Décoloniser les « provinces ».
« Provinces », le mot est lâché!
Tout d’abord, quelle est la signification première de ce mot « province » ?
Ce mot est de formation latine, une des bases de la langue française. De fait le mot province vient de « pro » qui signifie « devant » et de « vincere » pour « vaincu ». On est à cette époque à Rome, et les armées romaines viennent de vaincre les populations de cette première colonie romaine appelée La Narbonnaise. Ici les hordes romaines y sont encore au chaud, tout méditerranéen, et cette Narbonnaise est aujourd’hui la Provence française. Pro-vincere, pro-vince, Pro-vence …
Sommaire
S’il y a des « vaincus » il doit y avoir un « vainqueur ».
Car s’il y a des « provinces », il y a une « capitale ». Du latin « capitalis » signifiant « tête ».
Il n’y a guère beaucoup d’états en Europe où la capitale centrale utilise le terme de « vaincus » pour signifier les territoires qui l’entourent. De nombreux états européens sont le résultat de l’assimilation, le plus souvent forcée, de peuples différents. Mais au XXIe siècle, un seul parle encore de ces peuples colonisés en utilisant ce mot de « vaincus ».
Décoloniser les provinces, contribution aux Présidentielles, de Michel ONFRAY.
Le coq bien en chair se pavane.
Cet ouvrage est une analyse puissante et cinglante de cette maladie qui semble incurable et qui détruira, tôt ou tard, l’état français : le centralisme d’état. Cet état français est le seul, avec la Turquie, qui soit encore à notre époque, arc-bouté sur cette habitude passéiste. Depuis 1789, rien ou presque n’a, de ce point de vue, véritablement évolué. Paris centralise tout, directement le plus souvent. Ou par ses relais habilement mis en place dans les « provinces » vaincues. Les romains administraient une partie de l’Europe à partir de Rome. Et par une régionalisation efficace administrée par des Gouverneurs. Ceux-ci ne rendaient compte qu’à Rome. Le très efficace réseau de voies romaines de l’époque était également conçu pour mettre Rome au plus près de ses colonies.
Découpage administratif : Rome et Paris.
Et le moindre soubresaut des populations vaincues des provinces Narbonnaise, Lyonnaise, Aquitaine, Norique ou autres était rapidement réprimé. Le découpage administratif de l’époque, réalisé en petit comité dans un bureau doré de Rome, à deux mille kilomètres de la Bretagne, est très similaire au découpage administratif actuel de l’Hexagone. Celui-là même qui a été réalisé en petit comité dans un bureau doré de Paris. La Bretagne appartenait à la Lyonnaise du temps de Rome !
Ces découpages ne respectaient absolument pas l’environnement et les populations. Il était purement destiné à installer une administration efficace et centralisée.
Système à bout de souffle.
Dans son « Décoloniser les provinces« , Michel ONFRAY nous explique pourquoi ce système est à bout de souffle. A part quelques dictatures finissantes, plus aucun état ne gère ainsi ses territoires. Fussent-ils le fruit de très anciennes conquêtes guerrières ou de mariages arrangés. Une des raisons essentielles d’une certaine décadence, d’un décrochage de plus en plus prégnant de cet état français, tient à ce centralisme viscéral. Centralisme qui retarde ou étouffe toute initiative locale.
Car il existe un traitement très efficace contre cette maladie. Tous les états modernes européens le connaissent. Seul l’état français s’accroche à son passé et refuse d’entrer de ce point de vue dans notre époque.
Deux extraits :
« Le pouvoir ne doit pas descendre de la capitale, exercé par des chefs, mais monter des territoires, inspiré par les peuples« .
« L’état doit être repensé à nouveaux frais. Tocqueville a bien montré dans (son ouvrage) l’Ancien Régime et la révolution française, que depuis les Capétiens, les rois de France ont travaillé pendant des siècles à la centralisation du pouvoir à Paris. Cette logique qui s’affole avec les siècles ravage les provinces afin de nourrir, humainement, idéologiquement, intellectuellement, spirituellement, économiquement, financièrement, fiscalement, culturellement, la capitale; étymologiquement la tête, avec le sang et l’énergie des régions« .
Lire ce livre fait du bien.
Pour paraphraser un ancien Président de cet état centralisateur, « le drame de la France » ne viendrait-il du fait que « l’homme français n’est pas assez entré dans l’Histoire. […] Le problème de la France, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance ».
2 commentaires
Quoi qu’on en dises, c’est revendication m’ont tout l’air d’être nationalistes !
L’Histoire (avec un H majuscule) a été faite telle quelle et rien ni changera. Il y avait eu des vainqueurs et des vaincus, ce fut ainsi !
Et encore, pour la Bretagne, ce ne fut qu’une question de mariage et d’héritage …
Contrairement à votre paraphrase, la France et l’homme français ont eu une très grande place dans l’Histoire de l’Humanité (et de la Civilisation occidentale judéo-chrétienne), peut-être même une place primordiale. Ils devraient en être très fiers !
Maintenant, au XXIe siècle, le temps n’est plus aux rancœurs, aux esprits revanchards ou à la rancune.
Oui, il faut certainement décentraliser la gouvernance de la France. Pourquoi ne pas confier beaucoup plus de responsabilité au niveau des Départements (à l’exemple des cantons de la Suisse), et donc de supprimer complètement ces actuelles Régions bidons qui n’ont aucun sens ?
Sinon supprimer les départements eux-mêmes et revenir aux Provinces historiques (Bretagne, Bourgogne, Normandie, Auvergne, …) qui, elles, ont un sens !
Une France réellement décentralisé dans une véritable Europe confédérale.
En effet les Provinces historiques ont un sens, contrairement à la construction on ne peut plus artificielle et bien plus récente que ne sont les départements. Merci de votre intréessant commentaire.