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« Comment peut-on être Breton ? », l’ouvrage essentiel pour mieux comprendre la Bretagne
Morvan Lebesque, écrivain et intellectuel breton, est l’auteur d’un ouvrage fondamental pour comprendre l’identité bretonne : « Comment peut-on être Breton ?« . Ce livre, publié en 1966, est une réflexion profonde sur la question de l’identité en Bretagne, au moment où le pays vit une mutation importante sur les plans culturel, social et économique. Morvan Lebesque y explore les racines de la culture bretonne, ses particularités, ses liens avec l’histoire et la langue, tout en interrogeant les enjeux de son avenir.
Un ouvrage incontournable pour comprendre la Bretagne
Dans « Comment peut-on être Breton ?« , Morvan Lebesque aborde la question de l’identité bretonne avec une perspective à la fois historique, sociologique et politique. Bien plus qu’un simple essai, le livre est une invitation à comprendre ce qui fait la singularité de la Bretagne et ce qui définit un Breton dans un contexte où les influences extérieures, notamment françaises, risquent d’effacer les spécificités culturelles de la région.
L’ouvrage se structure autour de la question centrale : « Comment peut-on être Breton ? » Une question qui semble simple, mais qui est, en réalité, complexe. Lebesque ne cherche pas à donner une réponse univoque, mais à ouvrir un débat sur l’existence de plusieurs formes d’appartenances à la Bretagne. Ce n’est pas simplement une question de naissance ou de géographie, mais aussi de culture, de langue et de tradition.
La langue bretonne et l’identité culturelle
L’une des questions centrales abordées dans « Comment peut-on être Breton ? » est la place de la langue bretonne dans la définition de l’identité bretonne. Morvan Lebesque, fervent défenseur de la langue bretonne, met en lumière son rôle crucial dans la préservation de la culture et de l’âme bretonnes. À travers son ouvrage, il appelle à une prise de conscience collective concernant la langue bretonne, qu’il considère comme un pilier de l’identité culturelle bretonne.
Dans un passage clé, il écrit : “La langue bretonne est plus qu’un moyen de communication, elle est la clé d’une civilisation, d’un monde mental spécifique. Sans elle, la Bretagne serait comme une mer sans vagues, un ciel sans nuages.” Cette phrase souligne l’importance fondamentale de la langue bretonne dans la construction et la préservation de l’identité régionale.

La Bretagne entre tradition et modernité
Un autre thème majeur de l’ouvrage est la tension entre tradition et modernité. Lebesque analyse comment la Bretagne, tout en étant profondément ancrée dans des traditions séculaires, doit également s’adapter aux transformations du monde moderne. Les mutations sociales, économiques et politiques de la Bretagne des années 1960, en particulier l’industrialisation, la centralisation du pouvoir à Paris et la perte de la langue bretonne dans les générations futures, forment le contexte de cette réflexion.
Il met en garde contre la perte de l’âme bretonne et appelle à une réappropriation de la culture nationale bretonne.
“La Bretagne doit se réinventer, mais sans oublier ce qu’elle a été. L’avenir de la Bretagne passe par la réaffirmation de son identité, de ses valeurs et de ses spécificités culturelles”, écrit-il.
Cette citation exprime bien son appel à un équilibre entre modernité et respect des traditions ancestrales.
L’ethnologie bretonne et la culture populaire
Le livre ne se limite pas à une réflexion théorique sur l’identité bretonne ; il se nourrit également des recherches ethnologiques menées par l’auteur. Morvan Lebesque puise dans les traditions populaires bretonnes pour illustrer les divers aspects de l’identité. Il examine les coutumes, les légendes, la musique et la danse, montrant comment elles contribuent à forger un lien particulier entre les Bretons et leur terre.
Morvan Lebesque aborde aussi l’évolution de la culture bretonne dans un contexte de mondialisation croissante. Il interroge la manière dont la Bretagne, en tant que culture nationale d’un peuple distinct, peut se maintenir et se renouveler dans un monde globalisé où les identités se croisent et se mélangent. “L’identité bretonne ne doit pas se replier sur elle-même, mais elle doit, tout en restant fidèle à ses racines, dialoguer avec les autres cultures”, conclut-il.
Un regard critique sur l’Histoire de la Bretagne
Morvan Lebesque n’hésite pas à adopter un regard critique sur l’Histoire de la Bretagne.
Il évoque les périodes de domination étrangère, notamment les périodes d’annexion par la France et l’effacement des particularismes au profit de « l’Une et Indivisible« . Selon lui, cette histoire a laissé des cicatrices profondes dans l’âme bretonne, qui se manifestent encore aujourd’hui par un sentiment d’appartenance parfois ambigu et par la difficulté à affirmer pleinement une identité distincte.
À travers son ouvrage, il invite ses lecteurs à dépasser cette vision complexe et à réaffirmer la Bretagne comme un peuple, une nation, un pays, à part entière, avec une identité propre et une culture riche. Il plaide pour une Bretagne fière de son Histoire et de sa langue, mais aussi ouverte sur le monde moderne.
Un livre visionnaire pour la Bretagne d’aujourd’hui
Plus de cinquante ans après sa publication, « Comment peut-on être Breton ? » reste un ouvrage incontournable pour comprendre les enjeux de l’identité bretonne. Son analyse, bien que nourrie de l’Histoire et des préoccupations des années 1960, reste étonnamment actuelle. Les questions soulevées par Morvan Lebesque – la place de la langue, la relation à l’Histoire, l’équilibre entre tradition et modernité – continuent de résonner dans les débats contemporains autour de l’identité nationale et de l’autonomie de la Bretagne.
Le livre a contribué à alimenter le mouvement autonomiste breton et reste une référence pour tous ceux qui s’intéressent à la question de l’indépendance culturelle et politique de la Bretagne. C’est une œuvre de réflexion mais aussi un appel à l’action pour préserver la singularité de ce pays celtique.
2 commentaires
La Bretagne a deux identités, une celtique et une romane, qui s’entremêlent aussi. C’est l’Etat ducal qui a fait la Bretagne dans ses limites historiques. Le peuple breton est une réalité géographique issue de cette longue Histoire.
Je partage votre point de vue qui malheureusement ne fait pas l’unanimité dans le mouvement breton, restant trop focalisé sur le celtisme. Le fait qu’il s’est voilé la face sur nombre de sujets est une des principales causes de ses échecs.