L’époque d’Amélie Fristel (1798-1866)
A la révolution française, en 1790 Saint-Malo / Sant Maloù / Saent Malò perd ses espoirs de devenir un chef-lieu de département, puis perd son évêché. Jusqu’au coup d’état du 18 Brumaire 1799 (09 Novembre), les troubles politiques et religieux ont déchiré le pays.
C’est dans ce contexte que Marie-Amélie Fristel ou Amélie Fristel voit le jour le 10 Octobre 1798 dans la cité malouine intra-muros, dernière enfant avec sa sœur Reine et ses frères Malo et Émile.
Sa famille est originaire de Dol-de-Bretagne / Dol et d’une lignée de juristes (notaires et avocats) avec son grand-père Jean Fristel et son père Malo Fristel.
Lors de la cérémonie de la réouverture de la cathédrale de Sant-Maloù, son père décède brutalement d’une insolation lors de ses quarante-six ans, le 27 Novembre 1801.
Devenue veuve, la mère d’Amélie Fristel va réduire son train de vie mais veut privilégier l’éducation de ses enfants.
Elle s’installe à Rennes / Roazhon / Rene, afin que ses garçons puissent aller au lycée impérial et Reine, sa fille aînée, sera chargée de d’instruire sa petite sœur. Néanmoins, la famille Fristel conserve sa demeure de Saent Malò où elle revenait souvent.
En 1816, Madame Fristel quitte définitivement Rennes pour revenir à Saint Malo avec Amélie, sa dernière fille.
En 1818, Amélie obtint de sa mère de se consacrer à la religion et à la charité.
Le fait que les religieuses de Sant Servan n’aient pu garantir que mère et fille puissent être hébergées et demeurer ensemble a eu un dénouement inattendu : le couvent d’Amélie Fristel sera la maison familiale !
Une vie purement locale et totalement engagée pour combattre la misère.
C’est à Parame (commune aujourd’hui fusionnée avec Saint Malo et Sant Servan) qu’Amélie Fristel a passé la majeure partie de sa vie.
La France comptait au XIXe siècle beaucoup de personnes dans le besoin et il n’existait à cette époque aucune protection sociale. Amélie Fristel a su voir les besoins de son temps et surtout de son entourage.
Elle s’est employée, avec d’autres à y répondre avec intelligence et efficacité, grâce à l’éducation reçue de sa famille.
Après sa famille, c’est aux Paraméens qu’Amélie a consacré sa vie à apporter toute son aide.
C’est après la mort de sa mère en 1836 qu’elle se consacre pleinement aux oeuvres caritatives à Saint-Malo et Paramé, en s’occupant de toutes les formes de pauvreté.
Amélie Fristel crée à Parame un atelier de charité procurant des travaux de couture. Il est à remarquer que son atelier a été patronné par l’évêque et la municipalité.
Voyant son action, Henri Lemarié, un célibataire âgé, décide le 1er Mai 1844 de lui léguer à sa mort ses biens et la fait héritière du domaine « Les Chênes ».
Le même jour, Amélie Fristel crée la congrégation des Sœurs de Notre Dame des chênes.
Amélie Fristel hérite ainsi en 1846 de la propriété des Chesnes avec un grand jardin. Elle l’ouvrira sans délai aux personnes âgées et l’utilisera pour ses œuvres en la transformant en hospice pour les pauvres vieillards du monde rural.
« Saints Cœurs de Marie et de Jésus »
En 1853, son groupe de collaboratrices se transforme en communauté religieuse sous le nom de « Saints Cœurs de Marie et de Jésus ».
Malgré les aides largement insuffisantes apportées par la municipalité, sa propre histoire lui permet de voir que la pire misère vient du chômage. Grâce aussi à son milieu social, elle ouvre une association-atelier de couture qui distribuera non pas des
aumônes mais du travail !
La vente brillamment organisée (aujourd’hui on dirait grâce à un marketing efficace) des produits fabriqués finiront par attirer l’appui du clergé ainsi l’attention et la reconnaissance de la municipalité.
Il est également intéressant de remarquer qu’Amélie Fristel avait créé une nouvelle activité pour soutenir la pérennité de son atelier : le recyclage des vieux vêtements en les faisant rénover par des jeunes couturières. Après l’aide par le travail avec son atelier, elle élargit son action dans la scolarisation des paroisses pauvres.
Une vie modeste et une action reconnue
Comme plusieurs fois souligné, l’action d’Amélie Fristel a pu être efficace grâce à son éducation, ses connaissances du milieu juridique, son milieu social et à sa vision purement humaniste de la société.
Grâce à l’appui de la population, du maire de Parame, du sous-préfet de Saent Malò et de la préfecture de Rennes / Rene, le 18 Août 1855 en séance solennelle de l’Académie Française, le duc de Noailles célèbre le prix Monthyon décerné à Amélie Fristel.
Lors d’une visite à Parame en 1856, l’archevêque de Rennes / Roazhon l’a remercié d’avoir pris en charge l’oeuvre des petites écoles et l’incite à obtenir une reconnaissance de l’État. Avec l’appui du conseil municipal et des instances diocésaines, le dossier envoyé au préfet d’Ille-et-Vilaine est validé par le Conseil d’État fin 1858 et Napoléon III signa le décret en février 1859.
Amélie Fristel meurt le 14 octobre 1866 à Paramé, d’un accident vasculaire cérébral.
Le 15 mai 1976, le pape Paul VI la déclare « vénérable ».
L’héritage d’Amélie Fristel
Si le nom d’Amélie Fristel semble peu connu, son héritage est toujours vivant et sa mémoire bien présente à Paramé.
Son hospice s’est bien évidemment transformé mais il assure toujours la mission d’Amélie, la prise en charge des anciens.
Malgré les aléas politiques qui ont impacté le fonctionnement des écoles, l’oeuvre éducatrice d’Amélie Fristel s’est toujours poursuivi. A partir des années 1950, la congrégation ferme des écoles qui passent pour la plupart sous tutelle diocésaine. En 2012, la congrégation a vécu les dernières dévolutions de tutelle des écoles.
Références
Site internet de l’Académie du Gallo où ce texte ainsi que la bande dessinée sont en langue Gallo (avec dictionnaire trilingue Gallo/Anglais/Français) – toutes les références et ayants droit y sont également précisés.