son Histoire des rois de Bretagne, Geoffroy de Monmouth raconte aussi que les Saxons, appelés en renfort par le « traître » Mordred, avaient profité de la situation pour remettre les pieds sur l’île et reprendre leur avancée. Puis, après la bataille de Camlann, Constantin, parent d’Arthur, lui succède sur le trône et parvient à soumettre les Saxons. Six rois lui succèdent ensuite, jusqu’à Cadwalladr qui règne sur toute l’île de Bretagne. Mais au bout de douze années de règne, Cadwalladr tombe malade et le pays s’enfonce de nouveau dans la guerre civile, avant d’être frappé par la famine et une épidémie de peste.

La légende arthurienne : les survivants s’enfuient

Dont Cadwalladr, qui fait voile vers la Bretagne armoricaine. Vidée de presque tous ses habitants, la Bretagne est envahie par une multitude de Saxons venus de Germanie. Une fois débarqué en Armorique, Cadwalladr est bien reçu par le roi Alan, neveu du roi Salomon. Au bout de quelque temps, Cadwalladr décide de retourner en Bretagne. Afin de reprendre possession de son royaume. Mais alors qu’Alan avait accepté de lui fournir une aide et qu’il se prépare à embarquer, Dieu interdit à Cadwalladr de prendre la mer, refusant qu’un roi breton règne de nouveau sur l’île « avant le temps prédit par Merlin à Arthur ». Même si cette Histoire des rois de Bretagne s’écarte considérablement de la vérité historique, les Celtes croient qu’un jour Arthur reviendra et le temps de l’attente commence.

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La mort d’Arthur, tableau de 1860 par James ARCHER (1824-1904)

Cette croyance au retour d’Arthur était bien connue en dehors du monde celtique. Ainsi le poète anglo-normand Wace, « inventeur » de la Table Ronde, écrit vers 1155 :

« Arthur si l’histoire est véridique,
Fut mortellement blessé au corps
Et se fit porter en Avalon
Pour y soigner ses plaies.
Il y est encore, et les Bretons l’attendent,
Ainsi qu’ils le disent et l’espèrent. »

Résistance des populations celtiques à l’avancée anglo-normande

Cette résistance est placée sous le signe d’Arthur. Ainsi en 1163, au Pays de Galles, Owain, prince du Gwynedd, remporte une victoire sur les troupes d’Henri II. Que le barde Cynddelv Brydydd Mawr n’hésite pas à  comparer à celle d’Arthur sur le Mont Badon…
Au moment de la naissance d’Arthur Ier, l’attente du retour du roi légendaire atteignait son intensité maximum. Notamment en Bretagne et au Pays de Galles. Cette attente donnait souvent lieu à des moqueries, mais à partir de 1187, comme le souligne le troubadour Peire Vidal :

« Celui qui blâme une longue attente
Fait une grande faute ;
Car maintenant les Bretons ont leur Arthur
Où ils avaient mis leur espoir. »

Or, Geoffroy de Monmouth avait écrit que le renouveau celtique viendrait de Bretagne armoricaine. Selon lui, son premier roi (légendaire lui aussi), Conan Mériadec, l’avait conquise en venant de l’île de Bretagne avec les meilleurs soldats celtes, ne laissant derrière lui que des populations peu familiarisées avec l’usage des armes.

Arthur Ier naît à Pâques.

Symbole de résurrection, dans un contexte de résistance à l’envahisseur, exactement comme au temps du roi Arthur. Ajoutons que pas plus que l’Arthur de la légende, le petit Arthur Ier n’a connu son père. Un chroniqueur du XIIIe siècle, Aubry de Trois-Fontaines, fait de l’Arthur légendaire l’ancêtre de l’enfant. Idée qui devait circuler avant lui. Et qui tend à prouver que dans l’esprit des gens, avec un tel prénom, il ne pouvait que reprendre le flambeau laissé par son aïeul de la lutte des Celtes contre l’envahisseur. D’ailleurs, au moment de sa naissance, une chronique parle de lui comme d’un « second Mars », qui sera un « rempart infranchissable ».  Arthur Ier est également le premier mâle de sa génération dans la famille Plantagenêt. Et il peut donc prétendre à la couronne anglaise. Surtout à un moment où toutes les « marges celtiques » de l’Angleterre sont en voie d’intégration dans l’Empire qu’Henri II est parvenu à constituer. Si Arthur hérite ou parvient à s’emparer de cette couronne, les prophéties de Merlin sont réalisées. Et la Bretagne renoue avec l’âge d’or arthurien, dont elle est, bien entendu, nostalgique.
La  naissance du fils de Constance et de Geoffroy est également saluée par de nombreux chroniqueurs. Eux aussi voient en cet enfant la réincarnation de l’Arthur légendaire.
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Le Roi Arthur et son royaume, dans Chronique d’Angleterre par Pierre de LANGTOFT en 1307

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La légende arthurienne.

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1 commentaire

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[…] Galles. En effet c’est à cette époque sans doute, que se diffuse en Bretagne armoricaine, la légende arthurienne.En outre, le chêne de Tronjoly réside en un bucolique séjour. A ses pieds noueux coule un frais […]

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