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En même temps, une stratégie !
Chaque jour ou presque, nous y avons droit. Le fameux « en même temps » du président français. Une formule qui, derrière son apparente subtilité, installe insidieusement une forme de brouillard mental collectif.
Ce brouillard finit par user, désarmer, désengager.
Et si c’était là le véritable objectif du pouvoir central ?
Une stratégie de l’ambiguïté
Le « en même temps » n’est pas un simple tic de langage. C’est une méthode. Une façon de dire une chose et son contraire. De caresser dans le sens du poil deux camps opposés. D’éviter de choisir, donc d’éviter de trancher. On peut être pour l’écologie et pour les voitures thermiques. Pour la paix et pour l’envoi d’armes. Pour l’autonomie des peuples et nations de l’Hexagone et pour le renforcement du pouvoir central.
Ce flou stratégique est vendu comme une preuve d’intelligence politique.
En réalité, il s’agit d’un contournement de la Démocratie.
Épuiser le citoyen par la dissonance
Les psychologues parlent de dissonance cognitive.
Lorsque quelqu’un est confronté à deux messages contradictoires, son cerveau entre en tension. Il essaie de comprendre, de justifier, de raccrocher les morceaux. Mais si ce processus se répète tous les jours, il finit par épuiser. Le citoyen ne sait plus quoi croire, qui croire, ni pourquoi. Il baisse les bras. Il se détourne de la chose publique.
Et c’est là que le piège se referme.
Quand plus rien n’a de sens
Un citoyen désorienté devient un citoyen passif. Il ne vote plus, ou vote par dépit, ne s’engage plus, ou seulement dans des causes superficielles. Il n’attend plus rien de la politique. Car tout semble flou, truqué, verrouillé d’avance. Le débat public devient une façade. Le choix démocratique, une illusion.
Ce brouillage du réel est une forme de pouvoir. On ne gouverne plus en convainquant, mais en embrouillant. Le langage ne sert plus à clarifier le monde, mais à le noyer. Plus personne ne distingue le vrai du faux, le juste de l’injuste, l’engagement de la manipulation.

Un système parfaitement adapté au centralisme français
Ce climat est idéal pour le pouvoir central. Car moins les citoyens comprennent, moins ils contestent. Moins ils espèrent, plus ils se résignent. Le centralisme ne peut fonctionner qu’avec une population désengagée, fatiguée, soumise à un rythme médiatique qui ne laisse aucune place à la réflexion collective.
Dans ce contexte, la Bretagne, comme toutes les autres nations sans pouvoir propre, se retrouve enfermée.
Sans institutions autonomes, sans débat local de fond, elle subit un monologue national où tout est dit… pour ne rien décider ici.
Reprendre le pouvoir de dire
Face à cela, il est urgent de retrouver un langage clair. Un langage de responsabilité, de cohérence, de choix assumés. Cela ne veut pas dire tomber dans la simplification ou le manichéisme. Mais refuser que l’ambiguïté permanente devienne la norme.
Oui, le monde est complexe. Mais la Démocratie suppose qu’on tranche, qu’on débatte, qu’on s’engage.
Le « en même temps » permanent, lui, est une capitulation intellectuelle. Une arme douce mais redoutable, qui transforme les citoyens en spectateurs fatigués.
Il est temps de dire clairement ce que nous voulons pour notre pays. Sans flou. Sans détour.

1 commentaire
J’avais récolté quelques signatures pour la pétition des 100 000. Tout cela pour aboutir à quoi ? Bretagne Réunie a dû verser 1500 euros de dommages et intérêts au Conseil départemental de la Loire-Atlantique. Sans que personne ne s’en émeuve. J’ai donc décidé de ne plus jamais voter de ma vie. D’ailleurs, je me demande bien pour qui je pourrai voter.
L’idée d’un référendum décisionnel en 44 contraire à l’article 3 de la Constitution participe au brouillage du réel.