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Qui était Morvan Lebesque ?
Morvan Lebesque, de son vrai nom Maurice Lebesque, est né en 1911 à Nantes / Naoned, dans le sud de la Bretagne. Il demeure une figure incontournable du journalisme et de la pensée bretonne du XXe siècle. Journaliste, essayiste et auteur, il s’est illustré par son engagement pour la reconnaissance de l’identité bretonne dans un contexte français marqué par une centralisation culturelle et politique grandissante.
Son ouvrage le plus célèbre, « Comment peut-on être Breton ?« , publié en 1969, reste aujourd’hui un texte référence sur la question de l’identité bretonne et de son intégration dans le cadre français. Cet essai, entre introspection personnelle et plaidoyer politique, a joué un rôle majeur dans la redécouverte et la réhabilitation d’une conscience bretonne en opposition à l’uniformisation culturelle imposée par l’État central français.
Morvan Lebesque et l’Emsav, le mouvement breton
Dès son adolescence, Morvan Lebesque se passionne pour la culture bretonne et la question identitaire. Il fait ses premières armes dans le journal Breiz Atao, organe du Parti Autonomiste Breton (PAB), publiant des articles qui témoignent d’un engagement politique et intellectuel précoce.
Toutefois, son parcours idéologique évolue et il prend ses distances avec certaines franges radicales du mouvement breton. Cette transition illustre un aspect fondamental de sa pensée : une volonté d’analyse critique, de remise en question et d’ouverture. Il ne se contente pas de soutenir une cause par conformisme, mais cherche à en comprendre les fondements et les implications.
De Nantes / Naoned à Paris : un parcours de journaliste
En 1932, Morvan Lebesque s’installe à Paris, ville en proie à la crise économique. Il peine à trouver un emploi stable et doit se résoudre à multiplier les petits boulots, notamment dans le commerce. Peu à peu, il parvient à se faire une place dans le monde du journalisme, collaborant avec diverses publications.
Mobilisé pendant la Seconde Guerre mondiale, il est témoin de la débâcle de l’armée française. Cette expérience le marquera profondément et inspirera son unique roman, « Soldats sans espoir« , où il dépeint la désillusion des soldats français face à l’effondrement de leur armée.
Après-guerre, sa plume gagne en assurance et il devient une signature reconnue de la presse française. Il rejoint la rédaction du Canard Enchaîné, où il se spécialise dans les chroniques politiques et sociales. Son style incisif et son regard critique sur la société française lui valent une grande notoriété. Il se distingue par une approche libertaire et humaniste, s’attaquant aussi bien au gaullisme qu’à l’autoritarisme de la Vème République et aux idéologies totalitaires du XXe siècle.
« Comment peut-on être Breton ? » : l’essai référentiel
L’année 1969 marque un tournant avec la publication de « Comment peut-on être Breton ? Essai sur la Démocratie Française« . Cet ouvrage devient rapidement un texte fondateur du renouveau identitaire breton. Il y dénonce avec vigueur l’uniformisation culturelle imposée par le pouvoir central, qu’il accuse de nier les autres identités nationales de l’Hexagone au profit d’une homogénéisation forcée.
Dans ce livre, Morvan Lebesque ne plaide pas pour un nationalisme breton fermé sur lui-même, mais pour une Bretagne capable d’affirmer son héritage tout en s’insérant dans un État respectueux de sa diversité culturelle.
Extrait Célèbre
« Français d’État civil, je suis nommé Français ; j’assume à chaque instant ma condition de Français ; mon appartenance à la Bretagne n’est en revanche qu’une qualité facultative que je peux parfaitement renier ou méconnaître. »
Cet extrait résume parfaitement sa vision : être Breton est un choix, une volonté de se rattacher à une culture et à une Histoire particulières, contre l’oubli imposé par l’État centralisateur.
Engagement et idéaux de Morvan Lebesque
Tout au long de sa carrière, Morvan Lebesque se démarque par son esprit critique et son engagement en faveur de la liberté d’expression. Il s’enthousiasme pour la révolte de Mai 68 et perçoit dans cette jeunesse en effervescence un écho à ses propres aspirations libertaires.
Il prend aussi le recul nécessaire pour analyser ses propres préjugés passés. Dans un texte marquant, il reconnaît avoir cédé par le passé à des penchants racistes, par conformisme et par ignorance, avant d’évoluer vers une compréhension plus juste de la diversité humaine.
Quelle fut l’influence de Morvan Lebesque sur le mouvement breton moderne ?
Morvan Lebesque a exercé une influence durable sur les mouvements autonomistes et nationalistes bretons. Son analyse lucide et argumentée de la question bretonne inspire encore aujourd’hui les débats sur l’autonomie de la Btretagne et la reconnaissance des cultures minoritaires dans l’Hexagone.
En 2025, alors que la Bretagne continue de revendiquer une plus grande autonomie politique et culturelle, ses écrits restent une source d’inspiration incontournable. L’éveil identitaire qu’il a suscité transcende son époque et trouve un écho dans les nouvelles générations.
La fin d’une vie nomade de Morvan Lebesque
Après une carrière bien remplie, Morvan Lebesque s’installe temporairement au Brésil, à Rio de Janeiro. Il y donne des conférences et poursuit ses réflexions sur le monde et la Bretagne. Il s’éteint en 1970, un an seulement après la publication de « Comment peut-on être Breton ?« .
Morvan Lebesque demeure une figure essentielle de la culture bretonne et du journalisme. Son engagement, sa plume acérée et son indépendance d’esprit en font un auteur incontournable pour quiconque s’intéresse à la Bretagne et aux questions identitaires dans l’Hexagone.
Son essai phare, toujours réédité, continue d’éclairer les débats contemporains sur l’autonomie bretonne et la place des cultures minoritaires dans un Hexagone qui s’effondre de toutes parts.
