Mais que recouvrent plus précisément ces deux mots ?
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Le complotiste.
Étre complotiste « se dit de quelqu’un qui récuse la version communément admise d’un événement et cherche à démontrer que celui-ci résulte d’un complot fomenté par une minorité active« .
La théorie du complot est d’origine anglaise et c’est Karl Popper (1902-1994), philosophe, qui le premier en parle dans un ouvrage. Il y dénonce « comme abusive une hypothèse (en anglais theory) selon laquelle un événement politique a été causé par l’action concertée et secrète d’un groupe de personnes qui avaient intérêt à ce qu’il se produise, plutôt que par le déterminisme historique ou le hasard ».
Selon le célèbre Noam Chomsky, la définition est la suivante. Le complotisme « est quelque chose que les gens disent quand ils ne veulent pas que vous réfléchissiez à ce qui se passe vraiment ».
Donc réfuter la version « officielle » prônée par un gouvernement ou en ensemble médiatique, fut-elle stupide, fera de vous un « complotiste« .
Évidemment, le mot « complotiste » est de préférence utilisé par les conformistes.
Enfin, disons qu’un complotiste est en fait un non-conformiste. Une personne qui doute de ce qu’on veut lui imposer, parfois par la force, et qui va chercher à comprendre avant, éventuellement, d’obéir.
Le conformiste.
Les conformistes ont tendance à se conformer aux usages, à accepter les manières de penser ou d’agir du plus grand nombre, les normes sociales.
Un synonyme : traditionnaliste.
Un non conformiste démontre une attitude d’indépendance à l’égard des usages établis, des idées reçues. Quand le conformiste exécute, obéit.
En psychologie, le conformisme est pour Asch, du « suivisme ». A ce propos, regardez cette étonnante vidéo suggérée par National Geographic.
Selon Kelman, il existe trois formes de conformisme :
- Le conformisme par identification.
Pour se faire accepter du groupe dont il voudrait faire partie, l’individu accepte ses théories et les défend. - Puis le conformisme par complaisance.
Pour éviter de se faire remarquer dans le groupe dans lequel il est, ou aimerait être, et donc pour ne pas être rejeté, l’individu se conforme à ses théories, même à celles qu’il réfute en interne. - Enfin le conformisme par intériosisation.
L’individu pense que la source est crédible et se convertit totalement, comme une croyance.
La publicité, la mode et la politique utilisent les leviers du conformisme pour convaincre les individus à choisir, à acheter et à voter (sondages électoraux).
Le conformiste fait moins appel au sens critique et est plutôt dans l’obéissance et l’acceptation béate.
Alors, êtes-vous plutôt complotiste ou conformiste ?
« Il est incroyable de voir comme le peuple, dès qu’il est assujetti, tombe soudain dans un si profond oubli de sa liberté qu’il lui est impossible de se réveiller pour la reconquérir : il sert si bien, et si volontiers, qu’on dirait à le voir qu’il n’a pas seulement perdu sa liberté mais gagné sa servitude … »
Étienne de la Boëtie
Discours de la servitude volontaire
1530-1563
1 commentaire
Non, réfuter la version « officielle » prônée par un gouvernement ou en ensemble médiatique, fut-elle stupide, ne fait pas de nous un complotiste. C’est une attitude normale de méfiance, sachant que les dirigeants ne disent jamais tout au peuple.
Le complotisme suppose, comme le dit bien Popper, d’être certain qu’un évènement est causé par l’action concertée et secrète d’un groupe de personnes qui avaient intérêt à ce qu’il se produise. Le mot « certain » est très important, les complotistes n’ont pas de doutes.. Et très souvent, à la base de cette certitude, se trouve la croyance en un fait « alternatif », c’est à dire non établi, souvent improbable, et généralement inventé de toutes pièces.