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Promesse présidentielle respectée!
Le Président Emmanuel Macron vient de faire du 24 Février (1) la journée commémorative du génocide arménien. Le Parlement français avait déjà adopté (2) la loi reconnaissant le génocide arménien en 2001. Pareille décision, attendue par la communauté arménienne de France pour un génocide perpétré entre avril 1915 et juillet 1916, tombe sous le sens. Surtout pour le pays se déclarant être la « Patrie des Droits de l’Homme ». Aussi bien que pour quiconque est habité d’une once d’humanité. Il fallut cependant attendre plus d’un siècle…
Cette éternité peut se comprendre. Car le premier intéressé, le régime turc, refuse de reconnaître ses propres méfaits. Mais sa reconnaissance politique à l’international est encore limitée. La disparition de 77% de la population arménienne (près de deux millions d’âmes) fait encore l’objet de débats et de controverses…
Il n’est reconnu aujourd’hui que par une trentaine de Parlements.
Le simple silence relatif aux exactions perpétrées actuellement à l’encontre de la communauté kurde démontre que bien des gants sont pris avec le régime turc. Sa politique agressive envers les Kurdes n’est même pas voilée. Et les sacrifices des Pershmerga face aux fous de Daesh ne semblent pas émouvoir plus que ça…
Tout génocide étant abject doit non seulement être condamné mais aussi commémorer pour que les générations futures n’oublient pas ce dont est capable de faire l’Homme: le pire. Et il en va pour toute page de notre Histoire, aussi sombre soit-elle, à fortiori lorsque nous sommes nous-mêmes responsables de ces horreurs sans nom.
Balayer devant sa porte avant de s’occuper de celle du voisin.
Plus aisé il est de reconnaître le génocide d’un tiers dès lors que l’on en est pas le responsable. S’il est difficile de reconnaître ses propres fautes, il reste malvenu et indécent de demander à autrui d’accepter ce que soi-même on refuse de faire!
Il est un génocide que la France n’a jamais reconnu. Génocide certes plus ancien, ce qui aurait dû faciliter sa reconnaissance. Mais que la France n’est pas prête de reconnaître le génocide britto-vendéen. Perpétré au lendemain de la Révolution française par des Républicains français à l’encontre d’une population dite aussi française. Ainsi Chouans et Vendéens connurent les pires atrocités pendant les guerre de Vendée. Et les exactions des colonnes infernales de Tureau dépassèrent de très loin les déportations turques.
Les nazis n’ont rien inventé … des Français l’ont fait bien avant !
- Camps d’extermination.
- Crémations de villageois vifs dans les fours à pain, dans des églises.
- Crucifixion de femmes enceintes éventrées sur les portes d’églises.
- Noyades des galiotes (3) (entre Novembre 1783 et Février 1794) à Nantes.
- « Mariages républicains » (4) : forme indécente d’exécution consistant à lier nus, par couple (femme avec son fils ou homme avec sa fille, le sexe de l’un dans la bouche de l’autre), couples lestés et jetés vivant dans la Loire.
- Fabrication de pantalons pour les gendarmes en peau d’hommes ou de femmes (une peau humaine est exposée au Musée Dobrée de Nantes).
- Extraction de graisse par carbonisation des villageois pour fabriquer du savon etc. (Furent même procédés des essais de gazage à partir de boules de cuir, par Antoine-François Fourcroy, chimiste-député puis par Joseph-Louis Proust, pharmacien).
Toujours aucune reconnaissance officielle du pouvoir central.
Ce n’est que deux siècles plus tard qu’apparurent des propositions de loi relatives à la reconnaissance de ce génocide innommable. Soit en 2007 (loi no3754), en 2012 (no 4441) et 2013 (no 607). Mais aucune de ces propositions furent adoptées. La cause vendéenne ne semble pas émouvoir les « représentants du Peuple »… des méfaits trop anciens?
Plus grave, il en existe encore certains qui s’indignent, tel Alexis CORBIERE, député et ténor de la France Insoumise. Ainsi, dans la proposition de loi n°607 de 2013, il qualifie celle-ci d' »un acte indigne de parlementaires français (…) il ne devrait pas avoir sa place dans la bouche de parlementaires républicains » (Communiqué du 18 janvier 2013).
Comment ose t-on parler encore de démocratie dès lors qu’il se trouve des députés pour confisquer la volonté populaire?
Diplomatie internationale.
Et il en va de même pour la diplomatie internationale où des déclarations bien curieuses sont faites pour légitimer des opposants à un dirigeant pourtant élu par le peuple! Tantôt la parole française s’interdit de reconnaître l’indépendance d’une Nation à un Président de Parlement, élu légitimement d’un Parlement (C. Puigdemont pour la Catalogne) et laisse des Ministres finir en prison. Tantôt elle reconnaît pour Président d’un pays un Président de Parlement autoproclamé (Gauido / Vénézuela).
L’incohérence diplomatique de Paris en ce domaine se retrouve aussi de l’autre côté des Pyrénées. Alors que Madrid vient d’ouvrir son procès pour les sécessionistes catalans emprisonnés depuis deux ans, elle critique le Vénézuéla pour ses prisonniers politiques…
Nier l’Histoire.
La France ne sortirait que grandie en reconnaissant officiellement le génocide britto-vendéen et en ne taisant pas cette page dans les manuels scolaires d’Histoire. De toute ma scolarité effectuée à Savenay, cité de Loire-Atlantique où fut mis un terme à la guerre de Vendée (23-24 déc. 1793), je peux certifié qu’aucun de nos enseignants n’organisa une « sortie de classe » pour se rendre auprès de la croix commémorative de cette bataille.
Préparer l’avenir de nos enfants n’excuse en rien les impasses historiques et le négationnisme arrangeant de l’État. Parce que l’on ne peut changer ce qui s’est passé hier, et parce qu’hier constitue notre identité, notre patrimoine, il est vain et hautement condamnable d’orienter l’instruction de nos enfants vers un formatage bien utile pour un l’État surtout, à fortiori lorsqu’il s’accompagne d’une acculturation programmée pour mieux asservir et gommer leurs identités.
Obtenir la reconnaissance de ce génocide « oublié ».
Alors, puisque la France ouvre des débats publiques autour du RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne) pour contenir le mouvement des Gilets Jaunes plus que par la volonté de faire entrer plus de démocratie dans le pays, il paraît opportun d’inscrire parmi les autres doléances la reconnaissance historique du génocide britto-vendéen. Il nous appartient à tous de soutenir cette reconnaissance afin qu’enfin, nous puissions continuer à avancer sans perdre de temps pour réclamer ce qui aurait dû être fait depuis des lustres.
Un État qui s’évertue à étouffer des volontés populaires ne fait que gagner du temps.
Mais il se prive du potentiel que constitue une population fière de ce qu’elle est. De la reconnaissance du génocide britto-vendéen à la réintégration de la Loire-Atlantique dans sa région historique, l’inéluctable s’imposera de lui-même. Il repose sur des vérités historiques et socio-économiques faisant partie intégrante de notre culture. Nul ne peut changer ce qui fut.
Négationnisme et révisionnisme n’ont pas à interférer sur ce qui est du domaine de notre Histoire. Et nul ne peut s’octroyer le droit de privilégier une identité à une autre. Cette ingratitude impérialiste envers le sacrifice de nos aïeux constitue encore aujourd’hui une cicatrice pour bien des Bretons, et toute politique, tout argumentaire consistant à empêcher les Bretons d’être eux-mêmes ne témoigne t-il pas qu’en réalité, les Bretons ne sont pas français ?
Annexes.
(1) 24 avril 1915: sur ordre du gouvernement ottoman, 600 notables arméniens sont assassinés à Constantinople. http://m.rfi.fr/europe/20190206-france-24-avril-journee-nationale-commemoration-genocide-armenien? fbclid=IwAR14f9kUKD6gDsd4atfDA76ft73mO_eoDULMtdtqjKfJsyiOS9MhnLxXkwM
(2) Loi de 2001 relative au génocide arménien. En complément, le 23 janvier 2012, le Parlement français adopta la loi n°607 réprimant la contestation de l’existence du génocide arménien. Cette proposition de loi constitutionnelle.
(3) Noyades des galiotes: navires hollandais restés à Nantes par suite du blocus. Plusieurs expéditions (chacune conduisant deux à trois cents victimes au fond de la Loire). L’ultime expédition fut organisée du 29 au 30 janvier 1794 (10-11 pluviôse de l’An II) par Carrier pour vider la prison de l’Entrepôt des cafés.
(4) « Mariages républicains »: les noyades eurent également des conséquences pour la population nantaise, puisque les cadavres polluèrent l’eau du fleuve au point que selon la municipalité « une ordonnance de police doit être prise pour interdire de boire l’eau de la Loire, que les cadavres ont infectée ». Les noyades contribuèrent donc à aggraver l’épidémie de typhus qui commençait à ronger les habitants de la ville
2 commentaires
Les rapports de la Bretagne avec la pré révolution et la révolution de 1789 sont très complexes ,divers remplis d’antagonismes , ne répond pas à logique de nos angles de vues actuels .Quand vous dites balayer devant sa porte avant de s’occuper de celle du voisin ,très symptomatique de la France donneuse de leçons à l’univers ,je vous approuve . En ce qui concerne le génocide oublié ,oui c’est une évidence mais qui ne doit pas être utilisé comme un rideau de fumée pour tenter de faire passer au second plans d’autres génocides et répression sous l’ancien régime ,telles que celles qu’ont subis les bonnets rouges ,quelque part précurseurs des revendications des cahiers de doléances de 1789 .Les armées royalistes ont elles aussi commis des excès durant cette période ,également les chouans ,pour exemple le citoyen Gourlaouen lapidé à Querrien (29 ) ,alors qu’il n’avait commis aucune faute ,brezel so lous … Je pense que aussi horrible qu’ait été ce génocide vendéen , toute comparaison avec le nazisme n’est pas correcte et peu insidieusement contribuer à banaliser ,la période la plus satanique de l’histoire humaine .
Voici un article qui permet justement de mieux comprendre les enjeux de cette période révolutionnaire en Bretagne .
https://www.cairn.info/revue-francaise-d-histoire-des-idees-politiques1-2009-1-page-95.htm
https://www.cairn.info/revue-francaise-d-histoire-des-idees-politiques1-2009-1-page-95.htm
[…] https://www.nhu.bzh/charite-bien-ordonnee-commence-par-soi-meme-le-genocide-oublie/ […]